Quand les beaux jours revenaient, du moins beaux selon la norme montagnarde, Solvig appréciait de s'éloigner de Jhaampe en compagnie de son habituel groupe d'amis. Ces jeunes gens, une demi-douzaine, dans ses âges, aimaient comme elle s'affranchir de la tutelle parentale, et s'adonner aux plaisirs de la traque, parmi les immensités vierges qui ne manquaient pas dans leur royaume. La température de l'air était loin de la dispenser d'un manteau de fourrure, mais sa clarté presque irréelle semblait dessiner plus nettement chaque détail du paysage, et rappeler le simple bonheur d'être ici, vivant et libre.

La fille de l'Oblat s'était éloignée du campement des derniers jours, et la poursuite d'un chevreuil de belle allure l'avait amenée plus loin que prévu, mais qu'importait ? Non, ce qui l'ennuyait plutôt, c'était d'avoir perdu sa proie en cours de traque, et lorsqu'elle avait dû se rendre à la réalité que l'animal l'avait définitivement distancée, il devint également évident qu'elle ne rentrerait pas bredouille (ni brocouille). Aux aguets, elle avait commencé à faire demi-tour, confiante dans ses capacités à trouver du gibier au cours du long chemin qui l'attendait encore, lorsqu'elle remarqua un rapace planant dans le ciel, tout proche. Et, quasi simultanément, un lièvre s'enfuit à quelque distance. Proie bien plus modeste que celle initialement levée, mais elle n'allait pas non plus la dédaigner.

La poursuite s'engagea donc entre la jeune femme et le petit mammifère. Mal lui prit d'ignorer le volatile qui, au-dessus d'elle, avait manifestement repéré le même gibier, et fondit alors qu'elle avait la certitude d'avoir acculé sa prise. L'oreillard fut enlevé de sous son nez, entre les serres du faucon, et  Solvig laissa échapper sa colère en levant le poing vers le kidnappeur, inutilement, en apparence.
« Rhaa, sale bête, tu vas voir si je t'attrape ! Non mais, il est à moi, 'spèce de voleur ! »

Accroupie près d'un petit ruisseau, la chasseresse se lavait les mains et le visage. L'eau froide la revigorait. Aujourd'hui, elle se permettait d'être plus tranquille puisque le gibier qu'elle pourchassait depuis quelques jours a fini ses jours dans le ventre d'une meute de loup la nuit dernière. Il faudra trouver autre chose à ramener au marché de Jhaampe.

Son fidèle compagnon était dans les airs et elle leva les yeux au ciel juste à temps pour le voir plonger. Habituellement, il pousse un cri pour l'avertir mais pas cette fois. Il arrivait qu'il prenne l'initiative de ramener le souper et c'est ce qu'il sembla faire. À peine une minute plus tard, Narjis le vit apparaître au-dessus de la cime des arbres et, presque en même temps, elle entendit quelqu'un crier sans capter les mots qui ont été dits. La jeune femme fixa alors l'orée de la forêt, une main posée sur son arc.

- Ne me dis pas que tu as ramené des ennuis avec le repas...

Le faucon atterri à ses côtés avec un beau gros lièvre et émit de petits sons.

- Mouais... On verra bien...

Elle semblait avoir une discussion avec l'oiseau tout en observant la forêt. S'il y avait quelqu'un de mécontent, ce qui semble être le cas d'après le cri entendu, il aura suivi l'oiseau et ne tardera pas à pointer le bout de son nez.

De nature patiente, la chasseresse resta là, sans bouger, l'arc en main, et attendit.

Solvig n'était pas du tout prête à se laisser chaparder sa proie sans rien faire d'autre qu'agonir son voleur. Le faucon avait beau s'enfuir par la voie des airs, elle savait qu'il finirait par se poser pour déguster sa viande fraîche. Et s'il avait le malheur de se choisir un perchoir à portée de l'humaine, celle-ci comptait bien lui faire comprendre sa manière de penser. Elle se lança donc dans une course, suivant au sol la trajectoire de l'oiseau dans le ciel, dont l'ombre la guidait, jusqu'à ce qu'elle le voie prendre la direction du bas. Un sourire carnassier se dessina sur son visage, et elle accéléra.

Pourtant, lorsque  le rideau d'arbres s'ouvrit sur un paysage plus nu, avec un ruisseau clair au premier plan, elle perdit son expression de victoire. Il y avait là le volatile, certes, mais aussi une femme armée d'un arc. Elle ne se souvenait plus de son nom, mais était certaine de la connaître au moins de vue, sans doute pour l'avoir croisée à Jhaampe lorsqu'elle y vendait ses prises. Chassait-elle au faucon ? Ce n'était pourtant pas une pratique répandue dans leur Royaume… Prête à débrouiller la situation, la fille de l'Oblat releva fièrement le menton.

« Bonjour. Je suis Solvig. Vous connaissez ce… rapace ? »
Elle avait parlé calmement, et s'était retenue de désigner l'oiseau par un qualificatif moins recommandable.

Comme elle l'avait prédit, une jeune femme sortit de la forêt. La déduction se fit très rapidement dans la tête de la chasseresse; c'est elle qui a crié lorsque l'oiseau avait réapparu aux sommets des arbres et, d'après le sourire qui s'était effacé de sur ses lèvres, elle ne s'attendait pas à voir le voleur ailé près de Narjis.

L'arc toujours en main mais le bras détendu le long de son corps, elle répondit :

- Bonjour Solvig. Je suis Narjis et oui, je connais ce rapace. Elle pencha un peu la tête sur le côté, regardant sans arrogance Solvig dans les yeux.

- Pourquoi ?

La chasseresse se doutait de la réponse... En fait, elle connaissait la réponse mais se demandait si la jeune femme, qui lui disait vaguement quelque chose, serait assez franche pour dire la vérité.

Le faucon, tant qu'à lui, fit un bond, traîna le lièvre sur le sol, refit un bond et re-traîna la boule de poil sur le sol. Il répéta ce petit manège jusqu'à ce qu'il entre les jambes de compagne humaine. On aurait dit qu'il voulait qu'elle le protège contre Solvig. Puis il émit un cri son.

- C'est sa réponse que je veux... Pas la tienne... , répondant à voix haute.

La petite bête aux ailes brunes sembla répliquer puis commença à arracher le poil de sa proie alors que Narjis n'avait pas quitté des yeux celle qui se tenait devant elle.

« Pourquoi poser une question dont vous connaissez déjà la réponse ? Vous êtes Liés, non ? Vous devez déjà être au courant de ce qui s'est passé. »
rétorqua la jeune femme, sans baisser les yeux un instant. Les réactions du faucon dénotaient d'une relation plus profonde que la normale avec l'humaine nommée Narjis, et cette dernière n'allait pas faire croire à Solvig qu'elle ignorait les derniers événements. La fille de l'Oblat eut un regard peu amène vers l'oiseau qui semblait bien décidé à entamer son butin sur-le champ, puis en revint à la chasseresse. Elle avait pris sa décision.

« C'est moi qui ai levé ce lièvre. J'accepte de vous le laisser, mais il va falloir trouver un dédommagement. Une autre proie. Vous le faites avec moi, et j'estimerai la dette payée. »
Bien que plus jeune que son interlocutrice, Solvig avait le ton des êtres nés pour commander, et qui ne souffrirait pas un refus. Elle n'avait pas envie de se retrouver avec un bout de lièvre à demi picoré par le faucon, le marché qu'elle proposait lui semblait donc le mieux pour tous. Avec Narjis et son rapace, sûrement qu'elle ne serait pas longue à trouver une nouvelle victime qu'elle pourrait garder exclusivement pour elle.

Narjis sourit franchement lorsque Solvig clama que le lièvre lui revenait de droit. La chasseresse la regardait un moment, toujours souriante, tout en pesant les pours et les contres d'une telle alliance. Plier aux exigences d'une jeune femme qui prends sa notoriété un peu trop au sérieux ou éviter que ses ventes à Jhaampe ne deviennent plus difficiles à cause d'un refus.

- Les lois de la nature sont parfois injustes et ingrates Solvig. Cependant, je ne prendrai pas le risque que vous me fassiez une mauvaise réputation dans votre ville. La vente de mes traques sont trop importantes pour ma survie. Par contre, j'espère que vous aimez le poisson. Le gibier est déjà parti loin dans la forêt pour se protéger des prédateurs. Nous pêcherons donc. Si Mademoiselle veut bien me suivre.

Sur ces mots, Narjis prit ses affaires restées jusqu'à présent sur le sol, jeta un coup d'œil réprobateur à son compagnon puis passe devant la jeune femme sans dire un mot de plus. Le faucon, tant qu'à lui, saisit sa proie et s'envola. Elle détestait se plier au ordres d'une gamine mais sa survie en dépendait.

Solvig resta calme devant le sourire affiché par la chasseresse. Elle savait que sa jeunesse la desservait, l'avait déjà remarqué bien des fois, et c'est en partie pour cela qu'elle aimait tant les parties de traque avec ses amis, loin du regard condescendant de ceux qui se croyaient supérieur parce qu'ils comptaient plus d'années.
« Je connais les lois de la nature. Mais ici, nous sommes deux humaines, nous ne sommes pas obligées de nous comporter comme des sauvages, »
commenta-t-elle seulement, avant qu'un hochement de tête ne vienne approuver la décision de Narjis.

« Pourquoi pas, du poisson. Votre bestiau est trop fatigué pour se remettre en chasse ? »
fit-elle en désignant le faucon. Elle aurait cru que la Vifière aurait préféré le gibier terrestre, rien que du fait de l'aide que le volatile pouvait lui apporter. Mais des prises à écailles, ce serait un peu plus original. Elle eut cependant un rire bref, un peu méprisant, à la manière dont la femme l'appela.
« Vous pouvez vous épargnez le mademoiselle, vous savez. On va pêcher ensemble, sûrement s'éclabousser de l'eau, et vider les tripes des poissons. Pas essayer les robes de tante Kaïran. »

Un autre rire, plus naturel, vint conclure. Pas que Solvig n'aime pas être apprêtée correctement, mais elle savait faire la part du pragmatique, ce concept dont la sœur de sa mère semblait ignorer totalement la signification. Elle emboîta le pas à celle qui serait sa partenaire temporaire, jusqu'à la rivière.
« Vous pêchez avec quoi ? Un harpon, ou… autre chose? Ou à la main ? »
Elle-même préparait une sorte de lance qu'elle portait dans le dos, et qui pouvait s'adapter à plus d'un usage.

Marchant devant la jeune fille, la chasseresse répondit:

- Je suis une sauvage Solvig, insistant sur le "suis". Pourquoi croyez-vous que je vis en dehors des murs de Jhaampe ? Cependant, je vous demanderais de ne plus parler de l'oiseau sur un ton méprisable et/ou moqueur. Lorsque vous l'insultez, vous m'insultez.

Le ton de sa voix était doux mais sans équivoque. La blonde se foutait totalement de ce que les gens disaient à son égard, mais elle exigerait tout de même un minimum de respect.

Les deux femmes marchèrent ainsi pendant quelques minutes. Narjis répondait aux questions de la fille de l'Oblat :

- Je pêche à la lance. Il m'arrive de pêcher à la main lorsque le cours d'eau n'a que quelques centimètres; c'est-à-dire lorsque le ventre des poissons frôle le fond. Habituellement, c'est ce genre de poisson qui est servi sur votre table lorsque vous avez des invités. Étant resté intact, il est beaucoup plus présentable que lorsqu'il a un trou béant dans les branchies.

La chasseresse s'arrêta près d'un ruisseau plus profond et déposa son sac sur le sol. C'est ici qu'elles captureront leur proies. Elle retira ses bottes de fourrure, certes l'eau sera froide mais elle y est habituée, et prit sa lance.

- Alors Solvig. Que désirez-vous comme poisson et comment comptez-vous capturer votre proie ?

Alors qu'elle prononça ces mots, le faucon se posa sur l'autre rive, le lièvre à moitié picoré. Il poussa quelques petits, qui, visiblement, fit sourire Narjis. Cette dernière reprit son sérieux, attendant une réponse de sa compagne de chasse.

Solvig eut un sourire moqueur.
« Je ne pense pas qu'une sauvage donnerait du “mademoiselle”. Et puis, il y a beaucoup de gens qui ne vivent pas à Jhaampe en permanence. Je crois pourtant que je vous ai déjà vue là-bas. »
Narjis avait certes une allure de trappeuse indépendante, mais une sauvage ? Non, ce n'était pas le qualificatif que lui aurait accolé la fille de l'Oblat, et elle n'allait pas laisser son opinion être influencée par les dires de l'autre.
« Je n'ai pas eu l'intention d'insulter qui que ce soit, »
assura-t-elle cependant d'un ton tranquille, l'air de dire qu'il n'y avait pas de problème, et pas à en chercher. Puis elle ajouta, avec un amusement presque innocent :
« Vous êtes peut-être plus susceptible que sauvage, en fait. »

Elle laissa la chasseresse donner ses explication, même si le ton docte avait tendance à l'énerver. Encore une qui croyait que, parce qu'elle était plus jeune, Solvig en savait forcément moins.
« Je n'ai pas d'invités. Juste des amis, »
précisa-t-elle cependant, bien décidée à ne pas se faire traiter en fillette, dont elle avait largement passé l'âge. Et puis, ce n'était pas comme si ceux avec qui elle chassait étaient capables de se formaliser d'un trou dans un poisson.

« On n'est pas difficiles, vous savez, puis j'ai pas envie de passer la nuit ici, et j'imagine que vous non plus. Alors, on pêchera ce qu'on trouvera. Mais je préfère les plus gros, c'est plus facile à préparer, et les arêtes sont moins embêtantes. Moi, j'ai ça, »
termina-t-elle en faisant quelques mouvements avec son arme. En y regardant de près, cela ressemblait à quelque chose d'intermédiaire entre lance et harpon. Il y avait un lien fixé au manche, que la jeune fille s'attacha autour de la taille : cela lui éviterait de perdre le matériel en cas de proie quelque peu énergique.
« C'est vraiment pas mal, ça accroche bien la proie, et puis c'est solide, sans être trop lourd, donc ça se lance bien. »
Elle considéra les bottes de Narjis, déposées sur la rive, et lui posa franchement la question :
« Elles ne sont pas étanches ? Moi je garde les miennes, je n'ai pas envie de me geler là-dedans. »

HJ : Je te propose de jouer notre pêche aux dés, pour donner un peu plus d'imprévu ! Une tentative, un lancer de dé, avec le "barème" suivant :
- 1 : complètement raté
- 2 : manqué de peu
- 3 : réussi, mais prise pas terrible
- 4 : réussi, prise normale
- 5 : réussi, prise exceptionnelle
- 6 : surprise !

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'Hasard' : 6

Et elle réussi du premier coup! La lance transperça les branchies du poisson qui, une fois que Narjis le retira de l'eau, se débattait avec ferveur.

La chasseresse marcha jusqu'à la rive et assomma d'un coup sa victime sur une roche.

Satisfaite que l'autre n'argumente pas plus (de toute façon, elle savait bien qu'elle avait raison), Solvig l'observa se préparer, puis haussa les sourcils au sujet des bottes, sans pour autant répondre. Elle restait sceptique, mais chacun faisait à sa manière, après tout. Tant que Narjis ne lui demandait pas de l'imiter, ça allait.

Elle se posta donc à quelques pas de l'autre femme, mais en avançant seulement le long de la rive, de manière à ce que l'eau ne dépasse pas ses chevilles. Ses amis auraient certainement allumé un bon feu quand elle les retrouverait, mais elle préférait éviter de devoir rentrer avec le bas de ses vêtements humides.

« J'en suis sûre, »
confirma-t-elle à la suite de la chasseresse, un peu étonnée de cette soudaine sympathie que l'autre semblait lui témoigner, même si c'était plutôt une surprise agréable. La voyant viser, elle ne voulut pas être en reste, et à son tour, fléchit les jambes en levant lentement son arme. Du coin de l’œil, elle remarqua que Narjis avait réussi son coup, et sortait quelque chose de l'onde, mais ne laissa pas pour autant son attention vagabonder. Le prochain poisson qui passerait allait être pour elle, c'était certain !

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'Hasard' : 3

[HJ : Narjis 6 -> c'était "surprise", le résultat / Solvig 3 -> petit poisson]

Le poisson que la chasseresse avait sorti de la rivière était de bonne taille, semblait beau excepté peut-être un léger manque de brillance dans les écailles, mais son apparence restait tout ce qu'il y a de plus sain… jusqu'à ce que la jeune femme le fasse claquer avec force sur la pierre. Il cessa alors de se débattre, et un morceau de chair de son ventre éclata, commençant à révéler les organes internes, leur rouge sombre contrastant sur la neutralité grise de la roche. Tout cela aurait pu être parfaitement normal, si un petit filament blanc n'était pas apparu, se tortillant dans les viscères de la proie. Un autre le rejoignit bientôt, puis encore un… le poisson était infesté de minuscules vers !

[HJ : et bon appétit ]

[HJ: Désolée pour le délai, mon pc m'a lâché et je vais devoir en acheter un autre. En attendant, je ferai de mon mieux pour trouver de quoi répondre ! ]

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'Hasard' : 4

Solvig avait esquissé une moue déçue à la vue de la taille de sa proie. Ce n'est pas avec ça qu'elle s'attirerait les louanges de ses camarades lorsqu'elle serait de retour auprès d'eux ! Et leur quolibets, tout amicaux qu'ils restent, ne manquerait pas de piquer son amour-propre. Pourtant, quand Narjis commenta leur première série de prises, elle retourna le regard vers elle et son apparente bonne chance, son petit poisson toujours piqué au bout de son arme. Une grimace de dégoût étira ses lèvres lorsqu'elle se rendit compte qu'en effet, il ne s'agissait que d'une apparence.
« Beurk… j'espère qu'il n'y en a pas d'autres comme ça. Je n'en ai jamais vu un parasité à ce point. Au moins, on ne risque pas de le confondre avec un poisson sain. Saletés… »

Sur ce, elle en revint à sa première proie, qu'elle déposa sur un gros rocher plat, avant de revenir elle aussi à la rivière en grommelant :
« Bon, j'espère que ça va être mieux pour la suite, sinon on n'en aura pas fini avant la nuit. »
Ce n'était pas ce qu'elles avaient attrapé jusqu'à maintenant qui allait pouvoir suffire ! Comme la chasseresse, elle refit les mêmes gestes qu'un instant plus tôt, attendant et espérant ce qu'elle allait bien pouvoir réussir à sortir de l'eau. Quelques pas plus loin, Narjis avait l'air de tenir un poisson de taille honorable à la pointe de sa lance : la fille de l'Oblat avait bien l'intention de faire au moins aussi bien, mais le hasard en déciderait peut-être autrement…

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'Hasard' : 2

HJ : Narjis a donc pris un poisson de taille correcte, et Solvig a manqué le sien de peu. Encore un dernier tour de pêche, et puis on passera à la suite ? J'ai quelque chose en tête

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'Hasard' : 1

Solvig avait visé une proie conséquente dont les écailles scintillaient sous l'eau, mais au moment de lancer son arme, une crampe dans le mollet l'avait dérangée, faisant dévier légèrement sa trajectoire. Suffisamment, en tout cas, pour que le poisson poursuive sa nage sans être inquiété. Un grognement rageur s'échappa de ses lèvres.
« Rhaa, foutue crampe ! Il était beau, celui-là, pourtant ! »
Vexée, elle avait lancé son arme vers le fond sableux, l'y laissant plantée, et avait fait des mouvements de jambes pour chasser son inconfort. Résultat, l'eau dans son coin était maintenant toute brouillée, et il n'était plus question d'espérer y voir un poisson.

Toujours grommelant, elle reprit sa lance-harpon, et sortit de l'eau. Elle considéra la chasseresse, et, à sa grande surprise, la vit ressortir… rien, justement. Passé l'instant de surprise de voir que l'autre était aussi faillible, elle lui adressa un sourire mi-désolé, mi-complice.
« On dirait que ce n'est pas un coin terrible, ici, finalement, hein ? Bon, allez, j'en tente un dernier coup… »
La fille de l'Oblat n'était pas du genre à rester sur une défaite, et après s'être éloignée de quelques pas, elle reprit son immobilité de statue, le bras armé.

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'Hasard' : 5