Descriptions
Physique
Incandescente, brûlante et éthérée, ainsi pourrait-on d’écrire la nouvelle reine des cinq duchés. D’aucun s’attarderait sur sa crinière rousse aux reflets d’acajou, semblable à du feu liquide et soyeux, d’autres sur ses iris aussi bleues que l’océan lui-même… nul besoin de poudrer sa peau d’albâtre au grain parfait sur laquelle s’épanouissent discrètement quelques charmants grains de beautés. Sa silhouette, aussi vive et fluide que l’eau d’un ruisseau, ne souffre d’aucun défaut apparent, conjuguant à merveille courbes délicates et grâce féline.
Caractère
Au sein de cette tête bien faite se cache mille et une questions. Tiraillée entre sa loyauté envers sa famille et ses ambitions personnelles, Désirée navigue parfois en eaux troubles. Élevée pour être ambitieuse, elle sait se donner les moyens d’arriver à ses fins : son intelligence, dument camouflée par son joli minois, et ses talents d’actrice sont autant d’armes au service de ses desseins. La manipulation, art familial des Lunabilles si il en est, ne lui fait pas peur et elle y excelle même grâce à ses allures d’ange tombé du ciel… qui ne ferait pas confiance à une si belle frimousse ? La reine est consciente de ses charmes, c’est le moins qu’on puisse dire, et toute son attitude composée vis-à-vis des autres repose sur cette certitude. L’apparence ingénue qu’elle se donne, cette fausse timidité, tout est savamment étudié dans le but d’amener à ne pas la redouter, afin que tous puissent se confier et parler librement devant elle. Car s’il est une chose que Désirée a bien compris en ce monde, c’est que les secrets font le pouvoir de ceux qui les possède.
Relations et opinions
Relations
Ses relations avec sa
mère sont parfois complexes, comme le sont souvent les relations entre adolescents et parents dirons-nous… elles s’aiment, à n’en point douter, mais la manière de la duchesse de « protéger » sa fille mettent souvent cette dernière sur les nerfs. Maintenant qu’elle est à Castelcerf, c’est principalement pas lettre cachetées, délivrées par oiseaux messagers, que mère et fille communiquent. Désirée entretien moins de rapports avec son
père, dont elle s’est doucement éloigné en entrant dans l’adolescence ; la santé vacillante du duc l’inquiète, et elle prend régulièrement de ses nouvelles via ses échanges épistolaires avec « la maison », mais la distance installée ne fait que se creuser.
Les liens avec ses deux plus grands aînés sont plus de l’ordre des relations mondaines que ceux d’une véritable fratrie… sensiblement plus vieux qu’elle,
Sérénité et
Songe avaient leurs vies et n’étaient pas là lors de son enfance, ils s’étaient croisés lors des grands événements familiaux et avaient bien été courtois entre eux, mais ils évoquaient à Désirée plus de vieux oncles et tantes que des frères et sœurs. Il n’y avait qu’avec
Vérité qu’elle avait entretenu ce type de rapports franc et ouvert, ils ont grandi ensemble et se connaissent comme personnes, la perspective que cet allié l’attende à Castelcerf est pour elle d’un grand réconfort.
Son avis son
Vainqueur est encore nuancé ; ce roi qui l’a convoitée si soudainement, qui a reconnu quelque chose en elle, l’impressionner. Plus que le souverain, ou même la différence d’âge, c’est son caractère étrange qui a tendance à lui couper ses momoyen elle ne sait vraiment comment le prendre pour en faire un véritable allié… ni si elle a besoin de vraiment de le pousser en ce sens. Elle ne peut s’empêcher de se demander si il est vraiment amoureux d’elle, ou si c’est le fantôme de son ancienne reine qu’il cherche à garder prêt de lui… en sommes, elle ne le comprend pas vraiment. Mais tout le pouvoir, la force, le mystère qui émane de cette figure sévère, et de sa chevelure couleur de neige, l’attire au moins tout autant qu’elle l’intimide.
Les tensions qui l’oppose à
Aimée sont aussi vives que la mort de sa mère sont récentes. Même si, par un soucis de fausse supériorité, Désirée tente d’apaiser ces conflits -du moins en apparence- elle a toutes les peines du monde à supporter le caractère emporté et inégal de l’héritière de la couronne… elle la juge impulsive, parfois inconsciente de l’image terrible qu’elle renvoi des Loinvoyant. Leurs âges si proches entre terme de chiffre, les sépare aussi sûrement que leurs statuts : belle mère et belle filles. Existe-t-il pire configuration pour des jeunes femmes en compétition ? Ces relations tendues entraînent des répercutions sur l’avis de la « nouvelle » reine sur la fratrie toute entière… même si elle essaye de ne pas mettre tous les enfants de Vainqueur dans le même panier, ils lui semblent tous taillés dans le même matériel : têtue, emporté, inconscients…
Opinions
l
• Sur la magie du Vif (doit-on la condamner ?)
Même si elle trouve quelque peu cruel le comportement des gens du commun à l’égard des vifiers, la reine n’a pas beaucoup d’affection pour la cause. Les animaux et les poils, tout cela la dégoute un peu…
• Sur la défense du Royaume (que faire face aux attaques pirates et chalcédiennes ?)
La famille Lunabille étant intiment liée avec Chalcède de part un mariage et une frontière, Désirée a la certitude que la diplomatie pourrait régler tous les problèmes du royaume avec leurs voisins… mais le désire t-elle ?
• Sur la succession du Royaume (Aimée ou Prospère Loinvoyant, qui doit régner ?)
À dire vrai, la perspective de voir Aimée – qui la déteste et la méprise plus qu’aucun autre- sur le trône ne l’emballe guère… mais en vérité, celle de son frère cadet ne lui paraît qu’à peine plus appropriée. Si seulement il y avait un moyen de tourner cela à son avantage.
• Sur le remariage du Roi (d'un point de vue moral et/ou politique)
Pour, à priori !
Histoire
Il est parfois des destinées que nul ne voit venir, des virages, des nœud dans la trame indéchiffrable de l’univers, peut-être la naissance de Désirée avait-elle cette teneur.
Le duché de Rippon avait toujours connu sa part d’intrigues, mais lorsque Chiara Lunabille, dont les rapports avec son mari affaiblis par les affres du temps ne laissaient pas présager de telles nouvelles, avait annoncé sa condition nul n’avait cru à une subtile manipulation. Certes, le couple ducal était âgé et n’avait pas le profil type des nouveaux parents, mais le ventre et les humeurs de la duchesse ne mentaient pas : elle attendait bien un enfant. Son dernier accouchement remontait déjà à trois ans en arrière, et même si tout portait à croire que ce serait le dernier, ce « bébé surprise » était bien une réalité. À bien des égards, elle dut se ménager que pour toutes ses grossesses, mais lorsqu’elle mit au monde ce dernier nourrisson de son sang, elle sut que tous ses sacrifices étaient récompensés.
C’était une poupée, dont le caractère égale faisait l’émerveillement de tous au même titre que ses grands yeux dont le bleu évoquait les tourbillons des océans aussi bien que les cieux les plus cléments. En la beauté éthérée de sa dernière née, Chiara Lunabille vit une force qu’elle pourrait exploiter plus tard, comment ? Elle l’ignorait encore, mais la duchesse ne manquerait pas à ce que sa cadette soit aussi bien élevée que pomponnée. Elle-même ne savait que trop bien quel pouvoir pouvait accumuler une belle femme à la tête bien faite, comment la beauté distrayait efficacement bien des gens face à l’évidence… cet enfant, qui portait si clairement ses traits, ce dernier enfant lui serait plus semblable que tout autre, elle le souhaitait. Ce fut en ce but qu’on la nomma Désirée, afin qu’elle embrasse le destin qu’on lui forgeait pleinement, belle et convoitée.
Son éducation au sein de la famille Lunabille fit aussi bien partage entre les cours de maintient que ceux, plus tacite, de politiques et des manigances qu’elles entraînaient, ou des travaux d’aiguilles où on s’usait les yeux des après midi entières. On ne lui cacha jamais les penchants indépendantistes de sa maison, même si ils lui paraissaient sans doute plus nobles par le point de vue des « rebelles » qu’ils étaient, mais on ne lui fit jamais vraiment part des actions que cet état de fait pouvait entraîner… Désirée tenait simplement pour acquis que les Loinvoyant détenaient injustement trop de pouvoirs et qu’ils avaient, par le passé, destitué les siens de leur demeure et de terres, les traitant ainsi comme des parias. Tout cela parce que sa mère avait refusé la main de sa sœur aînée au roi Vainqueur, la décision de marier de son aînée avec un chef de clan Chalcédien était apparu comme une trahison aux yeux de la monarchie et les choses étaient simplement allées de mal en pis depuis lors. La plus jeune des filles Lunabilles était née bien des années après ses anicroches, et même si elle comprenait parfaitement toutes les implications de leurs relations avec la couronne, son opinion était qu’elle ne pouvait rien y changer. Son rôle se bornait à celui que sa mère lui confiait.
Des années durant, dès qu’elle fut pubère, la Duchesse entreprit de lui apprendre à « tenir les hommes » ; ses leçons de maintient se transformèrent lentement en leçons de séduction raffinée dont les subtilités ne lui échappaient nullement. Désirée faisait preuve d’une intelligence vive et adaptable, et les débouchés de ce nouveau « savoir » lui apparaissaient comme évidentes… une fois en âge de se marier, elle aurait ainsi l’embarras du choix et saurait manipuler son époux pour en tirer le meilleur, afin de lui assurer confort et puissance. Car là se situait toujours le fil rouge des enseignements de sa mère : lui donner les armes nécessaires pour défendre sa place en ce monde, se tailler la part du lion. L'ambition de Chiara Lunabilles pour ses enfants n'avait certainement pour égal que l'amour qu'elle leur portait... Jamais Désirée ne douta des sentiments de sa mère à son égard, ils étaient évidents et leurs manifestations étaient nombreuses, mais elle doutait parfois que ses projets personnels n'obscurcissent son jugement.
Quand l’âge de la marier approcha, les projets de sa mère à son sujets ne manquaient pas : peut-être allait-elle la promettre à un de ces sauvages de chef de clan Chalcédien, ils n’étaient pas très propre, mais l’alliance qu’ils représentaient en valait bien la chandelle, et puis sa sœur y avait bien survécu elle ! Ou bien sa dot attirait-elle l’attention d’un noble grassouillet à la fortune tout aussi dodue, qui mourrait vite assurément, et dont les fonds lui assurerait une existence douillette et protégée… les perspectives étaient nombreuses, mais rien ne les préparaient au coup qu’allait jouer le destin aux plans de Chiara Lunabille. Parfois, il est des « coïncidences » qui n’en sont pas vraiment, parfois le hasard semble si assourdissant que nul ne peut vraiment y croire… et la rencontre de Désirée avec Vainqueur Loinvoyant avait en effet l’allure de ces histoires tragiques, de celles qui font larmoyer dans les chaumières.
On avait déjà évoqué les traits que partageait la cadette avec sa mère lorsqu’elle était plus jeune, la duchesse de Rippon et sa fille arboraient en effet une crinière épaisse, aux boucles sages, dont le roux flamboyant semblait virer au rouge carmin selon l’éclairage et leur teint de rose. Mais en raison des inclinaison politiques de la maison, personne n’avait jamais fait étalage de la ressemblance tout aussi saisissante de la jeune femme avec « l’ancienne » reine Loinvoyant… et pourtant Vainqueur ne s’y laissa pas tromper, lors des funérailles de son épouse morte en couche, il ne put détacher les yeux de Désirée, dont la silhouette évoquait si familièrement celle de sa femme tout juste perdue à jamais. Peut-être était-ce le chagrin, ou l’art qui lui avait blanchi les cheveux qui l’avait égaré au point qu’il les confonde, mais elle avait senti son regard sur elle et depuis lors son monde avait changé. Tout avait été bousculé, brusquement, les alliances que forgeait sa mère pour elle volèrent en éclat comme de rien lorsque le souverain, en visite à Gardebaie, manifesta de manière plus ouverte son intérêt pour la dernière née des Lunabilles.
L'occasion était trop belle pour être ignorée, malgré toutes les dissensions entre la famille royale et les Lunabilles, la vision de la cadette de la maison sur le trône ne manqua pas de réjouir la matriarche.
Mais Désirée n’était pas dupe, le jeu de pouvoir qui se déroulait sous ses yeux était au-delà de toutes ses espérances, soudainement, la perspective qu’elle avait étouffé pendant des années prenait à nouveau sens : elle pouvait renverser l’équilibre des pouvoirs, créer sa propre destinée, emplie de pouvoir pour elle-même et ses desseins… malgré l’influence tentaculaire de sa mère sur son existence, elle pouvait s’en dégager grâce à une force plus grande encore. Les tractations pour le mariage furent rondement menées, et ce que proposait le roi Vainqueur pour obtenir la main de la dernière née des Lunabilles frisait l’inconcevable : ils récupéraient Castelorme, leurs anciennes terres et même de nouvelles sous la forme du duché de Haufront dont les seigneurs avaient péri avec la « maladie de Chalcède. ». Certes ils devaient de nouveau s’acquitter des impôts royaux, et accordaient leur obéissance totale aux Loinvoyant, mais les petites rébellions intestines de Chiara Lunabilles ne seraient sans doute pas enterrées pour si peu…
À tord ou à raison ? Désormais libérée du carcan familial, Désirée a acquis le statut de reine des cinq duchés et se sent chaque jours un peu plus puissante et indépendante… mais une vie entière de loyauté ne va pas sans laisser des traces. Après des années de leçons, de concepts finement insinué dans sa morale et ses principes, il lui arrive trop souvent de penser comme l’aurait voulu sa mère, d’ailleurs elle n’est toujours pas certaine de ce qu’elle veut. Ce dont elle est certaine, c’est que quoi qu’elle voudra, elle saura l’obtenir grâce à tous les moyens à sa disposition.