L'horizon, là où les destins se fondent. [Aimée]

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Lorsqu'il ouvrit la bouche, un petit nuage vaporeux s'éleva dans les airs. Espoir observa les volutes disparaitre à travers le ciel gris, ébloui durant quelques instants par la luminosité bien claire en ce matin d'automne.
L'été n'était plus et l'écume brassée aux crêtes des vagues en contrebas ne le contredirait pas. Engoncé dans son épaisse bure bleue de cerf, le jeune homme frissonna un moment avant qu'un léger sourire se dessine sur ses lèvres pleines.
L'hivers serait bientôt là et avec lui la nostalgie de son chez lui. Qu'il s'agisse des Montagnes ou bien de Béarn, le jeune Loinvoyant préférait depuis toujours les neiges et le frimas à la lourdeur de l'été.
Sans compter que les côtes déchainés les préservaient des attaques barbares.
Il aurait tout ce nouvel hivers pour s'y préparer et être opérationnel dès le printemps.

Alors, dès qu'il serait temps, il demanderait à se rendre chez lui, comme il l'avait promis à sa mère afin de l'aider à surveiller et surtout défendre leurs terres, au nom du Roi.
Quitter Aimée pour plusieurs mois lui semblait être un crève-coeur mais ce serait nécessaire pour la suite.
Au fond de lui, la magie bouillonnait, avide de le laisser déployer ses techniques afin de repousser l'ennemis. Il voulait faire ses preuves, pour Maitresse Vatis mais aussi pour les siens, pour leur prouver à tous qu'il était capable de grande chose, tout bâtard qu'il était.

Fermant les yeux, il chercha un instant à se concentrer afin de se plonger dans la magie, à défaut du fleuve d'Art. Il n'arrivait cependant pas à se sentir serein, quelque chose dérangeait sa concentration tel un agacement latent qu'il n'arrivait pas à exprimer.
Il rouvrit les yeux en soupirant puis souffla sur ses doigts pour les réchauffer. Depuis combien de temps n'avait-il pas bouger ? Ses extrémités semblaient congelées.

Un bruit de pas attira son attention et il détourna le visage, ses cheveux emportés par le mouvement plutôt que par la bourrasque automnale qui avait menacé depuis le levé du soleil.
A la chevelure flamboyante, il n'eut aucun mal à reconnaitre Aimée mais il plissa doucement les yeux, quelque peu surpris de la voir si matinale.

- Bien le bonjour Reine-Servante, lança-t-il à son amie d'un ton avenant. Que me vaut cette rencontre aux remparts ? Aurais-tu chu de ton lit ?

Alors, son sourire s'étira en coin avant qu'il ne relève sa capuche pour se protéger du froid naissant.

L'automne était arrivé d'un coup avec un vent glacé du nord charriant dans son sillage des nuages bas et menaçant. Même si elle était généralement matinale, il était devenu difficile de se lever avant l'aube grise et froide. Pourtant ce matin-là, elle n'avait eu aucun mal. Peut-être parce qu'elle n'avait pratiquement pas fermé l’œil de la nuit. Partagée entre appréhension et excitation, elle cherchait comment organiser au mieux son voyage et surtout comment s'assurer qu'Espoir ne lui refuserait pas de l'accompagner.

Levée avant le soleil donc, elle s'habilla selon son habitude et se couvrit d'une cape fourrée dont elle rabattit le capuchon sur sa tête avant de quitter ses appartements. Guidée par son instinct et son Art, elle descendit en passant par les cuisines pour chiper des pains à la cannelle puis sortit dans la grande cour et se glissa jusqu'à la poterne nord. Une fois sur les remparts, elle accéléra le pas pour se réchauffer et tenter d'échapper au vent qui lui rosissait les joues malgré sa capuche.

Elle n'eut même pas besoin de chercher mais elle ne s'en rendit même pas compte. Trouver Espoir quand elle voulait le voir était quelque chose de naturel depuis toujours. À tel point qu'elle était toujours surprise quand les gens ne parvenaient pas à se retrouver. Quand apparut la silhouette de son ami, elle se détendit quelque peu et ralentit le pas, rassurée de l'avoir trouvé, même si elle n'en avait pas douté réellement. Son salut léger et distrayant la fit sourire.

- Bien le bonjour, Maître Loinvoyant, sourit-elle en lui tendant l'un des petits pains.

Tournée vers l'horizon, elle promena son regard sur les vagues dont la crête blanchissait sous les assauts du vent marin. Être auprès de son ami, même en ces circonstances, était la chose la plus agréable qui soit. Son sourire n'avait pas disparu.

- J'ai réfléchi toute la nuit. Je dois te parler de quelque chose.

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Aimée ne releva pas sa plaisanterie mais le sourire qu'elle arborait montrait bien qu'elle l'avait saisie. Il attrapa le petit pain qu'elle le tendit et mordit allègrement dedans sans se départir de ce même sourire espiègle. Tous deux tournés vers l'horizon, la bouche pleine d'un met sucré et délicieux, debout côte à côte, voilà à quoi devait ressembler l'avenir songea Espoir.
Lorsque Aimée serait Reine, lorsque les pirates auront été bouté hors des Duchés, alors ce même horizon serait contemplé avec sérénité.
Peu lui importait les assaut du vent, des vagues et du froid, il ne voyait que la lumière au bout du chemin.
Convaincu par ses propres pensées, il s'apprêtait à en faire part à son ami lorsqu'elle reprit la parole, d'un ton bien plus sérieux. Trop sérieux à vrai dire.
Inquiet plus qu'intrigué, son sourire s'effaça, balayé par l'attitude de Aimée.

- Ca à l'air grave, se contentât-il de répondre en fronçant les sourcils.
Et pourtant, elle souriait toujours. Par Eda que lui cachait-elle ? Achevant son petit pain en mâchant puis avalant le reste, il ajouta :

- Je t'écoute.

L'agitation qui émanait d'elle n'augurait rien de bon et naturellement, il se méfia de la suite. Aimée n'était pas la dernière pour les mettre dans des situations impossibles et lui aurait fallut plusieurs vélins afin d'en dresser la liste rien que sur les cinq dernières années.
Pourtant la lueur qu'il remarqua dans ses pupilles lui laissa à penser que tout ceci n'était rien en comparaison avec ce qu'elle s'apprêtait à lui dire.

Le ton était sérieux mais pas son visage qui gardait son expression souriante et quelque peu facétieuse. Même si elle était venue retrouver son ami sur les remparts à cette heure matinale pour une raison précise, elle appréciait le moment à ses côtés.

- Pas grave. Important.

Elle tripotait son petit pain mais ne l'avait pas encore entamé, cherchant les mots les mieux choisis pour expliquer ce qu'elle voulait à Espoir. Finalement, elle se décida pour la franchise un peu brutale qui la caractérisait la plupart du temps. Tourner vers son ami, elle s'appuya au garde-corps comme si de rien n'était.

- Mon père m'envoie à la frontière chalcédienne pour tenter d'Artiser mon grand-père.

Son sourire s'était fait plus incertain soudain car elle réalisait qu'elle ne pouvait plus forcer son ami à se plier à ses quatre volontés comme quand ils étaient enfants. Elle ne le voulait plus non plus. Ce qu'elle voulait, c'est qu'il ait envie de l'accompagner, de rester à ses côtés pendant ce moment important de sa vie. Baissant les yeux sur le petit pain martyrisé entre ses doigts, elle se mordilla la lèvre puis se lança d'un coup.

- Tu viendrais avec moi ?

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Important.
Espoir chercha ce à quoi Aimée pouvait bien faire référence. Il n'eut pas le souvenir de l'avoir déjà ne serait-ce qu'utiliser ce mot. Important.
Était-il arrivé quelque chose à sa soeur ? A ses parents ? Non, Aimée serait arrivée en courant et en larmes. Avait-elle tenté de parler à son père au sujet de leurs fiançailles et le Roi l'avait congédiée ?
Il se frotta le visage d'une main, comme pour se débarrasser de ses idées grotesques, sinon paranoïaques.

La voir ainsi martyriser son petit pain ne le rassurait en rien. Par El, allait-elle enfin lui dire ce qui l'amenait si tôt ce matin ou bien le laisserait-elle mourir d'angoisse ?
Enfin, elle se tourna dans sa direction et lui lâcha avec franchise le motif de sa venue.
Espoir faillit s'étrangler.

- Artiser Hobes ?
Le grand-père ne possédait même pas l'Art ! Quelle drôle d'idée...
Vainqueur était bien placé pour savoir qu'artiser ne permettait pas de communiquer avec des individus étrangers à la magie.
S'agissait-il d'une délégation masquée ? Il se détourna doucement d'elle afin de se perdre dans l'horizon, en proie à de furieuses réflexions concernant cette étrange mission. Le voyage durerait plusieurs mois, était-ce bien raisonnable de laisser la Reine-Servante loin de son Duché si longtemps ? Qui l'accompagnerait ? Serait-ce une suite au complet ? Serait-elle en sécurité ? Certainement pas.
Au moins pouvait-il se consoler en se disant qu'ils pourraient se contacter par le biais de la magie, ce serait même un excellent entrainement.
L'idée de ce voyage lui sembla subitement moins pénible et il se ragaillardit légèrement, du moins, jusqu'à ce qu'elle ne lui demande de l'accompagner.

Il se tourna à nouveau vers elle, stupéfait, la bouche ouverte comme un poisson hors de l'eau.

- Tu es sérieuse ? lança-t-il spontanément. On parle d'un voyage de plusieurs mois là. Quels sont les détails ? Prendras-tu une suite ? Une escorte digne de ce nom pour te protéger durant ce périple ? Sans compter que notre départ à tous deux nourrirait des rumeurs innommables sur la consommation d'un mariage non prononcé (et il s'empourpra à ses propres mots), que le clan d'Art se verrait dépouiller de deux artiseurs d'un coup, que...je dois rentrer en Béarn pour mon anniversaire...mon père l'a exigé...

Il soupira, délaissant la panique un court instant pour reprendre un souffle plus posé et puis, soudain, il demanda :

- C'est quoi la vraie raison de ta visite en Chalcèdes ? Qu'est-ce que ton père...le Roi, manigance ?

L'expression d'Espoir ne laissait aucun doute quant à la manière dont il avait accueilli la demande de son amie. De la plus pure stupéfaction, il passa presque immédiatement à l'énumération des multiples raisons qui l'empêchaient de l'accompagner. Elle comprit sur l'instant qu'elle avait commis une erreur en pensant qu'il l'accompagnerait volontiers. Et plus il parlait plus elle devait reconnaître qu'il avait de bonnes raisons de refuser.

Elle se détourna alors à son tour et baissa les yeux sur les restes torturés du petit pain entre ses mains rosies par le froid. Elle s'était empourprée à la mention des relations qu'on leur prêterait forcément s'ils voyageaient ensemble loin de Castelcerf, quelle que soit la suite qui les accompagneraient. Même si son père l'avait mise en garde, elle avait refusé de croire à cette vérité qui la frappait désormais comme elle venait de son ami de toujours.

- Tu as raison, soupira-t-elle. Je n'ai pas réfléchi.

Parce que la seule chose à laquelle elle avait pensé était qu'elle voulait son plus proche ami auprès d'elle. Elle avait seulement espéré ne pas être séparée de lui pendant plusieurs mois. Elle fit un petit geste vague de la main comme pour effacer sa sotte proposition et mangea une petite bouchée de ce qui restait de son petit déjeuner.

- Il y a des attaques à la frontière depuis... Depuis la mort de Maman. Et nous sommes sans nouvelles du clan Cardia. Officiellement je vais découvrir Haurfond et Castelorme ainsi que la frontière. Mais en vérité, je vais surtout chercher des réponses sur la situation en Chalcèdes. Au besoin, je dois rencontrer le clan auquel la Lunabille a vendu sa fille aînée.

Elle était ouverte et honnête, lui énonçant sans fard ni restriction ce qui était ressorti de sa conversation avec son père car elle avait une confiance absolue en lui. C'était comme se confier à son propre reflet dans le miroir. Jamais il ne la trahirait en révélant ses secrets.Et son Art était suffisamment puissant et maîtrisé pour protéger lesdits secrets.

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Avait-il blessé Aimée ? Certes, elle n'avait pas l'habitude qu'on lui refuse quoi que ce soit, son statut de princesse exigeait qu'on réponde à tous ses besoins mais Aimée n'en abusait jamais.
Entre son attitude et la manière dont elle torturait son petit pain, il comprit qu'il avait peut-être réagi avec trop de force.
Sa première réponse le rendit mal à l'aise. A aucun moment il n'avait pensé qu'elle agissait sans réfléchir même si Aimée était relativement impulsive. Il ne la jugeait jamais la dessus.
La seconde en revanche, lui fit d'avantage froncer les sourcils, interpellant son attention.
Cette mission diplomatique lui semblait relativement dangereuse. Oh il ne doutait en rien de la raison officielle mais il connaissait suffisamment Aimée pour savoir que officieusement, elle prendrait des risques, quitte à se rendre seule à la recherche du clan de son grand-père.

Il soupira à son tour et s'adoucit tout aussi vite.

- C'est dangereux, énonça-t-il calmement étant bien conscient qu'elle le savait déjà. Qui t'accompagne ? Pour les raisons citées avant, mon rôle ne serait pas de t'accompagner mais plutôt de rester ici afin d'établir un contact d'Art, l'entrainement serait parfait...mais...je ne peux m'empêcher de songer qu'il pourrait t'arriver quelque chose et je ne me le pardonnerais pas si je restais ici tel un couard...

Il osa un petit sourire en coin puis lui envoya une petite bourrade d'épaule avant de s'appuyer sur la pierre du rempart grâce à ses avant bras. Les doigts croisés, il observa un moment le Duché, réfléchissant à la suite.

- C'est la mission que ta donné le Roi, sa volonté donc. Et toi ? Que veux-tu faire ?

Alors il reporta son attention sur elle, plantant son regard sombre dans la lumière du sien.

Aimée se remit à sourire en comprenant qu'Espoir, malgré ses soupirs et ses dénégations, se rangeait à ses vues. D'une certaine manière du moins. Son sourire s'accentua alors qu'il la bousculait gentiment et elle se tourna à demi pour lui faire face comme il plantait son regard dans le sien, appelant une honnêteté sans fard comme elle était capable de lui donner.

- À la vérité, je sais que c'est toi qui as raison, reprit-elle en éparpillant les restes du pain par terre. Le bon sens veut que tu restes ici pour recevoir mes messages, l'entrainement serait excellent et le lien que nous avons favorisera tout ça.

Elle frotta ses mains l'une contre l'autre pour finir d'enlever les miettes qui y étaient restées collées.

- Mais quand je me suis figurée partir plusieurs mois loin de la maison, je n'ai pas imaginé une seconde que tu ne serais pas avec moi.

C'était aussi une manière de s'excuser de la brusquerie dont elle faisait parfois preuve sans le vouloir, attendant du monde qu'il se plie à ses désirs de princesse.

- Ce que je veux faire ?

Elle soutint son regard sans faiblir, son sourire se faisant plus futé.

- Rencontrer Hobes Cardia, bien sûr ! Il n'est pas question d'être aussi près de Chalcèdes sans tenter de découvrir le pays où est née ma mère.

Baissant les yeux un instant, elle hésita un peu avant d'énoncer la suite.

- J'ai aussi pensé que ça te rapprocherait des Montagnes...

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Espoir ne doutait pas une seule seconde qu'Aimée n'ait sérieusement réfléchi à la question de ce voyage. Même si elle lui avait demandé de l'accompagner, il savait pertinemment qu'elle avait pesé le pour et le contre, qu'elle avait dû se sentir tiraillée entre son devoir de Reine-Servante et la force de leur lien.
Lui-même se rendit compte qu'il avait réagi de manière bien trop impulsive. Il aurait dû garder son calme et essayer d'en apprendre un peu plus.
Aussi, reprenant le contrôle de la situation tout comme de son souffle, il cherchait à présent à comprendre ce qui poussait vraiment Aimée à se rendre sur place. Il en avait déjà une petite idée, il devait bien se l'avouer. Mais il préférait toutefois entendre la vérité de la bouche de son amie.
Après l'apaisement, après les sourires et le contact amical, il fallait à présent démêler le fil de cet avenir incertain, loin de Cerf.

Aimée se tourna vers lui et accrocha son regard. Sans surprise, elle confirma ses pensées et il ne put s'empêcher de sourire d'un air un peu goguenard lorsqu'elle lui signifia ne pas s'imaginer partir sans lui. Il effaça bien vite cette expression sur son visage, gardant pour lui le plaisir de se savoir si indispensable. En réalité, cela lui faisait très plaisir, même si Aimée n'était pas avare d'attentions envers lui, aussi bien par les mots que par les gestes, il en ressentait une profonde fierté. Parfois, il regrettait même de ne pas être capable d'être lui aussi, si clair dans son comportement et ses sentiments.
Heureusement, Aimée réfléchissait à sa dernière question et ne remarqua rien. Devait-il rire ou bien s'offusquer de sa volonté d'explorer Chalcèdes ? Il comprenait parfaitement l'idéal qu'elle imaginait, au risque d'oublier qu'on ne la laisserait pas déambuler à sa guise, encore moins s'il était advenu quelque chose de fâcheux au clan Cardia.
Sa bouche s'ouvrit pour le lui dire, pour tenter peut-être de calmer l'enthousiasme dont elle faisait preuve mais elle lui coupa l'herbe sous le pied lorsqu'elle parlât des Montagnes. Lui aussi rêvait de partir à la recherche de ses origines et il fut touché qu'elle s'en préoccupe.

- Merci de t'en soucier, lui lança-t-il avec un sourire tendre. Mais les Montagnes attendrons car le temps nous manque...En revanche, je pense que tu te fais un peu trop d'idées sur Chalcèdes...C'est dangereux là-bas, ce ne sera pas une partie de plaisir ni de s'y rendre, ni d'y chercher des indices sur le silence de ton grand-père. Et puis...voyager avec les Lunabille ? Vérité sera là ?

Il n'envisageait pas de partir en voyage avec ce dernier pour des raisons qui lui échappaient encore. Pourquoi cette délégation diplomatique lui faisait plus penser à un mauvais voyage à la finalité douteuse ?

Revenant à l'horizon, Aimée plissa les yeux comme si elle essayait d'y lire son avenir. La question qu'elle avait posée à son père la taraudait. Elle avait eu tort de la lui poser et il l'avait mal pris mais une part d'elle ne pouvait s'empêcher de croire, même un tout petit peu, qu'il l'éloignait de Castelcerf pour laisser à sa nouvelle femme le temps de s'installer paisiblement. Elle refoula une fois encore ce déplaisant problème pour ne pas se laisser miner et se concentra sur Espoir.

- Si tu dois être rentré à Castellonde pour ton anniversaire, ce sera trop court pour les Montagnes, oui.

Elle en était désolée mais aussi un peu soulagée car elle savait ne pas pouvoir l'accompagner au bout de cette quête, pas avec ce qui pesait sur ses propres épaules. Égoïstement, elle ne voulait pas être séparée de lui aussi longtemps ni qu'il fasse des découvertes aussi importantes sans qu'elle soit à ses côtés. Quant à sa propre recherche de racines...

- Je sais que Chalcèdes n'est pas un jardin paisible. Je sais que je n'y serai pas en sécurité, même en tant qu'Aimée Loinvoyant. Surtout en tant qu'Aimée Loinvoyant, ajouta-t-elle après un temps de réflexion.

Elle baissa les yeux sur ses mains jointes sur la pierre froide du rempart et laissa échapper un léger soupir.

- Honnêtement, je suis soulagée de m'éloigner quelques temps mais je crains aussi ce qui se passera en mon absence.

En réalité, la possibilité que Chiara Lunabille ait arrangé ce voyage dans le but de l'éliminer du tableau pour laisser la voie libre à sa fille lui avait traversé l'esprit. Mais elle ne pouvait pas croire que quelqu'un soit aussi retors. Par ailleurs, faire disparaître la Reine-servante ne serait pas suffisant puisqu'elle avait encore deux frères en capacité de prendre sa suite en tant qu'héritier du trône.Mais peut-être était-ce ce qu'elle voulait ? Peut-être les Lunabille pensaient-ils pouvoir manipuler plus facilement Prospère ou Chance ? Et si son père venait à mourir ? Cette pensée lui glaça le sang et un frisson remonta le long de son échine.

- Si tu viens, Vérité devra rester, ce serait trop risqué pour le Clan sinon. Mais de toute façon, je ne crois pas qu'il ait très envie de voyager avec sa mère ni de retourner en Rippon.

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Espoir écouta attentivement Aimée. Au fil de ses paroles, il reporta son regard sur l'horizon, pensif. Son esprit analysait chacun des mots de la jeune femme, envisageait chaque possibilité et surtout chaque conséquence qui y serait associée. Il se sentit tiraillé entre envies et devoirs tout en sachant qu'il n'existait aucune solution satisfaisante pour l'un ou pour l'autre.
Ses doigts se crispèrent sur la pierre et il poussa un profond soupir suivi d'un grognement de dépit.

- Rhaaa...tu ne me facilites pas la tâche, comme toujours, finit-il par répondre.

Il supposait peut-être à juste titre qu'Aimée voudrait une réponse immédiate mais était-il capable d'être aussi ferme et de ne pas revenir sur sa décision par la suite ? Depuis toujours elle finissait par le faire céder à ses moindres volontés. Cette fois-ci, il voulait rester le seul décisionnaire et en assumer les conséquences.
Il lui jeta un regard de biais avec le sérieux qui le caractérisait. Là, il n'était plus question d'une simple discussion entre amis sur les remparts, on parlait d'une mission, d'une délégation. Sa sagesse lui soufflait de prendre le temps de la réflexion afin de peser le pour et le contre. S'il n'était pas présent pour son anniversaire, son père adoptif lui rendrait la vie impossible à lui ou à sa mère et il ne voulait pas être responsable d'un malheur supplémentaire pour cette dernière. Sa simple existence était un malheur suffisant.
Mais si son père avait exigé, Espoir ne s'était pas encore rangé à obéir aveuglément. Il voulait être davantage respecté.

Plongeant son regard noir dans l'acier de l'héritière, il finit par détourner les yeux, les accrochant à la lueur de l'horizon.

- Si je devais suivre mon cœur, commença-t-il, tu sais très bien que je te suivrais au bout du monde. Mais...cette séparation pourrait aussi être un atout pour nous. Elle permettrait de renforcer notre lien d'Art et de s'assurer que notre magie fonctionne bien à distance en prévision de l'avenir. Je pourrais être ton relais ici tout en m'assurant que durant ton absence, rien de fâcheux n'arrive. Je serais tes yeux et tes oreilles au château et te soutiendrais à distance. En revanche, j'exige qu'une personne de confiance t'accompagne et si tu n'as aucun nom à me soumettre, alors j'en proposerais un que j'aurais choisi.

C'était ce qui lui semblait le moins risqué. Aimée et lui resteraient en contact chaque jour, renforceraient leur lien grâce à la magie. Lui serait rassuré de la savoir entre de bonnes mains, il lui faudrait une personne loyale et suffisamment forte pour la protéger là-bas. Et subitement, il sut qui envoyer si elle n'avait personne à lui soumettre.

Les yeux navigant entre l'horizon, ses mains nouées ou le gris des remparts, elle laissa à Espoir le temps de répondre comme il le désirait. Elle ne voulait pas croiser son regard en cet instant pour éviter qu'il y lise quoi que ce soit qui pourrait influencer sa décision. Elle voulait qu'il se ente libre de lui répondre selon ses propres désirs, non selon le caprice de la princesse. Sans le forcer à donner une réponse immédiate, elle ne pouvait s'empêcher d'en espérer une néanmoins.

Les arguments qu'il avançait étaient non seulement valides mais également raisonnables, bien plus que ce que son cœur lui dictait en général. Elle y reconnut la lucidité de l'esprit de son ami qui contrebalançait toujours l'impulsivité de son propre cœur et elle en fut absurdement heureuse et émue. Même si son premier mouvement serait toujours de garder Espoir au plus près d'elle, elle était finalement soulagée de laisser quelqu'un de confiance derrière elle, quelqu'un qui empêcherait que son absence soit l'occasion pour le reste du monde d'apprendre à vivre sans elle.

Hochant la tête, elle serra une dernière fois ses mains l'une contre l'autre puis se tourna vers le jeune homme en souriant, plus détendue à présent que les choses étaient revenues à leur juste place. Elle pointa un index inquisiteur sur le front de son ami et tapota entre ses yeux avec malice.

- Tu penses déjà à quelqu'un, dis-moi qui.

Car il ne s'agissait pas de Vérité, elle en aurait mis sa main au feu.
Dans sa tête, les plans et listes de choses à faire et prévoir prenaient déjà forme. Tout se bousculait très vite et semblait désordonné, mais avant la fin du jour, tout serait parfaitement en ordre.

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Espoir avait appréhendé la réaction de Aimée car il la savait spontanée et surtout, entêtée. Pourtant, lorsqu'elle lui offrit sa pleine attention, il sut qu'au delà de son amie, se tenait la reine servante.
Elle souriait, presque soulagée. Leur lien était presque effrayant. Comme une extension l'un de l'autre, ils s'accordaient toujours à merveilles, peu importait les situations. Espoir n'avait pas le moindre souvenir d'une quelconque dispute entre eux. Leurs avis se rangeaient toujours côtes à côtes comme s'ils se complétaient l'un l'autre.
Il ferma les yeux, de peur qu'elle ne lui mette le doigt dans l'oeil mais elle se contenta de lui tapoter le front de manière inquisitrice.

Fronçant les sourcils, amusé, un léger sourire en coin étira ses lèvres.

- En effet, assura-t-il en reprenant son sérieux. Mais j'ignore encore si ce serait possible.

Sachant qu'il détenait toute son attention, il marqua une pause théâtrale avant de reprendre :
- Outre le fait qu'il soit un bon combattant, j'ai toute confiance en lui et cela me rassurerait grandement de le savoir à tes côtés à ma place.

Bien meilleur épéiste que lui, bien meilleur bagarreur, Espoir ne le surpassait qu'en équitation. L'homme était déjà mûr, suffisamment pour protéger une personne de manière efficace grâce à son expérience sans pour autant avoir perdu sa fougue de guerrier.

- Ce bon vieux Taebryn, annonça-t-il enfin dans un murmure entendu. Mère sera forcément d'accord, ne serait-ce que pour s'assurer que ton trajet se passe sans encombre. J'ignore pourquoi mais je la trouve comment dire...méfiante envers les Lunabille.

À deux doigts de trépigner comme une enfant alors qu'Espoir faisait durer le suspens volontairement, Aimée se contint toutefois. Dès la fin de ses premières indications, elle comprit. Le nom apparut dans sa tête et un sourire en coin jumeau de celui de son ami vint étirer ses lèvres.

- Taebryn, murmura-t-elle en même temps qu'il lui annonçait le nom du garde du corps béarnais.

Son sourire s'élargit comme elle hochait la tête, réfléchissant à toute vitesse, les yeux dans le vague. Le choix était simplement parfait et serait un lien concret supplémentaire pour elle avec Espoir, comme si elle emportait un souvenir de lui, un vêtement ou un bijou lui appartenant. Curieuse pensée, largement déshumanisante pour le soldat, mais pleinement innocente de la part de la Reine-servante.

- C'est une excellente idée, approuva-t-elle. Et au moins mon père ne pourra plus faire de sous-entendus scabreux sur le fait que nous voyageons ensemble toi et moi.

Le projet étant approuvé, elle l'intégra au reste de son programme et passa directement à la mise en œuvre.

- Assure-toi d'abord de l'accord de ta mère, par acquit de conscience. Dès que tu l'auras, je l'imposerai à mon père.

Revenue au présent, elle se fit plus sérieuse un instant et hocha la tête, en pleine réflexion cette fois.

- Je crois que les Lunabille ont leurs propres projets et entendent les mener à bien, qu'ils soient en accord ou non avec ceux de mon père et les miens.

Se remettant face à l'horizon, elle posa les mains sur le rempart mais les retira rapidement à cause du vent frais qui refroidissait la pierre et ses doigts avec.

- Chiara Lunabille a toujours été plutôt du genre indépendant et ambitieux. Je soupçonne que le duc s'est désintéressé des affaires du duché depuis bien longtemps et qu'elle le mène à sa guise. C'est à cause du mariage de Sérénité Lunabille que Rippon a été scindé en deux et Haurfond créé sur la frontière après la guerre. Il fallait créer une zone tampon avec les terres gagnées et remettre les Lunabille à leur place.

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Sans grande surprise, Aimée approuva le choix du béarnois pour l'accompagner. Espoir hocha la tête, approuvant ainsi la mise en oeuvre de son amie dans l'élaboration de leur projet. Sa mère ne pourrait qu'approuver, encore plus si cela lui permettait de rester en Cerf plutôt que d'aller courir le monde.
Il ne put réprimer son sourire face à l'attitude de Aimée, cette façon qu'elle avait d'imposer ses choix à son père l'avait toujours amusé.
La Reine-servante n'en faisait qu'à sa tête même si elle était consciente des limites gagnées. leur mariage par exemple n'avait pas encore été placé sur la table mais Espoir ne doutait pas une seule seconde que Aimée se battrait bec et ongles pour leur liberté à tous deux.

Lorsqu'elle reprit une apparence plus grave, il plissa doucement les yeux, convaincu que la discussion allait bientôt prendre une autre tournure.
Sa prédiction se révéla exacte tandis que la jeune femme mentionnait les Lunabille et ce qu'elle soupçonnait.
A son tour, il se mura dans un silence concerné et réfléchit à la situation.
Cette famille était partout... Rippon par leurs origines, Bauge par l'union du fils Songe, Haurfond par la promesse d'union de Vérité, union avec Chalcèdes, Cerf par le mariage avec le Roi. Seul Béarn semblait éviter l'intrusion pernicieuse de cette ambitieuse famille.
Sa mère se méfiait de Chiara Lunabille sans qu'il n'en connaisse la raison. Peut-être devrait-il aborder la question ?

- Raison de plus pour être vigilants quand à ta sécurité. Si la Reine donne un héritier à ton père, ta vie et celle de tes frères peuvent être placées en danger. Je n'irais pas jusqu'à crier au complot mais à bien y réfléchir...

Il baissa la voix et s'assura qu'ils étaient encore seuls ici.

- C'est assez intriguant de se rendre compte qu'ils sont sur tous les fronts...Je me demande bien ce que Mère en pense...

Laissant son esprit méditer quelques secondes sur cette idée, son regard s'éloigna vers l'horizon.

Comme Espoir mettait des mots sur une crainte qui existait en elle depuis l'annonce du remariage de son père mais qu'elle n'avait jamais osé formuler, Aimée observa un silence presque religieux. Elle n'avait encore jamais autorisé ces pensées à se formuler clairement dans sa tête, encore moins à franchir ses lèvres. Baissant les yeux, elle garda elle aussi un ton de voix bas et mesuré pour répondre.

- Intrigant, oui. Inquiétant,aussi. Je me demande ce que la Lunabille aurait fait si sa fille n'avait pas séduit mon père.

Car même si elle pouvait croire à la sincérité de son père dans sa quête désespérée d'une épouse en remplacement de celle qu'il avait perdue prématurément, elle ne doutait pas une seconde que Chiara Lunabille avait son propre plan depuis de très longues années.

- Ta mère connaît le passé, même si elle ne nous en a pas beaucoup parlé. J'aimerais beaucoup savoir ce qu'elle sait et ce qu'elle pense de tout cela.

Sa voix s'était faite plus lointaine, songeuse. Elle tentait de placer les pièces sur l'échiquier géant qui occupait son esprit, celui du pouvoir et de la politique, du présent et de l'avenir. Mais il y avait plus important encore à ses yeux, et pour cela, elle ne pouvait compter que sur son meilleur ami, sur sa deuxième moitié. Lui seul avait sa confiance absolue.

- Quand je serai partie, ce sera à toi de veiller sur ma famille.

Elle ne voulait pas se montrer déloyale envers son père ni sous-entendre qu'il ne remplirait pas son rôle de chef de famille et de Roi, mais elle n'était pas naïve au point de croire que ses priorités ne pouvaient pas changer. Si la dernière épouse se trouvait enceinte, elle savait ce qui se passerait dans sa tête et à quel point elle devrait alors protéger sa place et celle de ses frères. C'est pourquoi, si impatiente qu'elle soit d'entreprendre ce voyage qui avait tout du rite initiatique, elle ne s'en montrerait pas moins d'une extrême prudence. La folie du Roi, de son propre père, avait éveillé en elle une méfiance et une dureté qu'elle ne se connaissait pas la mort de sa mère.

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Espoir hocha la tête à chaque affirmation de Aimée. Intriguant, oui, inquiétant, aussi.
Qu'aurait fait Chiara Lunabille si sa fille n'avait pas séduit le Roi ? Il en avait bien une petite idée. Nul doute que Vérité aurait été un prétendant sérieux pour la reine-servante. S'il grimaça légèrement à cette idée, il n'en montra rien à la jeune femme. Il savait pertinemment que ces deux là s'entendaient plutôt bien et il ne souhaitait pas interférer dans leur relation. Lui-même n'avait rien contre Vérité Lunabille, mais la propension de sa famille à l'ambition le rendait nerveux.
Ces gens là possédaient-ils des limites ?

Il poussa un profond soupir lorsque Aimée mentionna sa mère. Acuité Loinvoyant demeurait trop muette concernant le passé. Elle n'en parlait jamais. Lui qui avait toujours souhaité apprendre de sa bouche comment elle était parti guerroyer contre Chalcèdes si jeune, il se frottait depuis toujours à un mur de glace.
Elle restait évasive, éludait la discussion et aujourd'hui, il ignorait encore trop du passé de ses parents. Il n'osait pas plus en parler à son père adoptif. Ce dernier semblait fuir les souvenirs comme la peste.

A nouveau, il hocha la tête au souhait déguisé de son amie.

- Bien entendu, s'entendit-il répondre machinalement. Tu peux compter sur moi, je veillerais sur tes frères et si je le peux, sur ton père.

Le froid lui engourdissait les épaules et il s'étira longuement avant de reprendre.

- Je te ferais part de tout changement au château, cela sera aussi un excellent entrainement à notre magie. De ton côté, je te demande de me contacter aussi souvent que tu le peux et encore plus si tu ressens un quelconque danger. Promets moi de rester prudente surtout. Je ne me le pardonnerais jamais s'il devait t'arriver quelque chose.

Et sur ces mots, il lui offrit un sourire sincère et bourré de culpabilité. La désagréable sensation de ne pas honorer son devoir martelait ses tripes, pourtant, il ne pouvait non plus ignorer l'attrait incroyable que ces mises à l'épreuve de l'Art exerçaient sur lui.

Aimée hocha la tête gravement mais son coeur était plus léger qu’il n’y paraissait. Malgré les incertitudes et les inquiétudes, elle était heureuse de ce voyage et des perspectives qu’il lui offrait. Avec sa spontanéité coutumière et bien qu’elle sache parfaitement que cela pouvait embarrasser Espoir, elle se glissa contre lui et noua ses bras autour de sa taille. La tête contre son coeur, elle le serra dans ses bras un moment puis le relâcha et se recula, affichant sa mine habituelle, comme si elle n’avait pas froissé son espace personnel.

- Tout ira bien et nos liens seront plus forts que jamais.

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Espoir se crispa légèrement lorsque Aimée enroula ses bras autour de sa taille. Par Eda qu'il n'était pas à l'aise avec toutes ces manœuvres tactiles. Mais il s'agissait de la Reine-servante, sa meilleure amie, sa presque cousine et il se détendit autant que possible. Elle ne faisait que montrer son affection et il eut été ingrat et méchant de la repousser pour si peu, d'autant plus qu'ils étaient seuls avec personne pour commérer.
Il savait aussi, que l'étreinte ne durerait pas. Elle le connaissait suffisamment pour savoir que cela le rendrait mal à l'aise et lui rendrait vite sa liberté.
Il ne se trompait pas, elle le relâcha rapidement avant d'affirmer ce que son coeur savait déjà.

Effaçant le mal aise de son contact, il afficha à son tour un sourire naturel et hocha simplement la tête.

- Oui, assura-t-il pourtant. Nos liens seront inaltérables. Pour toujours.

Son regard se porta vers l'horizon et déjà son coeur sentait la hâte de pouvoir mettre à l'épreuve leur magie. Confiant, il soupira doucement, fort de cette brise matinale qui lui gelait pourtant les doigts et le reste de son corps à force de ne pas bouger.
Prenant les mains de Aimée dans les siennes, il les frictionna doucement, ignorant le froid et lui proposa :
- Et à présent rentrons nous réchauffer un peu, nous avons fort à faire pour réaliser nos espérances et nos projets.

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L'horizon, là où les destins se fondent. [Aimée]

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