Si Lune avait prêté une quelconque attention aux molosses, autrement que pour surveiller qu'ils ne lui sautent pas dessus... elle aurait pu remarquer la différence entre leur état d'excitation intense et cet apaisement soudain qui les avait pris. Pourtant, il ne fallait pas être sourd pour entendre la différence de volume entre avant et maintenant. Il fallait juste être très occupé. Ce qui était le cas de la forgienne qui cherchait une sortie dans ces murs désespérément poussiéreux et désespérément normaux...

Elle sursauta néanmoins et se retourna vivement, son cœur s'arrêtant un court instant sous le coup de la peur, quand l'un des chiens se mit à hurler à la mort. Un fantôme apparait alors à ses côtés, manifestation du cadavre prêt duquel il se trouve. Il s'agit apparemment de sa maitresse qui l'apaise du mieux qu'elle peut sous sa forme spectrale.
La blonde assistait à cette scène, les lèvres pincées, les mains appuyées contre le mur derrière elle. Rien de tout cela ne pouvait être vrai, rien ne pouvait être vrai, se répétait-elle. La fantôme semblait les remarquer et fixa particulièrement la brune qui semblait réussir à apaiser les chiens. Son clébard commença alors à balayer le sol de ses larges pattes ; quelque chose se découvrit sous lui.
Elle tenta un coup d’œil. Une planche, puis une autre. Si elles se trouvaient par terre, c'était assurément parce qu'il y avait quelque chose en dessous. La sortie, c'était forcement la sortie !! Le sésame tant espéré pour se carapater de cet endroit de fous où les fantômes côtoyaient leur version cadavérique au milieu de chiens venus de l'enfer du Grêlé, le tout dans la poussière et la pénombre la plus totale. De quoi faire de mauvais rêves pendant longtemps... si cela n'était pas déjà un cauchemar.

Tant pis pour la bête qui continuait de grattouiller la terre, tant pis si elle pouvait se rebeller contre elle ; Lune quitta la sécurité de son mur et se précipita sur l'emplacement mis au jour par le chien. Elle épousseta le sol à son tour, afin de se saisir des rebords d'un des planches. Tirant dessus, elle dégagea l'espace d'un tunnel.

" Dépêchons-nous mordieu ! "
Elle voulait sortir et à voir la rouquine se joindre à elle presque immédiatement, elle n'était pas la seule.


[HJ]Tant pis pour Taebryn, mais après 15 jours, je trouve normal de sauter son tour. D'autant que du côté de LSD je clôture tout le 30 juin.

Le spectacle dont ils furent tous témoins donna des frissons dans le dos de la pirate. Des fantômes, vraiment, encore, des putains de fantômes partout ! La maitresse des chiens visiblement. C’était le comble. La pirate voulait sortir et vite, ça portait malheur les fantômes, cet endroit était maudit !

La rousse louchait vers la femme à l’accent du sud. Aucun doute, vu comment les chiens fantômes réagissaient avec elle, c’était elle qui avait le vif, alors même qu’elle avait dit qu’elle ne savait pas ce que c’était. Peut-être bien que ça avait un autre nom, quand on dépassait Chalcède… La pirate ne s’en formalisa pas et se calma rapidement, abandonnant bien les côtés de leur ancien garde de fortune, aussitôt que l’un des chiens se mit à gratter le sol. Peut-être que finalement, ils essayaient de les aider ? Peut-être bien, qu’il y avait des fantômes moins maudits que d’autres ?

Lune commençait déjà à dégager les cendres au-dessus de ce qui semblait être une trappe. Sans demander son reste, Canaille s’empressa de l’aider. Tandis que la serveuse tirait sur les vieilles planches, ils purent tous découvrir un tunnel. Pas question d’hésiter.

- Ouais, tudieu, restez ici si vous voulez, moi j’fous l’camp ! Souffla la pirate en entrant à la suite de la blondinette.

Ce rêve était donc sans fin ?
Alors qu'il cherchait une sortie, une solution, qu'importe, les fantômes des chiens s'agitèrent encore. Cependant, l'agressivité qui flottait dans l'atmosphère se calmait petit à petit et à travers les esprits qui sillonnaient la pièce, Taebryn comprit que des vifiers avaient péri, ici.
Les réminiscences de leur souvenirs, de leurs mémoires emplissaient la pièce, la submergeait même.

En observant la scène qui se déroulait sous ses yeux tandis que lui même avait cessé ses geste l'espace d'un instant, il se rendit compte que la Chalcédienne possédait le vif. C'est vers elle que les chiens se tournaient, la petite menteuse avait joué les idiotes pour éviter le bûcher.
Il s'en moquait bien, ce n'était pas son rôle de toute façon de l'y attacher.
Toute cette histoire n'avait aucun sens. Il était l'homme de main du Duc Glace Loinvoyant que diable, pas un vulgaire soldat exécutant des vifiers.

Lorsque la blonde trouva enfin la trappe, la rousse quitta ses côtés pour s'y engouffrer à sa suite. Il aurait lui-même pris ses jambes à son cou, mais l'idée de laisser une femme derrière lui, même une vifière ne lui correspondait pas.

- Dépêchez-vous ! lança-t-il à la brune, en lui faisant les signes caractéristiques d'accélerer le mouvement. Vous voulez finir comme eux ?

Il attendit donc qu'elle daigne enfin se lever et passa derrière elle dans le tunnel de terre.



[HRP] Désolé je déménageais u_u

Lawena recula d'un pas alors que les sentiments des chiens l'assaillaient. Elle avait bien supposé que des fantômes ne pouvaient avoir l'esprit tellement en paix, mais à ce point-là… elle en oublia d'agiter son morceau de tissu pour faire croire que c'était son moyen de tenir les animaux à l'écart et, trop touchée par la détresse qui émanait des fidèles Liés, les suivit l'un après l'autre, en restant en retrait de quelques pas. Incapable de rester les bras ballants, elle ne savait pourtant que faire, et tenta maladroitement d'apaiser le chien qui s'était mis à hurler.
Là, doucement, c'est fini, il n'y a plus personne qui vous fera de mal, ici.
Si on lui avait dit que l'apparition d'un nouveau fantôme la soulagerait, elle n'y aurait sans doute pas cru. Pourtant, c'est bien l'effet que produisit la femme, laquelle devait sûrement être mieux à même de calmer son Lié. Elle détourna cependant le regard lorsque la Vifière posa son regard sur elle, mal à l'aise d'être l'objet de l'attention d'un spectre. Que s'était-il donc passé ici ? Oh, elle sentait bien le drame et la trahison suinter de chaque scène, mais le détail lui restait inconnu. Ce qui n'était peut-être pas si mal, en fin de compte.

Plus lente à réagir que ses compagnes du futur, la fille des îles libres comprit cependant que la solution tant attendue leur était finalement livrée par le même animal qu'ils avaient fui un instant plus tôt. Peut-être fallait-il que tous soient témoins de ce qui s'était déroulé en ces lieux sordides ? Il y avait certainement quelque chose à faire, au moins un petit geste pour apaiser les défunts. Et, en femme qui n'appréciait guère de se voir dicter sa conduite, elle ne put que s'en persuader plus encore lorsque Taebryn tenta de lui faire suivre les deux autres sans tarder. Elle ne leur en voulait pas de souhaiter fuir au plus vite, mais de son avis, si elles s'étaient retrouvées ici, il devait y avoir une raison…
« Z'avez qu'à y aller, j'vous r'joins. Vous en faites pas, je r'trouverai ben la sortie ! »
persifla-t-elle, sachant fort bien que sans elle, la trappe aurait bien risqué de rester dissimulée encore longtemps. Et c'est donc sans se presser qu'elle déchira en deux morceaux égaux la pièce de tissu précédemment utilisée, avant de se rendre auprès du cadavre calciné. Soigneusement, elle le recouvrit de l'un des rectangles, avec une pensée pour le Vifier qui avait péri ici. C'était sans doute dérisoire, mais elle n'avait pas les moyens de faire plus.

Puis elle s'approcha de la femme poignardée, et retira tout aussi précautionneusement la lame rouillée, qu'elle jeta hors de la cellule. La seconde étoffe fut posée sur le visage du squelette, avec un état d'esprit qui s'apparentait à du recueillement, aussi peu religieuse que soit la teinturière. Alors, seulement, elle s'approcha de la trappe, et laissa là les âmes en peine, espérant tout de même qu'elles aient retrouvé un rien de sérénité. Elle aurait bien demandé à l'un des molosses de filer un coup de croc au derrière du pas vraiment garde, pour lui apprendre la politesse, mais ne faisant pas suffisamment confiance à ses capacités de maîtriser les bestiaux, elle préféra s'en abstenir. Pas la peine de risquer de tout faire repartir à zéro, juste pour une petite vengeance mesquine.

Le tunnel est sombre et sent l'humidité et la terre. Vous vous y engouffrez, pressés de retrouver l'air vif et frais de l'hiver et surtout la lumière. Cette lumière la voici, blanche, éblouissante et vous plissez les yeux pour ne pas en être aveuglé.

Fallait-il accompagner les chiens ? Fallait-il les rassurer et les ramener à leurs vifiers liés ? Vous l'ignorez sans doute, mais la sensation d'avoir échappé à la mort est bien vivace, tout comme le fait que les atrocités pour les vifiers ne datent pas d'hier. Ecœurés et apeurés, vous êtes en vie.
Un dernier battement de coeur, un dernier battement de paupières et soudain, le néant.