Le visage de Kaïran resta stoique lorsque sa soeur décida de s'adresser à elle comme à une enfant. La jumelle d'Askel pouvait dire ou faire n'importe quoi pour essayer de renouer avec Kristen que cette dernière continuerait toujours à mépriser ces efforts. Pourquoi persistait donc à faire encore des efforts auprès d'une soeur qui préférait penser en premier lieu au bonheur d'autres personnes plutot qu'à celui des membres de sa famille proche La jeune femme retient le soupire qui lui venait aux lèvres, préférant porter la tasse contenant le liquide chaud à ses dernières. Mieux valait laisser couler cette histoire de présent dans le lac d'amertume engendré par son ainée.

La suite neamoins fit luir un éclat de colère dans ses pupilles alors qu'elle déposait la tasse au niveau de ses genoux.

- Qui t'a parler de ce projet avant que je ne le fasse ? J'avais donné des consignes très claires à se sujet pour être celle qui viendrait t'en parler en personne. Donne moi un nom que je sache en qui je peux avoir confiance.

Il était hors de question que cette personne ce joigne à ce voyage. Un traître dans sa suite ... elle lui couperait la tête des ce soir plutôt que de l'avoir dans ses jambes.

- Ils ont leurs défauts comme nous avons les nôtres. Aucun peuple n'est parfait ma soeur mais, leurs connaissances différent de celle des montagnes, peut-être savent-ils soigner la maladie qui tue Aksel a petit feu. Je n'ai que trop attendu pour sauver mon frère, je t'ai laisser gérer cela comme tu l'entendais et tu constates tout comme moi que notre medecine est impuissante face au mal qui le ronge. A partir de maintenant je prend les choses en main pour le sauver que cela te plaise ou non car je ne laisserais pas Aksel mourir...Quoi que tu décides, je partirais sache le ! Alors autant le faire avec ta bénédiction Oblat !

Le jeune garçon s’était éclipsé aussitôt que Kex avait disparu dans la foule. La Magicienne était surprise de leur réaction respective, craintive de les avoir fait fuir tous les deux. Elle trouvait naturel qu’un enfant virevolte d’une curiosité à l’autre. Mais pour le soigneur, cela ne faisait qu’attirer une curoisité déjà bien exacerbée. Rouge le chercha alors au milieu de cette foule, dense et bruyante. Elle trouva l’homme aux cheveux foncés en grande conversation avec une autre femme, aux cheveux dorés, celle qui n’avait de cesse de lui lancer des regards en coin un peu plus tôt. Il ne fallait pas être très intelligent pour voir qu’une certaine intimité existait entre eux deux. Entre chuchotements au creux de l’oreille et petits gestes, le doute n’était pas permis. Rouge les observait avec un air amusé sur le visage.

Il n’y avait bien que cela qui pouvait la divertir. L’enfant était parti, le seul homme qui parlait la même langue qu’elle était occupé par sa belle et tous les autres habitants étaient accaparés par leur fête dont les mots qui arrivaient à ses oreilles ne voulaient rien dire. S’imaginer ce que ces deux-là pouvaient échanger suffisait à la divertir. La jeune femme ne les quittait pas des yeux, peu importait l’intérêt qu’elle suscitait chez les locaux qui la dévisageait.

La première présentation accapara pour un temps son attention car l’assemblée se tut et l’écouta religieusement. Mais, à nouveau, les mots ne furent que des sons pour elle, et si elle en émut bon nombre avec son récit, elle, resta de marbre.

Quand elle rechercha le soigneur, il arrivait vers elle. Kex s’excusa, et tendit un gobelet. Elle s’en saisit et le remercia d’un sourire. Elle aurait pu lui en vouloir de l’avoir laissée en plan, mais il était revenu, et avec de quoi se sustenter. Ses lèvres goutèrent au breuvage, délicieux, mais traitre, comme elle sentit le fort goût de l’alcool apparaître en fond.

« C’est ma couleur de cheveux, certainement ! Mais vous aussi vous attisez la curiosité de très jolies jeunes femmes. Et d’un Ours ! »
Rouge se mit à rire aux éclats alors que l’assemblée écoutait la mère qui présentait à son tour son fils. Contrite, la Magicienne inclina la tête et mima ses excuses du bout des lèvres.

Elle se tourna ensuite vers Kex, déclarant tout de go.
« La femme blonde, c’est votre compagne ? »
Elle avait posé sa question les yeux malicieux, fixant son interlocuteur avec intensité, le nez dans son gobelet et un sourire carnassier au coin des lèvres.

Tandis qu'ils partageaient un nouveau gâteau, le silence se fit subitement dans la foule. Acuité leva la tête et regarda dans la même direction que le soigneur. Elle nota la manière de procéder et l'angoisse la gagna rapidement, même si la présence de Kex à ses côtés semblait tout autant l'apaiser.
Son tour viendrait rapidement, aussi devait-elle retrouver Elke et Kjeld. Elle s'excusa auprès de Kex et comme il lui proposait de la soutenir, elle le rassura en le remerciant et s'éloigna une sensation froide et lourde dans l'estomac.

Arrivé auprès de son amie, elle récupéra son enfant avec un sourire, et s'avança vers le groupe de mères prêtes à présenter leurs nourrissons.
Kjeld n'était pas le plus jeune, mais ses cheveux sombres dénotaient aisément des petites têtes aux cheveux bien plus clair. La Béarnoise soupira et pour se donner du courage, chercha Kex du regard. Mais lorsqu'elle le trouva, il avait retrouvé sa place auprès de la jeune femme à la chevelure flamboyante semblait à nouveau en grande conversation avec elle.
Acuité se détourna du spectacle et se concentra sur ce qu'elle même allait devoir accomplir, avec ou sans son soutient.

Son tour vint plus rapidement qu'elle ne l'aurait souhaité et avec humilité, elle présenta à tous Kjeld, fils des Montagnes. Son langage était loin d'être parfait aussi, elle ne fit pas un long discours et demanda simplement qu'on fasse bon accueil à son fils et que sa santé soit bonne.
Dans le fond, c'est bien tout ce qu'elle lui souhaitait. Une bonne santé et une bonne intégration dans ce peuple.
Soulagée par les éclats en provenance de l'assemblée, un sourire éclaira ses traits et elle posa une petite pincée de neige sur son front. Espoir fronça les sourcils et se mit à pleurer avec vigueur.
Acuité quitta l'arrière de la souche et observa un moment la neige fondre, se mêlant à la peau de son fils. Satisfaite, elle s'éloigna un peu de la foule, souhaitant savourer sa réussite avec la chair de sa chair.
Elle avait réussit, elle venait de faire de son fils un Montagnard et avec cet acte, elle lui assurait une sécurité pour l'avenir.

La jeune femme accepta ses excuses pour s’être absenté ainsi que le verre qu’il lui avait tendu. Elle fut surprise du goût prononcé de l’alcool mais il n’avait pas l’air de lui déplaire plus que ça. Rouge avait certainement senti les regards posés sur elle. Les jolies femmes ont ce pouvoir d’attirer toutes les attentions, qu’il s’agisse de yeux dévorants de passion ou de mains présentant différents présents, et elles n’ont besoin d’aucun coup d’œil pour savoir quels sont les hommes les plus avides et les plus intéressés. La Magicienne était de celles-ci, mais l’assassin au fond de lui se méfiait. Etait-ce simplement ses traits harmonieux qui aiguisaient les sens des mâles aux alentours, ou bien usait-elle d’un quelconque artifice pour paraître ainsi aux yeux de tous ? Kex restait toujours très sceptique face aux différentes magies qui existaient de par le monde. S’il était difficile de remettre en questions certaines d’entre elles comme l’Art ou le Vif, la Magie des Haies restaient en marge de ces puissants pouvoirs héréditaires. Trop de femmes prétendaient pouvoir guérir de tous les maux ou apporter le bon œil sur le sort d’un téméraire en échange d’espèces sonnantes et trébuchantes. Rouge était-elle de ceux-là ?

Mais au moins ne manquait-elle pas d’humour, ni de gêne, à rire si fortement de son petit trait d’esprit. Il n’avait échappé à personne que Jordken était un ours, pas plus qu’il n’avait échappé son rire cristallin venir chanter aux oreilles de toute l’assemblée dans un instant aussi solennel. Et voilà que le soigneur des Montagnes, étranger comme elle de surcroit, y était associé. Si elle s’excusa, s’inclinant devant ceux qui s’était détourné de la mère qui présentait son fils, lui fit une grimace et aurait préféré se faire petit comme une souris.

Alisel prit alors place devant la foule pour y présenter son enfant, brun parmi les têtes claires. Son ascendance Cervienne ne pouvait échapper à un œil avisé mais aucun bruit ne vint troubler la brève présentation qu’elle fit du petit Kjeld. Il était désormais un Montagnard, avec ce poids qui se retirait de ses épaules, une inquiétude prenait timidement le chemin de la sortie. Il lui en resterait bon nombre, pensa-t-il, mais au moins son fils était désormais un enfant de Jhaampe.
Un sourire benêt s’affichait sur son visage alors qu’il accueillait le petit à l’unisson du peuple des Montagnes, fait rare pour être noté. Ce fut probablement cette expression qui trahissait son inclination envers sa mère car Rouge, amusée autant que taquine, lui posa une question qui figea le temps un bref instant.

- Non, finit-il par lâcher gravement. Aurait-il aimé répondre autrement ? Si son esprit fuyait la réalité, son mutisme et le battement de son cœur dans ses temps suffisait à lui donner la réponse. Mais la sorcière lierait-elle en lui comme dans un livre ouvert ?
Le regard qu’il osa lui lancer en coin ne fit que révéler ses craintes. Un étrange sourire s’était peint sur ses lèvres et une curieuse lueur éclairait ses yeux. Si elle n’avait pas mis à découvert ses sentiments bien mal dissimulés pour un assassin, au moins s’amusait-elle à se payer sa tête. Mais il n’était pas question de rester le dindon de la farce bien longtemps, et le soigneur lui retourna sa question.

- Et vous alors ? Quand votre compagnon va-t-il sauter à la gorge de tous ceux qui vous dévorent du regard ou à celui qui partage un verre avec vous ?
C’était une manière maladroite de ramener la conversation sur elle, mais l’embarras dans lequel il se sentait l’empêchait de trouver une meilleure façon de détourner le sujet de sa propre personne.

Alors qu'il était entrain d'observer les gestes du soigneur qui était retourné auprès de la magicienne aux cheveux rouges , le chasseur remarqua que la jeune maman des duchés était retourné chercher sa progéniture et pendant qu'elle attendait son tour toute l'attention du chasseur revint sur Kex. Il parlait beaucoup aux étrangers, même si lui aussi venait des duchés Drathius trouvait son attitude un peu suspecte, surtout avec la jeune mère.

Alors qu'il épiait le soigneur, la magicienne fut prit d'un fou rire, il en fut fort surpris et se demanda ce qui fit rire d'un rire si franc la belle magicienne, lui même suite à ça afficha un petit sourire en coin.

Vint le moment du discours de la jeune blonde des duchés présentant timidement son enfant aux autres, ce fut court mais efficace, ce petit brun parmi tant de blond, espérons que les congénères de son âge seront lui faire un bon accueil une fois le temps de l'enfance venu.

Et c'est aussi rapidement qu'elle quitta la scène. Elle passa alors non loin de Drathius, elle voulait certainement se retirer pour profiter de ce moment avec son enfant. Drathius attendit alors quelques minutes avant de se lever, repoussant délicatement Sköll qui resta pour profiter du soleil. Une fois debout il fit craquer son dos qui était quelque peu douloureux. Puis il se dirigea doucement vers la jeune blonde des duchés, il s'assura bien que la mère le vit arriver et fit comprendre qu'il voulait juste lui parler. Et c'est avec une certaine distance entre eux que Drathius bredouilla dans la langue des duchés :

"Bon... Bonjour... Désolé, je ne maîtrisais pas bien la langage des duchés.Puis c'est dans un mélange de la langue des montagnards et des duchés qu'il continua.Beau discours, votre enfant sera grand et fort ! Je vous souhaite le meilleur, et heu... comme je ne l'ai pas déjà fait, bienvenue parmi nous."

Il afficha un sourire aussi chaleureux que possible, tentant de cacher la honte de son visage, il n'arrivait pas à croire qu'il lui parlait dans un langage aussi approximatif ! Il se serait donner des gifles si ça ne tenait qu'à lui.

A l'abris au seuil de la forêt, Acuité s'installa sur une rocher après l'avoir balayé de sa main gantée. La neige retomba mollement sur le manteau au sol dans un petit bruissement sourd. Espoir ronchonnait toujours, visiblement, la neige sur son front n'avait pas été à son goût. Il avait peut-être faim mais elle ne pouvait pas le nourrir dans l'immédiat. Avec le froid, elle s'était bien emmitouflée dans un épais manteau et l'enfant lui-même n'aurait pas pu être mieux saucissonné.

Lui donnant un doigt à téter en espérant le faire patienter, elle porta son regard sur l'assemblée au loin. Lors du baptême, elle n'était pas passé inaperçue et si d'ordinaire on rencontrait des cheveux sombres dans les montagnes, les présents du jour marquait réellement la différence des contrées. Tous les enfants baptisés portaient des cheveux clairs en dehors de son fils.

Elle le serra un peu plus en lui offrant un regard tendre et un sourire aimant. Ils seraient bien ici et ils ne seraient pas seuls. Elle chercha Elke du regard et la vit en grande discussion avec Aksel. Puis plus loin Kex qui discutait avec la femme aux cheveux rouges.
Son sourire s'effaça doucement avant qu'elle ne secoue la tête comme pour passer à autre chose.
Elle s'immobilisa soudain à l'approche d'un homme étrange à l’apparence pour le moins hors du commun.

Un frisson lui parcourut le dos au moment même où il s'approchait. Cette réaction la stupéfia car son attitude n'avait rien d'hostile. Peut-être sa carrure ou son étrange visage, elle n'aurait su le dire. Par réflexe, elle resserra l'étreinte sur son enfant avant qu'il ne lui signifie, à sa manière, qu'il ne lui voulait aucun mal.

Elle se détendit alors sensiblement mais resta néanmoins sur ses gardes, même si elle n'était pas vraiment isolé, la force que l'homme semblait posséder l'inquiétait.
Lorsqu'il commença à parler dans la langue des Duchés, elle sursauta et fronça les yeux, décryptant sans mal la suite de ses paroles dans un mélange des langages.

- Merci beaucoup, assura-t-elle, c'est très aimable à vous.

Polie, son regard se porta néanmoins plus loin, lorsque de nouveaux éclats résonnèrent depuis l'assemblée, conséquence d'une nouvelle présentation.
Un nouveau sourire se dessina sur ses lèvres charmée par la cérémonie, oubliant un instant, que l'homme s’immisçait dans son intimité en venant lui parler quand elle s'était volontairement éloignée de la masse.
Qu'est-ce que cela cachait ? Venait-il vraiment lui souhaiter simplement la bienvenue ? Pourquoi ne pas l'avoir fait plus tôt ? Avait-il un autre but ? Elle ne pouvait prendre aucun risque.

Le chasseur avait remarqué que le jeune femme était sur la défensive, c'est vrai que sa carrure n'aidait pas à la mettre en confiance. Il se rendit alors compte que son attitude était déplacé, qu'elle souhaitait encore être seule avec son enfant, ne sachant plus où se mettre il regarda par terre et dit sur un ton sincère:

"Je suis désolé, je ne me suis même pas présenté convenablement, je suis Drathius. Je ... Je suis désolé de vous avoir importuner je voulais juste m'assurer que vous alliez bien, aujourd'hui a dût être une rude journée pour vous, je pense que je ne vais pas vous gêner plus longtemps. Je vous présente encore une fois toutes mes excuses."

Il n'arrivait même plus à la regarder dans les yeux tellement la honte le travaillait, il se retourna alors doucement et fit quelques pas.

Ce n'est qu'après quelques pas qu'il se souvint d'une chose, la veille alors que son oncle lui avait demandé de l'aide dans son atelier il avait trouver un petit morceau de bois rond attaché à une ficelle, une sorte d'amulette. Il n'y avait pourtant rien de graver dessus, Drathius entreprit alors de graver le mot courage dessus, et il avait pour projet de le donner à une des mamans le lendemain. C'est en pointant le ciel de sa main gauche et fouillant une de ses poches de la main droite qu'il retrouva l'amulette gravée. Son travail n'était pas digne d'un professionnel mais il ne déméritait pas non plus.

Il s'assura alors de l'amulette était bien lisse et douce, afin que l'enfant ne se blesse pas avec une échardes, il n'y avait pas de soucis. Drathius alors refit un mouvement circulaire afin de retourner auprès de la jeune mère et puis tout en tendant l'amulette qui était a plat dans sa main, il dit :

"En gage de mes excuses les plus sincères, je tiens a offrir cette amulette à votre fils afin qu'elle lui porte chance, force et courage."

Il fit un petit sourire maladroit à la jeune mère plus gêné qu'autre chose.

Nielsen marchait nonchalamment dans les couloirs du palais à la recherche de Kaïran. C'était quand même bizarre qu'elle ne soit pas encore sortie parader, à ce stade de la fête. Voilà qui l’intriguait. Peut-être que sa tenue ne la satisfaisait pas et qu'elle était en train de passer ses nerf sur son habilleuse de circonstance, ou de pigner dans un coin... Voilà qui ne lui ressemblait pas vraiment, mais il se plaisait à l'imaginer. A croire que les moqueries d'Aksel l'avaient remonté contre sa jumelle. Après tout, si elle ne le méprisait pas aussi ouvertement, il ne serait pas aussi ridicule...

Dans ses quartiers, personne. Il continua à marcher jusqu'à ceux de Kristen, absente elle aussi. Les deux sœurs étaient-elles réunies ? Des éclats de voix le laissaient présager. De ce qu'il entendait en s'approchant, de sa pauvre audition d'humain (Raz étant resté en bas avec l'autre niaise), il était question d'une expédition "hasardeuse". Il avait une petite idée de laquelle... Mais soudain la colère de Kaïran explosa, froide mais charitable. Il était question d'Aksel, et d'Aksel avant tout.

C'était vraiment pas le moment de se pointer comme une fleur. Restant hors de vue, Nielsen s'adossa à la paroi de bois, cœur battant et oreilles ouvertes. C'était sans compter sur le monstre angora, l'horrible chat de Kaïran, son ennemi juré - qui, s'avançant à pas de velours dans le couloir, se posta juste devant la porte et se mit à miauler violemment, comme pour signaler l'intrus. Qui n'eut alors d'autre solution digne que de se dénoncer.
- Salut ! dit-il d'un faux air dégagé. Vous êtes en retard, Mesdames... Le Baptême a déjà commencé.

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Kex ne lui rendit pas son salut, mais l'homme-ours ne s'en formalisa pas. La méfiance semblait être réciproque, il ne pouvait pas en vouloir au soigneur de ne pas l’enrubanner de mondanités. A vrai dire, il ne pouvait pas en vouloir au soigneur pour grand chose, si ce n'est sa "fonction", dont l'homme n'était pas non plus responsable. Mais un assassin restait un assassin. Il était naturel qu'il n'aime pas le voir tourner autour de ses proches, même si à cet instant, il avait l'air charmant avec Eirik.

Eirik, soudain muet comme une carpe. Était-il frappé de timidité ? L'étrangère rousse et ses atouts avaient de quoi intimider un jeune homme. Quoiqu'ils ne suffirent pas à retenir Kex, qui s'en fut bourdonner autour d'Alisel. Était-ce ses roulés au miel dont tous deux se léchaient les babines ? La scène banale lui parut soudain obscène.

Mécontent, il reporta son attention sur Eirik, toujours coi, et tenta de le tirer d'affaire en l'entrainant un peu à l'écart, après un sourire d'excuse à l'étrangère. Père et fils échangèrent quelques paroles banales, mais plaisantes, sur la Fête de la Neige. Mais ils se turent bientôt lorsque le Baptême commença.

Comme chaque année, Jordken but les discours des mères avec une émotion rentrée. Cela le ramenait des années en arrière... Aussi était-il particulièrement heureux d'avoir Eirik à ses côtés. Où était Solvig, d'ailleurs ? Comment pouvait-elle manquer ce moment si important pour la communauté ? Dans la foule, il chercha du regard sa tête blonde, mais ne trouva que celle d'Alisel, qui s'avançait vers la souche chargée de Kjeld.

Ses mots furent brefs, mais simples, sincères et bien prononcés. Jordken ressentit pour la jeune réfugiée la même fierté qu'elle ressentait sans doute à présenter son enfant. Kjeld : il avait un nom, à présent. Un nom montagnard.
- Kjeld, répéta Jordken avant de prononcer les paroles de bénédiction, peut-être un peu plus fort que pour les autres mères.

Elles n'étaient plus très nombreuses. Il allait pouvoir rejoindre Alisel pour la féliciter. Il proposa à Eirik de l'accompagner. Où était-elle passée ? Malgré son bras blessé, elle s'était déjà éloignée, stoppée dans sa retraite par... pas de doute, même de loin, au vu de sa carrure : Drathius, chasseur redoutable. Jordken maugréa. La jeune femme semblait collectionner les fréquentations dangereuses. Ne pouvait-elle pas se trouver un artisan ou un berger ?

- Bonjour Drathius, dit Jordken quand ils les eurent rejoint.
Il jeta un coup d’œil étonné à l'amulette qui reposait dans la main du chasseur, et réalisa qu'il n'avait prévu aucun présent pour Alisel ou pour Kjeld, absorbé qu'il était dans les préparatifs de la Fête.
- Félicitations Alisel, reprit-il en chyurda avec un sourire un peu gêné, mais sincère. Kjeld, c'est un très beau nom.

Il s'effaça pour laisser passer Eirik à ses côtés.
- Je te présente moi aussi mon fils, Eirik. Je crois que vous ne vous êtes encore jamais rencontrés. Il reste cloitré dans la bibliothèque ! rit-il, sans songer que cela pourrait blesser son cadet.
- Lui aussi était brun, dès la naissance, finit-il, attendri.

Les paroles de l'homme qui lui faisait face la mirent encore plus mal à l'aise et instinctivement, elle resserra son étreinte sur son fils. Que voulait-il dire en espérant qu'elle aille bien, avait-elle quoique ce soit à risquer ?
Sa suspicion grimpa en flèche d'autant plus que l'homme hésitait dans ses propos, comme s'il avait peur de dire quelque chose qu'il ne devrait pas. Par Eda qui était cet homme ? Elle ne l'avait jamais vu avant et sa soudaine présence la perturba et lui fit peur pour son enfant.

Elle hocha simplement la tête pour lui signaler qu'elle ne lui en voulait pas, mais se sentit véritablement rassurée lorsqu'il esquissa quelques pas pour s'éloigner. Pourtant, ce soulagement ne fut que de courte durée puisqu'il se retourna pour lui faire face à nouveau. Dans le creux de sa main, une amulette gravée attendait qu'elle s'en saisisse. Un présent qu'il justifiait comme un gage de bonne santé pour son fils.
Elle la regarda un instant et décida de décliner poliment le cadeau.

- Je ne puis accepter, souffla-t-elle à son intention sans oser le regarder car il la terrorisait.

Allait-il se mettre en colère ? Lui présenter ses véritables intentions ? Et s'il s'en prenait à Espoir ?
Son bras se mit à trembler très légèrement, victime de cette angoisse soudaine.
Elle ne se rendit même pas compte de l'arrivée de Jordken qu'elle aurait dû entendre marcher sur la neige craquante. Pourtant le son de sa voix la tira de ses peurs et son visage afficha instantanément les traits de soulagement à sa seule présence.

- Merci Jordken, répondit-elle en chyurda sans pour autant préciser que le remerciement englobait ses paroles autant que son arrivée salvatrice.

A la présentation de son fils, elle sourit. Eirik ressemblait plus à sa mère qu'à son père, mais la joie qu'éprouvait le père à présenter le fils était palpable.

- Bonjour Eirik, répondit cette dernière. Moi aussi je lisais beaucoup quand j'étais plus jeune.

Même si elle ne précisait pas les domaines de lecture, son père avait tout fait pour que son précepteur lui enseigne tout ce qui était à savoir sur la gestion d'un château et de ses terres. Destinée à être l’héritière de Béarns, son éducation n'avait pas été de tout repos.

- Ah bon ? s'étonna Jordken.
Alisel lui avait paru être une fille pratique, toujours dans l'action. Mais tant mieux, après tout. Il n'était pas contre l'éducation. Lire, c'était très bien si on ne préférait pas les pages aux rapports humains, l'encre et grand air et...

L'homme-ours chassa ces pensées de son esprit. Ce jour n'était pas aux reproches. Ni à Eirik, si sociable aujourd'hui, ni même à Kex, qu'il avait finalement laissé en paix. Un moment viendrait où il devrait quand même lui parler... si Alisel et lui continuaient à se rapprocher. Elle avait l'air si insouciante avec son fils dans les bras - dans le bras plutôt... Il fronça à nouveau les sourcils à la vue de son écharpe.

- Eirik, peux-tu aider Alisel à rentrer ?
Peut-être que la jeune mère ne voudrait pas le laisser porter Kjeld, mais au moins, elle ne serait pas seule si elle glissait sur la neige. Et son instinct lui disait qu'elle ne voulait pas rester seule avec Drathius, pour une raison inconnue. Elle avait eut l'air si soulagée quand il était arrivé.

Soucieux de ne pas laisser l'homme seul, Jordken se rapprocha de Drathius et lui donna dans le dos une claque virile, peut-être trop familière pour être naturelle, mais malgré tout amicale. Quoiqu'intrigué par la méfiance que lui vouait Alisel, il n'avait rien à reprocher au chasseur, si ce n'est son allure un peu trop martiale.

- Drathius ! Nous avons besoin de bras pour ranger, viendrais-tu m'aider ?
Plutôt satisfait de sa répartition des rôles, il attendit l'approbation des uns et des autres. Il n'avait pas le sentiment d'interrompre quoique ce soit : il n'avait rien de plus à dire à Alisel, qui pourrait faire connaissance avec Eirik en chemin. Et lui pourrait faire connaissance avec Drathius.

Plus il y pensait, plus des questions lui venaient. Qu'était-ce que cette amulette ? Pourquoi l'homme était-il resté à l'écart de la fête ? Ne se sentait-il pas à sa place parmi le peuple de Jhaampe ? Attendait-il quelqu'un ? Alisel...? Ou peut-être était-ce pour lui trop d'agitation, trop de souvenirs ?

Drathius eu a peine le temps de comprendre la situation que tout s'enchaîner sous ses yeux sans qu'il ne puisse rien dire, se sentant trop coupable d'avoir gêné la retraite de la jeune femme des duchés. Son indélicatesse ne semblait pas pour autant être au centre des attentions comme il l'avait penser au début, mais il sentait plutôt pesait sur lui des accusations sur ses gestes et leurs intentions qui étaient totalement contradictoire avec les véritables intention du chasseur.

Jordken était maintenant dans la conversation, les traits de la dame des duchés étaient maintenant beaucoup plus détendu, puis elle refusa le cadeau très poliment. Il sentait maintenant le jeune femme beaucoup plus sereine, c'était certainement grâce à l'arrivé d'un visage familier, Jordken, il s'exprima avec gentillesse et bienveillance a cette dernière:

"Je comprends que mon apparence vous effraie, et que vous ne pouvez faire confiance au premier venu, mais je ne voulais pas vous causer un tel malaise au point que vous trembliez a ma vue. Je vous demande donc humblement de m'excuser."

Puis Jordken présenta son enfant, un petit échange entre les deux parents s'en suivit avant que Jordken proposa a Alisel de rentrer accompagner du jeune Eirik, ce petit garçon attisa la curiosité de Drathius qui observa ce petit bonhomme. Il n'était clairement pas habituer à être entouré de tant de gens, il était timide sûrement. Drathius s'approcha calmement du petit pour ne pas l'effrayer, il s'accroupit et tendit l'amulette au garçon en lui disant:

"Tiens, c'est un cadeau, puisse cette amulette guider tes pas et te donner force et courage. Qu'elle puisse t'aider dans ta vie, afin que tu deviennes un adulte digne de respect."

Après s'être assuré que le jeune tenait bien l'amulette dans la main, il se releva et reçu la grande claque amicale dans le dos de Jordken. Celle-ci fit trembler le colosse, les rumeurs a propos de sa force ne sont donc pas volées, même si la claque était amicale Drathius comprit vite l'ampleur de la force de cet homme-ours.

Il entendit l'invitation de Jordken, puis en se grattant l'arrière de la tête dit:

"Comme vous voulez Jordken, je n'ai pas mieux a faire de toute façon."

Il baissa les yeux et se demanda ce que Jordken manigancait, même si cela semblait plutôt évident, il voulait l'éloigner d'elle, mais Drathius après avoir vue l'expression de terreur que la jeune mère tenta de cacher a son arrivé, il était clairement du même avis que Jordken, moins il la verrait mieux elle se portera. Il fit un signe de la tête a Alisel pour lui dire au revoir, et attendit Jordken afin de se rendre utile.

Jordken regarda d'un air amusé la manière protectrice dont le chasseur se comportait avec son fils adolescent. Ces vœux solennels... c'était inattendu, car ils se connaissaient mal, mais gentil de sa part. Lui aussi espérait bien qu'amulette ou pas, Eirik devienne un adulte digne de respect. Et heureux. C'était son vœux de père.

L'homme-ours sourit à Eirik, à Kjeld et à sa mère qu'il salua d'un signe de main, avec un regard complice. Ils se reverraient bientôt. Il allait la laisser se reposer de cette éprouvante journée. Eirik serait bien assez fort pour la raccompagner... Alisel serait bien assez forte pour se raccompagner toute seule. Elle en avait - malheureusement - vu d'autres. Il voulait juste lui apporter un peu plus de confort et de sécurité.

Drathius avait accepté sa proposition avec un enthousiasme modéré, mais à nouveau, Jordken ne s'en formalisa pas. Il n'était pas homme à formaliser quoique ce soit. Il aimait la franchise un peu brute des Montagnards en général, et des chasseurs en particulier. Il avait été l'un d'eux, un jour. Nomade mal dégrossi depuis un peu poli par Kristen.

Les deux hommes commencèrent à s'éloigner, le bruit régulier de leurs pas étouffé par la neige.
- Tu as l'air d'aimer les enfants, constata Jordken. En as-tu à toi ?
La question était peut-être maladroite, mais il ne voyait pas comment la poser autrement.
- Quel âge as-tu ? poursuivit-il, toujours sans détours.
Le chasseur était peut-être trop jeune pour être père. Avec son physique si particulier, il n'aurait su le dire !

La marche des deux hommes était calme et assurée. Les questions de Jordken étaient justifiée, lui qui n'était pas d'un naturel très bavard que ce soit avec les adultes ou enfant.
Maintenant qu'il avait posé la question Drathius, cette dernière ressonaient dans sa tête. Est ce qu'il voulait un enfant, est ce qu'il voulait être en couple de manière stable, et fonder une famille.
Après un temps de réflexion il répondit à l'homme ours :
"J'ai 25 ans, et non je n'ai pas d'enfants. Pour tout te dire je n'ai même pas de femme.

On pouvait sentir de l'auto-dérision dans ses paroles, rire de lui même n'était pas un souci pour le chasseur. Il continuait de marcher à côté de l'homme ours et continuer de réfléchir à ce qu'il venait de dire. Drathius ne se préoccupait pas tant de son futur que ça il préférait l'improvisation et vivre au jour le jour.
Il ne se laissa pourtant pas décontenancer par toutes ces pensées, et demanda à Jordken :

"Qu'est ce que je peux faire pour me rendre utile alors ?"

L'homme-ours ne sut trop comment interpréter l'humour de Drathius. Il n'avait pas de femme : le regrettait-il ou s'en moquait-il ?
- Bah, ça viendra en son temps, si c'est ce que tu souhaites, dit-il simplement.
Lui-même avait rencontré Kristen assez tard, plus âgé que Drathius alors. Et il n'aurait pas parié sur leur union ! Qui plus est le nomadisme n'aidait pas les rencontres durables. Mais le chasseur semblait s'être implanté à Jhaampe ces derniers temps...

- Il faudra ranger la souche et le mobilier, répondit-il, revenu sur les lieux de la fête.
La souche, qui avait servi d'estrade au Baptême, était énorme. Il avait fallu plusieurs hommes pour la déplacer.
- Mais la fête n'est pas encore terminée. Allons plutôt trinquer !
Et il entraîna le chasseur vers le buffet où il leur servit deux généreuses chopes d'hydromel.

Plus loin, il remarqua Aksel qui vidait la sienne d'un trait, et fronça les sourcils. Cela ne lui ressemblait pas, surtout en si délicate compagnie. Le frère de Kristen croisa son regard et il leva sa chope dans sa direction avec un sourire bancal, pour lui souhaiter santé. Le pauvre homme en aurait bien besoin.

- Alors Drathius... Qu'est-ce qui t'amène à Jhaampe ? reprit-il, reportant son attention sur son compagnon.
Non qu'il n'en avait pas déjà entendu parler ; mais il n'arrivait pas à y croire. Peut-être comprendrait-il mieux de la bouche de l'intéressé.

Alors qu'il venait de boire une gorgée d'hydromel l'homme-ours lui demanda la raison de sa présence.
Il se figea sur place, il ne savait pas quoi répondre car les raisons qu'il l'amenait à Jhaampe devant rester le plus confidentiel possible.
Mais il s'agissait du mari de l'oblat, peut être était-il au courant. Il posa alors le gobelet et il dit :

"Je suis ici pour passer l'hiver. La chasse n'est pas des plus intéressante en cette saison."

Il reprit une gorgée et continua :

"Est ce que j'ai fait quelque chose de mal envers la jeune femme des duchés ? Car je voulais juste lui souhaiter la bienvenue. J'espère qu'elle trouvera ici ce qu'elle n'a pas trouvé dans son pays d'origine."

On pouvait sentir dans la voix de Drathius de la compassion pour la jeune femme.
Il prit alors un biscuit et le mangea d'une bouchée et finalement il demanda :

"A propos de la rumeur sur la créature qui rôde as tu plus de détail ? Car elle m'intéresse beaucoup. Ça fera une de plus pour mon tabeau de chasse."

Il ne se vantait pas mais on pouvait comprendre une certaine fierté dans ses paroles.

Jordken acquiesça, sans pousser plus loin la curiosité. Il se satisferait de ce que le chasseur voudrait (ou ne voudrait pas) lui révéler. Après tout il n'était pas là pour lui tirer les vers du nez.

A son tour, il reprit une gorgée, réfléchissant à sa réponse.
- Alisel a vécu des choses difficiles. Ça l'a rendue...
Craintive ? Non, ça n'était pas un terme adéquat pour décrire la jeune femme.
- ... méfiante.
Il but à nouveau pour dissimuler un sourire. Comme lui jadis, le chasseur ne se rendait sans doute pas compte que ses manières "forestières" étaient sans doute seules responsables de cette méfiance.

- Pas plus que ce que m'en a décrit Solvig, répondit-il à nouveau.
Sa fille était la première, avec Narjis, a avoir "aperçu" la fameuse créature.
- Elle semble assez craintive, reprit-il, usant cette fois du mot à raison.

Cette chose enflammait les imaginations : on avait si peu de nouveaux sujets de conversations à Jhaampe. Jordken regardait ça de très loin. Il n'était pas persuadé que la créature soit autre chose qu'une quelconque bête sauvage comme la forêt en regorgeait. Et il n'avait plus l'adrénaline de la traque, comme Drathius... si tant est qu'il l'ait eue un jour. Pour lui, la chasse était surtout alimentaire.

La réponse que Jordken donna à Drathius à propos de Alisel éveilla l'intérêt du chasseur, mais il comprit que c'est du fait se sa carrure et de son visage qui était quelque peu intimidant pour quelqu'un qui ne le connaissais pas.
Il scruta alors la foule les entourant, certainement une habitude de chasseur.
Mais ce qui suscitait encore plus d'engouement à ses yeux fut le petit détail que donna Jordken à propos de la bête.
Si elle était craintive il devrait faire attention à ne pas se faire remarquer par cette dernière afin quelle ne prenne pas la fuite.

"Tu n'as vraiment rien de plus pour moi ? Je pense que je partirais bientôt sur ses traces, est ce que tu voudrais venir avec moi ? Je sais que tu as été un grand chasseur dans le temps et ça me ferait plaisir que tu viennes avec moi."

Il tendit alors son verre en direction de Jordken afin de porter un toast afin qu'il puisse donner une réponse.

Sans dire un mot, Jordken trinqua avec le chasseur. Puis il but et réfléchit.

Au delà de la flatterie, l'invitation de Drathius lui faisait rudement plaisir. Cela faisait tellement longtemps qu'on ne lui avait pas proposé de partir chasser ! Pour tous il n'était plus Jordken, chasseur nomade mais Jordken, le mari sédentaire de l'Oblat. Cela lui fit se sentir jeune à nouveau, même s'il désapprouvait cette traque glorieuse et gratuite. Drathius lui aurait proposé d'aller chasser le sanglier, il aurait été aussi touché, voire plus enthousiaste.

- Pourquoi pas, sourit-il.

Il était curieux de voir la tête de Solvig quand elle apprendrait que son vieux père partait traquer la bête qu'elle avait aperçue. Peut-être même voudrait-elle se joindre à eux...

La réponse mitigé de l'homme ours laissa drathius sur sa faim. Mais son petir sourire en coin fit clairement comprendre au chasseur que ce dernier avait clairement apprécié ses compliments.
Il reprit donc la conversation :

"Je sais que ce genre de traque ne sont pas de ton genre, mais rassure toi je veux juste savoir si cette bête peut représenter un danger pour le peuple des montagnes. Allons donc parler avec ta fille peut être qu'elle pourra nous renseigner plus avant sur la bête. Et aussi tu peut être que ça la surprendra que de voir son père repartir à la chasse."

Il sourit alors à pleine dents à Jordken.

Jordken observait Drathius par dessus sa chope. Le chasseur était surprenant. Il semblait en savoir plus sur lui qu'il n'aurait cru. Ils ne se connaissaient pas, pourtant, et il n'était pas homme assez intéressant pour alimenter des rumeurs, surtout auprès des jeunes. A moins qu'ils ne soient si semblables qu'il devine ses pensées ?

Il ne l'avait mené ici que pour l'éloigner d'Alisel. Mais peut-être s'entendraient-ils bien, finalement. Malgré sa fonction absurde dont le chasseur n'avait pas voulu dire mot, et ses manières mal dégrossies qui avaient effrayé Alisel, mais qui à Jordken semblaient naturelles. Malgré le sourire carnassier qu'il affichait à cet instant sur son visage déjà troublant. Malgré sa réputation de chasseur qu'il constaterait bientôt.

Dans un claquement sonore, Jordken reposa sa chope vide sur la table.
- Allons-y ! s'écria-t-il, plus enthousiaste.
Solvig n'était pas là, mais il avait une petite idée d'où elle pouvait être. Elle lui avait déjà tout raconté sur son étrange rencontre, mais peut-être n'avait-il pas été très réceptif...

Et puis, qu'ils trouvent Solvig ou pas, il n'avait pas envie de rester ici, à voir Aksel se soûler, Kex être là, Kristen ne l'être pas... Le Baptême laissait toujours place à un moment nostalgique. Comme une fête qui se termine, et un temps jadis qui ne reviendrait plus, malgré les rires persistants des enfants des autres. Une génération chassait l'autre. Et lui... pouvait encore chasser.

- Nous reviendrons pour ranger, marmonna-t-il en s'éloignant déjà d'un bon pas.


[hrp : Jordken quitte le rp ]