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| Sujet: Rage froide [One-shot - fin mars] Sam 18 Déc - 19:37 | |
| Quand Brasier se trouvait dans son atelier, tout le monde savait qu'il valait mieux ne pas le déranger. Tout problème trouvait, comme par magie, sa solution. Un cheval s'était échappé? Oh... Inutile de déranger le maitre pour si peu... On trouverait bien comment faire... Et il en allait de même pour tout, ou presque. Quand il était question de flamme ou d'accident impliquant un animal ou un humain, les choses en allaient autrement. Mais la routine, on apprenait rapidement à la gérer tout seul. Il faut dire que déranger Brasier dans ce genre de circonstance était surement la plus mauvaise idée qui soit; à la limite du suicide pour les inconscients. Pourtant, ce jour-là, sa femme ne devait pas hésiter une seule seconde. Non pas qu'elle hésite, habituellement. Elle était l'une des rares personnes à oser le chatouiller même dans ses pires humeurs. Inconsciente? Un peu. Mais ça, c'était une autre histoire.
D'un froncement de sourcil, Brasier accueillit les hurlements qui lui parvenait de loin. Une lentille devant l'oeil droit pour lui permettre de voir les détails du loquet qu'il bricolait, il leva le visage puis se décida à se lever juste au moment où sa femme entrait avec la délicatesse d'une tornade.
"Ondin mort, Griss fou."
Elle peinait à retrouver son souffle après la course folle qu'elle n'avait pas manqué de faire depuis le château, mais elle parvint tout de même à ajouter pour unique explication de ce carnage:
"La garde..."
Et le puzzle prit sens dans l'esprit de Brasier. L'histoire recommençait. On s'en était encore prit à un des siens pour la seule raison qu'ils étaient différents, qu'ils partageaient un lien avec un animal. Les détails de l'incident n'avaient aucune importance. La différence avait commencé à creuser un fossé entre deux groupes et semé la graine de la méfiance. La jalousie s'était ensuite chargée de mettre le feu aux poudres. Le vif était leur malédiction, ils ne devaient jamais l'oublier.
A partir de là, sa décision était prise. Il n'avait pas pleuré sur le corps de son fils. Il n'avait pas essayé de rendre la raison à son animal de lien; il s'était contenté de tuer l'animal devenu fou de douleur et de les enterrer l'un à côté de l'autre. Il n'avait pas non plus cherché à faire justice lui-même en s'en prenant à l'assassin d'un des siens. Il ne savait que trop bien où ce chemin risquait de le mener. Il l'avait déjà emprunté auparavant. Non, aujourd'hui, il avait choisi un nouvel itinéraire. Il n'avait pas beaucoup d'espoir quant à son issue, mais fort de la colère qui l'animait, il se savait capable de déplacer des montagnes. Plus de doutes. il irait à Castelcerf. Et il réclamerait la justice du roi.
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