[Groupe 5 – Retour vers le futur]

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Clément de l'If ~ Chevalier d'Ostrefer, Haurfond

[ J'suis vraiment désolée d'avoir mis tant de temps pour répondre ! Impardonable ! Mais j'avais vraiment pas beaucoup d'inspiration... Désolée ! ><' ]

J'avais entendu, lors de ma recherche auprès des soldats, le vacarme assourdissant que produisait Courage à force de hacher son petit bois. S'en prendre au trône royal de la sorte ! Il fallait véritablement que la situation ait atteint le paroxysme de l'étrangeté pour en arriver là. C'était à la vue de la fumée que j'avais compris pourquoi le Baron agissait ainsi. J'avais appris lors de mes nombreuses lectures dans la bibliothèque d'Ostrefer que l'Art mettait son utilisateur en proie à de grandes souffrances physiques. Ainsi, j'imaginais que Courage Hardod devait être en train de concocter une potion ou un remède à sa douleur. Je n'imaginais pas une seule seconde qu'il puisse s'agir d'une préparation aussi banale qu'une tisane, bien qu'elle soit faite d'infusion d'écorce elfique (ce qui en soit n'était pas si banal).

C'est Chiara qui me rejoignit la première, répondant à mon appel par son déplacement dans ma direction. La Duchesse arborait un air noble et serein, comme savaient le faire les gens de son rang sans aucune difficulté apparente. La composition du visage parfait, de l'attitude aristocratique, du maintien et du port, tout cela semblait transmis de génération en génération par les sangs bleus. Je m'étais écarté de la soldate pour observer ce que les actes de la Duchesse allaient susciter. D'un voix bien plus aimable que celle qu'elle employait pour nous adresser la parole, Chiara Lunabille demanda de l'aide à la statue de chair. Le Capitaine de la Marine Royale s'était approché de nous dans le même temps, bien moins titubant qu'auparavant.

Malheureusement les politesses ne semblèrent pas fonctionner sur la demoiselle aux cheveux d'or. Le silence qui suivit la demande de la Duchesse plana longuement dans la grand salle du trône. Ma respiration s'était retenue malgré moi, poussé par l'espérance d'obtenir une réponse. Ou au moins un signe. Un souffle. Ce n'est qu'un soupir qui s'échappa de mes lèvres, trop longuement contenu dans ma cage thoracique.

" Cela ne semble pas fonctionner, Duchesse. "

Ma proximité de la gauche de la femme inanimée me donna une idée, alors que mes yeux descendaient le long du fourreau de son épée. Je tendis le bras et refermai mes doigts sur la poignée pour dégainer la longue lame. J'espérais que le fait d'être désarmée allait opérer une réaction. Et si, finalement, cette statue n'était qu'une femme parmi des hommes. Peut-être n'allait-elle pas nous permettre de quitter cet endroit ?

Au premier coup de lame qui s'abattit sur le trône à grand fracas, Chiara sursauta et se retourna vers Courage. Par tous les dieux, ce type était complètement fou ! Les yeux écarquillés, elle le regarda faire quelques instants puis secoua la tête, désespérée. Si un tel rustre se prétendait héritier de Rippon, le monde tournait bien mal. Fou, grossier et sans la moindre considération pour ses semblables, humains, il était sans aucun doute tombé bien bas. Mais le plus grave, c'est qu'il risquait de leur attirer des ennuis à tous avec son idée stupide de débiter le trône royal ! Lorsqu'il les rejoignit auprès de la femme soldat, la Duchesse prit donc grand soin de rester le plus loin possible de ce soi-disant Courage.

La demoiselle ne réagissant pas à sa question polie, elle laissa au deuxième type - largement remonté dans son estime depuis que l'autre s'était comporté comme le dernier des sagouins - le soin de tenter quelque chose à son tour. Ce qu'il essaya, elle n'eut jamais osé ne serait-ce qu'y songer depuis qu'ils avaient découvert que la demoiselle était la seule femme et paraissait plus réelle que les autres soldats gelés. Mais après tout, les mots ne lui avaient fait aucun effet, aussi fallait-il chercher un autre moyen de l'amener à les aider. Prudente, elle recula cependant d'un pas encore, s'éloignant cette fois des deux hommes, effrayée par leur audace, leur manque de considération et ce qu'ils étaient capables de déclencher.

Maître Vérichanteur Messages : 1064 Date d'inscription : 18/10/2010

Lorsque Clément s'empare de l'arme de la jeune femme, elle semble s'animer après un certain temps. Son visage se tourne dans sa direction comme si elle le regardait, mais les traits de son visages sont flous comme s'il s'agissait d'un mirage. On la devine très belle, mais nul ne peut l'assurer.

Le soldat à la longue natte blonde s'avance vers Clément et récupère son épée sans brusquerie mais avec fermeté. Ses mouvements ne sont pas vraiment fluides, mais plutôt saccadés comme si son armure était rouillée. D'ailleurs, à chacun de ses mouvement on peut entendre un grincement propre à un usage restreint au fil des années.

Une fois la garde de son épée à nouveau dans sa main, elle fait mine de la planter dans le sol, mais seul le tintement de la pointe de la lame dans la pierre s'élève dans l'atmosphère, puis, elle s'agenouille devant Clément la tête baissée, comme attendant un ordre.

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Courage Hardod, Héritier du Duché de Rippon, Baron de Forbaie & Capitaine de la Marine Royale

* * * * *

A la demande de la Duchesse Chiara, rien ne se produisit. Le Chevalier d’Ostrefer fut le seul à convertir en mots ce que tous voyaient de leurs propres yeux. Cette jeune femme semblait sourde aux paroles. C’est alors que le garde du corps de sa cousine décida de faire quelque chose à son tour. Il s’avança vers la jeune demoiselle et lui subtilisa son arme. Le Baron n’était pas sûr que cela ait un quelconque effet vu qu’avant, la Duchesse avait pris l’arme d’un soldat gelé et que ce dernier n’avait eu aucune réaction. Pourquoi serait-ce différent ici ? Par prudence, la jeune noble s’était reculée craignant un geste agressif de la statue. Alors que Courage allait ouvrir la bouche pour dire que ça ne semblait pas non plus fonctionner, elle bougea ! Le visage de la soldate se tourne vers Clément. Positionné comme il l’est, le Baron ne voit pas le visage de la jeune fille. Il n’aperçoit que l’arrière de son crâne et ne voit donc pas que son visage est flou. Tandis qu’elle s’avance vers le Chevalier, Courage s’apprête à bondir au cas où son collègue aurait besoin d’aide. Les mouvements de la statue sont saccadés et l’on entend un grincement, celui de l’armure.

*Cela doit faire un moment qu’elle attend ainsi figée !*

Elle reprend son arme sans se montrer le moins du monde menaçante mais l’on voit toute la détermination de cette chose. Ayant son épée en main, elle tourne la pointe et dans un même élan, plante l’épée au sol et s’agenouille devant le Sire de l’If attendant quelque chose de sa part. L’héritier de Rippon n’en revient pas. Il a réussi à faire bouger l’une de ces statues. Incroyable !

S’attendant à voir si l’une ou l’autre statue bouge, Courage se recule et regarde les autres soldats. Rien ne semble se produire, il s’avance donc vers Clément en faisant le tour pour se retrouver devant la jeune fille et remarque à cet instant que son visage est indisctinct.

« Qu’est-ce que… (se dit-il en voyant que ses traits sont flous) On ne voit pas son visage ! »

Voyant que la statue ne bougeait plus, Courage se tourna vers Clément et lui dit :

« Mon gars… Soit vous venez de monter dans l’échelle sociale en vous faisant un nouveau serviteur soit vous avez une touche avec cette statue ! Dans les deux cas, elle semble attendre quelque chose de votre part. Parlez-lui, j’ai l’impression qu’elle n’écoutera que vous. »

Courage Hardod ne voulait rien faire pour l’instant. Clément s’en sortait très bien tout seul. Il fallait reconnaître les moments où il fallait se mettre ou non en avant. Là, c’était au tour du Chevalier de l’If d’avoir les rênes. Devait-il lui demander de réveiller toute la garde ou simplement lui poser des questions sur la chose qui trônait sur un trône redessiné par le Baron en personne ? Le noble n'en savait rien...

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Clément de l'If ~ Chevalier d'Ostrefer, Haurfond

La stupéfaction se peignit sur mon visage à mesure qu'un souffle de vie animait la demoiselle en armure. Aussitôt, je m'immobilisai dans une posture défensive que je ne tins pas longtemps en place. L'épée que j'avais saisie s'abaissa pour me laisser voir ce visage qui s'était tourné dans ma direction. J'avais imaginé y trouver de magnifiques yeux en amande, teintés d'un azur éclatant ainsi que des lèvres pincées en un sourire espiègle. Mon esprit me jouait bien des tours et je vis sur ce front sans creux ni pleins que des traits difformes aux contours flous. Etait-ce un enchantement ? Oui, puisque la jeune femme s'était trouvée comme glacée dans le temps, sans un souffle ni battement, nous étions entourés d'enchantements ! Depuis le trône du roi spectral jusqu'à notre arrivée en ces lieux. Bien que je me trouve saisis devant ce visage flottant, l'impression de faire face à un temple de la beauté ne pouvait me quitter. Si bien que j'en sentais presque le pourpre me monter aux joues. Cela redoubla lorsque la soldate prit l'initiative de récupérer son arme.

Sa main gantée se referma sur l'épée que je lui laissai sans un geste d'opposition. Son assurance me laissait sans voix et surtout, sans défense. La scène qui se déroulait devant mes yeux me paraissait tant impossible que la rationalité me quittait et que tout raisonnement semblait vain. Je me trouvais totalement désemparé. Pourtant, je n'avais aucune crainte envers cette statue éveillée. De surcroît, je savais que le Baron de Forbaie viendrait me porter main forte en cas de problème. Mon regard ne quittait pas la soldate et tous mes sens étaient tendus à l'extrême pour anticiper ou simplement comprendre ce qu'il se passait. Je voyais sa silhouette fine se déplacer avec difficulté dans un grincement sinistre. Le genre de stridence qui vous fait serrer les dents. Heureusement, cela prit fin lorsqu'elle planta son épée dans le carrelage dans un tintement cristalin et s'agenouilla devant moi.

J'ouvris de grands yeux étonnés devant ce visage courbé vers le sol. Qu'attendait-elle de moi ? Qu'avais-je déclanché ? Interloqué, je mis plusieurs secondes avant de réellement saisir toute l'ampleur de ce geste. Ce furent les paroles du Capitaine de la Marine Royale qui me firent comprendre. Comprendre que je devais agir. J'inspirai profondément pour calmer les battements de mon coeur et poser ma voix. Que dire ? Je jetai un regard interrogateur à la Duchesse. N'avait-elle pas une idée, une remarque ?

Après avoir pris une nouvelle inspiration, je plongeai de nouveau mes yeux sur ces cheveux blonds tirés en une longue natte et j'ordonnai, d'une voix que je voulais sûre et légèrement autoritaire :

" Demoiselle, indiquez-nous comment quitter ces lieux je vous prie. "

Maître Vérichanteur Messages : 1064 Date d'inscription : 18/10/2010

Une brise légère pénètre dans la pièce. Ni chaude, ni glacée, elle circule entre les soldats en un murmure sifflant propre à sa condition avant de s'enrouler autours du Roi d'ombre, qui demeure visible malgré son trône débité.

La soldate éveillée se redresse lentement et son armure grince. Elle reste un instant face à Clément comme hésitante, puis, se retourne légèrement vers le spectre qui flotte toujours sur son estrade. Là, son bras se relève lentement pour pointer dans cette direction avant que ses jambes ne se mettent en mouvement et ne la guide jusqu'au trône de bois. Face à celui qui présume être son suzerain, elle s'immobilise et semble attendre à nouveau un ordre.

Les derniers événements avaient laissé Chiara suffisamment songeuse pour que son visage retrouve toute sa neutralité et sa froideur habituelles. Le dénommé Courage n'était qu'un rustre, un sauvage qui se prétendait noble avec une ridicule obstination. Le Chevalier de l'If en revanche avait le mérite d'être non seulement plus calme et réfléchi, mais de les faire avancer dans leur quête insensée.

Légèrement en retrait par rapport aux deux hommes - après tout, elle était femme et duchesse, c'était à eux de la protéger ! - elle ne trahit pas la moindre surprise alors que la demoiselle se levait dans un grincement atroce pour venir s'agenouiller devant le Chevalier dans une posture de soumission digne du plus loyal des vassaux. Piquée de n'être pas celle qui avait pensé à prendre son épée à la demoiselle ni celle à qui l'on offrait ainsi son bras, elle resta pourtant immobile et sans réaction, comme si elle observait tout cela de très loin. Une tumultueuse réflexion faisait rage derrière le front blanc et lisse.

La femme soldat les guida jusqu'au trône et cette fois, la duchesse se fendit d'un regard de reproche pour l'ahuri découpeur de trône. S'ils restaient coincés dans cet enfer parce qu'il avait porté atteinte au suzerain de la demoiselle sans visage, parce qu'il avait contrarié le roi-fantôme, elle le lui ferait payer pendant tout le temps qu'il leur restait à vivre, se promit-elle.

L'absurdité de cette réflexion la frappa et c'est avec un soupir agacé qu'elle noua ses mains devant elle, retrouvant sa digne posture de duchesse. Ses propres sens la trahissaient à n'en pas douter, car il n'était pas envisageable qu’existassent réellement une femme au visage flou et un roi fantomatique. Elle perdait la raison à force de fréquenter ces deux illuminés. Mais après tout, que lui restait-il hormis jouer les jeu de ces deux innocents ?

La solution n'était pas évidente. Avaient-ils seulement tenté de s'adresser au roi qui se trouvait là ? S'agissait-il de ce gandin de Vainqueur ou du soi-disant Juste qu'avaient cité les deux autres ? Se pouvait-il qu'il s'agisse d'un autre roi encore ? Approchant posément de l'estrade, elle s'arrêta devant, comme si elle était reçue en audience, et se fendit d'une révérence parfaite, de l'exacte profondeur requise lorsqu'une duchesse présentait ses hommages à son roi. Mais il n'y avait pas de chef du protocole pour la présenter en énonçant ses noms, titres et liens. Pouvait-elle le dire-elle-même ? Elle choisit de s'en tenir au strict nécessaire plutôt que de débiter la longue litanie de ses titres et terres qui eut été fastidieuse.

- Votre Majesté, permettez-moi l'audace de me présenter : je suis Chiara Lunabille, Duchesse de Rippon.

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Courage Hardod, Héritier du Duché de Rippon, Baron de Forbaie & Capitaine de la Marine Royale

* * * * *

Apparemment, notre Sire de l’If n’a aucune idée de comment gérer la situation. Est-ce la première fois qu’il a un soldat qui lui demande une instruction ? Il est vrai que tout le monde n’est pas habitué à donner des ordres. Cela vient avec le temps et l’expérience. A moins que, le fait que cela soit une demoiselle le gêne. Dans les deux cas, il cherche une idée dans les yeux de notre Duchesse irascible. Est-ce une technique pour obtenir son soutien ? Qu’importe, Clément se décide enfin et ordonne que la statue nous montre le chemin de la sortie.

Ce n’est pas ce qu’aurait demandé le Baron. Il aurait d’abord cherché à glaner le maximum d’information afin d’avoir le maximum de cartes en main pour prendre la meilleure décision. Clément étant un Chevalier, il cherche l’action avant tout. Courage ne peut le blâmer pour cela, il était sans doute pareil au même âge et continue par moments à avoir ce léger travers.

La soldate se relève, toujours en grinçant, et indique de son bras le suzerain spectral avant de se déplacer et de nous emmener à sa suite jusqu’à lui.

*Génial… J’espère qu’il ne va pas me tenir rigueur de lui avoir redessiné son trône. Et si c’est le cas, il n’avait qu’à me le dire…*

Tandis qu’ils étaient devant le Roi, Courage sentit une gêne comme s’il se sentait observer. Tournant la tête, il vit le regard de Chiara, clairement réprobateur, braqué sur lui. Elle s’abstint de tout commentaire. L’héritier n’acceptant pas décida de lui dire :

« Vous avez un reproche à m’adresser Duchesse ? Si c’est le cas, crachez le morceau ! A force de tout garder, vous allez finir par avoir des crampes d’estomac et un abominable mal de tête. Je serai peiné d’être la cause de ces petits maux. »

Son petit venin lancé, il regarda à nouveau la soldate qui ne bougeait plus et attendait un ordre. Est-ce qu’il était vraiment nécessaire de lui demander quoique ce soit ? Il lui avait été demandé de nous montrer le chemin pour sortir et elle, elle nous conduit devant le fantôme… Elle aurait pu leur ouvrir la porte ou faire quelque chose de plus concret. Là, le trio se retrouvait devant un Roi sans substance. L’Art était inefficace et il était impossible de le toucher. Que faire ? Chiara semblait avoir une idée, elle s’approcha de lui, fit sa révérence comme si elle allait se faire présenter par un maître de cérémonie (mais il n’y en avait pas) et se présenta elle-même.

*C’est bien… Au moins maintenant, il sait comment elle s’appelle.*

Pourquoi diantre la Duchesse s’arrêta à la présentation de sa personne ? Ne pouvait-elle demander quelque chose ? Attendait-elle la permission de parler comme si elle se trouvait réellement devant le Roi ? Pourquoi donc ? La situation était assez étrange pour oublier quelque peu le protocole ! Le trône débité en était le meilleur exemple.

*Pas sûr que j’ose débiter le trône de mon cousin Juste ceci dit…*

Se disant qu’il n’avait rien à perdre, Courage entra dans le jeu de la demoiselle et fit ce que tout gentilhomme devait faire devant un monarque avant de se présenter à son tour :

« Mes Respects Votre Altesse, permettez-moi de vous présenter le Chevalier Clément de l’If (hé oui, le Baron n’était pas mal poli lui, il présentait ses camarades avant de se présenter lui-même. Un manque total d’éducation dans le chef de la Duchesse semblait être toujours présent. Pas étonnant vu son caractère, elle devait certainement se montrer très égoïste au quotidien.) ainsi que Votre serviteur, Courage Hardod Baron de Forbaie. »

Se relevant pour faire face à son interlocuteur, l’homme de Rippon en profita pour jeter un petit œil derrière lui et constater que la jeune femme ne bougeait toujours pas. Soit elle attendait un ordre du spectre soit un ordre de Clément. Comme il fallait que quelqu'un se lance, il se dit que c'était son tour.

« Serait-il possible Votre Altesse de savoir où nous nous trouvons et à quelle époque ? Et comme il semble que vous soyez la clé pour sortir d’ici, auriez-vous l’extrême amabilité de nous indiquer comment sortir d’ici ? »

Honnêtement, Courage n’était absolument pas sûr que parler à ce fantôme allait donner des résultats. Mais bon, tout était étrange ici alors une étrangeté de plus, cela n’allait pas changer grand-chose !

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Clément de l'If ~ Chevalier d'Ostrefer, Haurfond

Même après avoir emboité le pas à la soldate autrefois figée, mon esprit était encore perturbé par tout ce qui venait de se produire. Contrairement à moi, les deux personnages de haut rang qui marchaient vers le trône semblaient maîtriser la situation ou tout du moins leurs émotions. A côté d’eux, j’avais l’impression de n’être qu’un adolescent en proie à de multiples questions. Je feignis alors de faire paraître une sérénité sur mon visage, chassant de mon âme toutes ces inquiétudes et ces doutes. Bien sûr, je gardais mon épée à portée de main, prêt à faire face au danger. Car il était évident que le danger surviendrait à un moment donné.

Le trône qui se présentait à nous était méconnaissable. Je glissai un regard à la fois amusé et réprobateur dans la direction de Courage, bien que je n’ose me permettre une remarque à ce distingué Baron. Je gardais pour moi ma vision des choses. C’est alors que je surpris les yeux noirs de reproche de la Duchesse à l’égard du Sire Courage. Ces deux là ne tomberaient jamais d’accord ! Tout semblait les opposer du plus profond de leurs êtres. D’ailleurs, le Capitaine de la Marine Royale ne retint pas ses mots pour exprimer son emportement. La Duchesse Lunabille renouvela les politesses, bien que cela n’aie pas fonctionné avec la soldate à la natte blonde. Cela pourrait être efficace sur une personne aussi royale que notre spectre. Nul ne pouvait lui jeter la pierre pour ses tentatives.

Je relevai alors des yeux étonnés dans la direction de Courage. Ce dernier s’était également présenté, ainsi que moi-même, devant le roi fantomatique. Mon étonnement ne venait pas de son geste directement, mais plutôt du fait qu’il exécute un même acte que la Duchesse. Un sourire naquit sur mes lèvres alors que je posais un genou à terre et inclinais la nuque vers le carrelage. L’étrangeté de cette situation la rendait amusante en certains traits. Courage posa ses questions au souverain et je me relevai. La soldate se tenait toujours à mes côtés. J’essayais de discerner les traits de son visage, mais rien n’apparaissait devant mes yeux. Je lui glissai à voix basse :

« Que faut-il faire pour obtenir une réponse du Roi ? »

Au fond, j’espérais qu’une voix claire et féminine s’élève pour me répondre au lieu de ce bruissement métallique et ce vide d'expressions. Et je pressentais que cette chevelure blonde pouvait encore nous apporter son aide.

Maître Vérichanteur Messages : 1064 Date d'inscription : 18/10/2010

Du côté du trône rien ne se passe dans l'immédiat. Le Roi spectral ne bouge toujours pas, mélange de fumée et de vapeurs sombres et diffuses.
Lorsque Clément parle à la soldate, elle tourne son visage flou vers lui et tend son épée dans sa direction. Dans l'esprit de chevalier de l'If, une voix retentit, plus précisément un murmure semblable au vent dans les branchages. Ce n'est pas très clair, mais il a l'impression d'entendre quelques mots comme" Sauvez nous Chevalier".

A ce moment là, le Roi se dresse et lève un bras en l'air qui siffle, fendant le silence de la pièce. Tous les soldats de son armée, tournent alors leurs visages vers lui à l'unisson dans un bruit d'armures qui s'entrechoquent et tirent leurs épées.

Chiara haussa les sourcils devant l'apostrophe cavalière du prétendu héritier de son duché.

- Votre grossièreté n'a d'égal que votre manque flagrant de discernement, mon pauvre ami, commenta-t-elle avec un dédain manifeste.

Il persistait à l'interpeller comme un vulgaire marchand ambulant. Comment diable pouvait-il espérer se faire passer pour noble avec des manières aussi déplorables ? A la tête qu'il fit quand elle se présenta au Roi-fantôme, elle comprit très précisément le fond de sa pensée, aussi clairement que si elle avait lu son esprit ou qu'il avait formulé ses idées à voix haute. Ignorait-il donc tout du protocole de la Cour ? Il était déjà bien assez qu'elle ait eu à se présenter elle-même, ce qui était une violation des règles les plus élémentaires de l'étiquette, mais voilà qu'il semblait lui reprocher de s'être arrêtée à sa propre personne. Mais au nom du ciel, elle n'était pas un foutu majordome !

Le juron, même resté uniquement dans son esprit, lui fit prendre conscience du point d'énervement auquel la poussait le jeune Courage. Il avait néanmoins soulevé un point intéressant, songea-t-elle en se relevant de sa révérence. Et ses mots mettaient certaines choses au clair dans son esprit. L'époque. Le temps. Ceci expliquerait aisément qu'il croit le Roi Vainqueur mort depuis des siècles et la trouve étrangement attifée pendant qu'elle le trouvait d'une vulgarité sans précédent.

Avant qu'elle ait pu s'étendre sur le sujet toutefois, le Chevalier posa sa question à la demoiselle-soldat et le Roi de fumée réagit enfin. Pas comme ils l'avaient espéré cependant. Sursautant au son du frottement de l'acier et du choc de armures, la Duchesse se retourna pour faire face aux soldats de glace bien trop menaçants à son goût à présent. Elle pâlit légèrement, regrettant de n'avoir pour seule arme que sa langue, mais ne recula point pourtant et fit face aussi courageusement qu'elle en était capable.

- Par El, qu'avons-nous fait ? Murmura-t-elle, sans se rendre compte que pour la première fois elle les considérait comme un groupe uni en face d'un ennemi incompréhensible.

C'était sans aucun doute la première fois qu'elle sortait de ses appartements sans être armée. A Castelcerf, elle se méfiait de tout et tous, d'ordinaire. Mais, venue avec Raki à cette soirée, elle avait cru qu'il lui suffirait d'être qui elle était et de rester auprès de son mari pour être en sécurité. Preuve était faite qu'elle ne devait jamais relâcher sa prudence, quelles que soient les circonstances.

[HRP : toutes mes excuses pour vous avoir fait attendre aussi longtemps]

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Courage Hardod, Héritier du Duché de Rippon, Baron de Forbaie & Capitaine de la Marine Royale

* * * * *

Rien ne se passe…

Décidément, cette situation devenait de plus en plus énervante ! Depuis le début, le trio n’avait fait guère de progrès… Un spectre couronné qui se contentait de volter au-dessus du trône, des soldats glaçons qui ne faisaient que regarder dans le vide sans bouger et une femme soldat, faisant autant de bruit qu’une roue de carrosse en manque de graissage, s’était jointe à eux sans pour autant être des plus explicites. Elle ne semblait s’intéresser qu’à Clément et ne voyait ni Chiara ni Courage.

Tandis qu’il entend la question de son collègue à la jeune femme et qu’elle semble lui tendre son arme, d’un coup tout semble se mouvoir. Le spectre bouge et les soldats glaçons réagissent à l’unisson. Ne comprenant rien, le cœur de Courage s’accélère quelque peu. Vont-ils mourir ici et maintenant ? Ils auraient beau tenter de se battre, il y avait beaucoup trop d’ennemis pour espérer s’en sortir. La Duchesse, s’apprétant au pire, laisse tout de même échapper une question somme toutes très intelligente ! Qu’avaient-ils fait ?

« Alors là Ma Dame, je ne puis vous répondre ! »

Le cerveau du noble fonctionnait à toute allure, il essayait d’analyser les derniers événements avant de proposer une analyse de la situation :

« Je peux me tromper mais j’ai l’impression que ce n’est pas ce que nous avons fait mais plutôt ce qu’elle a fait (il montra la soldate du doigt) qui importe ! »

C’est à partir du moment où elle a tendu son épée vers Clément que le spectre a bougé entraînant avec lui toute sa garde tel un troubadour motivant son public. Elle tendait son arme au Chevalier d’Haurfond tout près du Roi. Le Baron quand il avait pris une arme pour débiter le trône, il n’avait pas fait réagir le Roi. Pourquoi ? Est-ce que cette chose se sentait menacée par l’arme que portait cette femme ? Sa lame était-elle différente des autres ?

« Chevalier, je ne sais pas trop ce qu’elle attend de vous mais il serait utile que vous réagissiez ! Elle semble vouloir vous faire comprendre quelque chose alors pour l’amour d’Eda et d’El, faites tourner vos méninges et arrêtez-moi ce cirque !! »

Il pointait la garde du Roi qui était désormais en mouvement avec les épées au clair. Le noble avait bien l’envie de parler avec ce fantôme mais il ne répondait jamais. Était-ce vraiment nécessaire de perdre son temps avec lui ? Depuis le début, ces événements étaient incompréhensibles. Courage commençait tout doucement à ressentir de la peur. Il était impuissant. Son Art n’avait pas fonctionné, il n’était pas en mesure de se battre car il n’était pas armé. Avec un peu de chance, il arriverait à piquer l’épée d’un ennemi mais il n’était plus le bretteur d’antan. Seulement son pâle reflet !

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Clément de l'If ~ Chevalier d'Ostrefer, Haurfond

Après que j'eus posé ma question à la soldate autrefois de glace, celle-ci fit un mouvement dans ma direction, toujours dans un vacarme assourdissant de métal mal huilé. Son visage était toujours flou, mais j'avais l'impression de distinguer une oscillation des lèvres derrière l'épée qu'elle avait de nouveau levée vers moi. Un murmure sembla s'élever autour de moi. Cela ressemblait à une douce brise qui se serait promenée le long des colonnes de pierre. Peut-être que ça n'était rien. Peut-être que la soldate n'avait même pas bougé ses lèvres. J'avais peut-être imaginé cela. Mais j'entendais une supplication dans ce vent léger. "Sauvez nous Chevalier". J'allais me retourner pour voir si quelqu'un avait parlé ou si mon esprit me jouait des tours, lorsqu'un sifflement du côté du trône concentra toute mon attention. Le spectre avait levé son bras d'un geste royal.

Alors derrière nous, un vacarme assourdissant de feraille retentit, même bruit que celui produit par la soldate mais amplifié d'au moins cent fois. Je pivotai sur mes pieds, l'air ébahi. Toutes lames dehors, une armée nous faisait face. La Duchesse Lunabille lâcha un murmure qui traduisait mes propres craintes. J'étais partagé entre l'horreur et la stupéfaction. Ce devait être ma faute si le roi spectral s'était levé. J'avais chuchoté quelques mots à la soldate et cela n'avait pas dû lui plaire. Un affront à son rang et sa personne. C'est alors que le Capitaine de la Marine Royale tendit un doigt accusateur en direction de la soldate à la natte blonde. Je regardais cette lame toujours tendue et ce visage flou. Cette demoiselle avait-elle vraiment courroucé le fantôme ? Il est vrai que son geste était bien plus provocateur que mes paroles à voix basse.

Alors lequel des deux était notre ennemi ? La suppliante soldate qui avait cherché à nous aider, ou le roi qui venait de lever une armée contre elle ? Le moment viendrait où il faudrait choisir son camp. Je tenais compte de chacun des détails et je me doutais bien que si le choix se présentait à nous, c'est notre adjuvante que nous choisirions de défaire. Soudain, la voix de Courage retentit, pressante. Il me donnait des ordres, en bon Capitaine qu'il était. Et moi, Chevalier, j'allais lui obéir. Je tendis ma propre lame Baron de Forbaie et, les mains libres, j'attrappai l'épée de la soldate. Il n'y eut aucune résistance. Ou bien elle était surprise et n'allait pas tarder à répliquer, ou bien c'était ce qu'elle attendait de moi. Dans les deux cas, je devais agir vite. Je fis volte-face pour me trouver face aux guerriers du roi spectral et je brandis ma nouvelle épée en l'air, avant de la pointer sur eux. Que devait-on dire dans ce genre de cas ? Une formule ? Un cri de guerre ? Un ordre ? J'estimais ne pas être à la hauteur pour ce genre de mascarades, et je priais intérieurement El de placer Courage à ma place.

" Rangez vos armes et il n'y aura aucun mort ! Car quand nous prenons les armes, c'est pour défaire nos adversaires. Et nous ne sommes pas vos ennemis ! Je vous laisse une chance. "

Je les défiais du regard, mais j'avalai ma salive difficilement. Quitte à mourir, autant que ce soit noblement, en défendant une femme devant toute une armée, aussi offensante qu'aie put être son attitude. J'espérais que le Baron et la Duchesse avaient des idées plus efficaces que les miennes ! Car à priori, nous courrions à notre perte, et il semblait que j'accélérais encore davantage le processus...

Maître Vérichanteur Messages : 1064 Date d'inscription : 18/10/2010

Après que Clément eut défié l'Armée, un vent glacial se glisse dans la pièce toujours close tandis qu'au loin, les trois protagonistes entendent un orage gronder qui semble s'amplifier, ou se rapprocher.
L'Armée se met en place à nouveaux avec fracas d'armures, face au deux nobles et au chevalier, les épées toujours brandies attendant un ordre pour attaquer. Le Roi spectral est toujours debout et il vous semble entendre à travers la tempête grandissante un rire annonciateur de malheur.

Les jupes de Chiara volent au vent qui s'engouffre un peu plus dans la salle sans que vous puissiez savoir sa provenance. Tout est clos, alors il s'agit très certainement d'un vent "magique" d'une forme dont vous ignorez tout.
Les traits du visage de la soldate deviennent plus net et si vous la regardez, vous serez subjugués par sa beauté qui vous semble surréaliste. Vous n'avez jamais vu un visage aussi fascinant.
Elle retire son casque et vous pouvez remarquer sur son front et au coin de ses yeux, comme des écailles rouges discrètes mais qui miroitent chaleureusement.
Elle vous sourit avant de se placer volontairement entre Clément et l'Armée, puis tend un doigt vers le ciel au dessus des soldats.

Les grondements de l'orage s'amplifient encore mais si vous écoutez attentivement, vous vous rendrez compte qu'il ne s'agit pas vraiment d'orage. Le son est plus guttural, plus animal et sans comprendre pourquoi, vous ressentez une violente peur qui vous broie les entrailles.

Soudain, une partie du plafond s'effondre, les débris écrasent une partie de l'Armée, et dans l'ouverture faite à travers les cieux, un dragon écarlate apparaît en sonnant un coup de trompe qui retentit et résonne longtemps à vos oreilles.
La vague d'Art qu'il dégage sonne quelque peu Courage mais le rassure également sur le fait que son don est bien présent.

...

Toute une série de jurons aurait du traverser l'esprit de Chiara mais à la vérité c'était le vide intersidéral. Il n'y avait pas de mot pour décrire à quel point elle était abasourdie par ce qui venait de se produire. Elle aurait sans doute du se ranger derrière les deux hommes puisqu'elle n'était pas armée, se recroqueviller dans un coin et attendre que passe l'orage, s'il passait et qu'ils en réchappaient miraculeusement. Mais ce n'était pas dans sa nature de reculer ni de montrer sa peur. Droite, les dents et les poings serrés, elle ne bougea donc pas. A vrai dire, elle en était incapable.

Pétrifiée par la stupeur, elle contemplait d'un regard étrangement vide la scène qui se déroulait sous ses yeux : la femme soldat devenue plus belle encore qu'elle-même, l'armée glaciale qui les menaçait et surtout, le plafond crevé comme la croûte d'un pâté et le dragon écarlate posé au sommet de la voûte. Non, il n'y avait pas de mot. Pas d'explication rationnelle. Et l'apparition de la créature mythique ne pouvait signifier qu'une chose : ils n'étaient pas dans une réalité tangible.

Elle devait rêver, s'être endormie quelque part - quelle humiliation si c'était ailleurs que dans son lit ! - et avoir été influencée par quelque récit fantastique, quelque conte étrange imaginé par son fils Songe. Comment expliquer l'inexplicable autrement ? Les dragons avaient disparu depuis si longtemps qu'on doutait même qu'ils aient existé un jour ailleurs que dans la fertile imagination des conteurs. Rassemblant les morceaux épars de son esprit, elle fouilla ses souvenirs à la recherche d'une quelconque indication, une idée pour savoir comment agir. Car ce rêve était bien trop réel pour ne pas avoir de conséquence et une part d'elle craignait qu'elle ne meurt ici sans avoir retrouvé son monde et ceux qu'elle chérissait.

- L'Art... Les dragons communiquent par l'Art, n'est-ce pas ?

C'était ce que disaient les histoires, c'était ce qu'on racontait aux enfants, ce qu'elle-même avait enseigné aux siens quand ils étaient encore assez petits pour écouter ce qu'elle disait.

Elle avait bougé enfin et posé une main fine et délicate sur le bras du dénommé Courage. Fassent Eda et El qu'il ait mérité ce nom évocateur ! Levant vers lui de grands yeux dont la flamme grise oscillait entre crainte et espoir, elle lui suggérait de tenter quelque chose avec une humilité qui ne lui était pas coutumière et était bien loin des ordres hautains qu'elle s'était plu à distribuer jusque là. S'il était qui il disait être, il y avait un mystère à résoudre et elle voulait savoir à présent. Elle voulait comprendre plutôt que de finir en brochette de cendres pour dragon affamé.

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Courage Hardod, Héritier du Duché de Rippon, Baron de Forbaie & Capitaine de la Marine Royale

* * * * *

Après que le Capitaine de la Marine Royale n’ait secoué le Chevalier de l’If, ce dernier donna son épée au Baron et prit celle de la jeune femme. Le noble ne pouvait donc plus se plaindre de ne pas être armé. Il avait l’épée du protecteur de sa cousine dans sa main. Est-ce que ça allait être suffisant ? Courage n’était plus la fine lame qu’il était du temps de sa prime jeunesse et de la campagne de Fort-de-Lune contre les Montagnards. Il avait perdu un morceau d’avant-bras et depuis peinait à rattraper un niveau acceptable au combat à l’épée.

Tout s’enchaînait si vite que c’est à peine si les événements permettaient au trio un instant de réflexion. Clément s’interposait entre la jeune soldate et l’armée du spectre. Courageux de sa part. En bon Chevalier, il faisait honneur à son devoir de protéger les plus démunis. C’est après que la stupeur apparut sur le visage de l’héritier de Rippon. Juste après cela :

" Rangez vos armes et il n'y aura aucun mort ! Car quand nous prenons les armes, c'est pour défaire nos adversaires. Et nous ne sommes pas vos ennemis ! Je vous laisse une chance. "

*Que… QUOI ? Mais il est COMPLETEMENT à L’OUEST lui ! Oh punaise… Eda, El où que vous soyez… Qui m’a mis cet inconscient dans les pattes ?*

Est-ce qu’il voyait bien la situation dans laquelle leur petit groupe se trouvait ? En face, ce n’était pas une bande de quelques brigands armés de fourches et de bouts de bois… C’était une armée disciplinée comprenant des dizaines et des dizaines de gardes en armure !!! Eux par contre, ils n’étaient que trois… Et encore… Seul Clément était en possession de toutes ses facultés physiques. Courage se posait la question pour ses capacités mentales. Cette étrange réalité dans laquelle ils étaient plongés avait dû sérieusement lui cramer les neurones.

Rectification...

Chiara était également en possession de ses capacités physiques mais soyons sérieux, c’était une noble. Avait-elle vraiment les capacités militaires pour survivre à une attaque en règle ? Bien sûr que non !

*Aaaaaaah ces Chevaliers et leur sens de l’honneur !*

« Sire de l’If ! Vous leur laissez une chance ? Une chance de quoi ? Mais vous avez perdu… »

Courage n’eut pas le temps de continuer sa phrase qui s’était déjà perdu dans le brouhaha ambiant. Un orage d’une intensité incroyable sifflait aux oreilles des trois pauvres petites choses qui se trouvaient cernées par l’armée du Roi attendant un ordre pour attaquer. Un rire à glacer le sang perçait malgré tout ces cliquetis d’armures et ce vent qui faisait voler les jupes de Chiara. Un frisson parcourut l’échine du Baron. Il ne savait pas quoi ni pourquoi mais en cet instant, il avait peur. C’est alors que celle qui répondait aux ordres de Clément bougea et retira son heaume. D’où Courage était placé, il ne pouvait tout voir mais il fut subjugué par le miroitement qui se distinguait au coin de son œil.

« Mais qu’est-ce que c’est ? »

*Des écailles ?*

Qu’était-elle donc ? Cette jeune femme n’était pas totalement humaine ! Elle avait un visage d’une beauté remarquable et ressemblant à quiconque foulant la terre des Hommes mais il y avait quelques différences. Son front et le coin de ses yeux rougeoyaient à l’endroit même où elle n’avait pas de peau mais quelque chose ressemblant à des écailles.

La suite fut encore plus surréaliste. Souriante, elle s’avança pour s’interposer entre Clément et l’armée du Roi. Pourquoi ? Tentait-elle de protéger Clément ? Était-elle amoureuse de lui et préférait se sacrifier plutôt que de voir cet homme mourir ? Le Baron se rendait bien compte que ses pensées devenaient complètement divagantes. Comme il n’osait plus bouger, ses pensées partaient dans tous les sens et il regardait la scène comme s’il était spectateur et non plus acteur de son propre destin.

*Ressaisis-toi ! Fais quelque chose ! Tu ne peux pas laisser cette jeune femme se sacrifier.*

La jeune femme tendit un doigt en direction du toit de la salle et là, l’Apocalypse survint. Ce bruit orageux s’amplifia. Etrange ce bruit d’ailleurs, il n’y avait nulle lueur et aucun éclair pour l’accompagner. On aurait dit un son de gorge. Impossible ! Pour cela, il faudrait que l’animal soit de la taille d’un château. Cette peur que ressentait le Baron s’intensifia et ses membres commencèrent à trembler sans qu’il ne puisse rien y faire pour s’arrêter. Il n’avait plus la maîtrise de son corps.

*Mais qu’est-ce qu’il m’arrive. El, vient à mon aide !*

Le plafond se déchire et s’ouvre à la lumière extérieure. Des débris tombent sur l’armée du Roi réduisant le nombre d’assaillants. Y a pas à dire, cette jeune femme avait des pouvoirs étonnants…

*Un dragon ? Impossible !*

En effet, un dragon venait d’apparaître devant eux et poussa son hurlement vengeur. Courage se tint les oreilles et ressentit dans le même temps une violente poussée d’Art qui fit chanceler le noble de Rippon.

La bête était énorme, la bête était puissante, la bête était majestueuse !

Un dragon ici, maintenant ! Mais pourquoi ? Était-il ami ou ennemi ? C’est alors que la voix de Chiara se fit entendre. Elle parlait de l’Art et demandait si les dragons communiquaient par cette magie. Sans la regarder, il répondit :

« Oui, ils sont capables de s’exprimer par l’Art ! »

C’est alors que la Duchesse de Rippon fit un pas vers lui et lui toucha délicatement le bras mutilé. Quelques secondes, ébahis par ce geste, l’homme ne regarda que la main et le bras de la Dame puis regarda Chiara avec un étonnement difficile à cacher vu la tournure des derniers événements mais surtout l’attitude de la jeune femme en cet instant vu comment avait débuté leur relation. Ce n’était pas la noble assurant son autorité qui se trouvait devant lui. C’était une jeune femme qui espérait qu’il pouvait faire quelque chose vu qu’il était le seul Artiseur du groupe. Il ne pouvait rester braqué sur ses positions vis-à-vis d’elle. Il ne pouvait dégager sa main de son bras et lui faire comprendre qu’il n’en avait rien à faire. C’était faux ! En face d’eux, il y avait un dragon énorme qui venait de réduire quasi de moitié l’armée du Spectre qui pour le coup ne réagissait plus des masses.

Posant sa main valide sur celle de Chiara, un maigre sourire sur les lèvres, Courage tapota légèrement sa main et hocha légèrement la tête. Il n’y avait rien à dire en cet instant. Ce simple geste voulait dire qu’il allait essayer.

L’homme s’avança à hauteur de Clément d’abord puis jusqu’à la soldate qu’il regarda quelques secondes avant de se recentrer sur l’énorme bête se trouvant devant lui. Etant à un mètre devant la soldate, Courage leva la tête vers le dragon et stoppa sa progression. Là, il mit un genou en terre en signe de respect avant de s’ouvrir à l’Art. Doucement pour commencer car il sentait encore un peu de fatigue dû à son effort contre le Roi. Il n’était pas dupe, il savait clairement que le dragon pouvait l’anéantir en une fraction de seconde s’il le voulait malgré toutes les barrières magiques que Courage pourrait mettre entre eux. C’est pourquoi il prit le risque de ne pas se protéger.

Sa formation d’Art parlait de dragons étant venus au secours des Six-Duchés lors d’une précédente attaque des Pirates Rouges contre le Royaume. Cette histoire étant tellement lointaine, elle avait fini en légende car personne après ce jour n’avait plus aperçut le moindre géant reptile volant. Quelque part au fond de lui, le brun avait espéré que ce n’était pas une simple légende et avait aspiré un jour les rencontrer. C’était l’occasion et il devait en cet instant se rappeler de tout ce qu’il avait pu lire sur le sujet malgré le faible nombre d’informations à leurs sujets.

« Permettez-moi, Votre Grandeur, d’être le porte-parole de notre groupe. »

C’était un début. Comment devait-on appeler un dragon ? Comment leur parler ? Courage n’en savait strictement rien et procédait donc à l’instinct pur.

« Je me présente Courage Hardod et voici Chiara Lunabille et Clément de l’If. Nous serait-il permit de savoir à qui nous avons l’honneur de nous adresser ? »

Il était naturel pour le noble de faire les présentations afin d’asseoir la meilleure base possible à une discussion. Une fois cela fait, il pourrait peut-être, si le dragon ne décidait pas de le manger, en savoir plus sur les événements qui se déroulaient ici et pourquoi ils étaient présents.

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Clément de l'If ~ Chevalier d'Ostrefer, Haurfond

Comme première réponse à ma mise en garde, un vent glacial parcourut l’immense salle, se faufilant entre les colonnes et l’armée réveillée. Courage tenta une protestation face à mon attitude mais je conservai un visage fermé. Nous allions mourir ici non ? Il l’avait dit lui-même. Autant le faire avec noblesse de cœur. S’en suivit alors un grondement d’abord lointain, comme un orage qui se serait trouvé à une bonne distance. Mais le bruit du tonnerre se rapprocha bien trop rapidement et fut vite au-dessus de nos têtes, sans qu’un éclair ne paraisse pourtant. L’armée du Roi spectral se mit en place pour le combat, lames brandies vers nos têtes, prêtes à les faire tomber, mais cette fois, le vacarme du métal ne parvint pas à couvrir l’assourdissant grondement de la tempête. Cette scène prenait des airs de fin du monde. Ou tout du moins de fin de nos vis à tous trois, misérables créatures. Nous pourrions bénéficier de magnifiques histoires contant notre bravoure et notre intelligence. Malheureusement, il fallait se rendre à l’évidence. Nul conteur ne pourrait relater notre fin, car nous n’étions que tous les trois ici.

A dire vrai, nous n’étions plus trois depuis un moment. La soldate renforçait nos rangs. Jetant un regard dans sa direction alors qu’elle passait à ma gauche pour se placer entre l’armée et moi. Son sourire, merveilleusement rassurant et intrigant, me déstabilisa. En réalité, ce n’était pas qu’elle put me sourire en cette situation qui me perturbait, mais bien que la demoiselle possède un sourire. Je n’avais jusqu’ici pas réussi à distinguer ses traits, la soldate n’offrant qu’un visage aux contours flous sous un casque qui en masquait une bonne partie. Maintenant qu’elle s’offrait à nos yeux, je ne pouvais voir que sa beauté lumineuse. Je n’avais jamais rien vu de tel. Je ne pouvais détacher mon regard de ces traits parfaits. Et surtout de ce léger miroitement au coin de ses yeux. Je fronçai les sourcils. Cela ressemblait à des écailles écarlates très discrètes. Il fallait avoir contemplé son visage avec ivresse pour les remarquer. Je ne comprenais pas ce qui se passait autour de nous. Toutefois, ce sourire et ce visage merveilleux m’avaient réchauffé le cœur et l’âme. Je me sentais en sécurité. Du moins jusqu’à ce que la ravissante soldate ne tende son doigt vers le ciel, désignant ainsi le plafond qui grondait de plus en plus fort, faisant presque trembloter les murs. La peur me saisissait alors les entrailles. Au plus profond de moi, je n’avais jamais eu autant de crainte.

C’est alors que le plafond vers lequel mon regard était tourné s’effondra. J’eus le temps de placer une main devant mes yeux pour me protéger vainement de la poussière que je m’attendais à voir s’élever, faisant suite à la chute des débris de pierre qui venaient de broyer une partie de l’armée du roi spectral. Plissant les yeux, je distinguai très clairement ce qui venait de nous enlever une partie de l’épine nichée dans notre pied. Un immense dragon aux ailes déployées se tenait au-dessus du toit de la grande salle ou de ce qu’il en restait. Sa couleur était d’un rouge vif. De toute évidence, c’était lui, l’orage apocalyptique qui grondait. Je l’admirais autant qu’il m’effrayait. La bouche à moitié ouverte, je ne pus que murmurer :

« Par El… c’est incroyable… »

La créature mythique lâcha son cri, qui se répandit à travers la salle, pénétrant nos esprits autant que les murs. Sonné par la stupeur, je n’entendis pas mes deux compagnons d’infortune échafauder leur plan de communication avec le dragon. Je leur laissais ces politesses pour nous tirer de là, mieux que je ne l’aie fait en défiant l’armée du roi spectral. Je fis un pas en avant pour m’approcher de la soldate. De près, les écailles qui scintillaient au coin de ses yeux étaient magnifiques. Je voulais lui demander de se mettre en sécurité, mais au fond de moi, une petite voix me disait qu’elle ne désirait pas que je la protège et que c’était probablement elle qui me sauverait de cette sinistre situation. Tenant toujours son épée en main, je suivis son regard qui fixait le dragon. C’est en cet instant que je compris. Elle avait fait venir le dragon. Ces écailles ! La même écarlate les teintait avec vivacité. Toujours convaincu que la demoiselle serait celle qui nous épargnerait la mort, je ne comprenais alors pas pourquoi cette peur me dévorait l’esprit.

« Demoiselle, est-ce votre … dragon ? »

Le Baron de Forbaie se tenait de l’autre côté de la soldate, visiblement en plein effort de concentration. Chiara était derrière nous, sans doute stupéfaite comme le serait une noble Duchesse. Quant à moi, j’en venais à me demander s’il était possible qu’une sorte de lien de Vif unisse ces deux êtres aux écailles miroitantes. Car si la soldate contrôlait la créature ailée, nous étions sauvés. A condition que nous ne soyons pas des dommages collatéraux. Ou le plat de résistance.

Maître Vérichanteur Messages : 1064 Date d'inscription : 18/10/2010

Le dragon écarlate reste à sa place, en appuie sur le toit à demi effondré. Ses écailles semblent scintiller comme si le soleil lui même avait décidé de ne briller que pour elle, c'est une apparition aussi fascinante qu'effrayante. Vous ne pouvez pas vraiment voir ses pupilles mais vous comprenez qu'il vous regarde, l'argent dans ses yeux semble en fusion, tourbillonnant en tous sens.
Là encore, impossible de dire s'il s'agit d'une colère ou non.

Les dragons s'expriment par l'Art, je vous laisse au choix de savoir si vous le comprenez ou non, en sachant que certaines personnes sont plus réceptives que d'autres.
Ceux qui le peuvent, entendront donc ses paroles directement dans leurs têtes, les autres, seulement des grognements face à eux.

Lorsque Courage s'avance puis s'adresse au Roi rouge, ce dernier rit avant de renifler avec mépris.

- Impudente créature qui se vautre dans l'ignorance, commence-t-il crocs déployés. Comment oses-tu demander son nom à un Seigneur du Ciel ? Ton incompétence me hérisse les écailles et me donne envie de te broyer. Sache, jeune fou, que lorsque l'on s'adresse à un dragon, on y met les formes, on le flatte.

La soldate tourne son visage vers Clément en souriant lorsque le dragon se tourne vers eux en grondant.

- Son dragon? Faut-il que vous soyez stupides à ce point répugnantes créatures, vous ne méritez que de finir dans mon estomac ou rongés par mon acide.

Sa colère grandit et vous pouvez aisément voir sa poche de venin placée à sa gorge se gonfler, comme s'il préparait une attaque, mais la jeune soldate lève les mains vers lui en signe d'apaisement, avant de s'avancer vers lui à son tour. Il la regarde de haut, semble hésiter puis finit par traverser le plafond crevé pour descendre dans la salle où l'armée est immobile dans un bruit mat lorsque ses pattes touchent lourdement le sol. Avec délicatesse pour une bête de cette taille il étend puis replis ses ailes afin de vous montrer le détail d'argent qui court sur chaque écaille, formant un filigrane magnifique sur ses ailes.
Il renifle l'air ambiant, l'observe comme si subitement, il était seul au monde, avant de se poser allongé sur le sol de pierre.
Immédiatement, la jeune soldate se débarasse de son armure et court vers lui. Elle commence à l'étriller, sortant une petite brosse métallique de sa tunique aux couleurs chatoyantes dont elle est affublée à présent. Elle brosse avec affection chaque écaille de son Maître.

Le Dragon reporte enfin son attention sur les trois personnages bloqués ici, il les jauge de son regard miroitant avant d'ajouter avec dédain :

- Il vous reste beaucoup à apprendre. Même si vous venez de différentes époques, sachez le créatures éphémères, les Dragons régneront à nouveau. Les Rois comme celui-ci, ne seront que poussières, tas d'os et cendres. Tout n'est que question de temps, avant que le Seigneur des Trois Règnes ne revienne.

Pour une fois dans sa vie et comme rarement depuis son enfance, Chiara était véritablement terrifiée. Un dragon... Sérieusement... Rien dans sa vie ne l'avait préparée à une telle rencontre. Pas même... Non, rien ne pouvait se comparer à ça. Et puis la voix grondante retentit dans sa tête, lui donnant envie de grimacer. Elle regrettait d'avoir forcé Courage à s'adresser au dragon, il était évident qu'aucun d'eux n'était au courant de la manière dont les choses devaient être faites. Par acquit de conscience et même si elle se doutait que le dragon se fichait bien de ce qu'elle faisait ou non, elle s'abima en une profonde révérence, de celles qu'elle adressait au roi ou aurait imaginé adresser à un très grand roi.

Quand elle se redressa, ce fut pour écouter ce qu'elle comprenait des propos du dragon avec une humilité qui était rare chez elle. Différentes époques, hein... Voilà qui expliquait bien des choses. Et puisqu'elle n'avait jamais entendu parler d'un roi Juste comme les deux jeunes hommes l'avaient nommé, elle en conclut naturellement qu'elle était l'ancêtre en présence. Enfin, sans compter le dragon bien entendu car ces créatures devaient être fort anciennes pour être si puissantes et vénérables. Mais si Courage et Clément vivaient plus tard qu'elle, alors le règne annoncé des dragons n'arriverait pas avant très très longtemps. Pouvait-on..? Pouvait-elle..? Elle éprouvait soudain le besoin de demander conseil à ses cartes mais s'en abstint cependant. Ce n'était pas le moment.

- Le Seigneur des trois Règnes ? Murmura-t-elle, perplexe.

Le dragon rouge avait dit "avant qu'il ne revienne", c'était donc qu'il avait déjà régné ? Comment pouvait-elle ignorer une telle chose ? Il faudrait qu'elle fasse de nouvelles recherches. Elle était avide de comprendre, de tout savoir. À ce propos, son regard dévia sur Courage. Courage Hardod, avait-il dit. Quand les Lunabille avaient-il cessé de régner sur Rippon ? Ses projets d'indépendance avaient-ils donc échoué lamentablement ? Le jeune Courage... Descendait-il d'elle et de ses enfants ? Il y avait tant de choses à discuter, elle en était fébrile. Mais avec ce dragon furieux en face d'eux et cette situation surréaliste, elle ignorait s'ils en sortiraient et comment. Pourquoi avaient-ils été réunis là ? Et Si Courage était son descendant, qui donc était Clément ? Et pourquoi, par tous les dieux, un dragon était-il intervenu ? Quel était le message de tout ceci ?

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Courage Hardod, Héritier du Duché de Rippon, Baron de Forbaie & Capitaine de la Marine Royale

* * * * *

Une chose était certaine, la situation était plus qu’étrange, elle était surréaliste ! Devant eux, il y avait un gigantesque dragon écarlate qui semblait avoir mal pris les propos du Baron de Forbaie. C’était bien la première fois qu’un interlocuteur (on ne peut décemment pas dire qu’un dragon est une personne) ose parler de la sorte à l’héritier de Rippon (exceptions faites de son père et du Capitaine Tranche-Oreille.. Et de Chiara Lunabille… Décidément, il y avait du relâchement ! Sans doute Courage en imposait-il moins qu’il ne le pensait ?). Devant ce grand lézard, l’homme ne savait pas trop comment se comporter. La bête semblait avoir pris la mouche alors que Courage lui demandait qui il était. Ne se présentait-on donc pas chez les sangs froids quand on se rencontrait ? Et c’était l’Homme qui était ignorant et incompétent ? Ce dragon ne manquait pas de culot mais de savoir-vivre apparemment ! Bien, si l’on ne pouvait savoir son nom, de quoi pouvait-on parler ? De la pluie et du beau temps ? Il n’y avait qu’à regarder dehors (merci au dragon d’ailleurs d’avoir détruit une bonne partie de la charpente, on y voit mieux et il y a plus d’air frais).

Ainsi donc, il fallait flatter l’ego d’une créature qui était déjà plus grosse que n’importe quelle bête existante. Avait-il besoin de reconnaissance pour combler le manque de quelque chose d’autre ? Était-ce parce que le dragon était une femelle et que, comme toutes femmes, elle avait besoin de reconnaissance ? Était-ce un dragon ayant le même caractère que l’actuelle Duchesse de Rippon ? Si c’était le cas, l’entente allait être dure entre le Capitaine de la Marine Royale et le saurien.

L’homme de Rippon n’a même pas le temps de répondre quelque chose que la bête tourne son énorme tête en direction de Clément et de Chiara. Voilà maintenant que la majestueuse créature se vexait d’être considéré comme appartenant à la jeune soldate. En l’espace d’une seconde, Courage imagina la frêle jeune femme promener ce colosse d’écaille comme une noble dame promenait son chien. Cela ne collait pas vraiment à la réalité. Par contre, cela faisait quelques secondes que le trio se faisait incendier par des propos diffamants et cela en était trop. Répugnante créature ? Stupide ? Il se croyait beau et intelligent lui ? Si vraiment il était aussi cultivé qu’il le pensait, il ne se serait pas répété dans ses propos les deux seules fois où il avait pris la parole. D’une part Courage était une créature se vautrant dans l’ignorance et d’autre part, Clément était stupide. Apparemment, c’était l’espèce humaine en entier qui était stupide. Pourquoi se répéter alors s’il était au courant ? Décidément, Sire de l’If était l’homme de la situation lorsqu’il s’agissait d’enfoncer le groupe encore plus dans les ennuis. Courage crut sa dernière heure (on peut même parler de minute voire de seconde) arriver alors que la bestiole gonflait sa poche d’acide pour exterminer la menace.

Alors que d’instinct, il avait fermé les yeux, il les rouvrit après en apercevant la jeune fille qui s’était avancée pour arrêter le dragon dans son élan. Elle avait levé la main en signe d’apaisement et la bête s’était arrêtée. Pire, elle était descendu à leur hauteur et s’était fait une place dans la pièce. Ce qui suivit était incroyable. La copine de Clément enleva son armure et sortit une brosse pour nettoyer les écailles du dragon tandis que ce dernier était de tout son long sur le sol. L’armée du Roi spectral ne bougeait pas d’un pouce et le fantôme était toujours aussi absent. Le temps s’était-il figé en cet instant ? Heureusement non, les pupilles du monstre se tournèrent à nouveau vers les humains et il parla de sa voix rauque et puissante.

« Il vous reste beaucoup à apprendre […] »

Evidemment ! Courage étant stupide tout comme Clément, il était certains qu’apparemment nous avions des choses à apprendre. Une fois encore, le géant d’écaille revenais sur son thème préféré ; la stupidité de l’Homme !

« […] Même si vous venez de différentes époques, sachez le créatures éphémères, les Dragons régneront à nouveau. Les Rois comme celui-ci, ne seront que poussières, tas d'os et cendres. […] »

Au moins une chose sur laquelle ils étaient tous d’accord, cela faisait un moment que les dragons ne régnaient plus. Apprendre qu’ils allaient régner à nouveau n’était peut-être pas une bonne nouvelle s’ils avaient tous aussi mauvais caractère que celui qui se trouvait en face d’eux. Il semblait que le fait d’avoir mauvais caractère n’était pas le seul défaut du saurien. Il avait des problèmes de vues ! Il parlait des rois en disant qu’ils retourneraient tous à l’état de poussières, tas d’os et cendres. Jusqu’à preuve du contraire, celui qui était présent avec eux était revenu sous forme de fantôme… C’était qui l’ignorant là pour le coup ?

« […] Tout n'est que question de temps, avant que le Seigneur des Trois Règnes ne revienne. »

Les hommes n’étaient pas pressés avait envie de répondre Courage. Qu’il prenne son temps et profites de sa magnificence solitaire ! Pourquoi avoir besoin d’entrer quasi en fanfare dans la Salle du Trône et ridiculiser les seuls témoins de la salle pour délivrer un message qui, si l’on en croyait les dires du dragon, n’était toujours pas d’actualité à l’époque de Clément et Courage ? C’était ridicule ! Evidemment, tout cela n’était pas perceptible par la bête qui était bien trop tournée vers les soins de la soldate ainsi que par la croyance de sa supériorité pour faire attention aux pensées d’un simple mortel.

Heureusement d’ailleurs… Néanmoins, le monologue du dragon suscitait quelques interrogations et répondait à certaines questions. Courage n’avait pas vraiment reconnu sa Salle du Trône parce qu’elle était d’une autre époque antérieure aux Six-Duchés ainsi que le nom de la jeune demoiselle se trouvant avec eux. En parlant de la séduisante Chiara, elle n’émit qu’un faible murmure pour les oreilles de Courage mais qui avait dû être beaucoup plus perceptible pour les oreilles du dragon. Elle s’interrogeait sur la signification de ce que voulait dire le Seigneur des Trois-Règnes. Question pertinente évidemment et qui méritait réflexion ou réponse du lézard en face d’eux. Allait-il se montrer encore agacé par le manque de formules de politesses dans cette interrogation ? L’animal allait-il comprendre que la Duchesse ne venait pas de s’adresser à lui mais qu’elle s’interrogeait ?

Il fallait faire quelque chose ou dire quelque chose. Oui mais quoi ? L’homme de Rippon pour le coup n’avait pas d’idées ou l’envie de se faire rabrouer à nouveau ! Il ne s’appelait pas Défaitiste mais Courage… Si cela ne fonctionnait pas une fois, ce n’était pas cela qui allait l’empêcher de recommencer à entrer en communication avec quelqu’un !

« Votre Immensité, nos pauvres esprits se posent plusieurs questions. Devant votre Sagesse Eternelle, vous serait-il Louable de nous éclairer ? Quand vous parlez de différentes époques, vous entendez quoi par là ? Qui est le Seigneur des Trois-Règnes et pourquoi va-t-il revenir ? Qu’est-ce qui a provoqué son départ ? »

Il se rapprocha de Clément et de Chiara afin que le dragon n’ait qu’un seul endroit à regarder pour parler au groupe.

« Nous vous serions d’une Infini Reconnaissance si vous pouviez nous abreuver de votre Culture si Etendue… »

Courage espérait qu’il avait été assez élogieux pour le coup car il ne pouvait pas faire mieux. Si son père avait été dans la salle, il se serait pris une tape derrière la tête pour oser courber l’échine. Là, c’était tout de même un dragon !

Spoiler:

Invité

Clément de l'If ~ Chevalier d'Ostrefer, Haurfond

La gracieuse soldate tourna son angélique visage dans ma direction, m'offrant un souffrir resplendissant que je lui rendis avec plaisir. J'étais tout de même surpris qu'elle ne daigne même pas me répondre. Le Dragon sembla s'en charger pour elle, lâchant de sinistres grondements qui semblaient faire vibrer les ruines de la grande salle du trône. Sa lourde tête pivota dans notre direction et je ne pus empêcher mes jambes de trembler. De toute évidence, ma remarque n'était pas passée inaperçue. Sous la gorge du dragon, une poche de venin se gonflait de manière inquiétante. Un mouvement de la soldate, levant ses deux mains vers lui, firent redescendre la pression. Je pris la résolution de garder le silence. Mieux valait ravaler mes remarques que de finir en rôtisserie ! J'observais avec émerveillement ces écailles rayonnantes. Elles rougeoyaient tant qu'elles semblaient ne refléter aucune lumière, mais au contraire être elles-mêmes à l'origine de cet éclat. C'était incroyable.

Un murmure prononcé par la Duchesse attira mon attention. Je lui lançai un regard interrogateur. Qui est le Seigneur des Trois-Règnes ? Pourquoi en parlait-elle maintenant ? Je n'eus pas le loisir d'interroger la Dame, les mouvements du dragon soufflant un air chargé de poussière. Il descendit à notre niveau, au milieu de l'armée redevenue de pierre et de silence, et laissa voir toute la magnificence de ses écailles. C'était un mélange subtil de fragilité et de force, de finesse et de résistance. Cette créature était magnifique. J'ouvris alors de grands yeux étonnés en voyant un mouvement non loin du dragon. La soldate à la tresse d'or avait retiré son armure et courait vers la créature d'écailles pour en faire luire chaque fragment. Je compris alors qui était le maître et qui était le serviteur. Aucune âme humaine ne pouvait posséder ou influencer un dragon. Je me sentis encore plus petit que je ne l'étais auparavant et gardai le silence.

Le silence. Il me semblait bien être le seul ici à en percevoir le poids. Chiara et Courage semblaient à la fois absorbés et perturbés par les grognements du dragon. J'avais lu, dans la bibliothèque d'Ostrefer, dans un grimoire aux pages froissées, que les dragons communiquaient par l'Art. Ce devait être pour cela que j'étais le seul à ne pas saisir le sens de la situation. Le dragon tourna de nouveau son énorme tête vers nous, son oeil flamboyant au rythme de ses grognements. Oui, j'en avais la certitude désormais, la créature ailée communiquait avec nous. Heureusement, Courage finit par briser ce faux silence en usant de toutes les politesses possibles. Je ne savais pas le Baron de Forbaie aussi diplomate et manipulant les mots avec autant de soin. Sans nul doute, j'admirais cet homme autant que ses paroles étaient auréolées de mystère.

Sire Courage avait évoqué différentes époques, et ce même Seigneur des Trois-Règnes dont la Duchesse Lunabille avait murmuré le nom. Certes, ce roi dont chacun ici excepté moi semblait connaître le nom restait une énigme, mais je commençais à comprendre pourquoi il était question de diverses époques. Cette salle du trône différente de celle que le Baron et moi connaissions, et à la fois similaire en sa situation. Cette Duchesse qui ne reconnaissait aucun de nos noms et notre Souverain qui n'était pas le même. Nous étions hors du temps. Pourquoi ? Et Comment étions-nous parvenus jusqu'ici ? Cela restait sans réponse. Alors que le dragon allait s'offusquer de la demande de Courage ou grogner dans une langue qui m'était incompréhensible, je jetai un regard à la soldate. J'aurais voulu poser mes questions moi aussi. Mais il valait mieux garder le silence.

[Pardon pour l'absence de dialogues mais comme Clément ne comprend pas le langage par l'Art, il posera ses questions plus tard ]

Maître Vérichanteur Messages : 1064 Date d'inscription : 18/10/2010

Lorsque Courage s'adresse à nouveau au dragon, ce dernier tourne sa large gueule dans sa direction en émettant un soupir railleur.

- Peu importe les connaissances que je pourrais vous apporter, vous serez mort de vieillesse avant d'en avoir pu en comprendre le sens, se moqua le dragon en dénudant ses crocs.

Il s'avance au milieu de l'armée de statues jusqu'à ce que sa gueule soit à portée du trône débité où siégeait toujours le Roi spectral.

- Humm oui...je peux le sentir, hume la créature dans un ronronnement satisfait. Anja....

A l'appel de son nom, la jeune soldate au service du dragon récupère l'épée auprès de Clément. Elle lui sourit, faisant scintiller les fines écailles qui ornent ses yeux avant de se diriger en direction du spectre à travers lequel elle plante la lame sans aucune hésitation.
Un bruit assourdissant retentit, comme un cris qui se dissipe rapidement dans une tempête plus importante et subitement, le Roi ainsi que son armée de volatilisent en une myriade de poussière sombre qui s'élève dans les airs et disparaît par l'ouverture effectuée par le dragon. Le silence domine à nouveau.

De sa lourde tête, la créature géante dégage le trône qui se brise plus loin contre un mur. Sur le sol, une trappe ronde, comme celle d'un puits mais incrustée dans la pierre.

-Anja ! ordonne le dragon.

Et aussitôt, la jeune femme s'affaire à soulever la trappe, dévoilant alors tout un mécanisme de poulies et de cordes qui permettent de descendre un large seau dans le tunnel souterrain. Sur le côté du puits, un autre mécanisme s'enclenche, faisant apparaître une large coupelle en pierre noire veinée d'argent taillée pour un animal gigantesque.
S'armant de patience et de courage, la jeune femme hisse un premier seau qui dès qu'il apparaît en surface, dévoile un liquide miroitant couleur d'argent pur. Anja bloque le système et saisit une paire de gants camouflée sous ses vêtements qu'elle enfile rapidement. Elle saisit l'anse et va déverser le contenu dans la coupelle et pendant qu'elle rempli le réceptacle, la créature mystique s'adresse à nouveaux aux trois protagonistes, comme s'il se souvenait subitement de leur présence.

- Lorsque j'aurais bu l'Argent, la magie s'estompera, vous retournerez alors là où vous devez être.

Il lève ses yeux aux iris tourbillonnants et balaye la pièce dévastée tout entière comme s'il était satisfait du travail accomplis. Un ronronnement guttural s'élève de sa gorge avant qu'il ne reporte son attention sur vous trois.

- Ne me dérangez pas tandis que je me sustente, ou vous ferez partie de mon dîner.

Le ton est ferme, sans appel et vous ne pouvez douter une seule seconde de la véracité de ses propos, à savoir que vous finirez dans son estomac si vous osez l'ennuyer. Le long cou du reptile s'arque, portant sa tête et la bordure de sa gueule au contact du liquide.
Le dragon n'a que faire d'humains, il est là pour s'abreuver d'Argent. Courage peut aisément reconnaître le liquide, puisqu'il s'agit du même qui coule dans le fleuve d'Art. Anja continue de remplir la large coupe du dragon sans se soucier de vous, trop occupée à satisfaire son maître ou trop effrayée peut-être aux conséquences qu'une insatisfaction pourrait lui coûter.

Votre étrange voyage semble sur le point de s'achever, car comme le dragon l'a si bien dit, une fois que la quantité d'Argent du puits aura trop diminué, la magie à l'oeuvre ne pourra plus vous retenir ici.

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