Descriptions
Physique
Âtre n'est pas très grand et n'a plus gagné un pouce en deux ans. Le dur labeur en carrière et en sculpture avaient développé sa musculature aux dépends de sa taille, mais il n'y perdait pas tant que ça aux changes. Le travail de tailleur de pierre qu'il pratique depuis l'enfance lui a laissé un corps trapu, et résistant plus que svelte et gracile mais il n'en ressemble que d'avantage à tous les cerviens qui l'entoure. Juvénile, il a pour lui un nez aquilin qu'il aura tout le temps de se faire casser dans une rixe de taverne dans le reste de sa vie, mais pour l'instant il surplombe un visage lisse aux pomettes saillantes et aux lèvres charnues. On ne peut pas dire qu'Âtre est beau, ni renversant, mais c'était un charmant jeune homme au regard sombre et aux mâchoires carrées. Le cuir hâlé par une vie de travail en extérieur faisant comme un camaïeu de bruns entre ses cheveux, ses yeux et sa peau.
Caractère
Âtre pourrait paraître insipide a qui ne le connait pas. D'un naturel calme et silencieux, il ne babille pas sans but comme bien des jeunes gens de son âge... Et pourtant, il est d'une curiosité avide. Sa volonté de savoir s'est toujours épanchée dans les livres, les ménestrels et la vie en général, mais il lui arrive parfois de se prendre de passion pour un sujet en particulier et de ne vivre plus que pour lui. Ses lubies accaparent souvent toutes ses pensées et lui laisse un air maussade à quiconque ne saurait le déchiffrer. Mais c'est bien mille passions qui se déchaînent sous cette mer d'huile, passion pour son art, passion pour son duché et son histoire... Et cette propension à aimer tout ce qu'il fait lui laisse parfois un goût amer d'inachevé lorsqu'il juge ne pas avoir exploré un sujet, quel qu'il soit, à fond.
Relations et opinions
Relations
Âtre est bien évidemment lié à ses parents, Marbre Pierrefendue (son père) et Fyra Pierrefendue (sa mère), tout deux honnêtes marchands et artistes sur pierre, ils détiennent plusieurs carrières de pierre à travers les duchés ainsi qu'un atelier de sculpture et une maison à Bourg de Castelcerf. Il a une petite soeur, Quartz Pierrefendue, trop jeune pour avoir entamé sa formation au métier familial, quelques amis de jeunesse dans le bourg et des relations acquises dans le travail. Il a également des liens avec un membre du lignage en cerf, contact acquis lors de sa jeune adolescence en parallèle de sa découverte de son don.
Opinions
• Sur la magie du Vif (doit-on la condamner ?)
Publiquement, Âtre n'irait jamais soutenir la cause du lignage, la peur du lynchage et de la réputation que pourrait y gagner sa famille le terrifie mais en privé, il embrasse cette magie comme la sienne et rêve qu'elle soit un jour simplement acceptée.
• Sur la défense du Royaume (que faire face aux attaques pirates et chalcédiennes ?)
Féru d'histoire, le jeune homme connait les précédents sur le sujet des pirates rouges et son avis n'est pas différent que celui qu'il porte sur ces événements passés : il faudrait un miracle pour les arrêter... Un miracle que seul les lonvoyant sont en mesure de provoquer.
Les Chalcédiens sont un autre problème, frontaliers et belliqueux, ils n'en reste pas moins qu'ils avaient jadis réussis a avoir une paix solide entre eux par le bien d'une alliance, aussi Âtre espère t-il que cela pourrait se reproduire.
• Sur la succession du Royaume (Aimée ou Prospère Loinvoyant, qui doit régner ?)
Membre du lignage lui même, il voit mal en quoi la magie de l'aînée Lonvoyant devrait la déchoir de son droit au trône, au contraire, pour lui il s'agit d'avantage d'une raison supplémentaire pour elle d'accéder au pouvoir.
• Sur le remariage du Roi (d'un point de vue moral et/ou politique)
Même si il trouve ces noces rapides, il ne les désapprouve pas. Le roi était seul, brisé, et cette duchesse si belle et si semblable à sa femme jadis était là, comment l'en blâmer? Politiquement, la proximité de la famille Lunabilles dont était issue la nouvelle reine avec Chalcéde lui paraît aussi bénéfique que dangereuse, car elle pourrait renforcer les liens du duchés avec la faction belligérante comme la laisser parfaitement indifférente.
Histoire
Toutes les histoires ne sont pas tragiques, certaines sont simples et douces, comme épargnées par celles qui se brisent autour d’elle.
La famille Pierrefendue était établie en Cerf depuis que les registres existaient, ils avaient même aidé à la taille et au transport des pierres qui avaient construit Castelcerf aimaient à dire les histoires de leurs aïeux… Comme la pluie dans les montagnes, le temps avait passé sur leur descendants, amenant avec lui une certaine fortune, vite étiolée par des périodes moins fastes, et puis, la stabilité. La renommée des Pierrefendue tenait en une chose, ils disposaient d’une carrière de Marbre aux couleurs étonnantes en Cerf, et toute la pierre qui en sortait n’avait son pareil nul pas dans les duchés. Le précieux minerai était échangé contre d’autres pierres ou divers articles rares, nouant ainsi les contacts d’alliance solides, car la pierre demeure.
Petit a petit, les ouvriers de la pierre avaient laissé place à des marchands, des tailleurs de pierre, des sculpteurs et s’étaient enfoncés un peu plus dans la petite bourgeoisie de Bourg de Castelcerf. Ils avaient acquis de nouvelles carrières, de pierres moins rares, et avaient continué de prospérer.
C’est dans ce contexte que naquit Âtre, ainsi nommé parce qu’il était née sur la pierre devant la cheminée une longue nuit d’hiver. Il eut une enfance de fils d’artisan on ne peut plus banale, tranquille existence parsemée de leçons de lettre, de batifolage dans le foin et de fuites dans les livres d’aventure et d’histoire des duchés de la bibliothèque de la maison… Et de sculpture. Ce fut en ce dernier domaine qu’Âtre s’épanouit le plus, il considérait cela comme un art et s’efforçait de s’y exercer aussi sérieusement que possible. Il ne connaissait pas de meilleurs sensations que celle de mettre au jour une forme, un être, dans les veines de la pierre qu’il travaillait. Il acquit d’ailleurs une certaine sensibilité dans le domaine, et même si nul ne pouvait le qualifier de grand sculpteur, il aimait s’abandonner dans son art.
Dans sa prime adolescence, les affaires connurent beaucoup de bas plus ou moins importants… Les conflits armés que connaissait le royaume mettaient à mal les caravanes de marchands qui traversaient les duchés côtiers, et les pierres et rochers dont vivaient les Pierrefendue étaient principalement vendues à ces derniers... Même les échanges plus spécifiques avec les duchés intérieurs pour des pièces plus petites marchaient alors au ralenti, en temps de guerre les statues, œuvres d’arts et meubles ouvragés trouvaient, de fait, moins preneur.
Les domestiques furent alors moins nombreux dans la maisonnée des Pierrefendue, les repas moins délicats. Ce fut a cette époque qu’Âtre découvrir son vif : alors âgée de 12 ans, il avait toujours connu une affinité avec la « nature » au sens large du terme dans le sens où il aimait les animaux, que ces derniers le lui rendaient bien, mais jusqu’alors aucun lien particulier n’avait été établit. Un jour, dans le plein été, tout occupé qu’il était à révéler la rose que cachait un bloc de roche iridescent, un geai s’était posé sur une fenêtre de l’atelier. La bête l’avait subjugué, tiré de son œuvre au point qu’il s’était agenouillé devant elle pour l’admirer, et là, l’impensable s’était produit : ils avaient communiqué. L’échange en lui-même avait été tout a fait insipide, l’oiseau avait demandé à manger et à ce que le jeune homme mire ses plumes à plusieurs reprises et s’était envolé. Cette rencontre fut un tel choc pour lui qu’il n’en dit rien à personne, de par l’éducation toute théorique qu’il avait reçu sur les magies des duchés, il savait que ce qu’il venait de vivre était lié au « vif » et bien qu’il ne doutait pas sur ses parents l’aimaient, il préférait leur taire sa nouvelle condition…
Son apprentissage de sa nouvelle magie fut succinct, et brutal. Depuis sa rencontre avec l’oiseau, il avait expérimenté le contact avec Pelotte, son poney de trait, mais l’animal était si placide que ses pensées s’apparentaient presque au souffle du vent dans les arbres… mais il le sentait, il ressentait son bien être lorsque l’animal s’allongeait au soleil pour détendre ses membres courts, sa chaire picotait lorsqu’un nuisible mordait dans son cuir élimé comme s’ils partageaient les mêmes muscles. Mais il ne se lia pas avec Pelotte, en grande partie parce que la bête n’en ressentait pas le besoin ; il avait vécu la plus grande partie de sa vie sans humain avec lequel partager son être et n’en éprouvait pas davantage l’envie avec Âtre. Mais le vif du jeune homme « s’exprimait » alors aux quatre vents, émanations brutes et indistinctes propres aux êtres sans expérience, elle ne trouvait pas de destinataire dans les animaux que côtoyait le jeune homme, et ce fut sans doute une chance.
Quelques années plus tard, lors de l’une de ses tournées de vente en cerf en compagnie de son père, il rencontra, à la faveur d’une après midi de relâche dans un sous bois, un homme fait aux allures de vagabonds. Il était accompagné d’un gros chat gris, aux oreilles comme mordues par les mites et les ans… les deux compères étaient membres du lignage, et attirés par les plaintes de vif d’Âtre ils avaient fini par trouver le garçon. Une compréhension mutuelle s’était vite établie, tant parce que l’adolescent était avide de connaître mieux sa magie que parce que l’ancien et son chat se sentaient seul sur la route. Durant plusieurs heures qui parurent à Âtre une poignée de secondes, ils avaient discuté du vif, le voyageur qui se nommait Flèche présenta son chat Velours comme son animal de lien et expliqua tout ce que ce terme désignait. Flèche le mit en garde contre le fait de se lier trop tôt, et le félicita de ne pas l’avoir fait, il lui permit de communiquer avec Velours pour se familiariser avec le contact d’un animal sur son esprit. Cette rencontre fut pour lui un point d’ancrage, le Vifier et lui échangèrent des informations sur leurs lieux de vie et se promirent de se donner des nouvelles, ce qu’il firent régulièrement. Ces échanges constituaient son éducation au lignage, et même si il devait en exister de meilleur, elle plut à Âtre qui trouva en Flèche un professeur et un ami.
Ainsi, alors que certains étaient à la guerre et mourraient pour leur patrie, Âtre était à Bourg de Castelcerf et taillait la pierre. Il n’avait, à ce jour, toujours pas entreprit le voyage qui devait le mener a son animal de lien, mais l’appel se faisait de plus en pressant… comme une odeur délicieuse qui le poussait à partir à rechercher d’où elle émanait… Le premier vrai voyage de sa jeune vie, et il approchait dangereusement.