Debout, emmitouflée dans un châle en laine épaisse, Acuité observait la mer. A travers l'ouverture qui donnait cette impressionnante vue, elle contemplait chaque crête d'écume, chaque vague en se demandant si les hommes de sa maison les verrait tout comme elle.
Le ciel était bleu mais le vent était froid.
Brun avait décidé d'une ballade en mer avec son fils, elle ne l'en avait pas empêché même si elle s'était demandé ce que ces deux là pourraient bien se dire. Voilà bien longtemps qu'ils ne se parlaient plus, à croire que parfois, il s'évitaient.

Elle porta à ses lèvres la tasse de tisane brûlante qu'un page lui avait apporté récemment, souffla sur les volutes qui s'élevaient dans l'air froid s'engouffrant dans ses appartements.
Cette matinée là, elle n'avait rien fait en dehors de paresser dans son lit, profiter de l'absence de son époux et de la chaleur persistante de sa présence nocturne.
La mer l'émerveillait et la rendait malade en lui rappelant avec douleur les attaques pirates qui ne manqueraient pas de revenir l'hiver achevé.
Elle n'avait rien mangé depuis qu'elle s'était levée et avait rêvassé, debout, face à l'ouverture d'un destin qu'on lui avait refusé.
Au loin, par delà les Montagnes, qu'aurait été sa vie si Brun n'était pas venu la chercher ? Et celle d'Espoir ?
Aurait-elle eu vent des attaques côtières de son pays ? Et si oui, serait-elle revenue ?

Elle porta son index entre ses lèvres et le mordilla doucement avant de reprendre une gorgée du liquide brulant.
La porte s'ouvrit subitement derrière elle et elle se tourna lentement, certaine de la personne qui venait d'entrer.

- Tout va bien ? demanda-t-elle à son époux en fronçant légèrement les sourcils. Tu as mauvaise mine. Viens te réchauffer...


Alors elle relâcha le châle qui lui couvrait la moitié du corps, dévoilant sa robe de nuit qu'elle n'avait pas encore quitter à cette heure pourtant avancée. D'un geste gracieux, elle déposa sa propre tasse afin d'en servir une à son époux masquant ainsi l'appréhension qui l'a gagnait. Que s'était-il passé entre père et fils ? Le secret avait-il été révélé ?

Brun oublia de frapper et entra dans les appartements luxueux qu'on avait attribués au couple ducal de Béarns. Il revenait tout droit du port, malgré la tentation qu'il avait eu de s'arrêter dans le premier rade pour se soûler jusqu'à la fin de la journée. La fenêtre était ouverte, le vent d'été avait forci et fraîchissait la pièce, faisant onduler les cheveux d'Acuité.

Ressassant encore et encore sa conversation avec son fils, Brun remarqua à peine la tenue de sa femme, et ne s'étonna pas qu'elle soit à peine levée en cette fin de matinée. L'air contrarié, il prit la tasse qu'elle lui tendait, oublia de la remercier et prit sa place devant la fenêtre.

Les yeux fixés sur cet horizon que leur esquif n'avait même pas approché, il porta sans attendre le breuvage à ses lèvres et se brûla la gorge. Le Duc tressaillit, la tasse lui échappa des mains et vint se fracasser bien plus bas, sur la falaise. La mer emporta les morceaux. Penché à la fenêtre, Brun assista à la chute de sa tasse comme à celle de sa vie.

Il finit par se retourner et déclara sombrement :
- Espoir ne veut plus épouser Aimée Loinvoyant.
La nouvelle était une catastrophe, et pourtant, ce n'était pas cela qui le mortifiait tant.

Brun avait vieillit à en juger par sa posture légèrement voutée devant l'ouverture. Acuité l'observa un instant, concentrée sur cette carrure d'homme d'armes taillé pour l'attaque plus que pour la défense. Avec les années, il s'était quelque peu épaissit. Elle aussi.
Elle posa son regard sur ses mains aujourd'hui moins lisses que par le passé, faisant tourner la paume vers le ciel de manière à n'en rater aucun détail.

Brun se retourna subitement vers elle qui ne put que constater que sa tasse avait disparue. Elle haussa un sourcil, perdue dans l'incompréhension la plus totale.
Alors il déclara simplement que son fils, leur fils, ne voulait plus épouser Aimée.

- Ah ? répondit-elle simplement.

Et elle fut surprise par sa propre réaction. Pourquoi n'était-elle pas en colère ? Pourquoi au contraire se sentait-elle presque...soulagée ? Non, c'était autre chose, quelque chose qui lui réchauffait le corps, comme une petite vengeance un peu mesquine qui avait tout ce temps, attendu son heure.
Ce mariage était l'idée de Vainqueur. Une sombre mascarade pour se dédouaner de sa tentative d'assassinat jadis. Aujourd'hui, Espoir rejetait cette proposition d'excuse sans même le savoir et Acuité en ressentait un certain plaisir.

Sans rien ajouter, elle servit une nouvelle tasse de thé, en bu une gorgée et vint se placer aux côtés de son époux, face à l'ouverture sur la mer.

- C'est ce qu'il t'a dit ? demanda-t-elle, intriguée quant à la discussion que les deux hommes avaient dû mener. Que t'a-t-il dit d'autre ?

Elle prit une nouvelle gorgée et lui tendit sa tasse, frottant de sa main libre l'épaule du Duc avec douceur, comme pour le rassurer ou bien apaiser l'éclat qu'il cachait peut-être ou du moins, qu'elle soupçonnait.

Acuité parut aussi surprise que s'il lui avait annoncé qu'Espoir s'était cassé un ongle. Est-ce qu'elle savait déjà ? Est-ce qu'elle savait déjà et qu'elle ne lui en avait pas parlé ? commença à s'énerver le Duc de Béarns, avant que son épouse vienne vers lui et l'apaise d'une caresse. Il fit un geste pour refuser le thé.

- Il m'a dit qu'il ne voulait pas coucher avec elle, répondit-il sans habiller les propos de son fils. Qu'Aimée non plus ne veut pas l'épouser. Qu'il lui serait bien plus utile comme Artiseur que comme mari. Il s'imagine déjà Maître d'Art, comme si Maya et Vainqueur étaient déjà enterrés ! Sans parler de toi et moi. J'ai presque dû le supplier pour qu'il daigne venir nous voir pour son anniversaire !

Le Duc de Béarns semblait de plus en plus en colère.

Brun semblait s'énerver à mesure qu'il rapportait les paroles de leur fils. Il refusa la tisane et Acuité sut qu'il perdait patience. Elle but une gorgée et posa sa tasse, puis attrapa le bras de son époux avec douceur juste pour capter son attention.
S'il y avait bien une chose qu'elle avait appris avec le temps, c'est que seule sa patience pouvait venir à bout des griefs entre ces deux là.
Osant un petit sourire, elle caressa la joue de son époux avec bienveillance.

- Par Eda...Brun, il n'a que vingt-et-une années. Peux-tu te souvenir de comment toi tu étais au même âge ? Te serais-tu sagement plié aux attentes de tes aînés sans même tenter de te rebeller ?

Brun avait perdu sa famille alors qu'il était très jeune, mais d'autres avaient pris le relai de son éducation. Aurait-il seulement accepté qu'on lui dicte quoi faire, surtout si cela le contrariait et allait à l'encontre de ses souhaits ? Même si l'homme qu'elle connaissait avait toujours honoré son devoir, elle aurait mis sa main à couper que jeune, il n'aurait pas été capable de se plier aux règles que d'autres lui auraient imposé.
N'avait-il pas renoncé à ses terres et ses titres quand bien même, son destin aurait dû lui imposer de les gérer ? Pouvait-elle vraiment blâmer son fils de ne point vouloir de la responsabilité d'un Royaume tout entier lorsque lui-même avait abandonné une baronnie ? A moins que Brun soit simplement contrarié que son fils le rejette lui ? C'est ce que sa dernière phrase lui laissa à songer.

Elle ouvrit la bouche pour parler puis la referma, le couvant d'un regard empli de tendresse.

- Ou bien êtes-vous seulement triste du fossé qui vous sépare tous les deux ? C'est votre droit mais il ne faut pas précipiter les choses. Espoir n'est pas prêt, ce n'est encore qu'un enfant.

Alors elle se rendit compte que de son côté aussi, son jugement était biaisé. Espoir n'était plus un enfant, elle avait juste du mal à l'envisager autrement. Comment aurait-elle pu ? Il était son premier né, il avait survécu à la Guerre, à une vague d'Art et à un voyage improbable, il était un survivant, tout comme elle et son besoin de le protéger la rendait aveugle à tout le reste.

Brun ne fut pas convaincu, voire agacé, par les arguments d'Acuité. Il lui sembla qu'elle avait tord et qu'elle se leurrait, que son amour de mère l'aveuglait. Ça n'était pas la première fois, mais aujourd'hui, c'était une grave nouvelle qu'il lui apportait. Ne le voyait-elle pas ?

- Espoir n'est plus un enfant, répondit-il plus brusquement qu'il l'aurait voulu. C'est un homme depuis longtemps. Il est largement en âge de se marier et de prendre ses responsabilités. A 21 ans, comme tu dis, Vainqueur était déjà roi, et moi... si j'avais eu une famille... je ne lui aurai pas tourné le dos.

Échappant à la caresse d'Acuité, et à son regard, le Duc s'éloigna vers la table et se versa un thé, sans en avoir vraiment envie. L'amertume lui emplissait déjà la bouche. Comment Acuité pouvait-elle les comparer ? Elle ne l'avait pas connu à cet âge. Il n'avait jamais été un rebelle, contrairement à elle. Certes il avait fui Haute-Garde et il n'avait nulle envie de se marier... Qui le lui aurait commandé ? Il n'avait plus personne, sauf Vainqueur. S'il avait eu un père, même adoptif, il ne l'aurait pas repoussé ainsi.

Brun souffla sur sa tasse, peu désireux de se brûler à nouveau, et risqua un regard vers Acuité. Une fois de plus, ils ne se comprenaient pas.
- Comment peux-tu rester aussi calme ? s'étonna-t-il. Nous allons devoir rompre des fiançailles royales !

Béarns n'avait pas besoin de ça. Le soutien de la Couronne était crucial dans leur lutte contre les pirates. Avec ce remariage, le cœur du Roi s'orientait au Sud, tandis que ses relations avec Acuité étaient frileuses depuis des années. Il ne serait pas toujours là pour maintenir vivace, la flamme de leur amitié.

Les traits du Duc se crispèrent légèrement. Acuité ne connaissait que trop bien cette attitude et ravala la colère qu'elle lui inspirait. Brun était vexé, inquiet, voire bien trop fataliste. Comme à son habitude depuis toujours.
Elle soupira profondément sans même s'en cacher puis laissa ses bras s'échouer le long de son corps, quelque peu désespérée par ses propos. Ils y étaient, Brun reprochait à Espoir de se détourner de sa famille. Elle ne voyait pas les choses ainsi, sa relation ayant toujours été presque fusionnelle avec son enfant. Or, Brun avait toujours été perçu comme un étranger par Espoir.
Jamais il n'avait remis en cause la bienveillance et l'attention que l'homme lui portait, mais il n'acceptait pas de se rapprocher de son père adoptif.

Peut-être était-il temps de lui dire la vérité...Pourtant, la Duchesse craignait que cette nouvelle ne les éloigne davantage.
Et tandis qu'elle y réfléchissait sérieusement, le Duc se servait de lui-même une tisane. Il était visiblement agacé, aussi bien par l'attitude de leur fils que par la sienne. Elle le regarda, patiente, étouffant l'éclat de colère qu'elle sentait toujours poindre face à cet homme qu'elle aimait toujours autant qu'il l'exaspérait quelques fois, comme maintenant.

Ce fut son tour de hausser les sourcils face à son accusation.

- Est-ce tout ce qui t'importe ? De devoir rompre des fiançailles royales ? interrogea-t-elle à son tour.

Elle croisa les bras sur sa poitrine et s'adossa au mur, l'ouverture sur la mer juste à côté d'elle.

- S'agit-il de l'amitié pour Vainqueur Loinvoyant qui parle ou bien de la lucidité du Duc de Béarn ? reprit-elle d'un ton dangereusement calme, sans vouloir t'offenser. Espoir n'a pas été élevé pour devenir Roi, tu le sais aussi bien que moi, il n'a même pas été élevé pour être héritier. Il sera plus utile en tant qu'Artiseur de la Reine, peut-être même Maître d'Art! Par Eda, même les enfants s'en sont rendus compte! Ce stupide arrangement que Vainqueur a ourdi pour laver sa tentative d'assassinat était aussi ridicule que problématique. Nous devrions remercier les Dieux d'avoir des enfants aussi clairvoyants.

Relâchant ses bras, elle s'avança droite et le menton levé, comme la Duchesse qu'elle avait toujours été :
- Je vais m'occuper de négocier avec Vainqueur la rupture de ces fiançailles. De toutes façons, il est trop occupé avec le Sud pour se soucier de ce qui se passe au Nord, ce ne sera pas la première fois que j'égratignerais son égo.

Brun dût reposer sa tasse pour ne pas la briser de nouveau. Ses doigts tremblaient de colère et d'autre chose, lorsque la Duchesse prit le risque inconsidéré de parler d'assassinat dans les murs même de Castelcerf ! Avait-elle perdu la tête ? Elle qui gouvernait avec tant de doigté, perdait toute rationalité lorsqu'il s'agissait de Vainqueur et d'Espoir.

- C'est précisément parce que Vainqueur est occupé au Sud que nous ne devons pas le froisser. Que cela te plaise ou non, nous avons besoin de la Couronne, nous avons besoin de Vainqueur et de son amitié !

Ne pouvait-elle comprendre que cette amitié était d'abord politique, que ce "nous" était d'abord béarnais, elle qui osait douter de lui ?
- Je n'arrive pas à croire que tu questionnes encore ma loyauté envers notre Duché, après tant d'années, murmura-t-il avec amertume.

- Et je n'arrive pas à croire que ce soit la vie que tu souhaites à notre fils, reprit-il plus haut. Une vie solitaire à se faire dévorer par la magie !
Cette magie dont ils se défiaient tous les deux ! Cette magie, à laquelle Acuité l'avait fermé, et qu'elle n'utilisait plus qu'en extrême nécessité !

La colère du Duc sembla se propager dans l'atmosphère. Acuité arrêta net ses pas qui la dirigeaient vers la sortie et se retourna. Elle plissa doucement les yeux en regardant son époux, puis croisa les bras à nouveau, la mâchoire crispée.
Elle aussi aurait voulu laisser libre cours à sa colère et à sa rancœur qu'elle conservait depuis tant d' années. Brun parlait de politique mais il ne voyait pas plus loin que Vainqueur, encore et toujours.
Elle se fit violence pour conserver le silence, accusant chaque coup que son époux lui portait, sans pour autant baisser ni les épaules, ni le visage.

- Je souhaite pour notre fils, la vie que lui désire. Et que cela te plaise ou non, il refuse cette union et ce Destin, lâcha-t-elle soudain d'un ton légèrement trop haut.

Elle déglutit et toussota doucement derrière sa main pressée contre sa bouche. Toutes ces disputes la fatiguaient depuis combien de temps avaient-ils pu avoir une discussion sans que cela ne tourne au vinaigre ? Par Eda que les années innocentes de leur mariage lui manquaient...que les Montagnes lui manquaient. Serait-elle prête à retourner là-bas pour demander de l'aide ? Non car elle devrait alors avouer sa supercherie sur ses origines.


- La magie n'est pas une mauvaise voie, il sera capable de la maitriser. As-tu si peu confiance en lui, en ses capacités ? avança-t-elle, plus lasse qu'autre chose.

Elle soupira avant d'ajouter :

- Mais je ne lui souhaite pas une vie solitaire loin de là. Il accomplira son devoir pour Béarns. Bien qu'il ne désire pas d'un mariage royal, il n'aura toutefois pas le choix de demeurer libre comme l'air. Nous avons une guerre à mener, des alliances à trouver et un mariage plus modeste peut tout de même nous apporter de l'argent, des matériaux ou des soldats supplémentaires.

Mieux valait épouser un honorable membre du Clan d'Art plutôt qu'un bâtard de Béarns. Peut-être pourrait-elle chercher du côté de Bauge ? Elle allait sérieusement devoir se renseigner sur les jeunes filles en âge de se fiancer. Un frisson la parcourut et elle tressaillit un moment. La contrariété et la fatigue finiraient par avoir raison d'elle. Sa santé s'était détériorée avec sa grossesse gémellaire puis la mort de son enfant. Pourtant, elle conserva le menton levé et la tête haute, prête à subir le nouvel assaut de son époux.

Acuité semblait déjà prête à quitter la pièce pour aller "négocier avec Vainqueur". Parce qu'il était l'ami du Roi, ce qui n'était pas le cas d'Acuité, Brun aurait dû proposer de s'en charger afin d'épargner autant que possible, l'honneur de la Couronne et les intérêts de Béarns. Mais il ne dit rien. L'abattement, l'amertume et une certaine résignation, avaient jeté sur lui une chape de plomb et, comme de rares fois dans sa vie, Brun Braveterre baissait les bras.

Puisque sa femme le faisait passer pour un mauvais père, qui ne se souciait pas des désirs de son fils, qui ne croyait pas aux capacités de son fils, alors tant pis. Puisqu'elle semblait avoir résolu d'agir seule, et de décider seule, comme une Duchesse pour leurs affaires familiales, alors tant pis. Qu'elle fasse ce qu'elle jugeait bon de sa famille et de son Duché, puisqu'elle ne semblait l'inclure ni dans l'une ni dans l'autre. Il croyait pourtant avoir montré, durant toutes ces années, ses désirs et ses capacités, à lui aussi ; mais il avait constaté son échec avec Espoir, et il le constatait à présent avec Acuité.

Il prit sa place à la fenêtre et dit sans la regarder :
- Tu décideras pour Espoir comme tu l'as toujours fait. De toute façon, je ne serai jamais son père.

Au lieu de faire volte face, Brun préféra se détourner. Elle prit ce renoncement à la discussion comme un affront personnel. D'abord convaincu qu'il boudait tel l'enfant insatisfait qu'il pouvait être encore, préférant maugréer et ronchonner plutôt que de discuter. Mais force était de constater que ce jour là, il préféra simplement l'humilier en avouant qu'il ne se considèrerait jamais comme le père d'Espoir.
Elle serra les mâchoires, puis les poings, ravala ses larmes tout comme sa fierté abimée. Puisqu'il estimait avoir simplement à l'ignorer, qu'il en soit ainsi.
Se détournant à son tour, elle quitta le petit salon puis l'appartement ducal qu'ils occupaient depuis les noces du Roi.
L'idée de se jeter depuis la plus haute tour refit surface, caressant lentement ses pensées. Elle la repoussa d'un mouvement de la main, les sourcils froncés. Pas maintenant. Elle avait des enfants à marier, un Duché à protéger. Si le Duc ne voulait pas la soutenir dans cette vie, alors elle s'en accommoderait. Depuis quand attendait-elle que Brun soit d'accord avec elle de toute façon? Il ne l'était jamais. Prendre des décisions n'était pas son fort, il tergiversait toujours quand elle agissait.

Voilà qu'elle empruntait les couloirs du château autant que les traces de son père : Régner sur ce Duché de neige avec un coeur de glace.
Et pour se faire, une audience auprès du Roi serait nécessaire.