Elle hocha doucement la tête et demanda :

- Si ce n'est pas trop indiscret, qui dois-tu aller voir ?

Puis elle se dit que ce n'était nullement de ses affaires, il ne lui appartenait pas, il n'était pas sienne ; il ne lui devait strictement rien.

Elle retira la viande du feu et posa les morceaux sur une pierre pour qu'ils refroidissent. Elle profitera de son passage à Jhaampe pour vendre le trop de viande qu'elle a, de cette façon, elle pourra commencer à se préparer pour le prochain hiver.

Un grand sourire s'afficha sur le visage de la chasseresse alors qu'elle venait poser ses bras autour du cou de Drathius.

- Tu sais, j'ai toujours adoré la solitude. Faire mes choses moi-même, seule, bouger comme bon me semble et vivre au grand air mais j'aime ta présence. Je me sens en sécurité, un sentiment que j'avais oublié avec les années.

Et voilà Narjis dans toute sa franchise. Elle savait dire ce qu'elle n'aimait pas ou ce qu'elle détestait mais savait aussi dire l'inverse. Pourquoi les hommes,dans la très grande majorité des cas, ne sont-ils pas francs et honnêtes ? Cette question, elle se l'était posé encore et encore sans jamais y trouver de réponse.

Elle aimait beaucoup la présence de Drathius et, alors qu'elle pensait au moment où ils allaient devoir se séparer, son visage s'assombrit un peu.

L'une de ses mains glissa sur le bras musclé et ses doigts s'arrêtèrent sur le lacet de cuir qu'il lui avait volé plutôt. Elle fixa un moment la lanière et dit :

- Garde-le. Ça te donnera un prétexte pour penser à moi quand on sera loin l'un de l'autre.

Et sur ces mots, elle l'embrassa passionnément.

Le volatile, quand à lui, vint se poser sur une roche non loin d'eux ; il avait faim !

Cette fois, ses joues étaient toutes rouges ! C'était rare qu'on la complimentait et elle ne savait jamais comment réagir. Elle finit par murmurer un "merci" bien timide ; ensuite, elle se mit sur la pointe des pieds pour retourner le baiser.

Elle plongea son regard bleu dans celui de Drathius, sans rien dire, pendue à son cou.

Elle lui sourit tendrement, la tête penchée un peu penchée vers l'arrière pour regarder le beau gaillard devant elle.

- Je préférerais reste ici, avec toi, dans la forêt mais tu es attendu par l'Oblat alors... allons-y.

Un cri se fit entendre et l'oiseau vint se poser sur l'épaule de la blonde.

Si quelqu'un croisait leur chemin, ils seraient perçus comme un couple typique des Montagnes ; un homme bien musclé et en santé avec une femme athlétique. Le fait que des animaux soient près d'eux n'était pas étrange dans cette partie du monde, du moins pour ceux connaissent les Montagnards.

Ils venaient de passer plusieurs jours ensemble et Narjis s'aperçue qu'ils allaient bientôt se séparer. Lui, il ira vois Dame Kaïran et elle, elle ira vendre de la viande cuite avant de retourner dans la forêt.... seule avec le faucon.

Elle aimait le volatile et jamais elle ne se séparerait de lui.... mais au fond d'elle, elle savait que la présence de Drathius allait lui manquer.

Elle fronça légèrement les sourcils.

- Dis-moi, est-ce que ta maison est en plein coeur de Jhaampe ou en bordure ?

Narjis regardait droit devant elle, attendant la réponse. Elle avait quelque chose derrière la tête mais quoi !

Et elle ne peut refréner son sourire. Ça, c'était une bonne nouvelle !

- Et si on avait une entente ?

Une lueur de joie passa dans ses yeux tandis qu'un petit sourire en coin se dessinait sur ses lèvres.

Ce qu'elle avait en tête allait fort probablement le rendre plus joyeux. Du coup, l'atmosphère se détendit instantanément.

Elle s'arrêta, tout sourire.

- Que dirais-tu si j'allais te rejoindre chez toi à la tombée de la nuit et que je retourne dans la nature au lever du soleil ? Il faudra, bien évidemment que tu sois chez toi car si Dame Kaïran t'envoie en mission....

La chasseresse déglutit afin de faire passer la petite boule qui s'était formée dans sa gorge. Puis elle se ressaisit :

- Qu'en penses-tu ?

Sa langue passa sur ses lèvres un peu asséchées.

C'est avec un petit sourire aguicheur que la blonde répondit :

- Dans ce cas, vivons une journée à la fois et profitons de la nuit qui s'en vient.

C'est vrai qu'il sera très occupé dans les jours qui suivront, non seulement par ses frères qui ne l'ont pas vu depuis trois jours mais aussi par ce que l'Oblat à derrière la tête. Ses doigts viennent alors s'entrecroiser avec ceux de Drathius et elle se dit que dès maintenant, le destin fera en sorte qu'ils se revoient.