Messages : 27 Date d'inscription : 07/12/2020 Age : 30
Feuille de personnage Fonction: Sculpteur sur Pierre Âge: 18 ans DC: 0
Sujet: Re: Le bateau fantôme Mar 15 Déc - 19:22
Ils avaient péri, dans d’atroces souffrances, les poumons saturés d’eau de mer, transis de froid et de peur. La plupart des marins ne savaient pas nager, c’était stupide quand on y pense, passer toute sa vie sur le mer ne constituaient pas pour eux une raison suffisante d’apprendre. Sans doute la perspective de pouvoir -ou devoir- se débattre des heures durant dans l’infinité glacée d’un océan était aussi terrifiante que celle de couler à pic. Mais les corps boursouflés et saturés de fluides finissaient toujours pas remonter à la surface, comme des barriques abandonnées et difformes. Sans les vêtements, ou les signes distinctifs bien précis, il était difficile de reconnaître quiconque après un séjour prolongé dans l’eau salée.
Et pourtant.
Malgré qu’il n’eut aucun attrait pour la mer, ou de haine à assouvir envers les pirates, malgré le fait qu’il avait la certitude qu’il ne reconnaîtrait personne dans le navire, il était venu. Il avait bravé les éléments au beau milieu de la tempête, s’était solidement encordé pour descendre les falaises traîtresses, et maintenant il se tenait là. La hauteur d’un homme le séparait de l’épave éventrée, mais il y était, sous ses pieds se trouvait le bâtiment de leurs ennemis, prise accordée aux duchés par la seule fureur d’El. Le sentiment de victoire qui le traversait n’avait rien de rationnel, lui-même n’avait jamais participé à une bataille ou perdu un parent au combat, certes il était patriote, mais rien ne justifiait cette fierté.
En se laissant souplement tomber sur le pont incliné par le naufrage, l’impression s’accrut. Il lui semblait être un chasseur prenant possession de sa proie, de droit. Les planches de bois blanchies par le sel et le vent avaient, pour la plupart, cédé en partie sous l’impact de « l’accident », et le navire lui apparut comme un animal mort, évisceré. De là proue à la calle, le bateau branlait, menaçant de s’effondrer sur lui-même à chaque nouvelle vague qui s’écrasait sur ses flancs.
En parcourant le gaillard avant sur la pointe des pieds, le visage giflé par des bourrasques qui amenaient une pluie aussi tranchante que des poignards, il tentait de découvrir ce qui l’avait amené ici. Un trésors ? Un survivant ? Une créature de légende ? Quelle aventure émergeait de la brume saline qui envahissait ses sens ? De toutes les fibres de son être, il espérait trouver une réponse à sa quête insensée. Il avait risqué sa vie pour se rapprocher de cette scène étrange, avait bravé mille dangers pour atterrir sur cette gimbarde échouée. Pendant un instant, il lui parut entendre un chuchotis dans le sifflement de la tempête, le murmure d’un dieux vengeur devant l’œuvre de son déchaînement ?
Il se sentit soudainement minuscule au milieu de la tempête déchaînée sur le frêle esquif. Mais sa place était ici, il en était persuadé… mue par une volonté qui n’était peut être pas la sienne, il se remit à explorer les ponts supérieurs.
Brun Braveterre
Messages : 1881 Date d'inscription : 17/06/2011 Age : 35
Feuille de personnage Fonction: Duc de Béarns Âge: 51 ans DC: Vainqueur Loinvoyant
Sujet: Re: Le bateau fantôme Dim 20 Déc - 10:46
Le Duc de Béarns avait passé une excellente soirée. Par l'Art, son fils avait informé la Duchesse de son retour prochain. Pour fêter la nouvelle, ils avaient ouvert une excellente bouteille pour le dîner. Acuité était un peu éméchée. Ils avaient dansé comme cela ne leur était pas arrivé depuis des années, et ils avaient fait l'amour comme cela ne leur était pas arrivé depuis des semaines. Brun s'était endormi benoîtement dans la chaleur de sa femme.
Un craquement violent l'avait réveillé en sursaut, avec la certitude inexplicable de ce qui venait de se passer. Les ennemis venaient de s'écraser sur leur côte ! Surexcité, le Duc de Béarns sauta dans ses chausses froides, sortit dans la nuit froide et se rua aux écuries. Il y retrouva Flamme, sa fidèle jument noire, qui l'avait pourtant quitté depuis des années. Toujours sans s'interroger, le Duc l'harnacha à la hâte et quitta Castellonde au grand galop.
A la lumière de la lune, il chevaucha toute la nuit. La pluie et le vent le battaient, pourtant il se sentait incroyablement heureux et étonnamment vigoureux, comme s'il s'était délesté du poids du malheur et des années. Guidé par son instinct et par la présence de quelques badauds, le Duc finit par arriver jusqu'à la falaise au pied de laquelle le bateau pirate s'était écrasé. La vue du navire éventré lui procura une joie mesquine, doublée d'une insatiable curiosité. Il confia Flamme à un jeune homme ainsi que quelques pièces, et s'approcha du vide.
Un corde l'attendait là et le Duc se laissa glisser dans l'abîme avec l'enthousiasme de ses vingt ans. Mais dès qu'il eut posé la botte sur le point martyrisé du navire, une peur légitime, et pourtant irrationnelle, l'envahit. Ce bateau était-il maudit ? Brun fléchit sous la force du vent qui charriait embruns et échardes, l'aveuglant quasiment. Les haubans claquaient violemment, pendant du mât brisé comme les tentacules d'un calamar géant. Plus loin vers la poupe, une silhouette fantomatique apparut.
- Qui va là ?! cria le Duc de Béarns, encochant une flèche à son arc maltraité par le vent.
Atre Pierrefendue
Messages : 27 Date d'inscription : 07/12/2020 Age : 30
Feuille de personnage Fonction: Sculpteur sur Pierre Âge: 18 ans DC: 0
Sujet: Re: Le bateau fantôme Mar 22 Déc - 13:44
Il avait senti la présence bien avant d’entendre la voix. Dans l’épaisse purée de pois qui flottait sur le bateau, l’atmosphère semblait presque solide et le moindre changement de pression entraînait des mouvements dans le brouillard. A travers le rideau de gouttelettes, il n’apercevait qu’une vague silhouette aux formes indistinctes et pendant l’espace d’un instant, qui lui sembla une éternité, il ne put décider si elle lui semblait humaine ou non. Au travers de cette masse fumeuse et compacte, le moindre débris de voiles et de cordes prenaient des allures de monstre vaporeux et tentaculaire… tout semblait dangereux, prêt s’effondrer ou à l’engloutir vers les abîmes ténébreuses et glacées. Les bourrasques le fouettaient sans cesse, claquante, mouillées et tranchantes, leur sifflement incessant bourdonnait à ses oreilles et tournaient tous les sons en un murmure chuintant :
« Qui va là ?! » comme lointaine, la voix lui parvint déformée, inhumaine. Elle le fit sursauter, hoqueter de terreur… quand il avait mit le pied sur le pont, la perspective qu’un membre d’équipage ai survécu au naufrage lui paraissait impossible : les pans du bateau étaient éventrés, il avait visiblement été submergé une ou plusieurs fois et le bastingage montrait de nombreuses traces des rochers qu’ils avaient dû heurter avant que l’un ou l’autre ne s’incruste entre les planches et ne bloque le navire. Dans ces conditions, quiconque avait-il pu survivre ? Non « Par El, non… » Sa prière terrorisée porta t-elle par delà les hurlements furieux du vent ? L’esprit vengeur du pirate qui semblait le tenir en joue derrière l’écran de brume opaque entendrait il sa supplique ?
L’éclat métallique d’une pointe de flèche accrocha un rayon de lumière et brilla subrepticement, plus rien ne bougeait. Le temps s’écoulait il encore ? Ou bien s’était-il suspendu en même temps que sa respiration ? Sur un trois mats, tout bougeait en permanence sous le roulis de l’océan, mais en cet instant tout semblait immobile, résolument silencieux.
Brun Braveterre
Messages : 1881 Date d'inscription : 17/06/2011 Age : 35
Feuille de personnage Fonction: Duc de Béarns Âge: 51 ans DC: Vainqueur Loinvoyant
Sujet: Re: Le bateau fantôme Mer 30 Déc - 12:28
- Qui va là ? Répondez ou je tire ! s'époumona le Duc, qui sentait une panique insidieuse le gagner. Mais seul le cri du vent lui répondit, tandis que la silhouette semblait s'approcher.
1 Brun ne tire pas. 2 Brun tire et la flèche se perd. 3 Brun tire et la flèche touche Âtre. 4 La silhouette surgit derrière Âtre sans que la flèche ne les touche. 5 La silhouette surgit derrière Âtre et la flèche la touche. 6 Les haubans s'écroulent sur Brun et l'assomment momentanément. 7 Les haubans s'écroulent sur Brun et l'emportent par dessus bord. 8 Un cri lugubre retentit dans l'air. 9 Un cri lugubre retentit dans la cale. 10 La mer emporte une partie du navire.
Le Conteur Maître Vérichanteur
Messages : 1064 Date d'inscription : 18/10/2010
Sujet: Re: Le bateau fantôme Mer 30 Déc - 12:28
Le membre 'Brun Braveterre' a effectué l'action suivante : Le hasard en action
'Hasard 10' : 6
Atre Pierrefendue
Messages : 27 Date d'inscription : 07/12/2020 Age : 30
Feuille de personnage Fonction: Sculpteur sur Pierre Âge: 18 ans DC: 0
Sujet: Re: Le bateau fantôme Dim 3 Jan - 17:49
« Qui va là ? Répondez ou je tire ! »
A la seconde semonce, un peur panique s'empara du jeune homme. Tout son corps lui hurlait de s'enfuir, de se mettre à l’abri de ce spectre et de ce bateau comme si sa vie en dépendait. Il n'avait jamais été très croyant, pourtant, en cet instant, chaque fibres de son être priaient à l'unisson tous les dieux capables de le sauver... Ce fut cet instant précis que ses jambes choisirent de l'abandonner, après qu'il eu fait un pas, elles devinrent cotonneuses, sans aucune force et ployèrent sous son poids puis le laissèrent à plat ventre sur le pont. Tremblant de terreur dans ses guêtres détrempées, l'adolescent ramassa ses mains au dessus de sa tête dans un vain espoir de protection. Le sinistre craquement qui retentit alors lui arracha une supplique misérable. Le bateau malmené par les éléments ne cessait de bouger, les mats tordus grinçaient de tandem avec les bourrasques et menaçaient de s'effondrer depuis qu'il avait posé un pied sur le bâtiment... Fut-ce la force des choses, ou une intervention divine, qui fit choir les haubans sur la forme fantomatique qu'il distingua alors plus nettement à travers les embruns ? Cordes lourdement tressées, pourvues de solides charnières et de nœuds de marin, l'harnachement du bateau fouetta l'air avant de cueillir l'être indicible dans un bruit sourd et de le jeter à genoux.
De peur que les cordages ne le fauche lui aussi, Âtre se releva gauchement et se pressa contre le bastingage jusqu'à ce que tous les haubans aient fini de tomber. Les rafales redoublaient d'intensité, glaciales et mordantes, mais salutaires : la pluie semblait s'éloigner, le brouillard perdre en intensité, et l'espace d'une fraction de seconde, le jeune garçon aperçu un homme inanimé sur le pont : Il ne ressemblait guère à un revenant ou à un pirate dans sa livrée de qualité... Se pouvait-il qu'il ne s'agisse que d'un homme qui s'était perdu en aventure et découverte, comme lui même ? Se maudissant alors de sa stupidité, le vifier tendit ses sens vers le corps inconscients dans l'espoir de ressentir sa présence. Apeuré, ses réflexions s'étaient comme interrompues, et les réflexes les plus naturels s'étaient élimés, le laissant aussi inutile et vulnérable qu'un nouveau né.... Le sensation chaude et palpitante de la vie lui apparut alors qu'il étendait son esprit à ce qui l’entourait. L'homme était inconscient, mais bien vivant. Il sentait le cheval, comme s'il avait longuement chevauché avant d'accéder au navire, ce n'était pas un spectre, c'était un être humain, comme lui et il était blessé. Malgré le choc, aucune plaie ne semblait se cacher dans le cuir chevelu, sans doute la force de l'impact l'avait laissé évanoui, mais rien de plus :
« Réveillez vous ! Vite ! Il faut partir d'ici, le bateau se déchire et va sombrer, nous allons nous noyer et mourir suffoqués au fond des mers, ou fracassés contre les rochers. »
Malgré la découverte d'un homologue, il lui semblait toujours entendre d'inquiétants murmures autour de lui et la nécessité de quitter les lieux lui apparaissait comme évidente.
Invité Invité
Sujet: Re: Le bateau fantôme Lun 4 Jan - 1:06
Fortune poussait de toutes ses forces sur ses muscles pour tenter de rattraper Gifle qui fonçait devant lui en direction de la faitière de la plus haute tour de CastelCerf. L'air vif et iodé porté par la tempête emplissait ses poumons d'une énergie incroyable qui le faisait hurler de plaisir alors qu'il coupait à travers des rafales de vents tellement puissantes qu'elles l'emportaient sur de très longues distances. En dessous, l'océan envoyait des masses d'eau colossales exploser contre les remparts déchiquetés de la falaise. Et tout autour, les éclairs déchiraient le ciel, fixant par instants successifs le mouvement monstrueux des éléments furieux, en un tableau éphémère aux contrastes violents.
Lorsque Fortune parvint à la hauteur de sa compagne, il se posa à ses cotés pour permettre à son cœur de retrouver un rythme normal. Gifle rayonnait de bonheur, elle enveloppait Fortune de tendres sentiments de satisfaction et de liberté. Il se mit à l'unisson de cette bienfaisante vibration. Dans cet instant, il était lui aussi joyeux, satisfait, libre. Il se vivait en parfaite harmonie avec tout ce qui était. Il sentait le parfum puissant de l'océan et ceux plus subtils de fugitives essences portées par les rafales de vent. Il savait "lire" l'espace, il sentait sur son corps les courants chauds ascendants, et les puits glacés dans le ciel. Il entendait, même dans la tumulte des éléments, la chanson du ciel, cette trame mélodique constituée du chant de tous les oiseaux, qui raconte en continue la Vie. Il était complet.
D'un mouvement sec, Gifle tordit le coup en un angle improbable. Avec un léger décalage, Fortune perçut lui aussi l'appel qui enflait peu à peu à mesure qu'il se multipliait dans des centaines de syrinx. Il était question de ripaille, de tendres viandes marinées à l'eau de mer. Comme perspective des moments à venir, Gifle délivra à son ami, un flot d'expériences sensorielles et gustatives particulièrement jouissif, qui le fit saliver. En un autre lieu, en un autre temps, un autre Fortune eut un relent de dégout, mais celui qui s'élança dans la tourmente au dessus de l'océan exaltait d'un appétit et d'un joie féroce. Il allait participer à la curée.
En quelques puissants battement d'ailes, Gifle et Fortune avait rejoint le cortège des cousins Corvus qui affluaient des terres pour longer la cote en direction du nord. Ils se positionnèrent à bonne distance des redoutables grands corbeaux noirs. Tout en gardant toujours un œil sur eux, il portèrent le reste de leur attention aux cris des Larinae qui planaient loin au large et particulièrement à ceux la tribu des Larini, du territoire des quels l'appel avait été lancé.
Tous les opportunistes omnivores avec ou sans plumes convergeaient d'un peu partout pour participer à un banquet surprise. Fortune était excité comme un moineau alors Gifle entrepris de lui préciser le contexte de l'invitation, dans lequel lui pouvait, en une seconde d'inattention, passer de convive à plat du jour! Fortune pris alors soudainement conscience de sa taille. Rien que les Grands Corbeaux étaient déjà deux fois plus gros et lourds que lui, et il appris que ceux des Larinae qui savaient voler sur des distances proprement inconcevables étaient encore plus puissants. Gifle conclut avec un rapide passage en revue de ce qu'on allait voir courir, ramper, nager, bondir...et dont il faudrait se méfier aussi. Il lui sembla que Fortune était prêt lorsqu'elle vit se dessiner au loin à la faveur d'un éclair, la falaise déchiquetée ou convergeaient des nuées de volatiles innombrables. Lorsqu'ils s'intégrèrent dans le maelstrom d'ailes hurlant qui tournoyait juste au dessus des nichoirs de la falaise, Gifle et Fortune virent l'immense assemblage humain de bois et de fibres que les vagues et le vent secouaient durement contre les rochers au dessous. La corneille dut réfréner l’enthousiasme de Fortune qui se laissait à nouveau gagner par l'euphorie collective. Elle lui imposa le repérage en règle de leur terrain de jeu, et lui rappela qu'il restait mortellement dangereux. Fortune repris un peu d'altitude et s'en remis à sa compagne. Gifle repéra dans un premier temps les emplacements des corps que les vagues avaient rejeté sur les rochers. Elle ne s'intéressa pas une seconde à ceux, bouffis, qui flottaient un peu partout comme des bouchons de pêcheurs. Ceux ci appartenaient aux Larinis, et Gifle n'aurait de toute façon pas été en mesure de leur disputer sur l'eau. Sur la terre ferme donc, elle avisa deux cibles plutôt volumineuses, mais chacune d'elle faisait déjà l'objet de l'attention de pas mal de monde. Les convives sur l'affaire n'était pas franchement de taille à impressionner Gifle, mais ils étaient vraiment nombreux. De plus, l'endroit était un peu trop dégagé, et des rampeurs – c'est à dire tout ce qui ne vole pas- devaient déjà se mettre à l'affut autour. Elle vit pourtant deux Grands Corbeaux décrocher de la spirale tournoyante et s’abattre sur l'objet de ses réflexions. Le premier ne fit même pas semblant de s'intéresser aux chairs mortes et bouffies qui exaltaient un fumet enivrant. Encore en vol, il fracassa le crane d'un Stern, et en saisit deux autres dans ses puissantes serres, qu'il éclata aussi avant de les vider en quelques coups de bec précis. La panique causée par son attaque permis à l'autre d'arracher et d'avaler quelques gros lambeaux de chairs marinées, avant de commencer à batailler avec les petits Stern qui revenaient déjà à l'assaut. Plus hauts, dans les rochers, un Voyageur Diomédéidé finissait de débarrasser un corps des petits becs qui l'avaient entamé. Il déployait ses gigantesques ailes au dessus du cadavre comme si il voulait le dissimuler à la vue de tous. Un concert de cris en forme d'alerte générale transperça tous les tympans lorsque qu'un Pygargue fondit du plus haut de l'attroupement tournoyant sur le rocher du Voyageur. Sa tête blanche accrochait la lumière et la position de ses ailes en piquée, caractéristique de son ascendance Rapace, inspirait la terreur.
Sans la moindre explication pour son compagnon de lien, Gifle décrocha et enfila la trajectoire verticale du Pyrargue. Fortune encore saisi par l’effroi qui venait de s'emparer de la volière, fut incapable de réagir. Il continua à tournoyer avec la masse des attentistes, et des pleutres en regardant sa seule amie foncer aux trousses de l'un des plus dangereux participants de la fête.
A moins d'une envergure du Diomédéidé, le Pyrargue bascula brutalement serres en avant et le percuta avec une violence telle qu'ils furent tout deux projeté plusieurs mètres en contre-bas. Dans son piqué, Gifle aperçut les volées de plumes blanches arrachées aux battements frénétiques de gigantesques ailes, qui se fracassaient dans les rochers. Elle sentit l'odeur du sang frais par dessus les relents acres du cadavre sur lequel elle se posa. A partir d'une plaie largement béante au niveau de l'abdomen, Gifle découpa en quelques coups de becs experts, un large morceau de viande qui devait pratiquement peser son poids. Sans un regard pour le combat qui prenait déjà fin à coté, elle déploya toutes ses forces dans l'impulsion qu'elle donna à son envol. Plus haut, Fortune entendit Gifle hurler des insultes dans sa tête: Il était la dernière des fientes! Qu'était-il en train de foutre pendant quelle faisait tout le travail? Qu'avait-elle été se lier avec un rampeur pareil, incapable de répondre au moindre de ses devoirs? Fortune sortit immédiatement de sa torpeur, et confia à son instinct la charge de remplir... ses devoirs: Tout en repérant une planque abritées dans la trajectoire qu'avait amorcé Gifle, il fonça prendre position au dessus d'elle, légèrement en retrait pour la couvrir des attaques provenant de son angle mort. Il lui indiqua, sur ce qui restait de l'assemblage humain, un perchoir caché sous un amas de bois brisé et de fibres déchirées. Gifle approuva le choix de Fortune, et bientôt les deux furent poser, relativement à l’abri, avec leur part du festin. Le cœur de Gifle battait à en exploser sa petite poitrine, après l’effort qu'elle venait de fournir, mais elle exaltait d'un profond sentiment de fierté, qui incluait aussi, dans une certaine mesure, Fortune. Lui était tout simplement subjugué par l'intelligence, l'audace et le courage de sa compagne qu'il aimait alors du plus profond de son être. Le couple sans vraiment s'isoler totalement du monde, partagea pourtant une étrange intimité pendant ce repas inattendu. Dans l'entraide pour découper les parts, et le partage dans leur dégustations, ils eurent tout deux le sentiment de vivre quelque chose qui les amenait à une nouvelle étape de leur relation. En dessous, sur l'assemblage à peu prêt plat qui avait été le pont d'un navire, des rampants évoluaient dans la brume des embruns. Le faible son guttural du chant de l'un d'eux parvenait à peine à se faire entendre dans l'orage et le vent. Celui qui chantait était juste humain, un autres n'était pas seulement humains, et un autre était encore autre chose que ni Gifle ni Fortune de parvinrent à identifier. Ils étaient rassasié lorsqu'une vague particulièrement puissante ébranla fortement la structure de leur perchoir. Comme ils entendirent un long craquement au dessus d'eux, il s'envolèrent avant que leur abris ne s'écroule sur l'humain juste en dessous.
Brun Braveterre
Messages : 1881 Date d'inscription : 17/06/2011 Age : 35
Feuille de personnage Fonction: Duc de Béarns Âge: 51 ans DC: Vainqueur Loinvoyant
Sujet: Re: Le bateau fantôme Dim 10 Jan - 17:58
Brun rêvait qu'il était un oiseau dans le ciel. Lorsqu'il ouvrit les yeux, il vit, penché sur lui, un jeune homme qui s'époumonait pour couvrir les mugissements des vagues et du vent. - Espoir, murmura-t-il en tendant la main vers son visage.
Mais lorsque sa vue s'éclaircit, il vit que ce visage n'était pas celui de son fils. Il entendit ses paroles d'alarme et un grand craquement. Il vit les oiseaux de mauvais augure prendre leur envol. Il attrapa les épaules de l'inconnu avec une poigne surprenante pour son âge et son état, et l'attira au sol.
Le mât se fracassa à côté d'eux.
Dé pair : Le mât défonce le pont, Brun et Âtre tombent dans la cale inondée. Dé impair : Le pont tient bon. Brun et Âtre sont empêtrés dans la voile trempée.
Le Conteur Maître Vérichanteur
Messages : 1064 Date d'inscription : 18/10/2010
Sujet: Re: Le bateau fantôme Dim 10 Jan - 17:58
Le membre 'Brun Braveterre' a effectué l'action suivante : Le hasard en action
'Hasard 6' : 1
Invité Invité
Sujet: Re: Le bateau fantôme Jeu 21 Jan - 16:16
Plus tard, et sans qu'ils n'aient eut envie ou besoin de savoir ni pourquoi ni comment, comme il en va naturellement dans les royaumes oniriques, Gifle et Fortune étaient posés sur la proue de ce qui restait du navire.
Ils avaient perçut le mouvement qui avait fauché et projeté au sol celui qui n'était qu'humain, et avaient vu celui qui était aussi un glouton se précipiter sur lui. Mais la masse dégoulinante qui s'était ensuite effondrée sur eux leur avait dissimulé le reste de la scène.
Fortune en avait été plus frustré qu'effrayé. Il brulait maintenant d'une malsaine curiosité à l'égard de ce qui pouvait se passer sous la voile jetée sur le pont. Il ressentit un étrange malaise en imaginant le mustélidé, babines retroussées, révéler ses longs et fins crocs acérés pour déchiqueter les chairs vivantes de sa proie. Quelque chose de son humanité le poussait à venir en aide à l'homme, mais autre chose, primale, animale lui interdit formellement d'intervenir. Il resta ainsi figé, suspendu dans son indécision.
Il sembla à Fortune que la colère des éléments commençait à s'apaiser. Le vent ne soufflait plus aussi fort, les vagues qui avaient fini d'encastrer l'épave sur la grève rocheuse se faisaient moins violentes, et même les hurlements des milliers de volatiles tournoyant au dessus de leurs têtes paraissaient s'accorder maintenant avec harmonie. En concentrant son attention sur la pluie qui éclaboussait son plumage, il eut la sensation que le temps s'écoulait plus lentement. Il vit chaque goutte exploser lentement en une multitude de plus petites qui glissaient ensuite doucement sur la kératine luisante.
La sensation était étrange, dérangeante, mais pas vraiment effrayante. Pourtant, Fortune ressentit avec urgence le besoin de penser ce phénomène avec une partie de son esprit qui s’avéra sur l'instant inaccessible, parce qu'elle dormait quelque part dans une cité de pierre.
Résolut à la réveiller, il renforça son intention mais sentit alors la réalité ondoyer autour de lui, et s’effilocher à l’extrême limite de ses perceptions.
Il fut arraché si brutalement à ses réflexions qu'il en oublia aussi tôt le propos. Gifle partagée entre peur et excitation réclamait impérieusement toute son attention et l'instant d'après Fortune perçut lui aussi
1-2: le rythme trop régulier du bruit d'une objet percutant la coque du bateau.
3-4: les vibrations d'un grondement sourd émanant de la cale.
5-6: les silhouettes ramassées et furtives qui convergeaient vers la voile recouvrant les deux hommes sur le pont.
Dernière édition par Fortune le Jeu 21 Jan - 16:17, édité 1 fois
Le Conteur Maître Vérichanteur
Messages : 1064 Date d'inscription : 18/10/2010
Sujet: Re: Le bateau fantôme Jeu 21 Jan - 16:16
Le membre 'Fortune' a effectué l'action suivante : Le hasard en action
'Hasard 6' : 4
Contenu sponsorisé
Sujet: Re: Le bateau fantôme
Le bateau fantôme
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum