Lorsqu'il apprit que Constance allait lui rendre visite à Castelcerf, Loyal fut ravi. Il faut dire qu'il s'inquiétait beaucoup pour elle depuis son veuvage et surtout depuis que sa belle famille lui avait retiré ses enfants. Ils n'avaient pas le droit de faire ça. Des enfants n'étaient jamais mieux qu'auprès de leur mère, ça Loyal pouvait l'affirmer à n'importe qui puisqu'il était devenu orphelin à huit ans.

Ils s'étaient justement retrouvés pour se promener dans les jardins du château, comme quand, lorsqu'ils étaient enfants, ils partaient se promener le long de la route près de l'auberge de la famille Lavigne. Le garde était donc au bras de la plus belle femme qu'il connaissait, à savoir sa sœur d'adoption, dans les plus beaux jardins du Royaume et en train de se remémorer ses meilleurs souvenirs de jeunesse. Constance était justement en train de raconter quels supplices il avait fait subir au chat... à ce souvenir Loyal eut honte un instant avant d'éclater de rire.

Bras dessus, bras dessous, ils cheminèrent encore un moment en observant leurs compagnons gambader dans le parc. Enfin, plutôt Alfa en train de gambader dans le parc pendant que le tamia de Constance, Malicieuse, était accrochée dans son dos. Loyal aussi était heureux d'avoir quelqu'un avec qui partager ce secret, mais il aurait aussi préféré que Constance ne soit pas au château, avec les troubles vifiers elle aurait été bien plus en sécurité chez sa belle famille, ou tout autre part.

Alors qu'il suivait toujours les deux animaux de Vif du regard, un sourire aux lèvres, Constance exerça une pression sur son bras et les fit dévier de leur route. Elle se sépara de lui et s'approcha de ce que le jeune homme prit tout d'abord pour un tas de tissus avant de se rendre compte que c'était une personne. Toujours égale à elle-même, la jeune veuve s'approcha et demanda d'une voix douce si la personne avait besoin d'aide. Loyal, se disant que sa présence pouvait effrayer leur "invité", décida de rester quelques pas en arrière, mais toujours sur le qui-vive. Mentalement, il rappela la chienne qui revint en sautillant, Malicieuse toujours sur son dos.

- Constance, fais attention, tu ne sais pas ce que cette personne fait ici, chuchota-t-il à sa sœur sans savoir si elle l'entendait.

Il lui passa également une gourde remplit d'eau au cas où cela soit nécessaire.  

A la réponse de sa sœur, Loyal grinça des dents; cela pouvait être extrêmement dangereux ! Mais non, l'inconsciente ne fit plus attention à lui et s'avança vers l'intrus, ou plutôt intruse d'après le peu que Loyal pouvait voir de sa place. Celle-ci s'était levée et tentait de s'enfuir quand elle le vit. Un air effrayé se peignit aussitôt sur son visage et elle recula, prête à décamper. Se rendant compte de ce qui l'effrayait, Constance demanda à Loyal de les laisser un moment, ce qu'il fit non sans quelques réticences.

- Ne tardez pas trop, dit-il avant de les laisser.

Elles s'installèrent sur un banc et il se positionna à quelques mètres de distance, à un endroit où il était sûr de pouvoir voir le moindre de leurs mouvements et d'intervenir en cas de danger. En parlant de danger, il était bon pour raccompagner l'étrangère à l'entrée du château après l'entrevue. Il dut patienter de longues minutes avant que l'on ne le rappelle.