[animation] Les flammes de l'Amour [hors temps - sur inscription]

La fille se mit à siffler, puis à parler. Brun essaya de comprendre ce qu'elle disait, mais c'était difficile. Ça lui donna mal à la tête. Et mal aux dents quand elle lui colla un gobelet de vin dans la bouche, avant de se rincer elle aussi le gosier et d'envoyer valser l'objet.

Apparemment elle n'était pas Chalcédienne, comme l'aurait laissé croire sa marque et son comportement barbare. Intrigué, le maître d'armes tendit un doigt pour toucher son tatouage, mais elle se mit à gesticuler de manière incontrôlée tout en jacassant comme une volaille... sur les volailles, justement. Pourquoi elle parlait de poulet ? Le salé, c'était terminé, et le sucré aussi. Restait le vin.

- Oui, sauvage, c'est mieux... balbutia-t-il, croyant qu'elle lui demandait s'il préférait le gibier au poulet.

Puis elle se mit à le tripoter, passant carrément sa main sous ses vêtements. Au début c'était un peu froid, mais finalement c'était pas désagréable. Comme par réflexe, il resserra son étreinte sur elle, qui jusqu'ici avait seulement pour but de la stabiliser. Si seulement elle pouvait s'arrêter de gigoter ! Ça lui faisait mal aux cuisses. Cette fille était une meurtrissure, mais une meurtrissure pas désagréable, comme si elle grattait une plaie.

Quand même, ça le dérangeait tout ce monde qui les regardait. Il ouvrit la bouche pour l'exprimer, mais il ne trouva rien d'intelligent à dire, ni même rien à dire. Il n'en eut de toute façon pas le loisir, car...

1- Le mouton revient au galop et fonce droit sur eux.
2- Borné accoste gauloisement Lawena.
3- L'orchestre se met à jouer l'air préféré de Lawena.
4- Brun croise le regard de Vainqueur.
5- Brun croise le regard d'Acuité.
6- Les soldats se mettent à gueuler : "un baiser, un baiser !".

Maître Vérichanteur Messages : 1064 Date d'inscription : 18/10/2010

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'Hasard 6' : 1

Invité

Persée avait la tête qui tournait. Elle avait l'impression de se noyer dans un tourbillon de couleurs, de senteurs et de musiques . Dès qu'elle avait quitté le buffet pour déambuler parmi les convives, elle avait eu des vertiges importants. Pourtant, elle n'était pas préoccupée par son état. Elle souriait d'ailleurs de toutes ses dents. Bien sûr, la douleur dans ses tempes, causée par le trop plein d'animation qui l'entourait, était désagréable. Mais c'était aussi enivrant de se laisser porter par la fête, comme à la découverte d'un nouveau monde. Elle se perdait dans la masse qui l'entourait, cherchant un point d'ancrage où se rattraper. En effet, sa démarche était hésitante, c'était presque un miracle qu'elle réussisse à tenir debout.

Il apparu alors, salvateur. C'était un homme, d'un âge très avancé comme en témoignait la blancheur éclatante de sa barbe. Malgré sa confusion, Persée nota l'éclat vif de ses yeux, qui contrastait avec la vieillesse de ses traits. En réalité, il apparaissait comme hors du temps, havre de paix au cœur du désordre environnant.

Elle accepta avec soulagement le bras tendu, cet appui lui permit de se redresser et de retrouver son équilibre. Son esprit était tellement embrumé qu'elle mis un peu de temps à comprendre qu'il s'adressait à elle, et encore plus de temps à comprendre ses propos. Quand elle eut réussi à s'éclaircir les idées, elle tenta une réponse. Sa bouche était pâteuse et ses mots hésitants, néanmoins un éclair de lucidité lui permis de rattraper un peu l'état déplorable dans lequel elle se trouvait, même si elle ne s'en rendait pas compte.

"Je... Merci, je vais bien... maintenant. Merci pour votre aide."

Quant à sa proposition... L'idée de rencontrer des gens l'enthousiasmait, mais elle ne se sentait pas capable de bouger de nouveau, surtout jusqu'à la table lointaine qu'il semblait lui indiquer.

"Oh je... Si ça ne vous dérange pas je souhaiterais rester ici quelques instant. Je suis un peu perdue, j'ai la tête qui tourne. Mais plus tard ? Dans quelques minutes je.... hic....Pardon. Je serai probablement mieux"

Une partie d'elle même, mineure, était consternée par son état. L'autre, bien plus importante, se sentait libre, libérée de sa retenue et de sa réserve habituelle. Enhardie par cette accès de sociabilité, et par son l'amélioration légère de se mal de tête, elle s'adressa au vieil homme.

"Pardonnez mon... inconvenance. Puis-je savoir le nom de mon sauveur ?"

Elle sourit, ou grimaça selon les points de vue, attendant sa réponse.

Invité

Mélisse haussa un sourcil. « les filles comme il faut » ? Elle éclata franchement de rire. Non seulement il venait de lui attribuer le qualificatif de « fille » ce qu'elle n'était plus depuis des années mais en plus, lui le snobe, ajoutait qu'elle était « comme il faut ». Elle la sorcière, escroc, qui ne valait pas grand-chose aux yeux du noble qu'il était. Vraiment, Vaillant devait être fin saoul.

- Vous êtes tellement saoul, rigola-t-elle, que je suis sûre que je pourrais faire de vous ce que je veux !

Un petit défi en allusion à leurs pouvoirs respectifs. En vérité elle ne comptait pas faire quoi que ce soit à l'Artiseur, il s'en était chargé tout seul. Il faut dire que ce vin était particulièrement délicieux. Un moment, la sorcière se demanda… mais elle chassa cette idée qui lui paraissait si absurde. Par précaution, elle préféra tout de même cesser d'en boire. Ce n'est pas pour autant qu'elle rendrait cette coupe à Vaillant. Sans trop savoir pourquoi, elle se sentait d'humeur taquine, et l'humeur de Vaillant l'encourageait dans ce sens. Après tout, c'était lui qui l'avait appelée.

Invité

L'homme approuva et, sans se douter un instant qu'il n'avait pas compris la moitié de ses paroles, Lawena lui renvoya un air satisfait en même temps que complice :
« J'm'en doutais b'en, qu't'étais pas l'genre à t'content… t'cont… ouais, à rester sur que c'qu'est l'p'us facile. »
Avec l'impression de ne pas être volée sur la marchandise, elle se colla un peu plus à lui lorsqu'il lui fit comprendre (de son point de vue) qu'il appréciait l'expérience.
« T'as b'en raison. L'imprévu, c'est tel'ment p'us… excitant… »
conclut-elle en remuant de plus belle pour détacher le tissu orange vif qui lui servait de cape. C'est qu'il commençait à faire chaud, surtout quand, comme elle, on était tout prêt à partir à l'aventure en bonne compagnie.

Elle ne chercha pas spécialement à encourager les mots non prononcés par Brun, mais finit par suivre son regard alors que le mouton s'apprêtait à finir sa course dans leurs pieds. A croire qu'il voulait lui aussi profiter des genoux du maître d'armes. La teinturière, elle, ne se trouvait absolument pas dans un état permettant de réagir rapidement à la situation d'urgence présente. Il semblait déjà miraculeux qu'elle soit parvenue à l'analyser avant la collision. Tirant maladroitement son comparse dans le but de les éloigner de la trajectoire ovine, elle s'y prit cependant bien trop tard, et se retrouva à terre en entraînant plus ou moins l'homme avec elle, en plus d'être empêtrée avec la bestiole qui se mit à bêler avec force.

« Hé, l'bestiau, ta gueule ! »
protesta-t-elle en essayant de se dégager, ce qui n'était vraiment pas facile quand on avait un sens de l'équilibre aussi précaire que présentement.
« L'est dingos, c't'animal ! Pourquoi qu'les gars des cui… cuicui, l'z'oiseaux ? Ah nan, les cui… sines… y l'ont point attrapé ? Allez, à la broche, à la broche ! Bêêêê ! A la broche ! Bêêêê ! »
gueula-t-elle en se saisissant d'une patte du malheureux coupable, et tantôt essayant de la brandir, tantôt hurlant à l'oreille du quadrupède, le malmenant et l'empêchant de fuir malgré son souhait manifeste.

Invité

La jeune femme avait toujours l'air désorientée, malgré ses paroles, mais curieusement, Clément ne se sentit pas hors de sa place à jouer les appuis pour inconnue. Dans l'ambiance chaleureuse de ce moment, il se sentait des instincts protecteurs qui ressurgissaient, sans l'exigence de perfection qu'il présentait généralement à ses élèves.

= « Mais je vous en prie, cela ne me dérange pas du tout. Voulez-vous quelque chose à boire ? »
proposa-t-il galamment, supposant qu'une coupe de vin pourrait aider la brunette à se sentir mieux. Lorsqu'elle s'enquit de son identité, il eut un léger sourire, heureusement que ses petits Artiseurs ne regardaient pas dans sa direction, ou ils n'en auraient pas cru leurs yeux. Il répondit tout simplement.

= « Allons, allons, il n'y a rien d'inconvenant à cela, et en plus, ce soir est un moment de fête, nous pouvons bien oublier les courbettes un moment, ne croyez-vous pas ? Je suis Clément, et vous-même ? Je ne me souviens pas vous avoir déjà rencontrée, vous n'êtes donc pas de Castelcerf ? »
Oui, il se sentait étonnamment bien. Était-ce l'ambiance, la compagnie de la jeune femme ? Il n'avait pas envie d'être le maître d'Art en retraite, en ce moment. Juste un être humain, qui pouvait communiquer directement avec un autre sans chercher de complications ou de sens caché, et sans avoir l'impression d'espionner des moments de vie privée avec une magie qui en voulait toujours plus. Cela n'était pas désagréable.

Mélisse rit elle aussi. Vaillant ne comprit pas pourquoi, mais cela le contamina. Il s'amusait vraiment beaucoup plus depuis que la sorcière était à ses côtés. Il avait bien fait de l’appeler !

- Quoi par exemple ? répondit-il à ses paroles, dont il n'avait pas non plus compris le sens. De la soupe de Baugien ? On dit que c'est un aphrodisiaque puissant. Voilà une potion qui aurait du succès auprès de tes clients !

Il se tapa sur la cuisse en s'esclaffant, et sur la sienne aussi. Il l'imaginait bien remuer sa grande marmite dont dépassaient quelques cuisses de grenouille et une touffe de cheveux dorés.

Le maître d'armes tomba lourdement sur Lawena, mais ça n'eut pas l'air de la calmer. A demi étalée sur le bestiau, elle gueulait sur l'animal dans un langage mi-ovin mi-humain, tout en lui agitant une patte.

Percevant, malgré son ivresse prononcé, le caractère grotesque de la situation, Brun éclata de rire. Un rire presque aussi sonore que les bêlements de la bête, et qui lui fit un bien fou.
- Laisse cette pauvre bête ! rit-il en attrapant sans plus de gêne les poignets de la fausse Chalcédienne.

Dans une ruade échappatoire, le mouton lui décocha en guise en remerciement un coup de sabot dans la mâchoire. Sonné, le maître d'armes bascula en arrière, un instant inconscient. Libéré, l'animal partit en trombe vers...

1- La sortie du château.
2- Hobes.
3- Acuité et Aksel.
4- Loyal.
5- Shyrin.
6- Vaillant et Mélisse.
7- Discret et Elke.
8- Mésange.
9- Persévérance et Clément.
10- Kex.

Maître Vérichanteur Messages : 1064 Date d'inscription : 18/10/2010

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'Hasard 10' : 7

L'inconnu faisait à nouveau tournoyer Acuité, dans une chorégraphie parfaitement exécutée. Mais alors qu'il la ramenait à lui après la dernière volte, il l'enroula au creux de ses bras. La jeune femme, surprise de tant de proximité sentit monter la fièvre à ses joues et décida de garder le visage baissé pour les prochaines minutes, espérant que le feu s'estompe d'ici là.
Par Eda, quel homme était suffisamment fou pour s'aventurer à tant d'intimité avec elle ? Ignorait-il donc qui elle était ?
Il se présenta à ce moment là et elle sut que comme elle le songeait, il n'avait nulle idée de l'identité de la petite blonde.
Un homme des Montagnes, un Chyurda. Rien que le nom sonnait exotique et apportait son lot de promesse d'aventures. Elle inspira plus profondément, comme pour calmer l'excitation nouvelle que son imagination suscitait en elle.
Lorsqu'il lui demanda à son tour qui elle était, Acuité releva le visage et croisa son regard à nouveau. Elle savait bien que ses joues étaient encore rosées et espéra avec force que l'homme mettrait cette couleur sur la chaleur étonnante de la piste ou sur la boisson qui se diffusait dans la foule.
Hésitante, la bouche légèrement entrouverte alors qu'elle abordait un pas de côté, elle sentit une nouvelle mèche de ses cheveux se détacher de sa coiffure avant de retomber lourdement sur son épaule. Machinalement, sa main libre vint remettre l’échappée belle derrière son oreille alors qu'elle lui lançait un sourire désolé.

- Je...commença-t-elle d'une voix faible. Je suis Alidel de Béarns.

Ah pourquoi mentait-elle ainsi ? Peut-être ne souhaitait-elle pas qu'il connaisse les véritables origines de la jeune femme. Dès qu'on la savait Loinvoyant, on n'agissait plus qu'avec grand renfort de l'étiquette et tout perdait de son naturel.
Et puis, Alidel avec qui elle s'était beaucoup entraîné n'était pas rentré de cette guerre. Elle en avait été affecté et espérait peut-être par ce biais lui rendre un quelconque hommage.

- Il semblerait que les Montagnes possèdent les meilleurs danseurs...renchérit-elle timidement.

Sur ses mots, elle se laissa guider à nouveau, effectua une nouvelle volte et revint poser sur lui, une main gracile, aussi légère qu'un battement d'aile de papillon.

Au loin, elle perçut le son d'un quelconque grabuge, des rires et des bêlements sinistres, mais elle n'en avait cure. Pourquoi se soucier d'un homme qui préférait se rouler dans l'alcool avec la première venue, lorsqu'on avait auprès de sois un gentilhomme aussi charmant et délicat.
Son regard dévia malgré elle sur l'origine du fond sonore et elle se mordit automatiquement la lèvre inférieure en détournant rapidement les yeux, jurant intérieurement.
Sotte qu'elle était, elle avait beau y mettre toute la volonté qu'elle pouvait, il persistait à hanter ses pensées.

Invité

Tandis que la musique s’arrêtait, une jeune musicienne me fit signe de m'approcher, sourire au lèvres. On eu dit qu'elle venait de m'apercevoir, et dans ces yeux brillait une touche de folie festive. Je m'approchais donc, et elle me demanda si j'aimais la musique. Elle rougissais légèrement et je me dit que ça devait être le première fois qu'elle faisait une demande aussi direct. Le vin devait y être pour quelque chose. Analysant rapidement la situation, je me dis qu'il n'y avait aucun mal à m'asseoir à côté d'elle et à discuter. Ce que je fis.

"Et bien, pour être parfaitement honnête, je n'ai que de très faibles connaissances dans ce domaine, ce qui ne m’empêche pas de l’apprécier. Je dois savoir chanter quelque chanson de tavernes dont on à entendu la douce mélodie il y a peu, mais guère plus. A part peut-être une comptine ou deux. Mais nous pourrions d'abord nous présenter? Je suis Amical Fondeleau, médecin."

En parlant des chansons de tavernes, j'avais tendu l'oreille, et n'avais entendu que des rires accompagnés de cris de surprise. Mais pourquoi c'étaient-t-ils tus?
Et j'avais encore pris Amical... Je commençais à m'attacher à se pseudonyme finalement. Et à cette jeune femme fort belle, qui m'avait amené à parler.

Invité

Son compagnon du moment était un peu lourd (au sens propre), et s'il l'écrasa à demi lorsque leur duo s'emmêla aux pattes du mouton, elle lui pardonna un peu alors qu'il lançait un rire tonitruant. Cela lui donnait envie à elle aussi de rire, et même si elle ignorait pourquoi, elle ne s'en priva pas. Inconsciente du ridicule de sa situation, elle se laissa faire, appréciant le contact direct, qui ne dura pourtant guère.

« Foutu bestiau, »
grogna-t-elle en ajoutant un chapelet de jurons de ses lointaines îles. L'animal n'y était pas allé de main morte (de sabot mort ?), apparemment, et elle ne trouva rien de mieux que de secouer le brun Brun pour lui faire reprendre ses sens, quoique sans grande force. En même temps, elle appelait les soldats alentours à la vengeance :
« Et alors, vous aut', z'allez laiss… laisser c't'animal fffaire ççça ? À vot' cop… copain ? À la broche ! »
clama-t-elle de nouveau comme un slogan, levant le poing pour faire bonne mesure.

« Debout ! Faut l'atrapp… per… même par qu'un bout… deux bouts ! »
reprit-t-elle encore sans parvenir à se redresser suffisamment pour donner l'exemple, tout en ricanant à son jeux de mots minable. Elle secoua encore un peu le maître d'armes, grogna une fois de plus un « à la broche » plutôt moins convaincu qu'auparavant, et soupira. Cette saleté de mouton avait gâché un bon moment, mais elle n'allait pas se laisser faire. Il avait peut-être besoin de bouche à bouche, le bonhomme ? Séduite par l'idée, elle se pencha sur ses lèvres.

Les joues d'Elke étaient restées roses mais elle se força pourtant à ne pas se refermer ou baisser les yeux comme elle l'eut fait d'ordinaire. Au contraire, elle resta fixée sur l'homme qui s'était assis près d'elle, ou du moins sur le haut de son oreille.

- Je suis Elke, lui répondit-elle donc aimablement, son sourire s'élargissant.

Amical était un nom qui lui seyait parfaitement, songea-t-elle, amusée. Se libérant de son luth, elle se redressa et chercha des yeux de quoi leur servir à boire et à manger. C'est alors qu'elle aperçut le mouton qui fonçait droit sur eux et bondit sur ses pieds pour repousser son interlocuteur hors du passage de l'animal. Déboussolé, ce dernier faillit percuter un mur puis repartit d'où il était venu, soit droit sur Brun Braveterre.

- On l'a échappé belle, souffla-t-elle en revenant à Amical, espérant ne pas l'avoir poussé trop fort.

Elle en était un peu retournée et la tête lui tournait devant cet afflux émotionnel, pourtant elle tendit aussitôt sa main libre à son nouvel ami pour l'aider à se remettre lui aussi.

Invité

Même si elle ne rit pas à la plaisanterie de Vaillant, le sourire n'en resta pas moins fermement accroché à ses lèvres. Mélisse s'amusait toujours d'entendre les fadaises que ses pouvoirs avaient le don de faire naître. Elle était une sorcière, pas un monstre. Parfois elle corrigeait les ignares, aujourd'hui elle n'en ressentait pas l'envie. Bien au contraire.

- Oh mais elle a déjà du succès. Tellement que mon chaudron lui-même commence à tomber amoureux à force de concocter cette potion. Mais les ingrédients commence à me manquer. C'est que les Baugiens commencent à me fuir.

Avec une moue moqueuse et un rien d'effronterie, elle tendit la main pour picorer un morceau de gâteau qui restait dans l'assiette devant Vaillant.

Un chaudron amoureux ? Qu'est-ce qu'il allait bien pouvoir faire de ça ?
- Ah oui ? réagit-il. Je me demande bien pourquoi ! Il faut remédier à ça.
Et, devançant sa main qui portait à ses lèvres une bouchée volée, il y déposa un baiser léger.

Invité

Mélisse n'eut le temps d'entendre que les mots sans leur sens avant que les lèvres de Vaillant ne se posent sur les siennes. Elle en resta figée de surprise, ne s'étant pas le moins du monde attendu à cela. Il faut dire que Vaillant donnait une impression si rigide de sa personne qu'il semblait impossible qu'il se laissa aller à la volubilité. Lorsqu'il s'écarta un peu de son visage, la sorcière posait sur l'homme un regard étonné. Puis revint à sa mémoire la raison de sa venue dans sa boutique, à peine quelques temps auparavant, et Mélisse se dit que finalement, cela n'était pas si inimaginable, qu'il puisse se laisser prendre par les charmes d'une femme. Sans parler de son état d'ébriété pour le moins avancé qui ne devait pas être étranger à ce geste.

- Je vois en effet que mes potions sont efficaces, plaisanta-t-elle.

Elle avait été si surprise qu'elle en avait laissé tomber son morceau. Tant pis. Mais elle lécha tout de même ses doigts couverts de miel sucré.

- Vous êtes donc baugien ? releva-t-elle entre deux doigts sucrés, mettant dans son esprit les informations bout à bout.

Mélisse ouvrit de grands yeux de surprise et lâcha son gâteau. Mais elle reprit vite contenance et partit dans des considérations géographiques.

Son baiser lui avait-il fait si peu d'effet ? Apparemment ses potions n'étaient pas efficaces pour tout le monde ! Pourtant, dans la boutique, il avait eu la sensation qu'il lui plaisait. Sans doute s'était-il illusionné...

- Oui, répondit-il sans enthousiasme en retrouvant sa place.
Sur la table, il ramassa son gâteau et l'engloutit. Elle-même suçotait ses doigts.
- Et toi ? reprit-il en s'obligeant à la regarder, un brin vexé.

Il lui semblait se souvenir qu'elle venait d'ailleurs. Même si, présentement, le sujet l'intéressait moins que le miel de ses lèvres insolentes.

Invité

Mélisse leva un sourcil intrigué face à l'attitude soudain fermée de Vaillant. L'avait-elle vexé ? Elle était bien bonne celle-là ! Il la prenait par surprise en l'embrassant sans préambule et c'est lui qui était vexé. Cet homme était décidément bien étrange.

- Je viens des Montagnes, répondit-elle sans réel intérêt, son attention plutôt tournée vers son interlocuteur.

Ses doigts désormais lavés du miel étaient mouillés de salive. Elle les essuya sans manière dans les plis de ses jupes. Vaillant lui s'en prenait au gâteau avec plus d'efficacité qu'elle-même. Manifestement elle n'aurait pas le loisir de tenter à nouveau sa chance. Tant pis, ce n'était pas si mal finalement, elle qui se plaignait de ses rondeurs se voyait ravir une des causes qui auraient pu les arrondir plus encore.

- Je ne vous pensais pas de ceux qui butinent.

Une phrase à double sens qu'il pouvait prendre comme il le voulait. Mélisse s'amusait avec l'esprit embrumé de Vaillant en sous-entendant dans ses paroles qu'il changeait vite de femme, ou bien de friandise sucrée. Mais elle cherchait aussi à savoir ce qui l'avait ainsi froissé.

Brun se réveilla tel la Belle au Bois Dormant, la lippe collée contre celle de Lawena. Est-ce qu'elle était en train de l'embrasser ? Ça en avait tout l'air. C'était chaud, doux et ça sentait le vin.

Trop faible pour résister, à tous les sens du terme, la maître d'armes se laissa aller. Après la marche, la guerre, cette putain de jungle, les morts dans cette putain de jungle, la poussière, les morts encore, la presque victoire et la crue d'Art, il avait bien droit de s'amuser !

A ses côtés, les soldats se mirent à crier mais il n'y prêta plus attention, persuadé que ces éclats de voix lui étaient destinés, à lui, et non au mouton qui revenait tête baissée.

Si Vaillant avait posé la question par pure forme, la réponse l'intéressa finalement. Les Montagnes ? Il n'aurait pas imaginé ! Mélisse n'avait pas ce qu'il imaginait être le physique de là-bas. Ni grande, ni blonde - bien que non dénuée de charme, à sa manière discrète.

Sa "question" ne sonnait pas comme une accusation. Vaillant ne la prit ni mal ni bien. Il haussa les épaules, récupéra sa coupe de vin, la finit et répondit, avec un geste vers le brasier :
- La vie est courte. Autant en profiter !
Il n'était pas passé si loin de la mort ou de la démence, lui non plus.

- Tu es mariée ? demanda-t-il en attrapant une coupe propre (ou presque) et en lui servant du vin, avant de remplir sa coupe à lui aussi.
L'idée ne l'avait pas effleuré jusqu'ici, mais c'était probable après tout !

Invité

Une philosophie qui n'était pas pour lui déplaire. Elle l'avouait sans honte, elle aussi elle aimait profiter de la vie et des petits plaisirs. Comme le disait Vaillant, la vie était trop courte pour la laisser s'enfuir sans en profiter.

- Je vous comprends aisément.

Mais la question suivante la fit rire. Mélisse s'amusa beaucoup de cette idée.

- Moi mariée ? Vous imaginez ? Quel homme voudrait d'une sorcière pour épouse ?

Elle prit la coupe que Vaillant venait de lui servir et y trempa ses lèvres. Lorsqu'elle reposa la coupe, ses yeux souriaient toujours de l'amusement provoqué par la question de Vaillant.

- Et comment pourrais-je continuer à butiner si j'étais mariée ?

Mélissa s'étonna, encore. Il est vrai que le mot de sorcière ne vendait pas du rêve. On s'imaginait tout de suite une vieille femme noueuse et fripée qui ricanait en désossant quelques corbeau. Ou une femme sombre aux pouvoirs diaboliques. Fatale.

Avec son sourire et ses yeux pétillants, Mélisse n'avait pas l'air fatale.
- Mais tu ne fais rien de mal ? protesta Vaillant, hésitant.
Après tout il n'en savait rien. Sa boutique et son allure étaient bien comme il faut, mais il n'avait sans doute vu qu'une petite parcelle de ses pouvoirs ou du moins, de son activité.
- Et puis ça n'empêche rien. Regarde-les ! Tu crois vraiment qu'ils sont tous céliba...

Sa mâchoire resta suspendue dans le vide. Il venait d'apercevoir le maître d'armes, pourtant renommé pour la longueur de son balais dans le..., en plein ébat avec la fille du tissu ! Cette scène lui blessa les yeux, ou les dessilla car, alors, le Baugien s'aperçut qu'ils étaient bien nombreux à flirter, se toucher, se caresser, échanger leur salive ou pire encore. Trop nombreux.

Lui-même se sentait passablement excité, mais ça n'avait rien d'étonnant pour une telle soirée, doublée d'un retour de guerre. Ça devait être ça. La fin de l'abstinence des troupes bavait sur le reste de la population.
- Et il paraît que vous avez les mœurs légères, vous autres Montagnards ! reprit-il, peu subtil, en se rapprochant de Mélisse.

Pourquoi se priver ? Elle n'était pas mariée, et il n'allait quand même pas finir seul la soirée, au milieu de la débauche généralisée ?

Invité

Il avait l'air d'en douter lui-même lorsqu'il disait cela. Comme quoi les racontars avaient la vie dur, même lorsqu'on les démentait par ses actions, il demeurait toujours un fond de doute. Et comme toujours Mélisse s'amusait à laisser planer le doute. Elle ne répondit que par un regard qu'elle voulait énigmatique.

Qui ne resta pas. Comme Vaillant, elle n'avait plus prêté attention à ceux qui les entouraient, et comme lui elle découvrait que la situation avait dégénéré. Le doute qu'elle avait émis plus tôt sur le vin lui revint avec un surcroît de conviction. L'idée lui paraissait saugrenue qu'une telle quantité d’aphrodisiaque soit versée dans le vin de la fête, pourtant la situation semblait attester de cet état de fait. La sorcière se dit que c'était là un beau cadeau pour le peuple, l'amour après la guerre et le sang. Elle promena un regard approbateur sur les couples en situations plus ou moins intimes.

Vaillant rappela son attention à lui. Mélisse se détourna sans déplaisir du spectacle pour revenir à son voisin. Manifestement, celui-ci n'était pas indifférent non plus aux effets du vin. Ni elle non plus, il fallait dire, bien qu'elle n'ait pas consommé autant que le noble.

- On dit cela, en effet, acquiesça Mélisse en entrant dans son jeu.

Il s'était rapproché, ne laissant entre eux qu'une courte distance, quelque peu troublante. Mélisse l'effaça et glissa sur le banc vers Vaillant. Leurs épaules étaient désormais l'une contre l'autre, la jambe de Mélisse touchait celle de l'homme et sa main, posée dessus, n'était qu'à quelques centimètres de celle de Vaillant. Elle penchait la tête dans sa direction, curieuse de voir s'il allait aller au bout de ses sous entendus, s'il allait retenter sa chance. Mélisse n'était ni farouche ni prude, et puisque les choses semblaient se présenter en ce sens elle ne voyait pas de mal à folâtrer avec Vaillant le temps d'une soirée sans conséquence.

Mélisse se rapprocha de lui, mais ne le toucha pas. Devait-il interpréter la chaleur de sa cuisse contre la sienne comme un signe encourageant ? Elle semblait attendre qu'il l'embrasse, mais il avait déjà donné ; et apparemment, ça ne l'avait pas remuée.

Est-ce qu'elle jouait avec lui ? Il posa sa coupe, s'approcha encore et dit :
- Embrasse-moi.
Si tu l'oses, pensa-t-il, peut-être un peu trop fort.

Lui, l'homme, avait plus pour habitude de prendre des baisers que de les demander. Mais cette soirée n'était-elle pas étrange ? Mélisse n'était-elle pas étrange ? Comment percer les désirs d'une si calme sorcière ?

Invité

Vaillant ne céda pas à ses charmes. Elle l'avait sans doute trop vexé auparavant. Et en plus, il se permettait de lui donner des ordres. La sorcière ne mangeait pas de ce pain là normalement, et une moue mutine se dessina sur son visage. Mais l'ordre de Vaillant sonnait trop comme un défi. Alors, dans ces circonstances, elle se jeta à l'eau. Pourquoi pas ? Un prêté pour un rendu ! Il voulait qu'elle l'embrasse, il allait voir ce qu'elle savait faire !

Il s'était rapproché encore un peu plus, si bien que Mélisse n'eut qu'un léger mouvement à faire pour que leurs lèvres se rencontrent à nouveau. D'abord douce, la sorcière y mit vite plus d'ardeur. Sa main glissa de sa cuisse jusqu'au torse de Vaillant et ses doigts s'y promenèrent allègrement tandis que son baiser se faisait plus ardent. Sans aucune pudeur, elle pressa son corps contre celui de l'homme et sa main monta se placer derrière sa nuque.

Puis soudain, elle se sépara de lui, sans trop s'éloigner, son corps toujours contre le sien, sa main désormais reposant sur son épaule. Elle avait le souffle légèrement écourté et souriait d'un air mutin.

- Cela convient-il à monseigneur ?

Il l'avait défiée, elle avait relevé le défi.

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