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 Le coeur et l'estomac

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Vaillant Fructurive

Vaillant Fructurive

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MessageSujet: Le coeur et l'estomac   Le coeur et l'estomac I_icon_minitimeJeu 3 Mai - 19:02

La nuit porte conseil. Le lendemain du jour où Chiara l'avait marqué, Vaillant regretta cette blessure définitive et comprit, qu'elle s'agrandirait encore s'il repoussait jusqu'à son départ sa séparation d'avec la Duchesse. S'il s'embarquait pour Le Gué le corps et le cœur tout remplis de Chiara, il courait à la catastrophe. Son mariage serait une catastrophe. Il lui fallait quelques jours, quelques jours de liberté et de deuil avant d'à une autre, s'enchaîner. Alors, au réveil, après leurs ébats que la fougue de la veille et cette résolution difficile rendaient douloureux, Vaillant demanda à Chiara de partir avant lui. De retourner à Gardebaie. Comme il le craignait, la Duchesse ne comprit pas pourquoi il voulait voler ces derniers jours à leur amour ; et patient comme jamais, Vaillant essaya de lui expliquer. Peut-être que l'aveu de la souffrance que leurs adieux allaient lui causer flatta l'orgueil de Chiara ; ou peut-être que ses caresses apaisèrent son cœur : ils ne partirent pas fâchés, bien que dégoûtés du petit-déjeuner. Vaillant emporta les inséparables. Les nuits d'après, les quelques nuits qui leur restaient, Vaillant fut plus doux et plus attentionné qu'il ne l'avait jamais été. Il fut un amant parfait, bien que peu prodigue, gardant pour lui la noirceur de sa mélancolie.

En échange de la promesse de Chiara de le précéder, Vaillant lui avait accordé la mainmise sur leur dernière nuit. Il la laisserait tout payer (puisqu'elle avait insisté) et tout organiser. Vaillant mit ses habits de noce, les plus beaux qu'il avait, et se rendit à l'auberge où Chiara l'avait convié : la même qui avait accueilli leur nuit de retrouvailles, plus luxueuse que celle où ils avaient ensuite pris leurs quartiers, pendant presque un mois.

Vaillant avait l'estomac noué. Il se sentait nerveux comme si c'était son premier rendez-vous avec la Duchesse de Rippon, comme s'il ne l'avait jamais renversée. Il ne savait pas quoi lui dire, il ne savait pas comment l'embrasser, il ne pouvait plus la baiser. Il s'imagina mille situations désastreuses et se retrouva complètement tétanisé devant la porte ouvragée. Alors Vaillant fit demi-tour, et abandonnant Assaut aux écuries, il s'enfuit au hasard, laissant ses pas le mener dans la taverne que jadis, il fréquentait avec Taebryn. Avec les quelques sous qui lui restait, il commanda “ce que vous avez de plus fort” et “laissez la bouteille”. Puis il noya tout ce qui s'agitait en lui, à commencer par ce sentiment qu'il avait d'être un minable. La bouteille sur sa table lui attira de la compagnie, et Vaillant partagea parce qu'il ne voulait pas protester, parce qu'il croyait pouvoir s'évader dans les bavardages de ces faux amis. Et il laissa les putains s'assoir sur ses genoux ; elles n'y restaient que le temps de comprendre qu'il était désargenté. Pourtant on commanda une nouvelle bouteille à sa table, mais Vaillant était déjà trop soûl pour s'en rendre compte. Des heures plus tard, il n'avait plus d'amis à sa table et plus de dignité ; le bar fermait, le patron lui réclamait son dû, et Vaillant n'avait plus d'or que sur sa tunique. Il se laissa déshabiller et jeter dehors.

Eda sait comment, le jeune homme retrouva sa route jusqu'à la citadelle. La pente fut pénible à monter pour l'éclopé qu'il était, mais Vaillant ne sentait rien que l'acidité de l'alcool qu'il s'arrêtait pour vomir sur le bas-côté - une fois, deux fois, il ne savait plus compter, il ne savait plus dire son nom. Heureusement, un des gardes à la porte le connaissait ; pas au point de l'accompagner jusqu'à ses quartiers.

Dans les escaliers qui devaient l'y conduire, Vaillant trébucha – peut-être parce qu'il n'avait plus qu'une botte – et tomba en avant. Il ne se fit pas si mal ; enfin, il ne savait pas, il sentait juste que sa jambe ne voulait plus fonctionner. Il essaya de se relever, mais n'y arriva pas. Les escaliers tournaient en une spirale infernale, et il se vit les dévaler jusqu'en bas. Vaillant ne sentait pas la douleur, mais il avait peur, peur de tomber et de se casser l'autre jambe ; il avait honte, honte d'avoir abandonné Chiara plutôt que de l'état dans lequel il se trouvait, dont il n'avait qu'à moitié conscience ; et il était triste, une tristesse sans fond que l'alcool n'était pas parvenu à noyer. Par bonheur, ou par malheur, il était trop tard, ou trop tôt, et les couloirs du château étaient vides. Devait-il appeler à l'aide ? A demi-nu, Vaillant s'accrocha à sa marche, et il eut envie de pleurer, alors il pleura. Et puis il se rappela qu'il avait l'Art. Il était ouvert tout pantelant, suintant de peine et d'ivresse, et il tenta de ramener autour de lui ses murailles, qui s'effritaient comme du sable. Alors son esprit renonça et emprunta plutôt les chemins tous tracés, les traces de pas qu'il avait laissé à force d'emprunter toujours et toujours le même sentier, à la recherche de l'âme d'Acuité. Acuité était morte et Vaillant voulait mourir aussi, mais pas dans l'escalier.
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Acuité Loinvoyant

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MessageSujet: Re: Le coeur et l'estomac   Le coeur et l'estomac I_icon_minitimeVen 4 Mai - 11:42

Le sommeil l'avait définitivement quitté. A la frontière de son esprit, quelque chose la dérangeait. Acuité se tourna une nouvelle fois dans ses draps, observa un moment la ligne du corps de Brun qui dormait à travers la pénombre. Sa respiration était lente et son torse se soulevait en rythme
Avec discrétion et à grand renfort de mouvements lents et souples, elle parvint à quitter le lit conjugal pour regagner le petit salon sans réveiller son époux.
Là, installée sur le divan, elle ralluma quelques bougies après s'être glissée dans un peignoir épais. Bras croisés, elle réfléchissait aux pourquoi cette incapacité à dormir lorsque l'étrange sensation revint à la charge.
Elle finit par comprendre qu'il s'agissait en fait de l'Art et que quelqu'un cherchait à la contacter. Abaissant avec méfiance ses barrières mentales, elle laissa le contact s'approcher et fut surprise de voir que les signaux allaient de tous côtés. Celui qui faisait ça était très désordonnés, il n'y avait aucune retenue, aucun but précis, il ne faisait qu'irradier ses émotions dans l'espace sans se soucier de qui percevait.
Ses yeux s'écarquillèrent lorsqu'elle reconnut Vaillant et l'espace d'un instant, elle eut le sentiment de se retrouver quelques années auparavant, lorsqu'elle avait surpris ses ébats avec la Duchesse Lunabille. Par Eda, pitié que ce ne soit pas cela à nouveau...

Elle soupira et tenta de comprendre ce qui se passait dans l'esprit du blond. Tout était très confus et ses barrières s'effritaient comme du sable. Ce n'était pas normal et un moment elle se demanda si elle ne devait pas le laisser se fourvoyer. Peut-être que si d'autres étaient au courant de sa liaison, il lui ficherait la paix.
La rancoeur enflait encore son esprit quant aux insultes proférés à l'encontre de son mariage et de son fils. Jamais elle ne le lui pardonnerait mais le Clan appelait à la sérénité pour le bien de l'Art et de ce sur quoi ils travaillaient. Alors elle avait pris sur elle et y était retournée. De lui cependant, elle se méfiait toujours autant. Sa perfidie semblait s'être accrue avec le temps.

Elle jura en grommelant puis se leva. Cet imbécile semblait être en mauvaise posture et elle ne pouvait pas le laisser ainsi. Et puis, sa colère se manifesta et elle décida d'en profiter pour lui dire de vive voix, ce que devant les autres elle taisait.
Evidemment, elle était nue sous son peignoir et l'idée même de quitter ses appartements ainsi ne l'enchantait guère, mais elle ne pouvait non plus retourner dans sa chambre au risque de réveiller Brun. Par Eda...s'il s'éveillait durant la nuit et la trouvait absente du lit, à quoi songerait-il ? Devait-elle lui laisser un mot ?
Le chant incessant de l'Art de Vaillant l'empêchait de vraiment se concentrer maintenant qu'elle l'avait remarqué. Heureusement pour elle, Brun avait laissé une chemise à lui sur la chaise de son bureau. Elle retira le peignoir, enfila sa chemise qui lui arrivait plus bas que mi-cuisse et replaça son peignoir qu'elle serra peut-être un peu trop à sa taille.
Pieds nus, elle quitta ses logements.

Le châteaux était endormi et seules les torches encore allumées trahissaient la présence de quelques domestiques qui devaient entretenir les foyers même la nuit. Guidée par la magie, Acuité traversa plusieurs couloirs et dévala l'escalier qui menaient au jeune homme.
Là, affalée dans les marches, elle reconnut la silhouette recroquevillée.
Avec prudence, elle s'en approcha et s'agenouilla à côté. Sur son visage mouillé par les larmes et couvert de cheveux collés, elle remarqua la détresse et le désespoir mais refusa de se laisser amadouer.
Une main sur son épaule, elle secoua vivement, les lèvres pincées de désapprobation.

- Vaillant ! Vaillant tu m'entends ?
appela-t-elle d'une voix basse. Qu'est-ce que tu fais là ?
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Vaillant Fructurive

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MessageSujet: Re: Le coeur et l'estomac   Le coeur et l'estomac I_icon_minitimeVen 4 Mai - 19:15

On le toucha, on le secoua. Vaillant leva la tête vers les genoux, vers les yeux à côté de lui. Blonde dans la lumière des torches. Vaillant se sentit très triste que ce ne soit pas Chiara, puis très heureux qu'Acuité soit vivante, qu'il l'ait retrouvée ; puis confus, tandis que les sentiments qu'il nourrissait à son sujet lui revenaient. Il l'aimait, il ne l'aimait pas... En cet instant, il l'aimait, parce qu'elle était la seule à laquelle il puisse se raccrocher. Et Vaillant s'accrocha à elle, littéralement, enlaçant sa taille et échouant sa tête sur ses cuisses. Ses gestes étaient incertains et sa voix, terrifiée.

- Je ne veux pas tomber.... je ne veux pas ! gémit-il.
Les escaliers tournaient toujours aussi fort. Alors Vaillant ferma les yeux en enfouit son visage entre les cuisses d'Acuité. La chaleur de la femme le rassura, à défaut de son odeur qu'il ne pouvait pas sentir, les parois de son nez brûlées par la bile. Au bout d'un moment indéterminé (Vaillant avait perdu la notion du temps), la femme le repoussa et le tira par - quoi ? il n'avait plus de chemise - le tira par les bras. Au bout d'un autre moment, Vaillant comprit qu'elle cherchait à le relever. Pourquoi ? Tout allait mieux, à présent qu'elle était là.
- Je ne peux pas... commença-t-il, mais il essaya, encore, de se hisser sur ses jambes, pour obéir à Acuité.

Le hasard:


Mais encore, il échoua. Il sentait que sa bonne jambe était faible ; et sa mauvaise, il ne la sentait plus. Sur la marche de pierre, Vaillant qui ne l'était plus guère, retrouva sa position initiale, épargnant les jambes d'Acuité.
- Pardonne-moi... murmura-t-il, et personne ne savait trop, s'il parlait à Chiara ; s'il parlait à Acuité, pour s'excuser ce toutes ces méchancetés qu'ils s'étaient dites, ou simplement de la situation peu glorieuse dans laquelle il l'entraînait.


Dernière édition par Vaillant Fructurive le Ven 4 Mai - 19:21, édité 1 fois
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Le Conteur
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MessageSujet: Re: Le coeur et l'estomac   Le coeur et l'estomac I_icon_minitimeVen 4 Mai - 19:15

Le membre 'Vaillant Fructurive' a effectué l'action suivante : Le hasard en action


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Chiara Lunabille

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MessageSujet: Re: Le coeur et l'estomac   Le coeur et l'estomac I_icon_minitimeSam 5 Mai - 13:54

C'était leur dernière nuit et Chiara en était malade. Dès le lendemain et comme promis à Vaillant, elle reprendrait la route de Rippon avec leur fils et peut-être la promesse d'un autre enfant. Envoûtée, l'esprit rendu fou par la passion qui les liait, elle n'avait pas voulu comprendre mais avait fini par se laisser convaincre. Quelques heures loin de lui l'avaient ramenée à plus de raison et elle avait compris qu'il tentait de sauvegarder sa propre lucidité ainsi que son mariage. Peut-être était-il finalement le plus raisonnable et mature d'eux deux. Pour elle, tout était parti en lambeaux bien longtemps auparavant et elle n'était pas parvenue à rassembler les morceaux épars de sa vie.

Pourtant, elle ferait comme elle avait toujours fait, comme elle faisait mieux que personne : elle jouerait son personnage d'altière duchesse. Pour Castelcerf, pour Rippon, pour Raki, pour ses enfants, elle resterait inébranlable. Mais au fond d'elle, elle savait bien que Vaillant avait sapé ses fondations aussi patiemment que sûrement. Elle pensait déjà à la suite, à Gué de Négoce, à la duchesse qui deviendrait son amie par la force de sa volonté. En revanche, elle n'accordait pas la moindre pensée au futur mariage gâché de son amant ni à son propre mari qui ne lui pardonnerait pas ces nouvelles folies, bien qu'elles soient secrètes. Raki était loin d'être idiot, c'était même ce qui les avait rapprochés au départ avec l'amour qu'ils partageaient.

Pour leur dernière nuit ensemble à Castelcerf, Vaillant lui avait accordé de prendre elle-même en charge l'organisation. Elle avait retrouvé l'auberge du premier soir et tout prévu pour une nuit douce, pleine d'amour et de promesses, exempte de la rage passionnée qui les avait poussés à certaines extrémités. Il ne la voulait plus comme ça et elle lui donnait ce qu'il voulait. Le vin, le dîner, les chandelles, tout était prêt mais elle était seule. L'heure du rendez-vous passa sans qu'elle s'inquiète. Il avait pu être retardé par mille choses. C'est quand elle s'éveilla quelques heures plus tard seule, habillée et sur un lit encore fait qu'elle comprit qu'il ne viendrait plus. La colère flamboya d'abord en elle mais s'éteignit rapidement pour laisser place à une tristesse insondable. Quel gâchis ils faisaient ensemble. Même au moment où leur relation était la plus sereine et heureuse, ils ne cessaient de se blesser et se rater.

Abandonnant sa dignité en même temps qu'une bourse pleine au milieu des chandelles consumées et de la nourriture figée dans les plats, elle quitta discrètement l'auberge et trouva le chemin des écuries. À la vue du cheval de Vaillant, elle eut une bouffée d'espoir vain et irraisonné qui la quitta presque aussitôt. Il n'y avait que le palefrenier en ces lieux. Vaillant était donc venu et reparti. Était-il lassé d'elle ? Avait-il été trop lâche pour lui venir lui dire en face qu'il ne voulait plus d'elle ? S'était-il moqué d'elle en buvant avec ses amis, ceux avec qui il pouvait s'afficher sans causer de scandale ? Oscillant entre la rage, la peine et la honte, elle se fit seller sa propre monture, acheta le silence du lad d'une belle pièce d'or, puis remonta vers le château maudit où elle n'aurait que le temps de passer ses nerfs avant de devoir affronter le monde et un très long voyage.

Comme elles en étaient convenues avec Malice, elle trouva le sentier qui contournait le château avant d'être en vue des gardes et put trouver sans trop de mal la poterne la plus éloignée de la route habituelle où un très jeune soldat était de garde la nuit. Sa plus fidèle servante n'avait eu aucun mal à le soudoyer, surtout qu'il ne s'agissait que de faire entrer une dame désarmée et calme. Les traits dissimulés par sa capuche, la duchesse paya le jeune homme avec générosité puis abandonna son cheval aux écuries et s'engouffra dans le château par une porte dérobée. Elle connaissait presque tous les secrets du château, croyait-elle, et était capable d'y entrer ou d'en sortir à volonté sans être vue de quiconque.

Parvenue à sa chambre, elle réveilla aussitôt Malice qui l'aida à se dévêtir pour enfiler sa tenue de voyage. il était inutile de perdre du temps puisqu'on ne voulait plus d'elle. Il restait une chose à faire cependant, c'est ainsi qu'elle envoya sa loyal suivante à la recherche de Vaillant. Il n'était pas à sa chambre mais en remontant le chemin vers l'entrée, elle tomba sur Acuité Braveterre et lui dans l'escalier. Le jeune homme était très mal en point visiblement. Plutôt que de laisser sa maîtresse assister à cela, elle s'avança pour aider elle-même la petite blonde en mauvaise posture avec le colosse effondré à ses pieds.

- Si vous permettez, Madame
, murmura-t-elle en se glissant de l'autre côté de Vaillant.

Elle prit l'un de ses bras, prête à se glisser dessous pour le soulever. Elle était assez forte pour être efficace. Il lui restait à prier pour que Vaillant sache tenir sa langue et ne pas causer un nouvel esclandre. Après tout, elle pouvait aisément justifier sa présence puisque la Duchesse voulait quitter Castelcerf à l'aube. Le convoi devait être préparé, les derniers bagages chargés et un repas léger monté.
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Acuité Loinvoyant

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MessageSujet: Re: Le coeur et l'estomac   Le coeur et l'estomac I_icon_minitimeDim 6 Mai - 17:08

Vaillant ouvrit les yeux, Vaillant bougea avant de venir étreindre sa taille, avant d'enfouir sa tête contre ses cuisses. S'il n'avait été si terrifié, Acuité l'aurait volontiers giflé mais face aux propos incohérents du jeune homme, elle ne put que se contenter de râler et de repousser ses mains qui n'avaient aucune raison valable de se retrouver là où elles étaient. Il avait une force folle malgré son état d'ivresse avancé et Acuité eut grand peine à le faire lâcher prise. Un instant, elle fut tentée de le laisser se débrouiller au beau milieu des escaliers. Par Eda, il ne méritait plus sa pitié depuis longtemps, seulement sa colère et sa rancœur. L'une comme l'autre de ses ressentis ne justifiait aucunement qu'elle reste là à s'occuper de lui.

-Lève toi  donc ! insista-t-elle.

Mais il n'y arrivait pas et la petite Duchesse pensa qu'il allait les entraîner tous les deux dans sa chute. En l'observant un peu, elle remarqua qu'il lui manquait une botte, quant à sa chemise, El seul savait où elle traînait, dans le lit d'une quelconque catin certainement.
Elle poussa un nouveau juron, impuissante. Son regard chercha à voir au loin dans les couloirs, mais en dehors des rares torches qui éclairaient les pavés, il semblait n'y avoir nulle âme.
Intérieurement, la jeune femme fomentait quantité de plans pour lui faire regretter de l'avoir réveillée et de s'être mis dans cet état qui la rendait nerveuse. Que dirait-on si on les trouvaient tous deux ainsi en pleine nuit ?
Brun croirait-il qu'elle le trompait ? Par Eda...
Enfin il la relâcha et Acuité reprit un peu contenance, alors il s'excusa. Que ses paroles soient pour elle ou non elle s'en moquait bien, elle ne voulait pas les entendre.

- Tais-toi, ordonna-t-elle sèchement dans un soupir.

Alors l'aide vint d'ailleurs. Une domestique apparut comme par enchantement et aida Acuité à soulever Vaillant. Ensemble, elles le firent "marcher" autant que possible jusqu'à la porte de sa chambre. Parfois, elles devaient le traîner mais après un effort certain, le Baugien arriva à bon port. Il empestait l'alcool et la bile et grimaçant, la jeune femme remercia le lâcha devant sa porte. Elle fut tentée de le laisser entre les mains de la petite servante et de retourner se coucher, mais à présent, elle était bien trop en colère contre lui et voulait laisser s'écouler le fiel qui la rongeait.
Elle assura à la petite domestique qu'elle prenait le relais et ouvrit la porte, alors elle tira Vaillant à l'intérieur et referma derrière elle.
Là, elle laissa ses yeux s'habituer un moment à l'obscurité avant de trouver de quoi allumer une chandelle, puis une seconde.
Sur la console non loin du lit, elle trouva un broc d'eau. Il n'était pas plein mais cela suffirait. Elle s'en saisit, s'approcha de Vaillant et lui jeta l'eau au visage.
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Chiara Lunabille

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MessageSujet: Re: Le coeur et l'estomac   Le coeur et l'estomac I_icon_minitimeDim 6 Mai - 18:23

À elles deux, Malice et Acuité parvinrent à relever Vaillant et à le reconduire à ses quartiers. Si la femme de chambre avait espéré se débarrasser là de la Braveterre pour s'occuper elle-même de l'amant de sa maîtresse, elle ne put s'imposer face à la jeune femme. Elle s'inclina donc et quitta les lieux pour se précipiter auprès de la Duchesse à qui elle raconta tout.

Pétrifiée et glaciale, Chiara écouta en silence puis renvoya Malice aux tâches qui lui avaient servi d'excuses et qu'elle avait effectivement à accomplir : ordonner la préparation de la voiture, s'assurer que les domestiques qui les accompagnaient étaient réveillés et au travail, puis remonter avec un petit déjeuner pour la Duchesse et un pique-nique pour le déjeuner en route.

Pendant ce temps, la Duchesse Lunabille faisait les cent pas dans sa chambre, oscillant entre la peine, la colère et la honte. Il fallait que tout cela cesse. Vaillant avait eu raison de vouloir les séparer plus vite que prévu. Ils perdaient la tête. Tous les deux. Il fallait arrêter le massacre avant qu'ils ne se blessent irrémédiablement.

Pressant les serviteurs qui emballaient ses derniers effets donc, elle s'assura que tout était rapidement chargé dans le convoi pendant qu'elle grignotait vaguement quelque chose histoire de ne pas partir l'estomac vide. À l'heure du départ, elle traversa le château encore endormi alors que l'aube pointait à peine à l'horizon. Malice suivait, Vérité dans ses bras, ainsi que deux valets portant la dernière malle.

Les adieux aux souverains avaient été faits la veille, il ne lui restait plus qu'à quitter ces lieux qu'elle aurait haï de tout son coeur s'ils n'avaient pas eu le mérite de la rapprocher de son amant. Pourtant, il était présent temps de tirer un trait. Pour le moment en tout cas. Pour leur bien à tous les deux.

Dans son carrosse, Vérité rendormi contre son sein, elle s'apaisa rapidement au gré des oscillations de la voiture. Vaillant fut pardonné avant même qu'ils aient quitté Bourg-de-Castelcerf. Mais son coeur continuait à saigner.
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Vaillant Fructurive

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MessageSujet: Re: Le coeur et l'estomac   Le coeur et l'estomac I_icon_minitimeDim 6 Mai - 19:20

Même ivre, Vaillant pouvait sentir les ondes hostiles qui émanaient de son ange gardien. Acuité lui demanda de se taire et Vaillant s'exécuta ; de toute façon il n'arrivait pas bien à parler, et encore moins à penser. Il concentra ses efforts sur le fait de se relever, un bras sur l'épaule d'Acuité et l'autre, sur celle de... l'autre, qui était apparue comme une petite souris, et dont il se rappelait le visage, mais par Eda, il n'arrivait pas...! Chaque marche était un défi et Vaillant laissa tomber ses efforts de physionomie. Il eut moins de mal à reconnaître la porte de sa chambre ; doublement soulagé, il relâcha ses muscles et sans souci de dignité, se laissa aller au sol. Acuité le traîna à l'intérieur et tout disparut dans l'obscurité.

Une chandelle et puis deux éclairèrent son corps abandonné sur le parquet. Couché sur le côté pour ne pas voir le plafond tourner, Vaillant suait l'eau de vie qu'il avait ingurgitée. Sur sa poitrine luisait aussi le C mal cicatrisé dont Chiara l'avait marqué. Où était Acuité ? Où était l'autre ? Il ne voulait pas être seul. Il...

- Aaaah ! cria-t-il lorsque surgie de nulle part, une cascade d'eau froide s’abattit sur lui.
Par réflexe, le Baugien se recroquevilla et protégea son visage de ses bras, avant d'oser regarder son tortionnaire entre ses doigts.
Acuité le surplombait, plus grande qu'elle ne l'avait jamais été, plus négligée aussi, avec ses cheveux lâches et son espèce de robe de chambre informe. Le mariage ne lui réussissait pas, songea Vaillant, légèrement dégrisé. L'identité de Malice le frappa immédiatement après. Il remarqua qu'elle n'était plus là, par Eda, qu'était-elle allée rapporter à Chiara ?!
- Malice ! Malice ! s'égosilla-t-il dans l'espoir de la faire revenir, complètement oublieux du sommeil de ses voisins et de la discrétion qu'espérait sans doute son "ange" gardien.
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Acuité Loinvoyant

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MessageSujet: Re: Le coeur et l'estomac   Le coeur et l'estomac I_icon_minitimeMar 8 Mai - 13:22

Acuité observa Vaillant, stupéfaite de sa réaction disproportionnée. Par Eda il ne s'agissait que d'eau pas d'huile bouillante. Elle le toisa froidement. Comment pouvait-elle s'être laissée ennuyé par cet homme qui aujourd'hui se traînait à terre. Il était pitoyable et cette seule pensée suffit à balayer ses craintes à son égard et l'affection qu'elle avait eu autrefois pour lui.
Elle s'apprêtait à quitter la pièce lorsqu'il se mit à s'égosiller, braillant comme un veau le nom d'une quelconque personne. Malice...Elle ignorait de qui il s'agissait, la seule chose dont elle était persuadée c'est que si elle quittait la pièce maintenant et qu'on la surprenait à le faire, les rumeurs déformeraient forcément la vérité.
Elle jura entre ses dents et ordonna à Vaillant de se taire à nouveau d'une voix aussi sèche qu'agacée.

Puis, au lieu de le frapper, elle se mit à faire les cent pas, arpentant la pièce en se demandant comment elle réussirait à retourner dans ses appartements avant l'aube et avant que Brun ne se réveille. Par Eda, pourquoi était-elle venu voir de quoi il retournait ?
Elle aurait mieux fait de le laisser se débrouiller tout seul à mourir dans ses propres régurgitations.
Elle marqua une pause, soupira en resserrant sa robe de chambre sur elle et s'approchant vivement de la fenêtre. Peut-être pouvait-elle passer par là ?
Visiblement non.
Déçue, elle se retourna et toisa de nouveau le jeune homme par la faute de qui, elle se retrouvait coincée là.
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Vaillant Fructurive

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MessageSujet: Re: Le coeur et l'estomac   Le coeur et l'estomac I_icon_minitimeSam 12 Mai - 19:56

Personne ne lui répondit. Après quelques secondes de silence écrasant, Vaillant s'assit sur le sol, tendit la main vers la poignée de la porte, si proche et pourtant trop lointaine... Sa main retomba, c'était trop tard, Malice avait sans doute déjà disparu au coin du couloir. A cet instant, elle racontait peut-être déjà à Chiara qu'il avait préféré se soûler plutôt que de l'aimer une dernière fois ; ou pire, qu'elle l'avait retrouvé à demi-nu dans les bras d'Acuité... L'idée ne lui vint pas qu'avec tout ce qu'il lui avait raconté sur la petite Duchesse, Chiara ne risquait pas de s'en inquiéter. Vaillant ne voyait qu'une chose : tout était gâché, par sa faute ; leur amour qui devait continuer, dans "pas trop longtemps" au Gué, s'achevait de cette hideuse façon, précisément inachevée.

Le poids du malheur s'abattit sur lui et il peina à ramper jusqu'à son canapé, baignant dans la sueur et les larmes qui tombaient sans qu'il cherche à les retenir. Vaillant n'avait plus de pudeur, il avait presque oublié la présence agitée d'Acuité. Dans un ultime effort, il se hissa sur le sofa. De la fatigue, du désespoir, mais toujours pas de douleur, et Vaillant se demanda si cette insensibilité était due à l'ivresse ou porteuse d'un nouveau malheur. Il essaya de retrousser son pantalon jusqu'à son genou mais n'y arriva pas, alors il baissa carrément ses chausses, révélant sa nudité et sa vieille blessure qui n'avait pas plus mauvaise allure que d'habitude. Pourtant il s'imagina le pire. Demain, il ne pouvait plus marcher. Pour son mariage, il ne pouvait plus se tenir debout, et Allégresse ne voulait pas d'un infirme, tout était annulé, il n'aurait jamais sa rousse dans son lit, des enfants à lui.

- C'est injuste... gémit-il, à qui parlait-il au juste ?
Aux Dieux ? A Acuité qu'il aperçut entre ses larmes ?
- Toi, tu as tout... l'accusa-t-il, jaloux plus qu'hargneux, il n'avait pas l'énergie pour ça.
Acuité avait tout, alors qu'elle n'avait rien mérité. Elle avait épousé l'homme qu'elle l'aimait malgré leur inégalité de naissance ; ils élevaient ensemble cet enfant conçu illégitimement, malgré ou précisément, grâce à son rang d’héritière de Béarns. Leur situation était en tout point similaire, songea Vaillant en oubliant l'adultère. Sauf que lui, il n'avait rien : jamais il n'épouserait Chiara, jamais il ne pourrait seulement s'afficher à son bras ; jamais il ne pourrait ouvrir ses bras à son fils quand il marcherait, comme il avait vu la petite Duchesse le faire. Peut-être même que Vérité marchait déjà, pour ce qu'il en savait ! Il ne l'avait même pas regardé, préférant se cacher entre les jambes de sa mère dans l'espoir vain de lui faire une petite sœur, comme si cela pouvait les rendre siens.

Et Acuité n'avait pas la décence d'être malheureuse, même pas avec son soldat, ni avec son bâtard ! Tout allait bien pour elle, son Art forcissait, son amitié avec la Reine forcissait, peut-être que sa taille aussi forcissait, pour le peu que Vaillant pouvait en voir sous sa robe de chambre ; peut-être qu'elle aurait bientôt un fils légitime auquel appartiendrait un Duché tout entier, sur lequel elle pourrait régner comme s'il ne s'était rien passé, comme si elle n'avait pas été déshonorée par un soldat, fouettée par les Chalcédiens, comme si elle n'avait pas manœuvré pour retrouver sa place auprès du Roi et de la Reine, sans reconnaissance pour ceux qui l'avaient vraiment cherchée pendant tout ce temps.

Vaillant aurait eu besoin d'un ami pour épancher sa souffrance, mais il n'avait plus Taebryn, il n'avait plus Mélisse et il n'avait plus Acuité, d'ailleurs il ne l'avait jamais eue. Dans son ivresse, il se souvint de ce baiser d'Art qu'il lui avait donné et qu'elle avait rejeté si fort, était-elle déjà toute humide de son soldat ? Et là, sortait-elle du lit de son soldat ? Pourquoi était-elle venue l'aider puisqu'elle le méprisait tant ? Etait-elle venue se repaitre de sa déchéance, à lui, qui signifiait sa victoire, à elle, totale et sur tous les plans ? Eh bien, qu'elle se repaisse de son ivresse, de son infirmité, de ses larmes et de son intimité ; Vaillant n'allait rien faire pour l'en empêcher. Il n'avait pas la présence d'esprit de songer que d'un seul cri, il pouvait la compromettre.
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Acuité Loinvoyant

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MessageSujet: Re: Le coeur et l'estomac   Le coeur et l'estomac I_icon_minitimeDim 13 Mai - 14:13

Vaillant rampait tel un animal blessé, pleurait tel un enfant désabusé. Acuité le regardait sans dire un mot, la mine contrariée et les lèvres pincées. Par méchanceté, elle le trouvait bien puni pour les propos qu'il lui avait tenu quelques temps auparavant, mais par bonté, il fit naître en elle la pitié.
Tandis qu'il se tortillait pour grimper sur son sofa Acuité se souvenait des temps passés, ce même temps ou la rivalité guidait leurs journées. Elle avait toujours souhaité être meilleure que lui et pour quelles raisons ? Elle l'ignorait. Peut-être parce qu'elle avait toujours pressenti que Vaillant était libre, qu'il ne portait pas le même fardeau qu'elle, que lui n'avait rien à prouver à personne.
Il se laissait vivre comme un vulgaire noble du château, quand elle devait redoubler d'efforts pour égayer la fierté de son père.

Aujourd'hui, le Baugien semblait bien mal en point tandis qu'elle reprenait pied dans sa propre vie.
Ses yeux s'écarquillèrent lorsqu'elle le vit se déshabiller, puis elle détourna le regard, agacée devant si peu de pudeur. Elle avait à nouveau envie de le gifler ou de le secouer. Par Eda pourquoi se donnait-il toujours en spectacle ?
A la faveur de l'obscurité, elle saisit la couverture la plus proche et s'avança vers lui.
Vaillant geignit et Acuité ne sut si les paroles qu'il prononçaient étaient pour elle. Pour qui d'autre ?
Elle plissa les yeux et s'avança encore, plaçant la couverture sur lui.

- Tu es ridicule, murmura-t-elle. Tes paroles sont ridicules. Qu'est-ce qui est juste alors ? Que voulais-tu ? Crois-tu vraiment que je possède tout et que je veuille tout ?

Quel manque d'humilité...Elle aurait pu lui expliquer, ce par quoi elle était passé, tout ce qu'elle avait traversé. Les doutes, l'humiliation, la douleur et la peur qui avaient forgé en grande partie sa vie. Et depuis peu, l'amour, la douceur et la tendresse. La vie lui sembla être un long cycle qui ne menaient jamais là où on le souhaitait. Elle qui avait bataillé si dur et qui n'avait pourtant pas réussi à atteindre la finalité qu'elle s'était donné pour but.
Elle aurait pu le lui expliquer, mais cela n'aurait rien arrangé, parce que Vaillant était ivre, parcequ'il était malheureux alors qu'il devait se marier demain. Etait-il triste d'abandonner sa rousse ? Par El, c'était ridicule. Ils pourraient toujours se voir. Etre mariée n'avait jamais empêché Chiara Lunabille de folâtrer avec lui, alors comment sa petite épousée pourrait l'en empêcher lui ?

Elle croisa les bras et recula d'un pas, préférant éviter d'être à sa portée pourtant elle ne pouvait se résigner à l'abandonner. Pas après s'être montré si vulnérable, il ne se pardonnerait jamais de lui avoir montré cet aspect de lui-même, lorsque dès le lendemain il se souviendrait de cette nuit.




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MessageSujet: Re: Le coeur et l'estomac   Le coeur et l'estomac I_icon_minitimeDim 13 Mai - 23:40

Acuité eut des mots sévères qui ne touchèrent pas plus Vaillant qu'un petit enfant. Il ne comprit pas que les questions de la petite Duchesse n'en étaient pas vraiment.
- Oui, répondit-il, buté, en repoussant à mi-corps la couverture qu'elle avait mis sur lui, et qui lui tenait chaud.
Acuité possédait tout et si non, c'était juste une question de temps. Vaillant posséderait lui aussi, mais cette nuit il n'avait pas la patience, il ne voyait que ce qu'il perdait.

Sous la couverture et ses chausses baissées qui l'entravaient, il se tortilla avec inconfort. Rudoyant son estomac, il fit l'effort de s'assoir pour enlever la botte qui lui restait.
- Je veux... commença-t-il.
Vaillant lui avait déjà dit : il voulait ce qu'elle, avait. Quelqu'un qui l'aime et quelqu'un qu'il puisse aimer. Mais il n'arrivait pas à aligner ses mots ni ses pensées. Ridicule ?
De rage, le Baugien lança sa botte à travers la pièce.


Dé croissant de 1 à 6 : intensité du bruit produit. 5/6 : quelqu'un vient.
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MessageSujet: Re: Le coeur et l'estomac   Le coeur et l'estomac I_icon_minitimeDim 13 Mai - 23:40

Le membre 'Vaillant Fructurive' a effectué l'action suivante : Le hasard en action


'Hasard 6' : 6
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MessageSujet: Re: Le coeur et l'estomac   Le coeur et l'estomac I_icon_minitimeLun 14 Mai - 11:34

Acuité soupira. Vaillant était incorrigible et probablement trop saoul pour avoir une discussion sensée. Il la jalousait tout simplement alors qu'il possédait la même chose qu'elle au final. Une place dans le clan, l'amitié de la Reine, un mariage et des enfants à venir.
Parfois, elle se demandait si le dernier né des Lunabille était de son fait. Voyait-il toujours la Duchesse ? Cela ne la concernait en rien mais étant donné la vive réaction qu'il avait eu lorsqu'elle avait seulement émit l'hypothèse d'en parler, elle se doutait que leur histoire n'était pas terminée.

Toujours sur son divan, il semblait batailler pour retirer sa botte. Au moins le reste de son corps était à l'abri des regards bien que Acuité remarqua ce qui ressemblait à une entaille sur son torse. Elle ne s'y attarda, préférant détourner le regard.
Soudain, la botte de Vailalnt fendit l'air et vint s'écraser avec fracas sur sa porte.
Tétanisée, Acuité observa la chaussure sur le sol tandis que dans les minutes qui suivirent, on frappa à la porte.
Elle retint son souffle un court instant, puis se précipita à la porte qu'elle ouvrit à la volée. Face au domestique elle sourit, le soulagement se peignant sur ses traits.

- Par Eda, vous tombez bien ! Le sire Fructurive ne se sent pas bien, j'essaye de joindre Maître Ardent, en vain. Pouvez-vous aller le réveiller je vous prie ? Dites lui de faire vite, je ne pourrais pas contenir longtemps la magie de sire Fructurive.


D'un geste du bras, elle lui dévoila ledit malade. Le domestique lui assura de faire vite et s'enfuit en courant. Acuité referma la porte et se tourna vers Vaillant les lèvres pincées.

- J'aurais préféré que cela se passe différemment tu sais, murmura-t-elle. Mais tu n'en fais qu'à ta tête...et tu ne cherches qu'à me nuire depuis mon retour... je peux comprendre que tu m'en veuilles d'avoir joué les mortes...mais cela ne justifie pas tout.

Et à présent, les rumeurs allaient courir bon train. Devrait-elle prévenir Brun ? Oui, elle le ferait. Mieux valait qu'elle explique avant qu'il ne se fasse des idées. Même si elle avait subtilement indiqué au domestique qu'il s'agissait d'un problème d'Art,le fait est qu'elle venait d'être vu en robe de chambre dans la chambre d'un homme qui lui-même était nu et ivre.
Pourquoi avait-elle cédé ??? Pourquoi n'était-elle pas restée gentiment dans sa chambre ?? Pourquoi fallait-il qu'encore une fois, elle réponde à un appel au secours....
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MessageSujet: Re: Le coeur et l'estomac   Le coeur et l'estomac I_icon_minitimeLun 14 Mai - 13:16

Vaillant n'eut pas à feindre la maladie : affalé dans le canapé, blanc et les joues striées, il avait l'air malade, et il l'était. D'ailleurs, pourquoi aurait-il joué la comédie ? Dans son ivresse, il ne réalisait pas ce qu'il y avait de compromettant pour Acuité à être surprise dans cette chambre avec lui. Sans quoi il en aurait profité, peut-être. Ou peut-être pas : il n'était pas si mauvais qu'Acuité le disait.

- Je ne veux pas te nuire... murmura-t-il, du moins pas présentement, et avant ?
Vaillant ne cherchait sa perte que pour éviter la sienne, parce qu'Acuité avait menacé de révéler son secret, refusé de troquer son silence contre le sien. Et encore, il cherchait sa perte mollement. Sur les conseils de Chiara, il avait cessé de piquer la jeune femme, et se contentait de l'ignorer depuis qu'elle était revenue aux cours d'Art. La pensée de la Duchesse, si belle, si avisée, lui tira des larmes.

- Pourquoi as-tu appelé Ardent ? gémit-il.
Vaillant se découvrit une cuillerée d'honneur restant. Sous la couverture, il se tortilla pour remettre ses braies. Il ne voulait pas que son Maître le voie comme ça. L'Art était le dernier domaine dans lequel il pouvait briller. Pourquoi Acuité avait-elle fait ça ? Pour l'humilier ? A tâtons, Vaillant chercha sa tunique sous le canapé, mais ne la trouva pas. Acuité ne bougea pas pour l'aider. Elle le regardait avec son petit air pincé. Le Baugien eut pour elle une revigorante flambée de haine, et lui aurait volontiers jeté sa deuxième botte, s'il en avait eut une.

Dans ce silence hostile, Ardent entra en tempête. Le Maître d'Art portait lui aussi une robe de chambre chamarrée, et ses longs cheveux noirs, d'habitude tressés, ondulaient derrière lui. Le sommeil tendait ses traits creusés par la magie. Il claqua la porte derrière lui, au nez du domestique qui l'avait réveillé et des voisins curieux de chambrée, et tempêta :
- C'est quoi, ce cirque ?!

En vérité, Ardent était déjà informé. Lorsque le larbin lui avait dit que Sire Fructurive était "malade de magie", le Maître avait tâté l'esprit de son élève pour évaluer le danger, et ses doigts s'y étaient enfoncés comme dans du beurre. Il ne s'attendait pas à une telle absence de résistance : on aurait dit que Vaillant n'avait jamais été formé. Ses ressentis l'avaient englué et Ardent avait perçu sa désorientation et sa peine. Il était question d'une femme et d'un fils que le Baugien ne pourrait jamais avoir, mais le Maître n'avait pas voulu en savoir plus, et s'était dépêtré, à peine soulagé.

Ardent marqua un temps en découvrant la présence d'Acuité Loinvoyant. Voilà qui était inattendu, et fâcheux. Quand à Vaillant, il était dans l'état que le Maître soupçonnait : complètement torché.
- Vous me prenez pour qui ?! lâcha-t-il, refroidi, surtout à l'adresse d'Acuité.
Visiblement, Vaillant n'était pas en état de parler, ni même de lasser correctement ses braies.
- Un garde malade ? Cet homme ne souffre rien d'autre que d'un excès d'alcool et d'un cœur brisé.

Ce dont visiblement, la petite Duchesse était responsable. Ardent ne s'attendait pas à découvrir le pot aux roses en venant ici. Cela valait presque l'interruption de son précieux sommeil. Ainsi l'héritière de Béarns, la petite-cousine du Roi, une femme mariée, avait-elle une liaison et un fils avec le Baugien. Fâcheux sous tous les points de vue, quoique délicieusement romanesque. Le Maître d'Art ne laissa rien paraître de l'état d'excitation dans lequel cette nouvelle le mettait.

- Je vous rappelle qu'il est interdit d'avoir des relations intimes au sein d'un même Clan, déclara-t-il, tranchant. Mais visiblement, pour vous deux, il est trop tard depuis longtemps. Je me demande comment Maître Ordajonc a pu tolérer une telle entorse au règlement.
C'était pas son genre, au vieux.
- Soyez sûrs que le Roi sera informé de tout cela, dit-il avec un geste théâtral, bien qu'il ne soit pas sûr encore, de vouloir avertir Vainqueur.

Le Roi ne serait pas ravi d'apprendre que sa petite cousine n'était ni une héroïne de guerre, ni même une jouvencelle engrossée par son ami Braveterre. Qui eut cru qu'une Loinvoyant puisse mener une vie aussi dissolue ?
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Acuité Loinvoyant

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MessageSujet: Re: Le coeur et l'estomac   Le coeur et l'estomac I_icon_minitimeLun 14 Mai - 13:56

Acuité croisa les bras et soupira, agacée...elle ne croyait pas une seule seconde aux mots qu'il prononçait.
Il lui nuisait depuis qu'elle était revenu, en cherchant à l'humilier auprès du clan, de la Reine, en cherchant la rabaisser et à l'insulter dès qu'il en avait l'opportunité. Elle ne voulait pas de ses excuses si un jour il les présentait, elle ne voulait plus rien de lui hormis la paix.
Pourquoi avait-elle appelé Ardent ? Peut-être parce qu'il s'éparpillait et que par Eda, elle voulait dormir ! S'il persistait à venir gratter à ses barrières, elle ne le pourrait pas.

Heureusement, après un silence trop long, Ardent arriva enfin. Son caractère emporté n'était pas plus calme en pleine nuit, bien au contraire. Il s'enflamma en découvrant Vaillant dans un si triste état et s'emporta un peu plus en découvrant Acuité.
Elle accueillit la colère du Maître d'Art avec le même silence pincé, le laissant extérioriser ses émotions. Tous savaient qu'il valait mieux ignorer les tempêtes du jeune homme qui finissaient toujours par s'apaiser seules. Pourtant, les propos qu'il tint à son égard la glacèrent au plus profond d'elle-même, faisait exploser toutes les émotions négatives qu'elle taisait depuis son retour.

- Comment osez-vous ! lança-t-elle à son tour. Comment osez-vous me prêter de telles obscénités ??

Décroisant les bras, elle s'avança vers lui, menaçante, accompagnée de cette attitude altière si caractéristique qu'elle n'avait pourtant pas repris depuis son retour. Elle était la Duchesse héritière de Béarns, elle était Acuité Loinvoyant et Ardent osait l'insulter à lui trouver des infidélités ?? Il était hors de question qu'elle se laisse faire !
Elle n'était pas passé par le sang, le froid et la mort pour se laisser traiter de la sorte, ça non !

- Vous êtes aussi ridicule que celui-ci est saoul, gronda-t-elle en pointant Vaillant du doigt. Je vous ai fait venir car il ne maîtrise plus sa magie et qu'il m'empêche de dormir en venant gratter à mes barrières comme un animal perdu. Vous êtes le Maître d'Art, trouvez une solution avant que je ne me vois obligée de l’assommer pour passer une nuit sereine aux côtés de mon époux. Ou bien soyez certain que le Roi sera en effet informé de votre incapacité à gérer un des membres de son Clan.

La menace était facile bien que le risque fut grand mais Acuité ne voulait pas être mêlée contre son grée aux frasques du Baugien. Si ses propos possédaient une part de vérité, il n'avait pas fallut longtemps à Acuité pour comprendre que le coeur brisé était lié à son mariage du lendemain. Ainsi, il avait poursuivit sa liaison avec Chiara. Mieux valait l'empêcher d'artiser avant que tout le clan ne soit au courant, pour lui et pour la Duchesse de Rippon. Quel nouveau scandale cela produirait ?
Pourquoi cherchait-elle à les protéger encore ?? Une fois n'avait-elle pas suffit ? Elle se souvenait de cette nuit ou Vaillant était arrivé comme un fou, l'accusant de l'avoir espionné alors qu'elle n'avait fait que le prévenir des fuites que son Art laissait filer. Ce soir serait la dernière fois.
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Vaillant Fructurive

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MessageSujet: Re: Le coeur et l'estomac   Le coeur et l'estomac I_icon_minitimeMar 15 Mai - 11:13

S'il avait une chose qu'Ardent ne tolérait pas, c'était que l'on mette en question sa place et sa compétence de Maître d'Art. Sans cela, il se serait sans doute excusé de sa méprise, si c'en était une. Mais la morgue de la petite Duchesse lui donna l'audace nécessaire pour lui rabattre le caquet.
- Bien sûr que je suis le Maître d'Art, commença-t-il, irrité.
En cela, Acuité était son élève avant d'être une héritière Loinvoyant. Elle lui devait le respect dans les mots, l'attitude et les exigences.
- Mais je ne suis pas un dieu. Que voulez-vous que je fasse ?! Que je reste ici toute la nuit pour tenir les murailles de Vaillant à sa place ? Que je le ferme à l'Art, juste pour qu'Acuité Loinvoyant puisse dormir tranquille ? grinça-t-il.

Préférant se détourner d'Acuité qui lui faisait face comme un roquet de race, Ardent fit quelques pas vers Vaillant. Le Baugien se cacha sous sa couverture, n'en laissant dépasser que deux yeux rouges et inquiets. Le Maître d'Art soupira, revenant à la seule personne sensée - ou supposée l'être.
- Finissez ce que vous avez commencé, trancha-t-il à l'attention d'Acuité. Vous croyez que je n'ai pas remarqué votre petite guéguerre ?
Les deux amants osaient régler leurs comptes pendant ses cours. Les choses semblaient s'être tassées, et Ardent n'avait rien dit. Mais puisqu'on le prenait pour une imbécile, il n'allait plus être aussi indulgent. Acuité pouvait bien s'indigner, les circonstances jouaient en sa défaveur. N'était-elle pas en petite tenue dans la chambre de Vaillant à une heure avancée de la nuit ? Admettons que ce ne soit pas son affaire - même si tout ce qui touchait ses Artiseurs, le touchait aussi. Qu'au moins on le laisse dormir en paix !

- Si Vaillant est venu "gratter" à votre porte, c'est qu'il y a une raison. Moi, il ne m'a pas réveillé, contrairement à vous. Je suis Maître d'Art et je me lève dans trois heures. Vous n'avez qu'à rester ici, vous, de toute manière, on ne peut pas dire que vous brilliez par votre assiduité. Assommez-le, ça m'est bien égal, tant que vous ne l'abîmez pas. Appelez un guérisseur, ajouta-t-il, puisque la petite Duchesse semblait bien capable de passer à l'acte.
Ardent ne voulait pas que cette histoire se termine en crime passionnel. Si Vaillant ne se noyait pas dans son vomi, ce serait déjà ça. Ses Artiseurs étaient précieux, mais il n'allait pas lui tenir le crachoir toute la nuit. Vainqueur ne l'avait pas nommé pour ça.

- Bien sûr, vous pouvez vous plaindre de moi auprès du Roi. Mais à votre place, je ne mesurerai pas votre loyauté à la mienne, finit le Maître d'Art avec un sourire satisfait.
Ardent n'était pas dans la confidence des dissensions entre le Roi et sa petite-cousine. Mais il suffisait de voir l'insulte qu'elle lui avait faite, lors du Tournoi. Et l'attitude réservée, si ce n'est froide, qu'ils avaient en public l'un avec l'autre ; rien à voir avec leur complicité d'avant la guerre. Malgré ses frasques, la petite Duchesse n'était pas en disgrâce, en témoignait sa place dans le Clan et auprès de la Reine. Mais elle n'était pas non plus au sommet de sa gloire, contrairement à lui, le Maître d'Art.

- Contrôlez-vous, par El. Vous êtes le sang du Roi, ne put-il s'empêcher d'ajouter, pour son propre bien, avant de prendre la porte que, par négligence ou par intention, il laissa ouverte aux curieux.
Dans les couloirs, Ardent se dit que c'était plutôt à Vaillant qu'il aurait dû adresser ces mots. Mais lui au moins, avait la décence de faire profil bas. Finalement, et malgré son état répugnant, le jeune homme était à plaindre. Son amante s'était mariée à un autre, qui avait adopté son rejeton. D'autant que Braveterre n'était pas mieux né. Peut-être plaisait-il mieux à la petite Duchesse ? El que les femmes étaient cruelles !
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Acuité Loinvoyant

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MessageSujet: Re: Le coeur et l'estomac   Le coeur et l'estomac I_icon_minitimeMer 16 Mai - 9:36

L'arrogance de Ardent prit le dessus et il la rabroua comme une petite élève capricieuse. Acuité croisa les bras et détourna le regard, préférant éviter soigneusement aussi bien lui que Vaillant. Sa colère bouillonnait et les efforts qu'elle devait effectuer pour ne pas leur sauter à la gorge à tous deux étaient titanesques.
Les mots que le Maître d'Art prononça furent comme des burins la martelant un peu plus dans ses tréfonds. Il persistait à sous-entendre une quelconque amourette entre elle et Vaillant. Comme il se trompait et comme elle avait envie de frapper l'intéressée dont tout était la faute. Elle laissa donc le Maître d'Art cracher son venin, mesurant son incapacité à gérer un élève, mesurant sa capacité et déverser un fiel qui n'avait pas lieu d'être. Au moins savait-elle qui était de son côté et qui ne l'était pas désormais. De nouveaux éléments qu'elle n'oublierait pas durant les cours à venir.
Ardent se croyait au sommet, mais il oubliait peut-être un peu vite que sa nomination n'était que la conséquence de la disparition de Maître Ordajonc.
Il oubliait aussi, que le Clan devait rester souder et depuis qu'elle était revenue, Acuité n'avait pu que remarquer les dissensions qui courraient au sein du groupe. Ardent possédait peut-être un Art et des connaissances an la matière puissantes, mais en tant que conciliateur et gestionnaire d'un groupe d'individus, il ne valait pas mieux qu'un pet de gueux.

Sans rien ajouter, Acuité le laissa partir et claqua la porte derrière lui, furieuse de ne pas avoir eu l'aide qu'elle avait réclamée, furieuse de devoir se dépêtrer de cet homme qui depuis son retour, lui rendait la vie difficile alors qu'elle n'avait rien demandé.

- Finissons en donc ! lança-t-elle, tranchante en direction de Vaillant. Crache ton venin, que je puisse enfin me recoucher.

Les yeux plissés, la bouche aussi froide que l'expression de son visage, elle observa le miséreux. Quelle piètre allure il avait sous sa couverture, le regard hagard et les cheveux en bataille. Il aurait dû lui faire pitié, mais la colère qu'elle avait développé envers lui absorbait tout. La compassion, la gentillesse et la solidarité. Pour lui, elle n'avait plus rien sauf du mépris et de la rage.

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Vaillant Fructurive

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MessageSujet: Re: Le coeur et l'estomac   Le coeur et l'estomac I_icon_minitimeJeu 17 Mai - 12:50

Tout allait trop vite et trop fort. Vaillant ne comprit pas grand chose de l'échange entre Ardent et Acuité, si ce n'est que le Maître d'Art les accusait d'être ensemble. Quelle ironie ! Le Baugien en aurait gloussé s'il n'avait été abattu et effrayé par la violence d'Acuité. La porte claqua et il resta caché sous la couverture. Vaillant observa un silence prudent avant de répondre :
- Je n'ai pas de venin.
Pourquoi s'obstinait-elle à vouloir qu'il soit si mauvais ?
- Je suis triste, c'est tout. J'ai tout perdu. Ma femme, mon fils, mon genou... ma chemise... se lamenta-t-il, oublieux du secret.

Et c'était sa faute, il s'en sentait coupable, bien plus que d'avoir réveillé Acuité. Vaillant ne lui avait rien demandé, enfin si : il l'avait appelée à l'aide pour échapper à l'escalier. Acuité était venue et Vaillant lui en était reconnaissant, même s'il comprenait qu'il ne pouvait rien attendre de plus de la petite Duchesse, qu'elle n'était pas disposée à l'écouter, encore moins à plaider sa cause auprès de Chiara. Elle aussi, lui en voulait sans doute pour cette soirée gâchée. Peut-être était-ce à lui de la consoler ?
- Ça n'est pas si grave, dit-il en sortant un bras mou pour pointer la porte où Ardent avait disparu.

Si Acuité lui avait demandé, Vaillant lui aurait dit de ne pas l'appeler. Le Maître d'Art n'était pas connu pour sa patience, ni même pour sa bienveillance. Mais peu importait ce que le Maître pouvait penser, et les voisins ! Dans son ivresse, le Baugien ne voyait pas ce qu'une telle rumeur pouvait avoir de compromettant pour le mariage d'Acuité et pour le sien. C'était juste ridicule, parce qu'Acuité ne l'avait jamais aimé, et qu'il en aimait une autre. Ridicule par rapport aux malheurs qui déjà l'accablaient.
- Toi, tu as encore tout...
Bientôt, très bientôt, Acuité se recoucherait auprès de l'homme qu'elle aimait. Elle n'aurait rien perdu que quelques heures de sommeil.
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Acuité Loinvoyant

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MessageSujet: Re: Le coeur et l'estomac   Le coeur et l'estomac I_icon_minitimeSam 19 Mai - 11:04

Caché sous sa couverture, Vaillant affichait une mine pathétique. Avait-il peur d'elle ? Certainement, du moins dans l'obscurité c'est ce qu'il sembla à Acuité. Fallait-il qu'il soit réellement dans un piètre état pour craindre une jeune femme qui pesait deux fois moins que lui.
"Je n'ai pas de venin" annonça-t-il alors et Acuité sentit son sang bouillir.
A d'autres !! Il n'avait que fiel et rancœur à son égard et ne se gênait pas pour les lui lâcher en plein visage dès que l'occasion se présentait et ce que ce soit en privée ou devant la Reine !
Le Clan n'avait pas pu passer à côté de son comportement de courtisan sûr de lui, ce même comportement qui donnait la nausée à Acuité tant il était faux et peu spontané.

Ses lamentations lui firent lever les yeux au ciel. Dans son état d'ivresse, il en oubliait son secret le plus précieux. "Son fils". Ainsi, le dernier né de la Duchesse Lunabille était bien de lui. Dans son malheur, il portait la même couleur de cheveux que l'époux de Chiara et ne pourrait donc que difficilement être suspecté.
Vaillant lui pourrissait l'existence depuis qu'elle était revenue mais elle avait décidé de ne plus se laisser faire. Ce soir, elle comptait régler enfin ses comptes sans se fourvoyer.
Elle ne regrettait en rien d'avoir fait appel au Maître d'Art, au moins à présent savait-elle en quoi s'en tenir, tout comme elle avait compris que le Clan ne serait jamais uni comme il l'avait été du temps de Maître Ordajonc. Ardent ne réussirait pas une telle prouesse car il se souciait trop peu de émotions de ses élèves. Qu'il croit que Vaillant et elle avait une affaire était ridicule et elle ne manquerait pas de faire payer au professeur son manque de jugement durant les cours.
Ou bien au contraire, son jugement infondé et creux.

Non ce n'était pas grave, il y avait bien pire que cela. Elle supporterait les rumeurs, après tout, n'y était-elle pas habitué depuis son retour ? Et puis, elle ne comptait pas passer sa vie à Castelcerf.
Ses derniers propos achevèrent de faire voler en éclat sa patience et elle franchit la distance qui les séparait en un rien de temps, poussée par la colère.
Sa main agrippa la couverture qu'elle tira d'un coup sec avant de gifler le Baugien. La claque n'était pas forte, mais le son résonna un moment dans la pièce. Une manière peut-être de le faire dessoûler.

- Ressaisis-toi ! tu es ridicule ! répétât-t-elle encore d'un ton froid.

Avait-elle tout ? Non, elle avait simplement son fils et l'homme qu'elle aimait à ses côtés. Cela lui suffisait-il ? A elle oui, même si le menace pesant sur ses enfants persistait. Qu'avait-elle du traverser pour arriver là aujourd'hui ? Vaillant souhaitait-il vraiment comparer leurs vies et leur naissance ?
Elle soupira et s'installa sur l'accoudoir du sofa.

- Chiara est ambitieuse et mariée, commença-t-elle doucement. Crois-tu qu'elle se séparerait de son époux pour toi ? Je n'y crois pas une seule seconde. Même en tuant Raki Lunabille, tu n'aurais pas ta chance, elle épouserait quelqu'un de mieux né que toi mais te garderait dans son lit. Je suppose que pour poursuivre une liaison depuis si longtemps, elle doit t'aimer. Mais son amour pour le pouvoir est supérieur à ses sentiments à ton égard.

Marquant une pause, elle chercha les prochains mots :
- Et toi que veux-tu ? Rester son amant qu'elle pourra voir ou jeter à sa guise avant de retrouver la couche conjugale ? Ou bien laisser sa chance à la jeune femme que tu dois épouser ? Elle te donnera des enfants et certainement un amour moins égoïste que Chiara Lunabille.

Sa colère désenflait face à la méprise de Vaillant. Il se croyait certainement l'objet d'une injustice mais il se trompait de bataille. C'était contre ses propres sentiments qu'il devait gagner, pas contre elle.
- Contrairement à ce que les apparences te montrent, je n'ai pas tout,conclut-elle. Mais si tu le crois, c'est que je ne me débrouille pas si mal.

Comme quoi, elle n'avait peut-être pas tout perdu de sa vie passée.
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MessageSujet: Re: Le coeur et l'estomac   Le coeur et l'estomac I_icon_minitimeSam 19 Mai - 14:04

Avec une vitesse surnaturelle, Acuité fut sur lui et lui arracha sa couverture, et le frappa en le traitant encore de ridicule. Vaillant gémit et se recroquevilla sur le canapé. La gifle de la petite Duchesse lui cuisait moins que ses mots. Il savait déjà tout ça, mais ça faisait mal quand même. Il n'avait pas besoin de ça, ou peut-être qu'il en avait terriblement besoin, pour faire enfin une croix sur cette histoire d'amour qu'il s'évertuait à saboter, chaque fois. Mais ce soir, Vaillant ne le voulait pas. Il ne voulait pas de gifles, pas de vérités, pas de séparation. Que Chiara lui pardonne, que son cœur et sa jambe s'apaisent : voila ce que Vaillant voulait.

- Oui, c'est ça que je veux, marmonna-t-il en se tenant la joue comme une caresse à lui-même.
Laquelle des deux options, Vaillant ne le précisa pas. En fait, il voulait les deux. Rester l'amant de Chiara comme le chien qu'Acuité décrivait ; et épouser Allégresse, avoir son amour et des enfants d'elle. Que les deux soient incompatibles, le Baugien ne s'y résolvait pas. D'abord, qu'est-ce qu'Acuité en savait ? Avait-elle déjà trompé son soldat ? Connaissait-elle Chiara, ses sentiments, ses ambitions ? Pourtant, la petite Duchesse ne se trompait pas.
- Je sais qu'elle est comme ça. Je suis pareil. Chiara et moi, on est pareils. On n'est pas comme toi, souffla-t-il.
Ils étaient trop gourmands, ils voulaient tout gagner et ne rien perdre, quitte à tricher. Il leur fallait le beurre et l'argent du beurre. Ils ne pouvaient vivre d'amour et d'eau fraîche dans une cabane anonyme, comme Acuité l'avait fait.

Acuité ne lui avait jamais ouvert son cœur. Vaillant ignorait tout de sa mésalliance. Etait-ce un mariage d'amour, et alors la petite Duchesse connaissait l'amour, l'amour sous une forme plus pure, désintéressée, que Vaillant ne connaîtrait jamais ? Alors Acuité avait tout. Ou était-ce un mariage d'honneur, ou ce qu'il en restait après la naissance du bâtard ? Un "rafistolage ridicule", comme avait dit Chiara ? Alors Acuité n'avait rien, et elle était à plaindre sans doute, de se retrouver coincée avec un homme comme Braveterre. Dans un cas comme dans l'autre, la petite Duchesse ne pouvait comprendre l'amour adultère qui était le sien. Pourtant, Vaillant aurait aimé qu'elle le comprenne, car elle était la seule à laquelle il pouvait en parler, la seule à être au courant.

- Je l'aime, gémit-il en profitant de la proximité de la petite Duchesse pour s'échouer à nouveau sur ses genoux.
Puis, levant vers elle deux yeux mouillés :
- Et toi, tu l'aimes ? C'est pour lui que tu es revenue ?
Son cœur attendri par l'ivresse, évidé par la perte cherchait la confidence, l'amitié que peut-être, Acuité et Vaillant pouvaient encore retrouver.
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MessageSujet: Re: Le coeur et l'estomac   Le coeur et l'estomac I_icon_minitimeMar 22 Mai - 20:48

Acuité ne comprenait pas ce que Vaillant voulait. Rester l'amant fidèle ou bien devenir l'époux aimant ? Les deux ne seraient pas compatibles et aux mots suivant du Baugien, Acuité comprit pourquoi. Le jeune homme était un monstre d’égoïsme au même titre que sa Duchesse rousse. Ils voulaient tout, le pouvoir, l'argent et l'amour, mais les sentiments dans lesquels ils se vautraient n'avait rien d'un amour véritable. Ils étaient liés par leur vertu commune, par leur ambition démesurée bien que contrairement à Chiara, Vaillant y perdrait forcément. Il n'était qu'un petit noble, à présent artiseur du Roi. Cela suffirait-il à un beau mariage ? Allegresse conviendrait bien entendu, mais elle ne le satisferait pas, jamais.
Même si elle lui donnait ribambelle d'enfants, elle ne serait jamais Chiara.
Soudain, Acuité eut pitié de cette jeune femme qui devait avoir hâte d'épouser son beau Baugien. Si seulement elle savait...
Elle observa Vaillant un instant. Il ne la traiterait pas mal et surement lui donnerait-il l'illusion de l'amour mais elle n'aurait que cela. Une illusion.
C'était peut-être plus que ce que le commun des mortels pouvait posséder.

On est pas comme toi, venait-il de dire. Ses paroles sonnaient comme une insulte dans sa bouche, comme si elle valait moins, comme si elle avait besoin de moins.
C'était peut-être la vérité. Acuité se moquait bien du pouvoir ou de l'ambition, elle les possédait déjà de part sa naissance et se contentait d'adoucir ces jours pour les vivre pleinement.
Ses efforts portaient sur l'apparence qu'elle devait donner, pas sur les plans qu'elle aurait dû échafauder. En cela ils étaient très différents en effet.

Lorsqu'il confia ses sentiments, elle leva les yeux au ciel avant de croiser les siens. Il s'était à nouveau échoué sur ses genoux et elle grimaça à ce contact. La question qu'il posa alors la fit rosir légèrement, c'était particulièrement grossier de sa part et elle pinça les lèvres.

- Non je ne suis pas revenu pour lui. Je suis revenu car on menaçait la vie de mon fils.

Et c'était la vérité. Quand à savoir si elle l'aimait, Vaillant n'avait pas besoin d'être au courant. Tout dans son regard indiquait qu'elle l'aimait plus que nécessaire, avec la démesure qu'on lui connaissait depuis le tout début. Elle l'incita à se pousser, mal à l'aise d'avoir son visage sur ses genoux.

- Si tu l'aimes tant ta Chiara, pourquoi es-tu ivre ce soir ? Pourquoi n'es-tu pas dans son lit ?
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MessageSujet: Re: Le coeur et l'estomac   Le coeur et l'estomac I_icon_minitimeVen 25 Mai - 23:01

Vaillant ouvrit des yeux ronds quand Acuité lui révéla qu'on avait menacé la vie de son fils. Quelque reproche qu'il puisse faire à la petite Duchesse (précisément celui de mettre, indirectement, en danger son enfant), c'était abject. Qui osait ? Les questions se pressèrent dans son esprit, le divertissant un instant de son coeur sanglant. Il était agréable de ne plus penser à Chiara et lui - mais Acuité, après l'avoir repoussé, lui remit le nez dedans. De mauvaise volonté, Vaillant glissa sur le canapé. Seul le haut de son crâne touchait encore la cuisse de la petite Duchesse. Il sentait la chaleur de cette cuisse. S'il n'avait pas été aussi stupide, il aurait pu plonger vraiment son visage entre celles de Chiara, comme Acuité, cruelle, le soulignait.

- Parce que je suis un lâche, gémit-il.
Manifestement l'ivresse l'encourageait dans la gentillesse et la sincérité, deux vertus qui d'ordinaire, ne figuraient pas à son palmarès.
- Elle part demain, et moi dans trois jours.
Vaillant serra dans ses bras le petit coussin plat du canapé, à défaut de Chiara ou même d'Acuité. Les Duchesses le laissaient seul jusqu'à ce qu'il soit dans les bras de sa légitime. C'était sans doute mieux ainsi. C'est lui qui l'avait voulu. Trois jours, même pas, pour se sevrer de Chiara. Le Baugien avait commencé par l'alcool et peut-être qu'il continuerait, s'il ne trouvait pas d'autre remède. L'Art ? Après cette nuit, Ardent n'allait pas être très content. Le sexe ? Mieux valait ne pas ; de toute façon, il n'avait plus un sou. La camaraderie ? Vaillant avait à la fois plus de fréquentations et moins d'amis ; aucun auprès duquel il puisse s'épancher. Il regretta Taebryn, il regretta Mélisse. Il n'y avait qu'Acuité.

Acuité ne voulait pas de lui mais elle l'avait sauvé de l'escalier. Elle ne s'ouvrait pas mais elle restait là, près de lui. Alors qu'elle avait dit vouloir retourner au lit, auprès de son époux. Vraiment ? La vie de la petite Duchesse n'était pas si rose que Vaillant l'avait cru. Elle était revenue sous la contrainte, pas pour elle, mais pour son fils. Sous la contrainte aussi, son soldat avait dû l'épouser. Acuité l'aimait, elle, mais sans doute pas lui. Avec son balais dans le cul légendaire, Braveterre avait dû vouloir sauver l'honneur - à moins que Glace ne soit au courant de sa paternité et ne l'y ai forcé. Il était même étonnant que meilleur ami du Roi, auquel on prêtait des moeurs douteuses, voire pas de moeurs du tout, ait couché avec Acuité en premier lieu. Peut-être que quand la petite Duchesse de Béarns daignait vous désirer, ça ne se refusait pas. Vaillant la scruta. Malgré sa mise sans charme et ses cheveux ébouriffés, elle n'était pas si vilaine avec sa poitrine épanouie par la maternité. Comme Chiara, mais moins que Chiara.

- Qui a menacé ton fils ? demanda Vaillant, désireux de s'éloigner de la pensée de celle qu'il aimait, et des attraits des femmes en général. Glace ?
Le Duc de Béarns, qui régnait sans conteste en matière de balais, n'avait pas dû être ravi de se découvrir un petit-fils bâtard. Lui qui essayait en vain d'en avoir un légitime ! Il était étonnant que le Duc n'ait pas punie Acuité plus que cela pour toutes ses frasques. Elle avait eu le droit de venir au Tournoi. Où elle avait défié le Roi.
- Vainqueur ? s'écria l'Artiseur, beaucoup plus enthousiaste.
Tout faisait sens. Ainsi les pigeons n'avaient pas eu pour seul but de l'humilier. Vaillant se sentit un petit peu pardonner Acuité. Finalement, elle lui semblait misérable. Il sentait même de la solidarité. Les ennemis de mes ennemis sont mes amis.
- Je t'avais dit qu'il était comme ça, marmotta Vaillant à propos du Roi, violeur d'esprit et bourreau d'enfant.
Peut-être qu'enfin, Acuité allait se ranger de son côté ?
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MessageSujet: Re: Le coeur et l'estomac   Le coeur et l'estomac I_icon_minitimeMer 30 Mai - 21:45

Acuité leva les yeux au ciel. Par Eda, l'alcool le rendait sot en plus d'être misérable. Lâche de quoi ? De n'être pas capable de lui dire adieu comme un homme ? Il se comportait comme un gamin capricieux...Fuir l'être cher parce que l'on sait qu'il ne nous reviendra jamais, revenait à refuser d'affronter la vérité. Peut-être Vaillant poursuivrait-il la Duchesse de ses assiduité dans son imagination et dans ses rêves les plus fous.
Dans la réalité en revanche, il allait rester le petit nobliau avec qui elle avait eu une aventure ainsi qu'un fils.
Acuité ne comprenait même pas comment il ne pouvait pas en vouloir à la Dame. Elle se servait de lui, de son être et de sa personne pour ne rien lui donner en retour.
De l'amour et de la chair voilà ce à quoi Vaillant avait droit. Etait-ce suffisant ?
Non, sous ses airs d'habile courtisan que rien n'affectait jamais, Vaillant souffrait de se voir rejeté par manque de rang de naissance.
Pour une personne mieux née, Chiara aurait abandonné son époux actuel n'est-ce pas ?
Elle eut presque pitié d'eux.
L'ambition les déchirerait certainement jusqu'à la mort.

Enfin il s'éloigna un peu d'elle et elle put regagner quelque liberté.
Tandis qu'il la regardait elle et comme elle n'avait rien remarqué, ses yeux s'étaient fixés sur le mur face à elle. Ses épaules sursautèrent doucement lorsqu'il demanda qui était à l'origine de la menace. Elle pinça les lèvres à l'évocation des deux noms.

- Ce sont mes affaires, coupa-t-elle court. Et cela ne te concerne en rien.

Agacée qu'il cherche encore à fouiller, elle se leva et porta un regard sur lui. Sa colère s'évapora et avec douceur elle ajouta :

- Parfois on peut choisir au mieux pour son futur, parfois le destin choisit pour nous, alors il faut se contenter de ce que les Dieux nous offrent. L'acceptation est la base du bonheur tu ne crois pas ?Cette nuit c'est à ton tour de commencer à accepter.

Accepter que Chiara ne soit pas pour lui, qu'elle lui préfère le pouvoir. Accepter que sa petite Allégresse lui apporte prospérité et descendance. Accepter que la vie d'Acuité Loinvoyant n'appartenait qu'à elle et que jamais elle ne lui révélerait quoique ce soit.
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MessageSujet: Re: Le coeur et l'estomac   Le coeur et l'estomac I_icon_minitimeJeu 31 Mai - 18:30

Le discours d'Acuité était un peu trop philosophique pour Vaillant. Toujours allongé dans le canapé, serrant contre son torse nu le petit coussin rouge, il regarda la petite Duchesse d'un air pénétré tandis que ses mots faisaient, lentement, leur chemin dans son cerveau embrumé.

Accepter... accepter ce que le destin, ce que les dieux choisissent ? Accepter, d'autant plus que c'était lui, qui avait choisi. Vaillant avait choisi de courtiser Chiara tout en sachant qu'elle était Duchesse et mariée. Certes, il n'avait pas choisi de lui faire un enfant, ni même de tomber amoureux d'elle. Pourtant, il avait accepté de se laisser quitter, accepté de se marier... Les choix de Vaillant étaient passifs, sauf quand il s'agissait de mettre Chiara dans son lit. Ensemble, les amants avaient choisi de continuer à se voir, mais ce soir, Vaillant avait choisi de ne pas la rejoindre. Pour autant, le Baugien n'avait renoncé à rien. Il n'allait ni "accepter" ni "se contenter" ! Il avait déjà suffisamment renoncé, à sa jeunesse glorieuse et dorée, à cause de Vainqueur ! Puis à son fils, et bientôt, à sa liberté...

- C'est injuste ! protesta-t-il alors que le coussin, dans les airs, rejoignait sa botte.
S'il ne pouvait pas tout avoir, eh bien, Vaillant aurait le maximum. Une épouse, des enfants légitimes et une maîtresse, si Chiara voulait encore de lui après le lapin odieux qu'il lui avait posé cette nuit. Les amants pourraient s'en tenir à leur plan et se voir à Gué de Négoce, deux ou trois fois par an... La maigreur de ce maximum acheva de désespérer Vaillant.
- Tu es injuste ! couina-t-il, retournant sa colère contre Acuité. Tu connais tous mes secrets mais toi, tu ne veux rien me dire ! Comment veux-tu que nous soyons amis ?
Vaillant n'avait plus de coussin, plus d'ami, plus d'amour, alors il se remit à sangloter.
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