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 Tragédies de famille. [PV Chiara et Vérité Lunabille]

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MessageSujet: Tragédies de famille. [PV Chiara et Vérité Lunabille]    Tragédies de famille. [PV Chiara et Vérité Lunabille]  I_icon_minitimeMer 23 Déc - 18:43

Comment cela avait il pu arriver ?

On était venu à trouver alors qu’elle était tranquillement affairée à coudre dans un petit boudoir douillet avec ses dames de compagnie. L’après midi était tranquille, naissante, une brise agréable provoquée par le jeu des portes entrebâillées et les fenêtres ouvertes rendait la chaleur supportable et toutes se délectaient d’un thé glacé sucré et délicieux. La reine était concentrée sur la confection d’une pièce en dentelle aux motifs complexes destinées à orner la manche d’une robe tout aussi somptueuse quand le page avait brisé le silence poli qui régnait dans la pièce. Dès qu’elle avait vu son expression éperdue, il n’y eut plus aucune doute sur la teneur du message qu’il transportait : un malheur était survenu.

Il avait tout déclamé, en suffoquant de parler sans avoir repris son souffle : « Votre frère et la reine servante ont eu un accident de cheval. Il est blessé et inconscient. » peut-être avait-il continué après cela, mais elle n’en avait pas souvenir. Son attention s’était cristallisée sur l’essentiel : vérité était blessé. La mention faite d’Aimée ne fit qu’ajouter de l’agacement à son effroi, dernièrement l’héritière du trône n’avait guère caché son aversion pour sa belle mère… Pourquoi fallait-il qu’elle soit impliquée dans tous les problèmes de sa nouvelle vie au château ? Entre deux respirations saccadées, le messager réussit à lui expliquer que son aîné avait été transporté en urgence dans sa chambre et se trouvait déjà aux bons soins des guérisseurs, mais il lui fallait le voir, absolument. Vérité était le seul de sa fratrie avec lequel de véritables liens s’étaient tissés… leurs deux aînés avaient leurs vies propre, et leurs grandes différences d’âge n’arrangeaient rien. Non, il n’y avait qu’avec Vérité qu’elle avait partagé ses jeux idiots et ses secrets, c’était avec lui que se dessinaient ses plus beaux souvenirs d’innocence et de joie pure dont seul les enfants ont le secrets.

Transportée par la terreur innommable de perdre cet être cher, elle avait bredouillé de vagues excuses à la troupe hétéroclite de courtisanes qui lui tenait compagnie et s’engouffra à la suite du porteur de la sinistre nouvelle. La chambre de son frère n’était pas sur le même niveau que le salon de couture, et il leur fallu franchir d’interminables couloirs et ce qui lui parut des kilomètres d’escaliers avant de se trouver dans l’étage où l’on logeait des nobles de haut rang. Durant le trajet, ses mains se nouaient nerveusement en tous sens ne sachant pas à quoi s’agripper pour apaiser leur tourment et la nouvelle reine des cinq duchés – dont tous louaient le maintien et la beauté – parut soudainement incroyablement jeune, et désespérée. Son cœur tonnait si fort qu’il emplissait ses oreilles de son battement plus puissamment qu’un orchestre, et à chaque pulsation son champ de vision de rétrécissait d’avantage.

Oh non, Vérité je t’en prie, ne me laisse pas seule… seule sans toi, seule au milieu de tous les autres.

Quand elle aperçu enfin la porte des appartements de son frère aîné, ses pas ralentirent imperceptiblement. Le page avait été succinct comme le voulait l’urgence de la situation, mais cela ne lui permettait pas de se préparer à ce qui se trouvait dans cette chambre : un homme éventré et sur le point de mourir ? Ou bien simplement commotionné et vaguement inconscient ? Tant qu’elle n’avait pas franchi le seuil, tout était possible. C’était à la fois rassurant de ne rien savoir et de terrifiant de tout ignorer, malgré elle son imagination s’emballait et lui imposait des images de son frère alité et brisé, dont le corps ensanglanté n’était plus qu’un pantin désarticulé et brisé…

« A-t-on prévenu ma mère ? Elle voudra être aux côtés de son fils. » sa voix était étrangement atone, comme dénuée des émotions qui la convulsaient de l’intérieure. Le jeune garçon, qui se tenait en retrait d’un pas comme le voulait les usages, s’avança alors de manière à être bien visible de sa souveraine. Il affichait toujours un air sombre et grave, qui jurait sur son visage rondouillard et juvénile, la livrée bleu de Cerf des serviteurs qu’il portait était légèrement trop grande pour lui et contribuait à le faire paraître plus jeune qu’il n’était en réalité « Oui ma reine, elle a été prévenue en même temps que vous ma reine. »

Bien, la duchesse était encore au château et elle ne serait donc pas compliquée à trouver. La présence de leur mère à ses côtés pendant cette épreuve lui rendit un peu de force ; Chiara Lunabille avait la tête sur les épaules, ses conseils seraient précieux, son support plus encore.

Les mains désormais calmement croisées devant elle, Désirée inspira longuement, tentant d’imposer du calme à ses pensées. Elle était reine désormais, il ne fallait pas qu’elle s’effondre devant un guérisseur, un page, ou quiconque, même si la vie de son frère était menacée, il fallait rester digne et royale. Rien n’était plus aussi simple que naguère maintenant que le poids de la couronne reposait sur son cou gracile, tout était fin calcul et anticipation, les émotions incontrôlées n’avaient pas leur place dans le jeu d’échec royal de sa vie.

« Racontez moi ce qui est arrivé à mon frère, précisément. Je veux savoir en quoi Aimée est impliquée, dites moi tout. » une gêne évidente tordit les trait du garçon alors qu’il s’efforçait de répondre sans vexer ou défier sa souveraine « Ma reine, on m’a simplement chargé de vous prévenir, je n’en sais pas plus. » soupirant de nouveaux, ce fut d’un geste las qu’elle balaya les excuses qu’il tentait de lui fournir « Assez, vous osez prétendre qu’aucune rumeur n’est parvenu à vos oreilles ? Si assez de temps a passé pour que Vérité soit amené dans sa chambre et qu’un guérisseur a été mandé c’est que des gens ont vu, et quand on voit, on parle. Alors parlez, c’est votre reine qui vous l’ordonne. » il se tortillait, visiblement mal à l’aise que Désirée ai fait appel à son autorité royale pour lui extirper des détails dont il ne pouvait vérifier s’ils étaient vrais ou non… il hésita quelques secondes, rougit une ultime fois, puis d'une voix fluette, presque inaudible, se lança « La reine servante Aimée et votre frère son partis se balader à cheval et un sanglier gigantesque leur a foncé dessus. On ne sait pas si c’est les chevaux qui se sont emballés, ou le sanglier qui les a renversé en essayant de passer, mais votre frère s’est retrouvé écrasé sous sa monture. La reine servante était secouée, elle saignait, mais elle quitté les lieux en marchant. »

Ainsi, Aimée s’était tirée « indemne » de l’accident. Cette information lui insuffla une vague colère à laquelle elle ne manqua pas de se rattraper. La haine était plus tolérable que la souffrance, plus simple à appréhender aussi :

« Vous pouvez retourner… à vos occupations. Je n’ai plus besoin de vous. »

Trop heureux de pouvoir mettre fin à leur entretien, le page empourpré s’inclina en une révérence rapide et s’enfuit sans demander son reste. Sa souveraine ne le voyait déjà plus, la main sur la poignée, elle expirait une dernière fois pour se préparer à entrer. Derrière la porte elle distinguait une discussion étouffée et de fortes odeurs de simples infusés, sans doute le guérisseur qui s’affairait. Tout en tentant de dissimuler efficacement les larmes qui menaçaient de poindre dans ses grands yeux bleus, elle sauta le pas. Sous sa poussée le mécanisme de la porte cliqueta doucement, et aussitôt le murmure de la discussion cessa.

En premier lieu, elle ne vit que lui, étendu sur son lit, un grand bandage ceignait son front et un hématome horriblement violacé déformait un côté de son visage. Le reste de son corps, parfaitement couvert, reposait sous de fin draps de soie comme pour le cacher du regard des autres… l’odeur provenait d’un encensoir ou brûlait des plantes fortifiantes à l’odeur âcre, probablement allumé par un vieil homme inquiétant qui tentait de mettre de l’ordre dans une série de fioles posées sur une table de nuit proche du lit. Encore debout, dans l’entrebâillement, Désirée porta une main horrifiée à sa bouche ourlée et ne put retenir le hoquet de terreur qui la convulsa. Il n’y avait pas de sang, de silhouette tordue ou d’os visible, mais le corps de son frère gisait là, les yeux clos, dans l’immobilité insensible de la mort. L’était il ? Mort ? Non. Cela ne se pouvait.
Son regard épouvanté se posa alors sur sa mère qu’elle avait occulté jusque là. Chiara Lunabille était aux côtés de son fils, les yeux rougis, et tenait sa main comme s’il s’agissait d’un fil qui le rattachait à la vie :

« Maman ! » Sanglota la jeune femme qui franchissait la distance qui la séparait du lit du blessé tout en tendant le bras vers la duchesse « Dites moi qu’il va bien. »
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Chiara Lunabille

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MessageSujet: Re: Tragédies de famille. [PV Chiara et Vérité Lunabille]    Tragédies de famille. [PV Chiara et Vérité Lunabille]  I_icon_minitimeLun 28 Déc - 13:21

Aussitôt prévenue et la première onde de choc passée, Chiara avait pris les choses en mains ainsi qu'elle en avait l'habitude. Qui d'autre l'aurait fait dans ce château, de toute façon ? Si elle n'avait pas été amie de feue le raine Shyrin, elle lui reconnaissait au moins le mérite d'avoir été exemplaire, tant pour représenter la couronne que pour tenir la maison du Roi. Depuis sa mort - et bien qu'elle se soit avérée une belle opportunité pour les Lunabille - Castelcerf allait à vau-l'eau, lui semblait-il. Une gamine échevelée faisait la loi et la domesticité ne savait plus à quel saint se vouer. Il appartiendrait à Désirée de mettre bon ordre à tout cela, si elle en était capable. Avait-elle seulement envisagé de convoquer la gouvernante de la maisonnée pour inspecter avec elle réserves, livres et personnel ? Au fond, la mère savait qu'elle était injuste, la duchesse également regrettait d'avoir propulsé si tôt sa fille trop jeune à un rang qui la dépassait, mais en façade, Chiara Lunabille ne cèderait rien. Et sous sa houlette, la reine Désirée étendrait sa main bienveillante et bien-aimée sur la demeure du roi amoureux.

En attendant qu'on ramène son fils de l'endroit où l'héritière inconséquente avait manqué de le tuer, la duchesse avait donc organisé son accueil. Sa propre femme de chambre serait dévouée au service de Vérité, guérisseurs et physiciens étaient prévenus, et chacun avait pour ordre de maintenir à distance la totalité de la maisonnée Loinvoyant. Il n'était pas question que quoi que ce soit vienne entraver la guérison de son fils. Car il guérirait, elle y mettrait tout ce qu'elle avait, y compris sa vie, s'il le fallait. Et elle s'assurerait que les Loinvoyant qui blessaient encore les hommes qu'elle aimait payent ce nouvel affront.

À l'arrivée de la civière qui soutenait son fils, elle était prête. La violence du choc arrêta son cœur un instant, crut-elle, mais cela ne l'empêcha pas de donner ses instructions afin qu'il soit installé comme il convenait et qu'on laisse le guérisseur l'examiner. Pendant que le rebouteux lui faisait un rapport circonstancié et détaillé, le jeune homme était dépouillé de ses vêtements crasseux, lavé et confortablement installé dans son lit. Incapable de détacher son regard de l'hématome qui le défigurait, la duchesse bouillait sans le montrer d'impatience, de fureuret d'une immense envie de hurler contre son impuissance. Rien, lui dit le guérisseur, il n'y avait rien à faire si ce n'est attendre que Vérité s'éveille à mesure que se résorberait la bosse de sa tête. On lui avait confirmé que le clan d'Art œuvrerait mais elle se fichait bien de ces magies auxquelles elle n'entendait rien. Elle voulait savoir quand son fils émergerait et s'il serait lui-même. Or cela, personne ne pouvait le lui dire.

Elle avait fait discrètement prévenir Vaillant puis s'était installée au chevet de son enfant préféré. Car il l'était et elle l'admettait sans honte. Elle adorait naturellement Désirée comme une extension d'elle-même, mais Vérité restait le grand bonheur de sa vie après les déceptions de la vie et de l'amour. Enfin seule avec lui, elle laissa échapper quelques larmes incontrôlables, le front sur sa main qu'elle tenait si fort entre les siennes. Cela ne dura pas. Il ne pouvait en être autrement. La duchesse maîtrisait si parfaitement ses émotions et son image qu'elle ne pouvait pleurer même quand la douleur se faisait insupportable, comme à présent. À l'arrivée de sa fille, elle était redevenue elle-même, son regard seul trahissant l'étendue de son désarroi.

Aussitôt debout, elle ouvrit les bras à sa fille pour recueillir sa peine, comme elle l'avait toujours fait, comme l'aurait fait n'importe quelle mère. L'étreinte pourtant ne s'éternisa pas et bientôt ses mains se saisirent des épaules de la jeune fille pour la faire reculer et se redresser face à elle.

- Reprends-toi, Désirée. Tu es la Reine des Duchés.

Plus dure qu'elle ne l'aurait voulu, elle ne pouvait laisser la tragédie s'étendre trop longtemps ni les gens croire que sa fille était une gamine trop émotive et pleurnicharde pour régner sur les Duchés. Si violents que soient le chagrin et l'inquiétude de sa fille, elle allait devoir les surmonter pour faire face avec la dignité d'une reine, ainsi qu'on l'attendait d'elle. La majeure partie de la Cour était prête à la dévorer vivante si elle montrait le moindre signe de faiblesse, il était impératif qu'elle en ait conscience. Scrutant le visage de sa fille, elle lui leva le menton de deux doigts et posa un baiser tendre sur son front.

- Allons, venez prier avec moi. Il a besoin de repos et du soutien de ceux qui l'aiment, non de nos pleurs et nos angoisses.

Elle la fit asseoir au chevet de son frère et profita du mouvement pour lui serrer l'épaule gentiment en guise de réconfort. C'était tout ce qu'elle pouvait lui offrir en public. La tragédie ne devait pas altérer la dignité de la reine.
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MessageSujet: Re: Tragédies de famille. [PV Chiara et Vérité Lunabille]    Tragédies de famille. [PV Chiara et Vérité Lunabille]  I_icon_minitimeLun 28 Déc - 17:13

« Reprends-toi, Désirée. Tu es la Reine des Duchés. »

Brièvement lovée dans la sécurité relative des bras maternels, ses sanglots perdirent de leur intensité. La voix sévère qui l’avait si souvent rabrouée lui parlait d’un ton doux, et égal, la rassurait et la calmait jusqu’à ce que, enfin, ses larmes se fussent taries. Pâle, les yeux gonflés par les larmes, Désirée se résigna à suivre sa mère au chevet de son frère aîné sans mot dire…

Elle vit, du coin de l’œil, le soigneur qui s’inclinait avant de quitter la pièce. Elles étaient seules, seules avec le corps inanimé de Vérité dont le souffle irrégulier soulevait le draps qui le couvrait. L’odeur des herbes qui avaient brûlé dans l’encensoir formaient encore d’épaisses volutes qui tournoyaient lentement. Alors que le regard de Désirée se perdait dans le spectacle lascif de la fumée qui s’épanouissait paresseusement autour d’elle, ses pensées s’égarèrent dans les souvenirs d’enfance qu’elle partageait avec son frère ; l’imaginer ainsi, joueur et riant puis le voir allongé, immobile, manqua de raviver l’indicible tristesse qui rôdait dans son esprit. Seul la main ferme et le doux baiser d’une mère sur le front de son enfant la ramenèrent à la réalité :  

« Allons, venez prier avec moi. Il a besoin de repos et du soutien de ceux qui l’aiment, non de nos pleurs et nos angoisses. »

Prier ? Cela paraissait tellement futile devant la meurtrissure qui bleuissait le visage endormis sous ses yeux. Y’avait-il un dieu quelconque pour écouter leurs suppliques ? Légèrement hagarde, Désirée se laissa aller, épaule contre épaule, tirant toute la force possible de ce simple contact avec la duchesse. La chaleur de son corps était un point d’ancrage dans la réalité, l’odeur de son parfum sucré parvenait presque à surpasser celui des simples et des cataplasmes :

« J’ai peine à le regarder. Il semble si… mort. » le mot avait raisonné, comme doté d’un écho qu’il n’aurait pas du avoir. C’était la première fois que la jeune femme était confrontée aux affres d’un proche blessé, et même si les jours de Vérité ne semblaient pas en danger de manière immédiate, l’adolescente en elle ne pouvait s’empêcher de trembler à la perspective que son frère ne se réveille jamais. Un léger soubresaut agita ses épaules déjà courbées lorsqu’elle osa enfin glisser sa main dans celle de Vérité, pourquoi avait il fallu que ce soit lui ? Pourquoi pas cette furie sans manière qui l’avait entraîné avec elle ? La braise de la colère qui l’avait animée avant d’entrer se raviva quelque peu, et elle s’y accrocha désespérément « Ce devrait être elle à sa place. »

On ne lui avait pas donné les détails de l’accident, mais le simple fait qu’Aimée soit bien portante lui semblait alors un affront. Si les dieux que priaient sa mère existaient, ce sanglier puant aurait percuté l’insupportable rouquine entêtée qui lui servait de belle fille et pas le seul frère auquel elle avait jamais tenu… Sa prise sur Vérité se raffermit à mesure qu’elle se redressait, ragaillardie par sa rancœur nouvellement retrouvée, la reine paraissait retrouver des couleurs :

« On ma dit que la Reine Servante était répartie debout pendant que mon frère agonisait sur les pierres, puis-je en déduire que Vérité est le seul qui ai du payer ce nouveau coup d’éclat ? »
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Chiara Lunabille

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MessageSujet: Re: Tragédies de famille. [PV Chiara et Vérité Lunabille]    Tragédies de famille. [PV Chiara et Vérité Lunabille]  I_icon_minitimeLun 28 Déc - 23:14

Assise au bord du lit de son fils préféré à l'agonie, Chiara Lunabille avait repris l'une de ses mains dans les siennes comme si cela pouvait l'empêcher de sombrer davantage. Tout près d'elle, sa fille chérie la soutenait, elle aussi et soutenait son frère. Le choix de mot de Désirée la choqua, naturellement, mais seule une très légère crispation de sa mâchoire pouvait l'indiquer. La suite en revanche lui sembla sonner nettement plus juste, mais là encore, c'est à peine si un infime tressaillement musculaire trahit sa pensée. Détachant une main de la paume tiède de Vérité, elle se tourna à demi vers Désirée et saisit sa main à la place pour la joindre aux leurs.

- Tu ne devrais pas parler ainsi de ta belle-fille, ma chérie, la réprimanda-t-elle doucement même s'il n'y avait pas le moindre accent de reproche dans sa voix.

D'un bref coup d’œil, elle s'assura qu'elles étaient seules avec Vérité, à l'exception de sa femme de chambre, la loyale remplaçante de Malice. Bien que certaine de ne oas être épiée, elle baissa la voix pour poursuivre en se penchant vers ses enfants.

- Ton mari l'a envoyée chasser la bête qui a mis notre Vérité dans cette état, c'est donc qu'elle n'a pas trop souffert de sa rencontre impromptue.

Bien sûr, les yeux et les oreilles qu'elle entretenait à Castelcerf depuis des années avaient déjà pépié et lui avaient rapporté le détail de ce qui s'était passé. Du moins, ce qui en était connu de tous les témoins possibles, y compris l'escorte de la princesse. Elle savait que la réalité n'était pas aussi tranchée que ce qu'elle voulait bien garder en tête et partager avec sa fille. Elle savait qu'il ne s'agissait réellement que d'un accident et que Vérité s'était placé lui-même sur la trajectoire de la bête pour tenter d'aider Aimée. Mais la Reine-Servante n'en était pas moins responsable à ses yeux. Les Loinvoyant étaient dangereux, elle en était convaincue depuis toujours.

- Elle ne vous approchera plus, conclut-elle sobrement et très bas, comme un serment qu'elle se faisait à elle-même.
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MessageSujet: Re: Tragédies de famille. [PV Chiara et Vérité Lunabille]    Tragédies de famille. [PV Chiara et Vérité Lunabille]  I_icon_minitimeMar 29 Déc - 1:41

Comme toujours, elle restait imperturbable. Cette qualité indispensable pour une femme de pouvoir devenait bien plus irritante lorsqu’elle intervenait dans leurs rapports mère/fille. Depuis son enfance, la duchesse, bien qu’aimante en privée, tentait de lui inculquer le « savoir vivre » nécessaire en société avec une main de fer. Désirée était une élève douée, fine comédienne, vive d’esprit, adaptable elle n’en restait pas moins une adolescente qui brûlait d’un profond désir d’indépendance. Toutes les us et coutumes de la haute noblesse étaient exigeants et, à son sens, déshumanisants, et le prix qu’il y avait à payer pour se livrer à ses petits jeux lui paraissaient parfois disproportionnés… Mensonges, faux semblants, devenaient partie intégrante d’un masque que l’on se devait de porter en permanence. Comme sa mère.

Pourquoi devait elle se plier à ce jeu absurde ? Aimée elle chevauchait comme un grand'venneur, déclarait sa magie souillée aux yeux de tous et prenait des libertés qui auraient détruit la réputation de toute autre femme.

« Elle peut bien faire ce que bon lui semble… c’est ce qu’elle fait toujours. »

Serrant un peu plus fort la main de Vérité, maudissant une nouvelle fois sa belle fille en silence, Désirée laissa rouler une larme de rage sur sa joue sans l’essuyer.

« Mère, que dois-je faire ? Si je ne réagis pas, qui prendra conscience du danger que représente cette femme ? Aujourd’hui, c’est mon frère qui fait les frais de son tempérament, demain ce sera tout le royaume qui subira les conséquences de ses erreurs. »
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MessageSujet: Re: Tragédies de famille. [PV Chiara et Vérité Lunabille]    Tragédies de famille. [PV Chiara et Vérité Lunabille]  I_icon_minitimeVen 1 Jan - 11:58

- C’est ce qu’elle fait toujours, en effet, approuva sobrement la duchesse. Mais il y a toujours un prix à payer. Un jour ou l’autre, la vie vient réclamer son dû.

Ce que Vérité se trouvait à payer aujourd’hui, elle n’en était pas certaine. Une part d’elle était terrorisée à l’idée qu’il puisse être la victime de ses propres erreurs. Elle s’était jouée du destin trop souvent et n’aurait pas été étonnée qu’il réclame des comptes à présent, même sur ses enfants adorés.

Tournant la tête vers Désirée, elle admira le profil racé et délicat de sa fille. Elle la rendait fière. Elle avait l’étoffe d’une reine et elle le serait un jour, une fois débarrassée des derniers voiles de l’enfance. Encore faudrait-il s’assurer que Vainqueur ne la tienne pas trop sous sa coupe, qu’elle demeure une opposition forte et un réel atout dans son jeu.

Quand elle lui demanda quoi faire, la mère éplorée et néanmoins lucide esquissa l’ombre d’un sourire. Penchée sur son fils qu’elle refusait de sacrifier à la gloire des Loinvoyant, elle repoussa une mèche dorée qui était retombée sur son front. Comme il ressemblait à Vaillant, songea-t-elle, et qu’il était curieux que personne ne l’ait jamais soupçonné.

- Ce que tu dois faire ? Mais absolument rien, ma chérie, répondit-elle alors tranquillement. Tu vas prier pour le rétablissement de ton frère et t’assurer qu’il reçoive les meilleurs soins, comme je le fais. Puis tu retourneras auprès de ton mari sans haine ni rancune et tu ne lui laisseras rien voir de tes sentiments envers sa fille. Tu dois être son soutien le plus fidèle afin qu’il devienne le tien.

Elle ferma les yeux un instants comme si elle hésitait sur la suite, mais les rouvrit finalement et en fixa l’acier déterminé sur le beau visage si malmené de son fils.

- Et surtout, tu vas t’assurer qu’il te fasse des enfants très vite. Et beaucoup. Sois une épouse complaisante et docile, et fais ce que l’on attend de toi.

Attaquer de front la fille adorée de Vainqueur ne mènerait qu’à un conflit qu’elle ne pouvait pas gagner. Mais se rendre indispensable et multiplier les options plus faciles pour le Roi était une possibilité réelle. Le caractère emporté et fantasque d’Aimée aurait tôt fait de la conduire sur la voie de la disgrâce. Elle serait son propre bourreau. Elle l’était déjà depuis qu’elle s’était déclarée adepte de la magie des bêtes.


Dernière édition par Chiara Lunabille le Lun 4 Jan - 23:45, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Tragédies de famille. [PV Chiara et Vérité Lunabille]    Tragédies de famille. [PV Chiara et Vérité Lunabille]  I_icon_minitimeVen 1 Jan - 20:36

Exploser, c'était cela qui lui vint à l'esprit quand Chiara Lunabille exposa calmement le plan auquel elle prédestinait sa fille cadette, comme s'il avait s'agit d'une évidence. En quémandant les conseils de sa mère, femme de pouvoir s'il en était, elle aurait du en prévoir la teneur... figure de pouvoir, épouse, contestataire, elle avait été -et était toujours- bien des choses, mais jamais irréfléchie. Cela voulait-il dire que c'était à cette fin que la duchesse vouait son dernier enfant ? A la vie patiente et féconde d'une génisse royale, dont l’indéfectible soutient pour son époux finirait par jouer en sa faveur ? Mais que lui resterait-il, à elle ? Désirée, effacée derrière le plan d'une vie... Fallait-il réagir ? Crier son indignation, sa volonté d'être plus qu'une pièce sur l'échiquier de la monarchie, plus que « la femme de » ou « la mère de »... Jouer, pour toujours, ce petit jeu de dupe jusqu'à dans sa plus stricte intimité, était-ce cela qu'on lui demandait ? Ignorer les comportement fantasque d'Aimée, parce que ce n'était pas « digne d'une reine » ? Mais n'était-ce pas digne d'une sœur de s'insurger devant le corps meurtri de son frère ?
Pourtant la duchesse, elle, malgré ses yeux rougis, restait d'une dignité exemplaire. La chute de Vérité, si elle l'avait atteinte, n'avait en rien mis à mal ses ambitions... Alors que Désirée s'imaginait déjà accuser sa belle-fille d'avoir mis le frère de la reine en danger, quitte à s'opposer au roi et faisant fi de ce que cela lui coûterait, leur propre mère l’exhortait à n'en rien faire. Ne rien faire, et donner de beaux enfants qui ne seraient jamais rois...

« Et s'il ne se réveillait jamais ? » En lâchant la main de Vérité, elle s'était levée et ainsi dégagée de la chaleur de sa mère. Le contact chaud et réconfortant était devenu insupportable « Dois-je en conclure, mère, que nous ne sommes que des instruments ?  Celui-ci est peut-être cassé, et cela ne doit pas vous empêcher d'en user d'un autre n'est-ce pas ? » C'était incroyablement injuste, ou du moins ce n'était pas tout à fait vrais... Chiara aimait son fils, comme sa fille, elle l'avait prouvé mainte et mainte fois de manière visible, ou invisible. La mère avait soutenu ses enfants, les avait bordés et soignés lorsqu'ils étaient malades, entourés de la chaleur réconfortante des parents lorsqu'ils étaient tristes... Mais ses ambitions, bien que voilées, n'en avaient pas moins transparu dans son éducation. La scène qui se jouait alors en était un parfait exemple. Il était alors impossible pour Désirée de débrouiller l'amour maternelle des desseins de la duchesse... Tout en faisant le tour du lit, la jeune reine sentit ses joues s’empourprer, il était rare -si jamais cela été déjà arrivé- qu'elle s'oppose ainsi aux volontés maternelles. Bien sur elles s’étaient déjà accrochées sur le choix d'une robe pour un bal, ou d'une eau de toilette trop capiteuse pour une adolescente, mais jamais sur de tels sujets « Je suis pas une génisse, et Vérité n'est pas une poupée de chiffon. Tout cela est parfaitement inacceptable, que doit-il se passer pour que nous réagissions enfin ? »
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MessageSujet: Re: Tragédies de famille. [PV Chiara et Vérité Lunabille]    Tragédies de famille. [PV Chiara et Vérité Lunabille]  I_icon_minitimeMar 5 Jan - 0:16

Chiara sentit parfaitement que sa fille était tout près de sortir de ses gonds. Sa colère était montée en puissance depuis qu'elle était entrée dans la chambre de Vérité et ne demandait plus qu'à s'exprimer désormais. Mais la duchesse ne la laisserait pas faire. Ou en tout cas, pas n'importe comment. Que Désirée ait besoin de relâcher la pression, elle pouvait le comprendre. Elle était même très bien placée pour cela. Mais elle ne pouvait pas faire n'importe quoi, n'importe comment. Quoi qu'elle en pense, sa place sur le trône était encore fragile et il suffirait d'un rien pour que Vainqueur se débarrasse d'elle, que ce soit en la répudiant ou en l'expédiant simplement dans un lointain domaine où elle coulerait des jours solitaires, inutiles et désespérants.

Loin de s'emporter, refusant de se laisser entraîner sur ce terrain glissant alors qu'elle avait passé des années à perfectionner l'art de tout maîtriser sans jamais laisser déborder ses émotions, elle resta calme et silencieuse pendant que sa fille se levait et s'agitait en tous sens. Elle attendit sagement que sa diatribe vengeresse s'achève puis elle bougea enfin. Portant à ses lèvres la main inerte de son fils adoré, elle en baisa le dos avec ferveur pendant que sa main libre revenait caresser son front et en écarter quelques mèches dorées. On aurait cru qu'elle s'excusait de devoir le lâcher pour s'occuper de sa capricieuse petite sœur qui tapait du pied et réclamait son attention.

Enfin elle se leva et approcha de sa fille, la toisant avec calme, sans colère ni la moindre condescendance. Elle avait tout naturellement noué ses mains dans son giron dans une position très convenable à la Cour et sans doute très guindée pour la chambre de son fils et pour cette conversation. Ancrant son regard à celui de Désirée, elle commença par corriger un point qui lui semblait absolument essentiel.

- Vérité se réveillera. Je t'interdis de penser qu'il puisse en être autrement.

Elle avait entendu les récrimination s de sa fille. Elle savait qu'elle passait pour dure et manipulatrice mais c'est un reproche qui la blessait davantage dans la bouche de sa fille que lorsqu'il était murmuré par des courtisans jaloux. Ses doigts noués se resserrèrent un instant, comme crispés, puis elle se força à les détendre à nouveau.

- Et que voudrais-tu faire exactement ? Demander à ton tout nouveau mari - et ton roi - des comptes au sujet d'un accident dont sa fille adorée ne sera jamais considérée comme responsable mais bien victime ?

À aucun moment elle n'avait élevé la voix. Son ton ne s'était même pas durci, restant celui de la mère douce et compréhensive qui enseignait ce qu'elle savait à sa fille. Elle scrutait son regard, y cherchant l'étincelle d'intelligence qu'elle connaissait et avait encouragé depuis son plus jeune âge. Hors d'elle à cause de son angoisse, Désirée allait revenir rapidement à la raison et considérer les choses avec lucidité. Elle l'espérait.
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