Quand ça va mal, y a toujours quelqu'un à qui on peut penser. Un ami, un parent ou un sombre inconnu de passage au bon moment et au bon endroit.
Flèche, pour sa part, n'avait pas trente six solutions. Sa mère? Il ne fallait même pas y penser! Sa tante? El seul savait où elle était. Ses amis? Elle avait trop honte et trop de fierté pour oser quémander un peu d'aide.
Non, ne restait que le sombre inconnu. Ou, plutôt, la sorcière du village, celle que tout le monde respecte, plus par crainte que par reconnaissance officielle. Mais au moins, on la respecte et pas pour rien.

Et pour l'heure, c'est tout ce qui comptait aux yeux de Flèche. ça, et le sang qui s'échappait de la blessure qu'elle avait au ventre. On pouvait pas dire que la demoiselle aimait l'idée de faire appel à une presque inconnue, mais parfois, il n'y avait pas à tortiller.

Une fois arrivée péniblement à destination, Flèche ne marqua pas d'hésitation et frappa à la porte de la cabane au sommet de la falaise.
Toc toc.

Chance venait de berner un de ses clients ou patients. Enfin dans ce cas, il s'agissait plus d'un client.
Elle divisait les personnes qu'elle recevait en deux catégories biens distincts: les clients, des pigeons, dont elle sentait la méfiance à son égard et à son don. Ils venaient juste pour la voir telle une bête de foire. Oh bien sûre, elle leur vendait de bons produits, mais au prix fort. Et parfois avec des effets secondaires où elle rêverait d'être une petite souris pour les voir. Puis, les autres, des patients, des personnes dans une profonde détresse, qui faisaient appelle à elle pour soulager leurs maux, avec une sincérité touchante. Auprès d'eux, Chance se revêtait de sérieux et faisait tout pour les aider et les soulager.

La jeune femme rangeait son précieux butin à peine récolter, dans la meilleure cachette dont une femme dispose, son décolleté, quand on frappa à sa porte. Parfois les journées étaient ternes et sans âmes pour passer le seuil de sa porte et des jours il y avait foule. Enfin, plus de monde.
Elle alla ouvrir la porte quand son cœur se serra. Elle vit une petite fille postée devant le bois branlant de sa demeure et Chance ne pouvait pas voir le sang s'échapper de son abdomen. Ni une ni deux, la sorcière fit entrer la blessée en l'encadrant de ses mains.

"-Vient."

Elle l'amena avec rapidité et douceur sur une des chaises de sa pièce. Pour le moment, monter les escaliers menant à un lit serait trop difficile pour son patient.
Elle attrapa son foulard et le posa sur le ventre de la jeune fille.

"-Appuie pour le moment."

Chance partit chercher ensuite un peu d'eau dans l'arrière cour, puis monta prendre des linges propres, puis une mixture sur une de ses étagères.
Elle s'agenouilla auprès de la jeune fille et commença à la soigner dans un silence religieux. Sa bouche était scellée pour mieux se concentrer sur les soins à lui prodiguer.

Flèche s'apprêtait à devoir discuter et expliquer ce qui lui était arrivée, et rien que cette pensée lui pesait tellement qu'elle accueillit avec un soupire de soulagement la prévenance discrète de Chance.
Aucune question.
Quelle luxe!
Voila qui méritait un sourire faible mais sincère tandis que la blessée se laissait guider jusqu'à une chaise et s'y laissait tomber sans la moindre retenue.
Si Chance avait déjà repéré la gamine dans les rues de Bourg-de-Castelcerf, surement était elle fort surprise de la voir dans cet état. De sa gouaille habituelle et de ses grands airs de conquérants, on ne voyait nulle trace. Seule la peur et une pointe de colère transparaissait dans son attitude. Elle ne savait pas quoi faire, aurait-elle avoué si elle en était capable. Au lieu de ça, elle gardait le silence dans l'attente du prochain geste de Chance qui, sans aucun doute, la sauverait.

Finalement, sous le coup de l'inquiétude, sa nature revint au galop et les mots s'échappèrent de ses lèvres jusque là scellées.

- ça arrête pas de couler. ça va arrêter un jour? Il faut que ça s'arrête non? Ou je vais finir complètement vidée... J'ai pas envie de me vider...

Et cette dernière réplique avait les accents du désespoir.

Chance enleva le linge remplit de sang. Ce n'était pas beau à voir et elle ferait tout pour que, ça s'arrête pour que justement, elle ne se vide pas. Imaginer, un cadavre de jeune fille dans sa cabane. Ça fait mauvais genre.
Elle appliqua son onguent une fois la plaie plus propre, enfin un peu moins sanglante. En espérant que celui-ci se fasse vite effet et stoppe vite ce sang.

"-Moi non plus."

La jeune femme ré-appuya sur la plaie avec un linge propre. Et elle attendit de voir l'effet de sa mixture.
Elle observa la petite fille assisse face à elle. qu'avait-elle fait pour en arriver à se trouver poignarder sur une chaise dans sa cabane.

"-Y'a-t-il un risque pour que celui qui t'as fait ça arrive ici?"

Moi non plus, qu'elle disait.
Et Flèche ne pouvait que la comprendre. Le sang, c'était salissant et personne n'aimait faire le ménage.
Une grimace de dégout sur les lèvres, Flèche essaya d'essuyer celui qu'elle avait sur les mains, mais il était trop poisseux pour qu'on s'en débarrasse si facilement.
Toutefois, elle ne s'arrêta que pour répondre à la question de Chance. Sortie de sa rêverie, elle fixa son regard sur celui de sa guérisseuse.
Si on l'avait suivi?
Non, aucune chance. Sa blessure était peut être grave, mais ce n'était rien d'autre que le coup de griffe d'un chat poussé à bout par une petite souris inoffensive à ses yeux. Sa démonstration faite, il n'y avait aucune raison pour qu'il sorte de sa tanière et vienne l'achever. Ce serait accorder bien trop d'importance à Flèche.

Sans risque, la miss pouvait se permettre ce genre de réponse:

- Il faudrait encore qu'il puisse marcher.

Crâne:

- Ma blessure n'est pas belle à voir, mais vous devriez vois la sienne.

Un "-Tant mieux." bref et prononcé du bout des lèvres conclut cette question. Déjà un blessé à s'occuper si en plus il en fallait un deuxième ou bien joué les garde du corps, non merci, sans façon pour Chance. Elle avait bien à faire avec cette foutue plaie. L'onguent semblait limiter l'écoulement, mais cela suffirait-il? Il fallait encore attendre un peu.

La sorcière se releva et alla chercher une mixture qu'elle versa dans un verre qu'elle alla tendre à la jeune fille.

"-Boit ça. Ça ne te fera pas de mal. Un petit remontant."

Chance restait septique, mais la fille avait l'air vigoureuse et son jeune âge l'aiderait à s'en sortir.

"-Plus qu'à attendre, que ça fasse effet."

Sans discuter, Flèche se saisit du verre qu'on lui tendait. Mais une fois en sa possession, elle marqua une hésitation.

- Je parie que ça va être sacrément mauvais. Pas de doute, hein? Sinon ça ferait pas effet comme on veut...

Ce qui ne l'empêchait pas de rester là, à regarder son verre d'un air sceptique elle aussi, mais surement pas pour les mêmes raisons. Jusqu'à ce qu'elle se décide et ingurgite son contenu d'une grande gorgée.
A sa plus grande surprise, et alors qu'elle préparait déjà une grimace pleine de sens, le breuvage n'était pas si mauvais que ça.
Surprise, elle resta là à remballer la grimace qu'elle avait prévue:

- Vous êtes sure que c'est efficace...?

Et dans cette question, on sentait que Flèche avait toute confiance en les méthode de Chance. Le fond de sa question portait surtout sur est-ce que oui, ou non, elle pouvait s'en retourner chez elle maintenant?

Chance laissa Flèche se faire sa propre opinion quand au gout infecte ou pas de son breuvage. Après tout, les gouts et les couleurs différaient pour chaque personne. La sorcière ne put cependant pas réprimer un sourire en coin. C'était bien souvent que cette croyance envers les potions arrivait à ses oreilles. Et elle cherchait à y remédier. Question de commerce. Même s'il souffre, personne ne viendra la voir si c'est pour souffrir encore plus. Et rendre les choses agréables, faisaient revenir le client.

Une fois que la jeune fille eut finit, la sorcière des haies vint lui prendre son verre pour le poser plus loin.

"-Ne t'en fait pas quand à son efficacité."

Elle resta un instant à la détailler sans un mot. Qu'est-ce qu'une gamine comme elle avait bien pu faire pour se retrouver dans un état pareil et surtout qu'est-ce qu'elle allait en faire. Elle ne pouvait la mettre à la porte maintenant, il lui fallait encore un peu de repos. La barbe, la voilà devenue gardienne d'enfant. Il allait bien lui falloir trouver de quoi faire en attendant. Chance n'aimait pas avoir un fardeau sur les bras et qu'on reste là à faire piquet dans sa salle de soin.

"-A part t'attirer des ennuis, tu sais faire quoi, petite?"

Si c'était si efficace, alors pourquoi ne se sentait-elle absolument pas en état de retourner chez elle?! Telle fut la question que Flèche ne formula pas à voix haute mais qui lui valut une petite moue dépitée et une humeur sombre.

Un sentiment d'échec accablant l'écrasait, suffisamment pour l'empêcher d'accomplir tout geste imprudent, dont elle était pourtant friande. Elle ne releva le visage et les épaules que pour répondre à Chance:

- Les éviter. Mais ça marche pas à tous les coups. Je sais aussi me tenir tranquille dans un coin. 'Fin, si vous aviez un coin à me prêter, je pourrais vous montrer...

Voila le genre de demande que Flèche n'avait pas l'habitude de formuler, et ça se voyait à sa gène et à son regard fuyant.

"-De toute façon, pour le moment, tu ne pourrais guère faire grand chose."

D'un signe de tête, Chance lui montra l'échelle.

"-C'est le seul coin tranquille que j'ai pour toi pour le moment. Si tu te sens de faire un peu d'exercice. Sinon, cette chaise reste à ta disposition. A toi de voir."

Sur ces mots, Chance se mit à ranger les linges, sales et ustensiles ayant servit à contenir la plaie.

Monter là-Haut? Hm, oui, plus tard...
Pour l'instant, Flèche se sentait plutôt de rester là à ne rien faire. Immobile et l'articulation difficile.

- Vous savez, on dit plein de trucs inquiétants à vot' sujet. Mais moi, j'les ai pas écouté. J'savais bien qu'c'était rin qu'des racontards de vieilles pies. Quand on cause de quelqu'un comme ça, s'il fait peur, c'est qu'il fait des choses qu'on comprend pas, des choses qui marchent, sinon ça vaudrait pas la peine d'avoir peur. Alors j'suis v'nue voir si c'était vrai.

Une pause, yeux fermés.

- J'crois qu'c'est vrai. J'sens plus rien.

Ploc.

- Comme dans du coton...

Ploc.

Flèche ne dit plus rien, menton retombant sur sa poitrine.

Ploc.

Si le ploc n'était pas suffisamment audible pour qu'on s'interroge sur son origine, les gouttes de sang qui maculaient le sol pouvaient, elles, êtres de quelque intérêt. Et oui, ce n'était pas une simple égratignure au ventre qui avaient mis Flèche dans cet état. Mais bien une lame enfoncée dans son dos, juste à côté d'un rein, et dont le manche s'était brisé durant l'assaut.

Ploc.

La lame, toujours en place, servait de compresse sur la blessure et Flèche n'avait rien sentit de plus qu'une étrange compression à cet endroit. Mais il n'empêchait que...

Ploc.

[HJ: on allait quand même pas faire les choses à moitié... Et hop, Flèche gagne 3 points d'incruste! ha]

(Je vois ça... Tu m'as prise pour House^^, j'ai pas fait chirurgie)


Chance s'affairait à tout ranger. C'est qu'elle avait pleins d'autres choses à faire que soigner les petite fille en détresse. Même si la gamine avait l'air d'être une brave fille, même si elle semblait bavarde. Elle l'écoutait d'une oreille. La sorcière avait l'habitude qu'on l'aborde par sa fonction intriguante. C'était sa croix, qu'on la regarde, qu'on l'observe, qu'on parle sur elle. Mais Chance s'en moquait bien.
En ce retournant, elle s'étonna d'un silence un peu soudain, la gamine semblait bien partit pour continuer sa thèse sur les sorcières des Haies.
Là, Chance vit qu'elle reposait sur soit. Elle s'approcha à grands pas et ce qu'elle vit lui donna un relan de nausée. Du sang partout par terre et qui continuait de couler. Mince, elles étaient passées à côté de quelque chose.

Chance se précipita vers un tissu pour appuyer contre la plaie quand elle sentit quelque chose de dur sous sa main. Elle déchira le haut déjà abimé de sa blessée. Le résultat n'était pas beau. Mais ce n'était pas le moment de tergiverser sur le pourquoi du comment. Un peu désemparée, la jeune femme chercha comment faire sortir ce qui se tenait dans la chair.

Dans une hâte, trouvant ce qu'elle pouvait, faisant ce qu'elle pouvait, la sorcière soigna et rapiéça la pauvre plaie de la gamine. Dans l'espoir que cette fois-ci rien ne coulerait plus, et surtout que la fillette ne trépasserait pas sur sa chaise.

Après avoir cherché une paillasse, elle cala la blessée comme elle put. Restant près d'elle, Chance observait chaque détails qui montreraient du positif ou du négatif.

(Je ne suis pas rentrée dans les détails chirurgicaux^^)

La lutte fut rude, et longue. Toute la nuit durant, Flèche resta inconsciente pendant que son corps tentait, tant bien que mal, de réparer tout ça.
Deux fois, elle émergea, le temps de réclamer de l'eau puis de repartir dans les brumes du sommeil.
Pâteuse, c'est au petit jour qu'elle ouvrit les yeux pour de bon. Où se trouvait-elle? Impossible de reconnaitre l'endroit, alors, d'un geste brusque où sourdait la panique, elle se mit séant et le regretta aussitôt.

- Arrhhhh.....

Le temps d'une sueur froide et d'attendre que le vertige passe, Flèche serra les dents. Quand il ne resta plus que la douleur, elle se mit au devoir d'évaluer quel mouvement elle pouvait se permettre et lesquels étaient exclus.
Le conclusion n'étant pas fameuse, elle prit le parti de s'effondrer sur sa paillasse. ça valait aussi bien.

Chance finit par s'endormir. Assisse contre un pan de mur, une couverture sur les épaules. Le sol froid ne fut un obstacle à partir du moment où le sommeil gagna la bataille.
Il fallait dire que veiller une pareille malade n'avait rien de reposant. Car la sorcière des Haies n'était en rien spécialiste de ce genre de cas. Quelle idée avait les gens de la croire réparatrice du corps brisés. Éraflée, les maux de l'âme ou des aléas de la terre, oui. Mais elle avait ses limites. Même si elle ne les connaissait pas encore vraiment. Elle cherchait et expérimentait toujours.

Ce fut les mouvements de sa blessée qui la tira doucement de son sommeil.

Le temps de rassembler ses esprits et de se rappeler la situation de sa non présence dans son lit, et Chance marmonna:

"- Je te préviens. Si tu ruines tout le travail que j'ai pu faire hier, je te laisse dans une rue à la merci de ceux qui t'ont fait ça."

La jeune femme repoussa la couverture et se leva pour prendre, puis tendre un verre d'eau à la fillette.

"- Il va te falloir être patiente si tu veux que ça se referme. "

- Groumpf, marmonna Flèche pour toute réponse.

Les mots, elle pouvait les entendre, mais quant à les comprendre, c'était une autre histoire. Le sens d'ensemble devait tout de même lui parvenir par bribe. Suffisamment pour la rasséréner et lui offrir quelques heures de sommeil supplémentaire.

Le prochain réveil ne devait pas être beaucoup plus vaillant, entre douleur et torpeur. L'humeur sombre et les dents serrées, Flèche ne fut pas une patiente très agréable malgré tout ce qu'elle devait à Chance. Pourtant, elle restait consciente qu'elle ne pouvait pas rentrer chez elle.
Voila comment, à la fin de la journée, après avoir attendu que la blessure disparaisse comme par magie, en vain, et avoir reconstitué ses forces, la miss partie en quête de sa soigneuse, à pas prudents.
C'est sur le pas de la porte qu'elle la trouva.
Yeux plissés par la lumière du soleil couchant, Flèche s'appuya au chambranle de porte le temps de reprendre son souffle.

Le silence s'installa quelques minutes, jusqu'à ce que Flèche trouve ses mots et l'énergie pour les prononcer:

- J'peux pas rentrer, ma mère elle flipperait.

Simple constat qui, elle l'espérait, suffirait. C'est qu'elle était à bout de force et qu'elle espérait bien être capable de retourner toute seule jusqu'à sa paillasse.


HJ: tu me dis si ça te va? Grosse ellipse, un peu par la force des choses :s

Avoir quelqu'un chez elle n'était pas ce que Chance avait attendu pour sa journée. Elle préférait de loin la solitude de ses potions. Même si la jeune fille n'était pas un hôte désagréable. Malgré ses caprices de blessés. Chance lui cherchait des excuses et surtout le fait de savoir que le soir elle serait soignée, réparée et chez elle donnait à la sorcière des Haies une bien grande satisfaction.

Mais hélas, les astres n'étaient pas avec elle. Loin de là.

La petite malade lui déclare de but en blanc son intention déguisée de rester. Une nuit de plus. Pour de bonnes raisons, certes. Mais Chance n'était pas un lieu médical. Que dire et que faire. La jeune femme était dans une impasse, entre son devoir de sorcière, sa conscience et son envie. Les trois n'était pas en harmonie.

"-Tu n'as pas un autre endroit? Ami? Oncle?"

Un simple non de la tête pour réponse.

- J'vous embêterai pas.

Et elle croisait les bras, le regard sombre et planté dans celui de Chance en attendant le verdict.

Chance la regarda en coin, le visage en pleine réflexion interne.

"-Ai-je le choix????"

La sorcière se dirigea vers l'entrée de sa maisonnette.

"-Entre, manque plus que tu chopes un nez qui coule."

Si elle avait le choix? Pas vraiment ne manqua pas de penser Flèche, ce qui la mit immédiatement en rage, d'une rage à peine plus vive qu'une braise et aux senteurs de désespoir alors qu'elle suivait Chance à l'intérieur de la chaumine.

- C'est pas pour longtemps... Et j'pourrais! Euh... Classer vos plantes! J'ai pas pu m'empêcher de noter qu'c'était l'bazar dans vos réserves. V'zavez mis la fougère du roi à côté d'le mord'loup. Y font pas bon ménage c'deux-là. vous allez vous r'trouver avec des mélanges pas agréable.

Chance releva le nez sur ses étagères. Quoi c'était mal rangé!!! C'est juste qu'elle avait mieux à faire que de trier tout ça, puis elle s'y retrouvait dans son ordre. Mais la gamine avait raison sur une chose, il ne fallait pas qu'elle est de mauvaises surprises avec un mélange non voulues. Puis un coup de main n'est pas à négliger, surtout pour du rangement.
Mais surtout Chance nota sa connaissance en matière de plantes. Même si ça peut être juste un coup de chance, sur ces deux plantes là.

"- Tu t'y connais en plantes?"

Fière comme un paon:

- Et pas qu'un peu!

Chance jugea la gamine un instant, de son œil perçant de sorcière, cherchant à percer le mystère
Puis elle lui montra de la paume de la main son étagère à herbes.

"-Je t'en prie, montre-moi ce talent."

Pour de vrai?
A la boutique, sa mère la laissait ranger et empaqueter les plantes ainsi qu'il convenait pour leur bonne conservation et disposition au regard du client. Mais toujours elle devait le faire selon la volonté d'Hélia.
Si on lui demandait son avis, Flèche pensait que quelques arrangements n'aurait pas fait de mal.
Sérieuse comme un pape.

- Pour bien s'occuper de ses plantes, faut pas moins qu'un coffre et un placard. Si vous pouvez, une commode, c'est ce qu'il y a de mieux. Avec des tiroirs qui roulent pas. Pour un rangement facile, c'est magique. Après, vous aurez toujours une plante pour être un peu tatillonne. Une qui veut pas rester avec les autres. De toute façon, c'est simple. Le genévrier, si vous le laissez avec les autres, il va les convertir et spa pour le mieux. La camomille, la belladone, tout se met à picoter la langue et le nez et à donner des idées noires. J'vous raconte pas les rêves bizarres que ça donne quand on en retrouve dans la tisane du soir... Pour ça, y a pas mieux que la porte de derrière. On y suspend la branche de genévrier à une corde et y vous fiche la paix.

Se disant, Flèche en avait presque oublié sa blessure. Enthousiaste, elle alla pousser la porte du fond dans une tentative pour l'ouvrir. Y échouant, elle ne se découragea pas.

- Enfin, ça, j'dois pas vous l'inventer. J'parie qu'il y en a une branche suspendue derrière cette porte.

Oubliée la porte qui ne voulait pas s'ouvrir. Flèche poursuivit son exposé, évoquant les tissus qu'il fallait utiliser pour augmenter le temps de conservation des plantes, les produits qui préservaient leur usage et les combinaisons de plantes qui engendraient l'entente la plus harmonieuse entre celles-ci.
La demoiselle connaissait son affaire et prenait plaisir à réfléchir à la question. Des années qu'elle attendait l'occasion d'en parler mais elle finit tout de même par se taire, en ayant dit suffisamment à son goût. Le temps de passer à un autre sujet et d'interroger Chance à son sujet.

- Si vous êtes pas une vraie sorcière, vous êtes quoi?

C'est vrai, ça. C'est que des sorcières, il y en avait des fichaient drôlement la frousse. Des qui pouvaient se changer en vieille chouette et vous jeter des malédictions. C'est en tout cas ce que Goéric racontait aux ptits, le soir. Il savait être convaincant parfois, à tel point qu'on ne savait plus trop que croire.
Enfin, c'était pas tout, mais fallait aussi qu'elle pense à retourner s'asseoir. Pas la force d'aller jusqu'à son lit de fortune. Flèche se contenta d'une chaise qui se trouvait là et s'y assit autant qu'elle s'y effondra.

Mais c'est qu'elle s'y connaissait cette foutue gamine. Elle avait bien raison sur bien des points, ce qui fit rager intérieurement Chance, qui se le gardait bien pour elle.
Il fallait dire que la sorcière des Haies préférait son fouillis que la rectitude des espaces de rangements. Là au moins, elle était seule à comprendre le pourquoi du comment, à quoi servait telle chose. Là tout ranger, signifiait enlever une part du mystère, une zone d'ombre. Et elle en avait besoin pour faire tourner sa boutique. Et ça malgré le raisonnement très juste. Un jours, elle y mélangerait deux ingrédients antinomiques.

"- Au lieu de raconter n'importa quoi, repose toi donc. Ta blessure est encore vive et tu as besoin de force. Si tu veux un accord pour rester un peu, il va en falloir plus que s'y connaitre. Je ne veux pas d'une blessée sur les bras. Alors contenance tes forces. "

Oui, à bouger dans tous les sens, la fillette mettrait bien plus de temps à se retaper, donc plus de temps à rester. Et ça pour Chance, ce n'était pas une veine.

Mais chance scellait là une sorte de pacte, Flèche restait. Du moins, un temps.

"- Ta famille ne s'inquiétera pas de ta non présence? Je ne veux pas de soucis, moi!!! Ca c'est pas bon pour mes affaires. "

Elle aurait voulu le dire tout bas, mais la parole dépassa sa penser.

- J'raconte pas d'bobards! Y a tout qu'est vrai, s'offusqua Flèche avec ce qui lui restait d'énergie.

C'est que la demoiselle n'aimait pas trop qu'on remette en doute ses propos, quand bien même passait-elle la moitié de son temps broder des mensonges tous plus rocambolesques les uns que les autres. C'est qu'elle avait une grande honnêteté du coeur et qu'elle y tenait, aussi difficile que ce concept soit à comprendre. Et du coeur, elle en avait à revendre quand venait le moment de prouver sa compétence.
Finalement convaincue par les propos de Chance, elle se tue tout de même, vaguement radoucie mais toujours un peu sale gosse.

Non, commença-t-elle par faire de la tête, signifiant que personne ne s'inquiéterait. Jusqu'à se rappeler un détail.

- Ma mère, l'a l'habitude. Mais Goéric, va p't-être me chercher. J'sais pas bien avec lui. Des fois, y va m'dire "qu'est-ce tu m'encombres la tête avec des infos inutiles?!" quand j'lui dis c'que j'ai prévu d'faire d'ma peau. Pis d'autre, y va m'rabrouer sec parce que j'ai pas de tête à penser aux autres et à dire c'que j'y fais.

Hausse les épaules, dépitée. Ah, les hommes!