Début avril en Béarns.
Ils sont jeunes, ils sont 6, et ils sont en colère. Un des leur a été tué et justice n'a pas été faite. Suivant le vœux du père, de Sire Brasier, ils avaient attendu que les assassins de leur ami soient punis par la justice ducale ainsi qu'il devait être. Ils avaient attendu, en vain. Car on n'avait pas prévu de faire justice à la cour du duc. C'était un Vifier, après tout, il méritait ce qui lui arrivait. Les gardes concernés avaient accomplit leur travail. Point barre.
Et le duc approuvait, sans aucun doute.
Que restait-il aux amis et à la famille en deuil ? Rien ! Rien si ce n'était la colère, ce sentiment d'injustice qui les rongeait au cœur, sans la moindre promesse que cette douleur s'éteindrait un jour.
Sauf si... Sauf s'ils faisaient justice eux-mêmes. Sauf s'ils prenaient leur destin en main et passaient à l'attaque.
Ils ont cette faim au cœur et à l'âme alors qu'ils courent, qu'ils se faufilent et qu'ils écoutent au sens de leurs animaux de lien. Il y a un moineau et un chat pour les guider. Deux molosses pour surveiller leurs arrières et un cheval pour transporter leur matériel. Mais c'est le garçon sans lien qui est le plus dangereux. Meric.
Froid comme la pierre, il calcule, il prémédite, et il frappe.
Et ce soir, sa cible, c'est Le Garde.
A la nuit tombée, il le sait, l'homme surveille la porte principale du château de Castellonde. Il n'est pas seul, bien sûr. Mais que sont deux humains face à la colère de six hommes et de leurs animaux de lien ? Rien, et on ne tarde pas à en avoir la preuve alors qu'une marée humaine sort de l'ombre et se saisit des deux gardes pour les embarquer dans les fourrés. On ne devait plus jamais les revoir vivants, leurs corps déchiquetés.
Ce soir, justice avait été faite, et le garde responsable de la mort d'Ondin était mort.